jeudi 13 septembre 2012

Bizango de Stanley Péan


Dans les rues de Montréal, erre un homme doté de facultés extraordinaires qui s'apparentent à une malédiction. Une nuit, après être venu à la rescousse d'une prostituée haïtienne malmenée par le bras droit de son pimp, il se lie d'amitié avec cette jeune femme rebaptisée Gemme pour sa clientèle. Une inquiétante cavale s'ensuit. Non seulement cet être étrange et sa protégée sont poursuivis par les sbires lancés à leurs trousses par le redoutable gangster et proxénète Chill-O, mais ils essaient aussi d'échapper aux enquêteurs de la police. Mais qui est-il à la fin ? D'où vient-il ? S'agirait-il comme le suggère Papy Bòkò, le vieux sage consulté par Gemme, d'un bizango, une de ces créatures issues du folklore haïtien capables de se dévêtir de leur peau humaine pour devenir autre chose ? (Editions Les Allusifs)


"Bizango" est un roman comportant plusieurs entrées et une seule sortie.
C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles pendant plus de la moitié du livre l’histoire s’alterne entre différents protagonistes, ces derniers finissant par tous se trouver à la fin.
C’est aussi une histoire qui oscille entre réalité sociale dans le Montréal d’aujourd’hui et folklore haïtien avec un bizango, être capable de quitter sa peau humaine pour prendre l’apparence de n’importe qui ou n’importe quoi d’autre, déambulant dans les rues de Montréal et s’étant érigé comme protecteur de Gemme, une prostituée haïtienne fuyant Chill-O, son proxénète.
Pour certaines personnes ayant déjà croisé la route du bizango, il ne peut être que l’incarnation du Diable sur Terre : "C'est-à-dire, ma belle, que c'est un démon, j'en suis convaincue. Peut-être bien Satan en personne !".
Pour d’autres personnes, notamment Gemme, c’est un ange descendu du ciel pour les protéger et les sauver d’une mort quasi certaine.
D'autres s'accordent à dire qu'il est bizarre : "Juste un peu bizarre : le moins qu'on puisse dire, dans les circonstances !".
Qui est le plus diabolique ?
Le bizango sans visage et sans odeur ou le proxénète prêt à tout pour remettre la main sur sa "propriété", sa prostituée, pour mieux l’asservir ?

Ecrit sous la forme d’un polar, "Bizango" en a en tout cas toutes les caractéristiques et c’est comme tel que je l’ai lu.
J'ai pris beaucoup de plaisir à le lire, car c'est un roman vivant, qui bouge sans cesse et avec un enchaînement d'actions, et qui, néanmoins, laisse toujours la sensation de ramper au sol tel un serpent. 
Si l'action se déroule à Montréal de nos jours, je regrette quelque peu que cette ville soit peu présente au coeur de l'intrigue.
Elle n'est en effet qu'évoquée par les personnages, notamment grâce au recours à des idiomes québécois, mais je n'ai jamais pu en saisir véritablement le rythme et la saveur.
Par contre, il est énormément question du folklore de Haïti et cela contribue à rendre la lecture plaisante et entraînante.
Cela donne au roman une touche de surnaturel bienvenue, car sans cela, l'histoire et les personnages ne transcendaient pas l'ordinaire et ce livre n'aurait pas autant éveillé mon intérêt qu'il a pu le faire.

Qu’il soit ange ou qu’il soit démon, une chose est sûre : le bizango ne laisse pas indifférent, et pour tenter de saisir sa véritable essence, je vous invite à découvrir ce très bon polar de Stanley Péan mêlant le Québec moderne au folklore Haïtien.


Livre lu dans le cadre du Prix Océans


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