mardi 31 décembre 2013

Top Ten Tuesday #29


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani.

Les 10 résolutions littéraires pour 2014

1) Faire baisser ma PAL de livres y étant depuis plusieurs années;
2) Faire baisser ma PAL en lisant des acquisitions récentes;
3) Limiter l'augmentation de ma PAL (et donc limiter mes achats, enfin moins craquer, enfin ...);
4) Lire à la fois sur papier et sur liseuse;
5) Découvrir de nouveaux auteurs;
6) Élargir mon horizon littéraire en m'intéressant à des pays dont je n'ai rien lu à ce jour;
7) Lire a minima à même niveau qu'en 2013;
8) Ne pas trop attendre pour écrire mes avis (surtout l'été pendant les vacances);
9) Faire découvrir des auteurs et/ou des livres à d'autres personnes;
10) Partager et échanger encore plus sur la littérature !

Et Bonne Année Littéraire 2014 !

lundi 30 décembre 2013

Dexter revient ! de Jeff Lindsay


Voici notre cher Dexter – expert judiciaire de la police de Miami le jour, tueur en série à la pleine lune –, doublement menacé. D’un côté le sergent Doakes, insensible à son apparence de gentleman, traque le « Passager Noir », l’autre moi sanguinaire et justicier de Dexter. De l’autre, un psychopathe particulièrement pervers laisse Dexter sans voix alors que son appétit meurtrier se réveille. Lequel de ces monstres rattrapera l’autre le premier ? (Points Thriller)

Dexter est de retour.
Expert judiciaire dans le domaine du sang à la police de Miami le jour, la nuit il se transforme en tueur en série, laissant ainsi la place à son Passager Noir.
Formé par son père adoptif Harry, lui-même policier, il assouvit ainsi sa vraie nature de tueur, l'appel du couteau et du sang qu'il ressent régulièrement, en suivant toujours le code mis au point par Harry pour canaliser le Passager Noir de Dexter vers des personnes qui méritent de mourir.
Harry est mort, sa femme aussi, depuis de nombreuses années la seule famille de Dexter se résume à sa soeur Deborah, travaillant elle aussi à la police de Miama.
Dexter le dit lui-même, il ne se considère pas comme un être humain mais comme un animal sanguinaire, toutefois il fait semblant d'être humain, d'éprouver des sentiments, de vivre une vie normale, en quelque sorte de ressembler à son père : "Ma seule raison d'avoir parfois souhaité être un être humain, c'était de lui ressembler davantage.".
Mais son gros problème du moment, c'est qu'il a éveillé les soupçons du sergent Doakes qui le suit à la trace, l'empêchant de finir un passe-temps commencé : "Je suis un monstre méthodique; j'aime bien finir ce que je commence, et de savoir que quelque part un type se baladait partout avec ses pompes ridicules, muni d'un appareil photo qui en avait trop vu, j'étais impatient de suivre ces empreintes et d'achever mon petit projet en deux temps."; tandis que dans le même temps un tueur particulièrement pervers sévit à Miami, laissant ses victimes vivantes mais dans un tel état que la mort serait une délivrance.

Dexter se réjouit, il a un nouveau camarade de jeu à sa hauteur, voire même qui le dépasse : "Cela aurait été très rassurant de pouvoir me tourner vers une puissance supérieure, mais bien sûr je n'en connaissais qu'une seule. Et le Passager Noir avait beau être fort, leste et ingénieux, imbattable pour ce qui était de traquer le gibier dans la nuit, serait-il lui-même à la hauteur ?", et comme c'est sous couvert d'une enquête de police cela lui donnerait presque une forme de légitimité.
En faisant de Dexter le narrateur de l'histoire et le laissant interpeller le lecteur, Jeff Lindsay a créé un personnage qui, s'il est horrible par les actes qu'il commet, n'est pourtant pas antipathique pour le lecteur.
Au contraire, celui-ci a même tendance à aimer les réflexions de Dexter, souvent ironiques : "La définition d'une vie heureuse est de pouvoir contempler avec fierté les projets que l'on a réalisés et d'en avoir de nombreux en perspective et, en ce moment, c'est exactement ce qu'il m'arrivait. Quel bonheur d'être moi !", et à être en quelque sorte dans sa tête.
Dexter a une forme d'humour particulier, réussissant à faire passer son comportement pour acceptable auprès du lecteur, le rendant presque sympathique.
Il n'y a pas de réel suspens dans cette histoire, le lecteur apprend assez vite qui est le tueur, je dirai même que la confrontation finale est assez décevante par sa rapidité.
Il y a un petit jeu du chat et de la souris mais pas de quoi tenir en haleine, l'auteur a donné la part un peu trop belle à Dexter au détriment du tueur, ce que j'ai regretté car j'attendais autre chose de la rencontre entre ces deux personnages.
Il n'empêche que j'ai lu ce livre pour me détendre et en ce sens il a bien rempli son rôle.
Il ne faut donc pas y chercher un thriller haletant mais plus plus un thriller pour se détendre et ne pas trop se prendre la tête, avec le personnage si particulier de Dexter et les relations qu'il entretient à la fois avec sa sœur Deborah et également avec Rita et les deux enfants de celle-ci.
Dernier point à ce sujet, je trouve un peu regrettable que l'auteur ait choisi de banaliser en quelque sorte la nature de tueur de Dexter en la transmettant à d'autres personnages.
C'est un peu trop facile et pas forcément le reflet de la réalité, sachant que le personnage de Dexter a très certainement été inspiré par un tueur ayant réellement existé et qui a été exécuté il y a un an, un ancien policier de Miami qui a tué plusieurs trafiquants de drogue, cela ne veut pas dire pour autant que ce genre de personne court les rues.

