dimanche 22 janvier 2012

Blanche Neige de Jacob et Wilhelm Grimm


"Le septième, quand il regarda son lit, y vit Blanche-neige endormie. Il appela les autres, qui vinrent bien vite et poussèrent des cris étonnés. Ils prirent leurs sept petites lampes et éclairèrent le visage de Blanche-Neige. - Seigneur Dieu ! Seigneur Dieu ! s'écrièrent-ils, que cette enfant est jolie !" (Lito)

Tout part du souhait d'une reine d'avoir "une petite fille qui ait la peau blanche comme cette neige, les lèvres rouges comme ce sang, les yeux et les cheveux noirs comme le montant de cette fenêtre".
Son voeu sera exaucé mais la reine y laissera la vie, et Blanche Neige grandira entourée de son père et de sa belle-mère.
Cette même belle-mère qui ne cesse demander tous les jours à son miroir : "Miroir, [...] dis-moi que je suis la plus belle", pour le seul plaisir d'entendre le miroir lui répondre positivement.
Mais voilà que le miroir finit par lui dire que Blanche Neige est désormais plus belle qu'elle, alors elle va chercher par tous les moyens à s'en débarrasser, et autant le dire que cette femme ne manque pas d'imagination quand il s'agit de tuer sa rivale.
Heureusement tout est bien qui finit bien grâce à sept nains qui ont recueilli Blanche Neige mais surtout à un prince qui passait par là.

Autant ce conte peut faire rêver lorsque l'on est petit, autant en le relisant avec des yeux plus matures je me rends compte d'un certain nombre de choses.
Tout d'abord il est particulièrement machiste, à la proposition des nains : "Tu t'occuperas de la maison, tu feras la cuisine, et tu raccommoderas notre linge", Blanche Neige accepte avec bonheur, voilà donc à quoi se réduit le rôle d'une femme : tenir une maisonnée et faire toutes les corvées. Rien de mieux pour conditionner les petites filles et garder encore pendant un certain temps des préjugés.
Ensuite, il faut reconnaître que Blanche Neige est présentée comme une jolie idiote.
Malgré les mises en garde des nains, elle ne cesse d'ouvrir sa porte à sa belle-mère déguisée sous différentes formes et évidemment à chaque fois elle est sauvée de justesse par les nains.
Elle est totalement crédule et n'écoute pas les sages conseils qui lui sont donnés.
Elle devient aussi femme objet : sa grande beauté conduit les nains à la mettre dans un cercueil de cristal, le prince (jeune et beau) tombe amoureuse de cette "morte" et ne peut plus se passer de la voir : "Faites m'en cadeau ! Je ne peux plus vivre sans voir Blanche Neige".
Voilà la pauvre Blanche Neige réduite à l'état de future décoration de château.
Autant dire que j'ai trouvé que le statut des femmes en prenait un sacré coup avec ce conte.
Certes, l'époque où il a été écrit n'était pas la même, mais ce sont des détails qui m'avaient échappé plus jeune.

Heureusement, tout est bien qui finit bien, la belle-mère "fut prise d'une telle rage qu'elle tomba terrassée par sa propre jalousie", voilà une fin on ne peut plus morale.
Elle a créé elle-même son propre malheur et sa perte en jalousant la beauté de Blanche Neige.
Par contre, je ne me souvenais plus que le réveil par le prince se faisait de façon aussi triviale (une secousse sur la route fait ressortir un morceau de pomme coincé dans la gorge de Blanche Neige), preuve que j'ai été trop "Walt Disneyisée", je ne gardais comme souvenir que la fin du dessin animé.

Malgré mon point de vue sans doute trop féministe sur ce conte, je l'ai relu avec plaisir.
J'ai apprécié le style d'écriture, c'est fluide et ça se lit très rapidement. Et puis il y avait quelques belles illustrations, notamment celles de Walter Crane.

Ce livre a été lu dans le cadre du challenge La face cachée des Disney

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