mercredi 31 août 2011

Peter Pan - Tome 1 Londres de Régis Loisiel


Londres 1887. Le froid, la faim, la misère est le tiercé gagnant des pauvres. Au centre, Peter, gavroche écumant le pavé et rêvant d'ailleurs... Très librement inspiré de l'oeuvre de James Matthew Barrie. (Vents d'Ouest)

Avant de faire ma critique de ce premier tome je vais m'exprimer sur l'oeuvre en général.
L'auteur a choisi de revisiter l'histoire de Peter Pan que d'ailleurs je ne connaissais pas trop (hormis le dessin animé de Walt Disney et le film Hook) mais peut être avec un peu trop de liberté.
Je suis mitigée sur cette série, les personnages sont très cruels, qu'il s'agisse des enfants ou des adultes, certains - à commencer par Peter Pan - sont même parfois agaçants, la qualité du graphisme ne m'a pas plu tout comme les couleurs.
Le personnage de la fée Clochette est aux antipodes de celui de Disney, elle est jolie (c'est sans doute le plus beau personnage) mais elle est jalouse, méchante et mesquine.
Un autre point m'a aussi dérangée : le fait qu'au pays imaginaire tout s'oublie, ça laisse une sensation désagréable, peut-être parce que j'ai lu cette série avec un regard de grand enfant (ou d'adulte).
Certains passages sont très durs, les adultes sont trop caricaturés et l'histoire est située au moment de Jack l'Eventreur, je n'ai pas trop bien compris pourquoi.

Pour commencer ma critique de ce premier tome, l'entrée dans l'histoire est un peu difficile.
Il faut s'habituer aux graphismes et aux caractères d'écriture.
Peter nous fait pitié et l'arrivée de Clochette est providentielle. Il y a un peu d'humour au pays imaginaire avec le Capitaine Crochet et le crocodile qui dévore ses hommes alors qu'il est à la recherche d'un trésor.

Londres est très glauque, tout comme les adultes, particulièrement la mère de Peter (elle est représentée comme un monstre).
C'est assez sombre, l'ambiance est malsaine, ça m'a mis mal à l'aise, d'autant qu'il y a des prémices tendant à montrer que Peter n'est pas le si gentil garçon que l'on pourrait croire.

Mangez-le si vous voulez de Jean Teulé


Nul n’est à l’abri de l’abominable. Nous sommes tous capables du pire ! Le mardi 16 août 1870, Alain de Monéys, jeune périgourdin, sort du domicile de ses parents pour se rendre à la foire de Hautefaye, le village voisin. C’est un jeune homme plaisant, aimable et intelligent. Il compte acheter une génisse pour une voisine indigente et trouver un couvreur pour réparer le toit de la grange d’un voisin sans ressources. Il veut également profiter de l’occasion pour promouvoir son projet d’assainissement des marais de la région.
Il arrive à quatorze heures à l’entrée de la foire. Deux heures plus tard, la foule devenue folle l’aura lynché, torturé, brûlé vif et même mangé. Comment une telle horreur est-elle possible ? Comment une population paisible (certes angoissée par la guerre contre l’Allemagne et sous la menace d’une sécheresse exceptionnelle) peut-elle être saisie en quelques minutes par une telle frénésie barbare ? Au prétexte d’une phrase mal comprise et d’une accusation d’espionnage totalement infondée, six cents personnes tout à fait ordinaires vont pendant deux heures se livrer aux pires atrocités. Rares sont celles qui tenteront de s’interposer. Le curé et quelques amis du jeune homme s’efforceront d’arracher la malheureuse victime des mains de ces furieux et seule Anna, une jeune fille amoureuse, risquera sa vie pour le sauver.
Incapable de condamner six cents personnes d’un coup, la justice ne poursuivra qu’une vingtaine de meneurs. Quatre seront condamnés à mort, les autres seront envoyés aux travaux forcés. Au lendemain de ce crime abominable, les participants hébétés n’auront qu’une seule réponse : « Je ne sais pas ce qui m’a pris. »
Avec une précision redoutable, Jean Teulé a reconstitué chaque étape de cet atroce chemin de croix qui constitue l’une des anecdotes les plus honteuses de l’Histoire du XIXe siècle en France. (Julliard)


Ce livre a déjà eu le mérite de me faire découvrir une anecdote des plus honteuses du 19ème siècle que je ne connaissais pas : celle d'un homme qui en deux heures de temps sera lynché par une foule devenue folle, torturé, brûlé vif et même mangé.