"Dexter revient !" est un plaisant deuxième tome de cette série, une lecture qui ne demande pas une grande concentration et qui permet de se changer les idées, avec le personnage si intrigant et pourtant attachant de Dexter.
Un bon thriller qui plaira aux amateurs mais pas forcément aux puristes de ce genre littéraire.

samedi 28 décembre 2013

Mattéo Troisième époque (août 1936) de Jean-Pierre Gibrat


C’est le temps du Front populaire. Dix-huit ans plus tôt, au retour de Russie, après la mort de Gervasio, après aussi que Juliette lui a appris la naissance de son petit Louis, Mattéo s’était livré aux gendarmes : toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt pour désertion, il fut condamné aux travaux forcés, et envoyé à Cayenne. Ayant purgé sa peine, Mattéo s’installe en région parisienne, où il retrouve son ami Paulin et Amélie, l’infirmière qu’il avait connue à la guerre.Août 36. C’est le bonheur des premiers congés payés. Accompagné de Paulin, d’Amélie et d’Augustin, le compagnon de celle-ci, Mattéo revient, pour la première fois depuis longtemps, à Collioure. Comment sa mère va-t-elle l’accueillir ? Et Juliette et son fils Louis, que sont-ils devenus ? Août 1936. C’est la liesse des bains de mer et des bals populaires. Mais de l’autre côté des Pyrénées, dans l’Espagne toute proche, le bruit et la fureur de la guerre civile se font de plus en plus entendre. Et Mattéo, le fils d’anarchiste espagnol, malgré l’indifférence au monde dans laquelle la douleur de Cayenne l’avait plongé, dresse de plus en plus l’oreille… Légère et enjouée, cette comédie, finement ciselée, virera au questionnement dramatique. Une fois encore, la réalité finira par rattraper Mattéo, et par le prendre méchamment par le col… (Futuropolis)

