mardi 26 juin 2012

Petits miracles de Will Eisner


Lorsque la bonne fortune coïncide avec la vie quotidienne pour nous réconcilier avec le genre humain... Will Eisner nous livre ces chroniques optimistes, inspirées de son enfance passée dans les quartiers populaires new-yorkais. Toutes les histoires de ce recueil se déroulent dans le quartier de Dropsie Avenue, quartier imaginaire de New York et théâtre des nombreux récits d'Eisner. (Delcourt)

Avec cette bande dessinée, Will Eisner propose de faire vivre au lecteur, à travers quatre histoires, le quotidien de familles dans le quartier imaginaire de Dropsie Avenue.

La première histoire, "Le miracle de la dignité", m'a plutôt fait sourire par son côté quelque peu ironique et par le renversement de situation à la fin.
Parti de rien et clamant qu'il veut retrouver sa dignité, l'oncle Amos réussira à manoeuvrer pour devenir riche tandis que son cousin Irving qui l'avait aidé financièrement s'appauvrit.
La situation s'inverse, mais voilà, il connaîtra un revers de fortune et se retrouvera dans sa situation antérieure, sauf que cette fois-ci chacun dans la famille se gardera bien d'aider l'oncle Amos à repartir de zéro, puisque "C'était, après tout, un homme d'une si grande dignité."
Je ne peux m'empêcher de trouver à cette histoire un petit côté moralisateur, comme quoi l'argent ne fait pas le bonheur et surtout ne peut pas contribuer à lui seul à rendre sa dignité à un homme.

La deuxième histoire, "Magie de rue", commence à devenir un peu plus cruelle, dans le sens où la violence de certains quartiers de New-York commence à se faire sentir.
Très courte, elle n'en est pas moins percutante et j'ai beaucoup aimé son côté optimiste, dans le sens où l'un des personnages prend un risque et finalement s'en sort très bien.
Là aussi, s'il devait y avoir une morale ce serait "Tel est pris qui croyait prendre".

La troisième histoire, "Un nouveau dans le bloc", est la plus longue de toute et sans doute celle qui m'a le plus marquée.
Elle revêt un caractère magique, surnaturel, que les autres histoires n'ont pas, et pendant longtemps j'ai, naïvement, espéré une conclusion heureuse.
Un jeune garçon apparaît mystérieusement dans un bloc de Dropsie Avenue et à partir de ce moment des petits miracles ont lieu.
Il ne parle pas, ne sait ni lire ni écrire, c'est un enfant sauvage sans mémoire sauf qu'il apporte le bonheur à ce bloc.
Mais voilà, les hommes sont cruels, et pour une malheureuse histoire comme quoi cet enfant ne va pas à l'école, il s'enfuira et disparaîtra à jamais : "Le garçon s'était évanoui aussi mystérieusement qu'il était apparu."
Mais ce que j'ai trouvé de plus amer encore, c'est la phrase de conclusion : "Et en fin de compte, on n'entendit plus jamais parler du garçon qui était venu dans le bloc.", c'est sans doute l'histoire la plus sombre, la plus triste et la plus amère de cette bande dessinée.
J'ai beaucoup de mal à y voir les petits miracles qui donnent son titre à l'oeuvre, tant elle décrit la noirceur de l'âme humaine.

La quatrième et dernière histoire, "Une bague de fiançailles spéciale", revêt également un côté moralisateur et, sans être aussi amère que la précédente, a tout de même un caractère sombre qui éclipse quelque peu le miracle lié à la bague de fiançailles.
Deux êtres peu gâtés par la vie vont se retrouver mariés par l'entremise de leur mère respective et vont alors connaître le bonheur, grâce à la bague de fiançailles.
mais voilà, alors que la femme retrouve sa voix, elle sort, abandonne son mari et finit par lui dire : "Je veux divorcer.", "Je ne peux plus vivre comme ça ! Ce n'est pas un bon mariage ! Après tout, il a été ... arrangé !"
C'est alors qu'elle connaîtra un revers de fortune et finira par revenir à de meilleurs sentiments et vers son mari qui l'aime toujours.
De manière plus marquée que dans les précédentes histoires, il y a un côté punitif à cette histoire qui lui donne un aspect triste et déstabilise quelque peu l'idée que l'on se fait du bonheur.

Avec uniquement des dessins en noir et blanc et un coup de crayon sûr, Will Eisner dresse à travers "Petits miracles" quatre histoires de la vie quotidienne dans le quartier imaginaire de New-York de Dropsie Avenue.
Ce quartier imaginaire n'est pourtant pas sans rappeler certains quartiers bien réels de cette ville, et même si la violence n'est pas trop présente, le lecteur arrive à ressentir l'aspect déshumanisé que peut prendre une grande ville comme New-York.
C'est pourquoi l'auteur choisit d'apporter dans le quotidien des habitants de ce quartier des petits miracles qui vont rendre la vie plus belle.
Oui, mais jusqu'à un certain point, car je ne peux m'empêcher de ressentir un goût amer à la fin de cette lecture et je n'y ai pas vu un optimisme permanent mais plutôt furtif.
Visuellement et graphiquement, cette bande dessinée est réussie et permet de se plonger dans le quotidien d'un quartier New-Yorkais.
A lire pour découvrir une part de l'enfance de Will Eisner dans des quartiers populaires et également un autre aspect de la mégalopole qu'est New-York.

Ce livre a été lu dans le cadre du challenge New-York en littérature 2012


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