Comme d'habitude Jean Teulé est un bon conteur de ce genre d'histoire. Il utilise un langage imagé et d'époque, il arrive à dépeindre la vie telle qu'elle était en 1870, notamment à travers une galerie de personnages réels qu'il fait évoluer selon son point de vue de l'histoire.
Il a un réel talent pour donner vie à ses personnages et pour raconter de façon assez joyeuse (ou presque) la vie de personnalités inattendues.

L'histoire fait tout de même froid dans le dos. Elle se lit très facilement, les chapitres sont courts mais le chemin de croix d'Alain de Monéys est bien reconstitué. En plus, il y a un plan de la ville à chaque chapitre pour situer l'action et ainsi retracer le calvaire qu'a vécu cet homme.
On y retrouve toute la cruauté et la méchanceté de l'Homme, l'auteur a cherché et réussi à analyser et reconstituer les mécanismes qui se sont enclenchés dans l'esprit de chaque individu présent ce jour-là.

C'est une écriture assez agréable à lire, si j'oserai (et je le fais) je vous dirai bien "Lisez-le si vous voulez".



L'homme inquiet (La dernière enquête de Kurt Wallander) de Henning Mankell


Grand-père d’une petite Klara, Wallander a réalisé ses rêves : vivre à la campagne avec son chien.
Après avoir évoqué avec le commissaire la guerre froide et une affaire de sous-marins russes dans les eaux territoriales suédoises, le beau-père de sa fille Linda, ancien officier de marine, disparaît, puis c’est le tour de la belle-mère. Soupçons d’espionnage. Au profit de la Russie ? Des États-Unis ? Parallèlement à la police de Stockholm et aux services secrets, Wallander mène sa dernière enquête. C’est alors qu’il amorce sa propre plongée en profondeur : les années écoulées et les femmes de sa vie défilent. Et la petite Klara devient son ultime balise.
Au-delà de l’intrigue, la force et la beauté du roman résident dans le portrait riche et bouleversant de celui qui se dévoile ici sous la plume de son créateur, Henning Mankell. (Seuil)


J'ai commencé cette série par le dernier (autant continuer dans l'originalité qui me caractérise) et au final ce n'est pas un si mauvais choix que cela car il y a beaucoup de retours en arrière sur les anciennes enquêtes de Kurt Wallander.

Le livre est plutôt lent dans son déroulement, un peu à l'image du personnage principal, Kurt Wallander, vieillissant et présentant des symptômes de la maladie d'Alzeihmer (l'auteur laisserait d'ailleurs presque penser qu'il y a un côté génétique à cette maladie, le père de K. Wallander ayant lui aussi souffert de cette maladie), mais cette lenteur n'est pas gênante et pour l'histoire et pour le lecteur.
C'est un peu comme si la vie et le temps s'écoulaient doucement.
C'est une dernière enquête, cela se ressent et se vit comme tel.
Malgré un rythme lent, l'intrigue est prenante et donne envie d'en savoir plus.
J'avoue ne pas avoir toujours tout compris sur les histoires de sous-marins et de guerre froide mais soit c'était voulu par l'auteur soit parce que je n'étais pas mon époque et que je ne l'ai pas connue.

Les personnages du beau-père et de la belle-mère sont assez mystérieux, l'auteur mène tellement bien son intrigue que l'on ne sait qui croire et que l'on passe d'une théorie à l'autre, tout comme Kurt Wallander.
J'ai bien aimé la relation de Kurt Wallander avec sa fille et également sa petite fille. Ce sont des moments de tendresse.
Il est aussi beaucoup question d'adieux dans ce livre, que ce soit à des personnages ou à des vieux démons.

La révélation finale est très surprenante et le lecteur a la même impression que Kurt Wallander : celle de s'être fait mener en bateau et d'être parti sur une mauvaise piste durant toute la lecture.
Henning Mankell est décidément un très bon auteur qui sait parfaitement mener par le bout du nez son lecteur.