En ce mois d'août 1936, Mattéo est revenu depuis quelques temps du bagne, il est désormais tailleur de pierres à Paris, mais c'est surtout les premiers congés payés lancés par Léon Blum qui le font revenir à Collioure, accompagné de Paulin, Amélie et son ami Augustin.
La guerre d'Espagne vient de commencer, les communistes font entendre de plus en plus leurs idées, et dans tout ce début de chaos politique, Mattéo est fidèle à lui-même en ne prenant part à rien, en n'évoquant jamais le bagne qu'il préfère oublier, en restant indifférent à tout : "Je ne vous reconnais plus tout à fait ... Il se passe tant de choses enthousiasmantes ... et vous semblez indifférent.".
Mattéo est marqué, au sens propre comme au sens figuré par ces années passées au bagne.
Il n'est plus tout à fait le même, même s'il a gardé ses amis et qu'il retrouve Juliette, il y a quelque chose en lui qui s'est brisé et qui ne se reconstruira pas.
Il n'empêche, il va continuer à vivre les événements de son époque, qu'il le veuille ou non.
Il se retrouve ainsi à devoir voler et planquer des armes pour les envoyer en Espagne, à lire quotidiennement le journal "L'humanité" à un Paulin privé de ses yeux.
Ici, Mattéo n'est plus le seul héros.
Jean-Pierre Gibrat a eu la très bonne idée de garder Paulin et de faire revenir Amélie, j'aime énormément l'amitié entre cette dernière et Mattéo, cela donne lieu à de très beaux passages, à des confidences et à un soutien mutuel : "Des fois c'est tout simple, il suffit que quelqu'un ait vraiment envie d'écouter pour avoir envie de parler ... Elle était douée pour ça, Amélie, cueillir les confidences, délicatement.".
Le personnage de Paulin prend également de l'importance et j'avoue qu'il a un côté touchant, il garde une forme de rancune pour la perte de ses yeux mais il affiche une forme d'ironie et des idées communistes qui mettent du piment dans les discussions.
Le personnage de Juliette ne surprend jamais tout à fait, je dois même reconnaître que j'avais deviné son secret dès le début, mais sa beauté réside ailleurs, dans cette histoire d'amour qui semble souvent impossible pour ne pas dire improbable avec Mattéo.
Ce n'est pas une oie blanche ni une jolie gourde, c'est une femme relativement moderne qui tente de s'émanciper et dont l'évolution est intéressante à suivre.
Outre la guerre d'Espagne, il y a aussi les premiers congés payés de 1936 en toile de fond de cette bande dessinée, avec le sentiment de méfiance de certains vis-à-vis de ce nouvel acquis social : "Les congés payés, ça mérite pas la mort, ça ? On va pas tarder à les voir débarquer, d'ailleurs ... ça aussi, ça va nous faire du propre."; et la joie des autres de pouvoir enfin bénéficier de quelques jours de repos rémunérés : "Tout semblait possible, même le meilleur ... Il s'agissait d'améliorer l'ordinaire, un nouveau menu, avec occupation des cuisines, Blum au fourneau ... On remettait tout à plat, la France pique-niquait.".
Jean-Pierre Gibrat a su retranscrire parfaitement cette époque, avec les bains de mer, les gens qui viennent se délasser et prendre le temps de pique-niquer, de faire du vélo tandis que le Tour de France s'achève.
Le contexte historique est particulièrement bien rendu à l'image, d'autant plus que c'est une période peu souvent mise en scène en bande dessinée.
Je trouve également que le personnage d'Amélie reflète particulièrement bien cette période, avec sa robe d'été à fleurs et son chapeau de soleil, elle correspond parfaitement à l'image que l'on peut avoir de la jeunesse française en 1936.
J'ai donc retrouvé dans cette bande dessinée tout l'esprit de 1936 et du gouvernement Blum, à travers un scénario très bien écrit et cohérent du début à la fin.
Et puis, c'est toujours avec énormément de bonheur que je retrouve le si beau graphisme de Jean-Pierre Gibrat, avec ses dessins tenant de l'aquarelle et sa mise en couleur réussie.
J'aime énormément cet auteur qui manie désormais aussi bien ses scénarios que ses dessins, c'est toujours un régal pour les yeux de le lire.

"Mattéo Troisième époque" est un nouvel opus réussi de cette série qui comprendra à terme cinq tomes, présentant ici une chronique douce-amère de l'année 1936 à travers le regard de Mattéo, un personnage attachant accompagné d'amis fidèles, dans cette période de calme relatif avant l'agitation et l'embrasement de l'Europe.
Vivement le prochain tome pour y retrouver une nouvelle fois Jean-Pierre Gibrat et ses personnages !

Je remercie Babelio et les Editions Futuropolis pour l'envoi de cette bande dessinée dans le cadre de l'opération Masse critique.

Petit guide pratique sur le métro à New York

Pour tous ceux qui se rendent à New York, le métro (subway en V.O) est un moyen de transport très développé et surtout très utile pour se rendre dans les différents endroits de New York.


Que l’on soit un habitué du métro parisien ou un novice de l’underground, le métro de New York fait un peu peur lorsqu’on en entend parler pour la première fois et peut donner quelques sueurs froides : kesako lignes express ou local ? Uptown/Downtown ?
Mais avant de se lancer dans la jungle de l’underground New yorkais, un bref historique du métro de New York et quelques chiffres pour donner le vertige.
Le métro est entré en service pour la première fois en 1868 pour l’aérien et en 1904 pour le souterrain.
Le métro à New York c’est 337 kilomètres de lignes (dont 135 en aérien), 1 050 kilomètres de voies commercialement exploitées pour 1 350 kilomètres de voies au total, 26 lignes, 468 stations, une fréquentation journalière de 5,4 millions d’usagers en 2012 soit une fréquentation annuelle cette même année de 1,65 milliard de voyageurs.
L’énorme avantage de ce métro, c’est qu’il fonctionne 24h/24h et 7 jours/7 jours.