La fin n'est pas forcément très gaie, mais elle s'inscrit tout à fait dans le contexte de la vie actuelle.
Ce livre est un très bel adieu de Henning Mankell à son personnage de Kurt Wallander, qui laisse le lecteur apaisé sur cette relation qu'il a entretenu avec ce personnage durant de si nombreuses années.
C'est bien écrit, l'intrigue est riche et sinueuse, Henning Mankell est vraiment un auteur à découvrir.

mardi 30 août 2011

L'épervier Tome 6 : Les larmes de Tlaloc de Patrice Pellerin


Accusé du meurtre du comte de Kermellec, L'Épervier entend bien plaider son innocence. Mais pour en collecter les preuves, il lui faut au plus vite tromper la vigilance de ses gardiens et recouvrer sa liberté. Sans oublier d'emmener avec lui Agnès, sa compagne d'infortune, qui semble en savoir long sur l'identité du vrai coupable... et dont les charmes ne le laissent pas indifférent. Agnès, qui cache sur elle un précieux carnet qui révèle enfin l'emplacement d'un fabuleux trésor que beaucoup croyaient perdu à force de l'avoir cherché en vain. À commencer par ses ravisseurs, le marquis de la Motte et le vicomte de Villeneuve, son propre cousin... (Dupuis)

Il s'agit du dernier tome (déjà !) du premier cycle des aventures de L'épervier.
C'est en continuité avec le tome précédent et c'est sans doute le volume que j'ai préféré.
J'ai littéralement craqué pour la complicité qui existe entre Yann et Agnès, c'est comme s'ils s'étaient toujours connus (et clairement on sent qu'ils sont faits l'un pour l'autre et pour être ensemble).

Même le dénouement connaît un dernier rebondissement, et décidément les méchants ont la dent dure !
Le dénouement final est tout de même moins compliqué que prévu, il a mené les personnages à l'autre bout du monde alors que la solution du mystère se trouvait en Bretagne.
Ne demeure qu'un mystère : pourquoi le Comte de Kermellec voulait-il voir Yann ? Libre à chaque lecteur de le décider.4

La fin m'a surprise et pour tout dire frustrée, je ne m'attendais absolument pas à ça de la part d'Agnès. Je respecte sa droiture mais d'un autre côté je ne la comprends pas : elle qui semble si moderne reste campée sur les principes d'une parole donnée (spoiler : et oui, elle demande à Yann de cesser de la courtiser et de ne rien attendre d'elle car elle a donné sa parole à son grand-père qu'elle épousera un certain homme et elle tient à tenir son engagement). Je ne la comprends pas, c'est pourtant clair comme de l'eau de roche qu'elle et Yann sont faits l'un pour l'autre, d'ailleurs je n'ose croire que leur histoire s'arrête là ! (et voilà, une fois de plus j'ai misé sur le couple improbable, mon côté midinette est frustré !)

La nouveauté de ce tome est qu'il est écrit essentiellement du point de vue d'Agnès.
Là aussi j'ai particulièrement aimé le choix des couleurs : dominante de vert pour les forêts en Guyane, des tons plus clairs à la fin et plus doux lorsque tous les mystères sont résolus.
La qualité des dessins est vraiment très bonne et les personnages ont tous un caractère différent qui se ressent par leur apparence physique.
J'aime particulièrement la douceur qui se dégage des dessins du personnage d'Agnès.
De façon générale l'auteur a vraiment su leur donner vie.
Le choix du titre est également judicieux, mais chut, cela serait vous dévoiler un peu trop le dénouement de cette superbe série d'aventure.

Et voilà, le premier cycle de L'épervier est fini.
Je dois dire que c'est un très gros coup de coeur, j'ai vraiment trouvé cette série parfaite, que ce soit au niveau de l'histoire, des dessins, du choix des couleurs, des dialogues, des personnages, des recherches historiques.
La fin est également une ouverture vers un nouveau cycle et de nouvelles aventures.
Délibérément je pense ne pas lire le tome 7 déjà paru, la raison est simple : pour produire un travail de cette qualité Patrice Pellerin y passe beaucoup de temps et il faut compter 1 à 2 ans entre chaque album.
Je n'arriverai pas à tenir aussi longtemps, ça jouerait trop avec mon impatience de lectrice !

Par contre je lirai volontiers la bande dessinée consacrée aux archives secrètes de l'épervier pour en apprendre plus sur le personnage et son passé.