Donc toi le parisien, ou même le provincial, habitué à tes petites lignes de métro avec un numéro, une couleur par numéro, et un terminus à chaque bout, ne compte pas trouver une ligne type Nation - Charles de Gaulle Etoile ou Château de Vincennes - La Défense, il est temps que tu apprennes à savoir vraiment où tu vas : uptown ou downtown ?
Et ton arrêt, il est local ou express ?
(Et des questions pénibles du même type, tu en as d’autres ?)
Parce qu’en fonction de l’endroit où tu vas, l’entrée ne se fera peut-être pas au même endroit (et elles sont longues et larges les rues de New York …), et mieux vaut te renseigner au préalable plutôt que de regarder ahuri défiler la station où tu étais censé t’arrêter.
Et là pour achever et faire hurler de terreur, voici à quoi ressemble le plan du métro à New York :


On respire un grand coup, le métro à New York demande juste 5 minutes de réflexion et n’est au final pas si compliqué que ça (In God – and in the Subway – we believe !).
Tout d’abord, le métro à Manhattan se déplace quasiment toujours sur un axe nord-sud.
Donc pour aller au nord c’est Uptown et au sud Downtown.
Pour les stations très fréquentées pas de problème, mais pour d’autres et du fait du nombre de voies sur un même quai (de deux à quatre) si vous vous êtes trompé(e/s) il vous faudra remonter les escaliers voire même sortir de la station et repayer pour trouver le métro qui va dans la direction opposée (la MetroCard est votre amie).


Passons ensuite aux lignes express ou local.
Les lignes express ne desservent que certaines stations, elles peuvent néanmoins devenir local le week-end (au même titre que certaines stations sont fermées le week-end et que cela n’est pas toujours bien signalé) ainsi que le soir après 22 h pour redevenir local à partir de 6 h ; tandis que les lignes local les desservent toutes.
Attention également le soir tard, certains trains ne s’arrêtent plus sur le même quai, il faut alors repérer les panneaux Late Night pour se diriger.
Comme dit plus haut, sur un même quai il peut y avoir de 2 à 4 lignes différentes, c’est pourquoi il est très important de savoir si la station où l’on s’arrête est local ou express pour savoir quelle est la ligne la mieux adaptée.
Tout d’abord, les local trains sont signalés par un logo rond tandis que les express par un logo en losange.
Plus précisément sur un plan, les stations indiquées par un rond blanc sont des express, celles par un rond noir des local.
Prenons quelques instants pour regarder cet extrait de plan, particulièrement les lignes bleu (A, C) et orange (B, D).
Arrêt 59 St Columbus Circle : A, B, C, D ; arrêt 72 St : B, C.
On en déduit donc que les lignes A et D sont des express et B et C des local.


 Un petit récapitulatif des lignes :
1, 2, 3 : Broadway – Seventh Avenue Line
4, 5, 6 : Lexington Avenue Line
7 : Flushing Line
A, C, E : Eight Avenue Line
B, D, F, M : Sixth Avenue Line
G : Crosstown Line
L : Canarsie Line
N, Q, R : Broadway Line
J, Z : Nassau Street Line
T : Second Avenue Line (en construction)


Voilà, vous êtes prêt(e/s) à affronter le métro à New York et faites bien attention aux messages d’annonce (que l’on ne comprend pas toujours) et surtout à ceux de sécurité : "Stand clear of the closing doors" !



Petites astuces si vous allez à New York :
- n’hésitez pas à prendre plusieurs plans pliables du métro, ils sont gratuits mais ils ont aussi la fâcheuse tendance à s’abîmer très vite ;
- la MetroCard n’est pas un luxe, cette carte est au contraire très pratique dans le métro ou dans le bus (attention elle ne se valide pas de la même façon dans ces deux moyens de transport) ;
- préparez votre trajet avant de partir chaque matin, cela évite les mauvaises surprises et les moments de panique à trouver son chemin dans la jungle des lignes et des arrêts.