Un téléfilm a été fait sur ce premier cycle, je n'ai pas encore eu l'occasion de le voir mais je ne manquerai pas de faire ma critique dès que je l'aurai vu (c'est-à-dire que je l'ai enregistré mais pas encore regardé).

En guise de conclusion un grand bravo à cet auteur pour son excellent travail, je ne peux que vous conseiller vivement la lecture de cette série.

L'épervier Tome 5 : Le trésor du Mahury de Patrice Pellerin


Cayenne, 1742. Rien ne va plus pour l'Epervier. Accusé de meurtre, le corsaire au passé obscur doit prouver son innocence... Une série d'aventures dans la lignée du fameux Barbe-Rouge. A l'abordage ! (Dupuis)

Cette série est décidément riche en péripéties avec l'arrivée en Guyane dans ce tome-ci.
Les ennuis continuent pour Yann, il connaît là aussi la prison mais il peut compter sur des alliés, notamment chez les Jésuites.
Le lecteur en apprend également plus sur son passé et son enfance, passés en grande partie en Guyane.

Mais le point fort de ce tome c'est qu'il est le théâtre (enfin) de la première vraie rencontre entre Agnès et Yann, par le biais d'une scène qui pourrait apparaître comique par certains aspects mais qui m'a surtout marquée par le fait qu'Agnès me semble être une jeune femme en avance sur son temps, en tout cas assez moderne.
Cette seule scène permet de capter la complicité qu'il y a entre ces deux personnages, elle permet également d'en apprendre plus sur le voyage d'Agnès. Elle s'est en effet attirée la sympathie de l'équipage de Yann et elle est prête à l'aider.

La scène finale est très bonne, avec beaucoup de péripéties et de rebondissements, il y a de l'action et surtout Yann décide d'emmener le groupe de Villeneuve à Cayenne, mais on se doute tout de suite que le périple sera long et difficile, en tout cas il ne se fera pas par le chemin le plus court afin de permettre à l'équipage de Yann de prendre possession de La Méduse et d'arriver les premiers sur les lieux.

Les dominantes de couleur ont également changé, elles sont plus chaudes avec du jaune très présent.
L'auteur a bien su adapter ses couleurs en fonction des lieux de l'action.
Il a également très bien représenté les paysages de Guyane, particulièrement sa forêt.

L'épervier Tome 4 : Captives à bord de Patrice Pellerin


Après avoir été traqué sur les mers, l'Epervier se retrouve lui-même chasseur, à la poursuite de son propre bateau, La Méduse, confisqué par ses ennemis. La poursuite est d'autant plus apre qu'à bord de La Méduse se trouve Agnès de Kermellec. Une aventure maritime toutes voiles dehors qui mènera notre héros jusqu'en Guyane au long d'un trajet périlleux semé de mille embûches. (Dupuis)

Ce quatrième tome des aventures de l'épervier commence par une nouveauté : la narration est toujours faite à la première personne du singulier mais c'est cette fois Agnès qui est la narratrice de l'histoire, racontant son aventure en mer de son point de vue, avec notamment un arrêt mystérieux en Grande-Bretagne.
J'ai bien aimé ce premier changement qui est une rupture dans le style narratif mais également une rupture dans l'histoire car cette fois-ci elle se passe en mer et non plus à terre.
La narration reprend par la suite du point de vue de Yann qui pour sa part fait un arrêt à la Rochelle et une rencontre mystérieuse (que de mystères avec ce nouveau tome décidément !).

Il y a toujours autant de rebondissements, l'action se situe quasiment exclusivement en mer avec des disparitions et des meurtres sur le navire "emprunté" par Yann à Brest.
L'auteur réussit ainsi à greffer une deuxième histoire que je qualifierai de "sous-histoire" à celle principale, c'est bien fait et il livre là une très belle épopée maritime.
L'auteur peut ainsi décrire aux lecteurs le milieu des marins, de la vie à bord des bateaux, mais également lorsque les éléments se déchaînent.

J'ai bien aimé aussi le contraste dans les couleurs, des dominantes de rouge et de sombre pour l'équipage de la Méduse (Agnès, le Marquis de la Motte, Villeneuve) et des dominantes de bleu et vert pour Yann et son équipage.

Le titre est de surcroît judicieusement choisi, car il est aussi question des femmes dans ce tome.
Il illustre le cas d'Agnès, captive à bord de la Méduse, mais également de Marion et d'autres prostituées que Yann découvre sur le bateau qu'il emprunte, elles étaient enfermées à fond de cale car condamnées à la déportation et donc captives elle aussi dans un bateau.

lundi 29 août 2011

L'épervier Tome 3 : Tempête sur Brest de Patrice Pellerin


Le trésor des Kermellec a enfin livré son secret. Agressions, traquenards, trahisons : une tempête de violence souffle sur Brest. Et l'Epervier, toujours recherché pour meurtre, a bien du mal à prendre son envol. (Dupuis)

Dans ce troisième tome il y a encore plus de rebondissements avec l'entrée en scène de nouveaux personnages pas forcément très recommandables.
Le personnage de Yann est vraiment charismatique et attachant, c'est un vrai héros d'aventure et il donne des envies d'évasion et d'aventure au grand large.

Comme pour les deux premiers tomes celui-ci est rédigé à la première personne du singulier, c'est Yann qui est le narrateur.
Il y a un peu d'humour dans ce volume avec des situations périlleuses, mais également une bonne transposition de Brest et de ses ruelles.
Il marque aussi la deuxième rencontre entre Yann et Agnès, mais celle-ci est indirecte puisque Yann observe la demeure des Kermellec après y être entré par effraction et il découvre d'ailleurs le talent de comédienne d'Agnès.
C'est une autre dimension au suspens qui est ainsi donné, car à la lecture j'avais très envie de voir ce que donnerait une vraie confrontation entre ces deux personnages.

Ce tome illustre également le temps breton : la pluie, qui est très présente tout au long de l'histoire (mais je précise que la pluie perpétuelle en Bretagne n'est qu'un mythe).
La fin marque le départ vers de nouveaux horizons et le début de l'aventure maritime.

L'épervier Tome 2 : Le rocher du crâne de Patrice Pellerin


Accusé d'un crime. Pourchassé. Isolé de son équipage prisonnier dans les geôles de Brest. Traqué. L'Epervier est seul désormais, ailes rognées, face aux canons pointées vers son dernier refuge... (Dupuis)

L'histoire est toujours aussi efficace, avec beaucoup de rebondissements.
Ce tome permet de découvrir l'un des repères de Yann, il permet aussi de cerner un peu mieux le milieu des corsaires à cette époque.
On découvre le passé de Yann et notamment sa relation avec le Comte de Kermellec, le grand-père d'Agnès.
En fait, ces deux personnages se se connaissent pas (à part une brève rencontre dans le premier tome où Agnès sauve Yann accusé du meurtre de son grand-père) mais ils partagent les mêmes souvenirs d'enfance du fait qu'ils aient été élevés par le même homme.
C'est un parallèle plutôt intéressant et inhabituel dans une histoire, en tout cas c'est la première fois que je le rencontre dans une bande dessinée.

Dans ce tome-ci les dessins et les couleurs sont plus sombres du fait que la majorité de l'action se déroule de nuit.
C'est en tout cas une très bonne suite pour cette aventure maritime.

L'épervier Tome 1 : Le trépassé de Kermellec de Patrice Pellerin


Aux yeux des uns, il est Yann de Kermeur, noble et Breton. Pour les autres, c'est l'Epervier, corsaire prestigieux. D'aucuns ne voient en lui qu'un criminel. Pour tous, il est redoutable. (Dupuis)

J'annonce tout de suite la couleur, cette bande dessinée est un de mes (très) gros coups de coeur de cet été, et j'en suis venue à me demander comment j'ai fait pour vivre (littérairement parlant) toutes ces années sans la connaître !
Et voilà, un de mes travers reprend le dessus, je suis tombée amoureuse (littérairement parlant toujours) de Yann de Kermeur !
Et pour ceux qui ont lu mes 7 secrets, j'ai évidemment craqué pour le couple improbable, mais vous ne le saurez que lors de la critique du dernier tome !

L'histoire est très prenante dès la première bulle et une intrigue palpitante se met tout de suite en place.
J'ai senti à la lecture de ce premier tome qu'une grande aventure commençait, en prime le héros est très attachant.

Les personnages sont bien présentés, il y a Yann de Kermeur plus connu sous le nom de l'Epervier, un corsaire avec un passé trouble de galérien et de pirate dont il n'aime pas trop parler (pour les non-initiés de l'univers marin, le pirate pillait les bateaux pour son propre compte, le corsaire agissait pour le Roi, l'un n'était donc pas légitime l'autre oui), la Comtesse Agnès de Kermellec, Marion, Cha-Ka et tout l'équipage de la Méduse (Main de Fer ...).
Ils se distinguent bien les uns des autres et on les identifie très vite et très facilement.

Certes, j'ai deviné assez vite qui était le "méchant", mais les dessins sont très beaux, limpides, les couleurs bien choisies et c'est une très fidèle reproduction de la Bretagne.
J'ai beaucoup aimé l'univers dans lequel la série évolue (la marine), et puis il y a un côté historique assez intéressant.

Une vie de Simone Veil


C’est un événement. Simone Veil accepte enfin de se raconter à la première personne.
De son enfance niçoise dans une famille juive complètement assimilée, et de sa déportation à Auschwitz avec sa mère et l’une de ses sœurs en mars 1944, jusqu’à ses fonctions les plus récentes, elle a su s’imposer comme une figure singulière et particulièrement forte dans le paysage politique français. Femme libre s’il en est, elle a exercé le pouvoir sans jamais le désirer pour lui-même mais pour améliorer, autant qu’elle l’a pu, les conditions de vie de ses concitoyens : à l’administration pénitentiaire, puis au ministère de la Santé dans le gouvernement Chirac sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing – c’est là qu’elle fait voter, contre son camp, la loi sur l’IVG ; à la présidence du Parlement européen, où elle se montre capable de tenir tête au Premier Ministre français, Raymond Barre ; comme ministre des Affaires Sociales, de la Santé et de la Ville dans le gouvernement dirigé par Balladur et présidé par François Mitterrand ; au Conseil constitutionnel ainsi qu’à la Fondation pour la mémoire de la Shoah.
Fidèle à ce qu’elle estime être la fonction des rescapés des camps de la mort, elle a témoigné, chaque fois qu’elle l’a pu, en France comme partout, de son expérience d’Auschwitz.
Mais cette femme de mémoire n’est jamais nostalgique, jamais passéiste, elle n’a souci que du monde de demain, celui qu’elle lèguera à ses petits-enfants et à ses arrière-petits enfants dont la place est grande dans sa vie.
Elle a beaucoup voyagé, rencontré la plupart des « grands » de ce monde, vécu de près les événements majeurs du XXe siècle. Elle en parle sans forcer sa voix, mais on l’entend. (Stock)


Il s'agit de l'autobiographie de Simone Veil, sans doute la seule personnalité politique dont la légitimité n'est pas remise en cause.
Le récit couvre la période de son enfance à Nice, à l'étau pendant la Seconde Guerre Mondiale, à la déportation à Auschwitz-Birkenau puis à Bergen-Belsen après une "Marche de la mort", à son mariage et ses études juridiques, son travail dans le milieu carcéral en tant que juge d'instruction jusqu'à son poste de ministre puis de première Président du Parlement Européen.

Alors c'est vrai, elle a emprunté le titre à Guy de Maupassant mais quelle vie !
C'est une vie riche que Simone Veil décrit dans ce livre, forte, ponctuée d'évènements tragiques et je n'ai pu qu'accepter cet emprunt, pour être honnête je ne vois même pas comment ce livre aurait pu s'appeler autrement.

C'est très bien écrit, dans un très bon français que je n'ai pas l'occasion de lire très souvent.
Ses réflexions et ses pensées sont très intéressantes et intelligentes, je partage beaucoup de ses points de vue sur la société actuelle.
J'ai eu l'impression que Simone Veil se livrait parfois au fil de sa plume, mais l'ensemble reste très structuré et cohérent.
De plus, il y a beaucoup de sensibilité dans ce livre, la Shoah est très présente, mais elle ne peut que l'être tout au long de sa vie.
Cela a été un bouleversement pour elle, mais aussi pour toute personne qui l'a vécue, et je l'ai bien perçu comme tel.
Ce récit m'a aussi permis de découvrir une époque et des hommes politiques que je n'ai pas connus, hormis de nom et des actions entreprises.

Ce livre est un très beau portrait d'une femme libre, intelligente, sereine et clairvoyante.
Cette lecture m'a permis de m'interroger et de réfléchir sur de nombreux sujets, c'est une lecture bouleversante dont, je pense, on ne peut pas ressortir indemne.