Quelques sources pour cet article et liens pour l’approfondir :

Cet article a été rédigé dans le cadre du Challenge New York

vendredi 27 décembre 2013

Mattéo Intégrale Premier cycle de Jean-Pierre Gibrat


Les deux premiers volumes de Mattéo forment un tout cohérent et indissociable, qui ont conduit Mattéo des tranchées de la guerre à Saint- Pétersbourg, au moment où se déclenche la révolution russe. Le troisième tome, se déroule entièrement en août 1936. Dix-huit ans après la fin du tome 2. Mais que s’est-il passé, pour les principaux protagonistes de cette saga, pendant ces dix-huit ans ? Comment Mattéo a-t-il vécu ses années de bagne, auxquelles il a été condamné ? Comment Juliette, après le suicide de Guillaume, élève-t-elle son fils Louis ? Qu’est devenue Léa, la belle bolchevik ? Et Amélie, l’infirmière amoureuse de Maupassant ? Et Paulin, l’ami de Mattéo, sommelier aveugle et militant communiste ? Et la mère de Mattéo, a-t-elle survécu à la condamnation pour désertion de son fils ? (Futuropolis)

Jean-Pierre Gibrat et moi nous nous sommes rencontrés, littérairement parlant, il y a quelques années déjà avec la très belle couverture du premier tome du "Vol du corbeau" qui avait attiré mon regard.
Puis j'ai lu "Le sursis", j'ai adoré.
J'ai donc ré-itéré avec "Le vol du corbeau".
Et là, je me suis rendue compte que j'étais tombée éperdument et définitivement sous le charme de cet auteur, de ces dessins ressemblant à s'y méprendre à des aquarelles et de ses personnages au grand cœur auxquels on s'attache si facilement.
Il était donc tout naturel que je m'intéresse à la nouvelle grande saga littéraire de cet auteur : Mattéo.

Prévue en cinq volumes, cette série regroupe dans cette intégrale le premier cycle, à savoir la première époque 1914-1915 et la deuxième 1916-1917.
Mattéo est fils d'un anarchiste espagnol, il vit à Collioure avec sa mère veuve, travaille dans l'exploitation vinicole des De Brignac, est amoureux de Juliette.
Quand la Première Guerre Mondiale se déclenche, Juliette ne parle plus que de mobilisation et n'a de mots que pour Guillaume, le fils des De Brignac.
Mattéo en tant qu'espagnol ne fait pas partie des appelés, pas comme son ami Paulin qui va y laisser ses yeux, il ne trouve plus grâce aux yeux de Juliette et va alors s'engager volontaire dans cette guerre, mais il va très vite déchanter : "La guerre, quand elle est arrivée dans les maisons, les premières heures, faut être honnête, elle a charmé son monde comme un chiot dans son petit panier tricolore, mais elle a mal grandi, la bestiole ! On imaginait qu'elle nous ramènerait la victoire dans la gueule, en gardant le poil propre et le fusil en bandoulière ! On s'était gourés de clébard !".
Il pensait naïvement reconquérir Juliette, celle-ci ne lui enverra que son silence : "Les lettres, c'est un peu comme les obus, on les attend plus et elles vous tombent dessus ... et elles vous découpent le cœur en morceaux, sans faire de bruit, on s'en doute pas en les ouvrant.".
Jean-Pierre Gibrat avait plutôt habitué le lecteur à traiter de la Seconde Guerre Mondiale, ici il traite avec brio de la Première, montrant par l'image et le choix des couleurs toute la violence et l'horreur de celle-ci, avec en trame narrative la voix de Mattéo.
L'évolution du personnage de Mattéo est intéressante : engagé pour l'amour de Juliette il va vite déchanter et perdre ses illusions : non seulement Juliette ne s'intéresse plus à lui, mais la guerre est bien plus sanglante et meurtrière que ce qu'il aurait pu imaginer.
Loin d'être auréolé de gloire, il se retrouve à devoir obéir à des ordres absurdes et ne trouvera son salut qu'en partant à l'arrière après une blessure.
Son chemin croisera alors celui d'Amélie, une infirmière amoureuse de Guy de Maupassant, un très beau personnage qui redonnera une forme d'espoir à Mattéo.
Mais le chemin de Mattéo ne s'arrête pas aux tranchées : il déserte et part alors en Espagne, avant de partir en Russie en pleine révolution.

Après les tranchées de 1914-1915 et l'Espagne, Mattéo revient brièvement à Collioure, l'occasion de revoir Juliette, avant de partir pour la Russie, plus précisément Saint-Pétersbourg alors que la révolution bat son plein.
Il part avec Gervasio, un ami de son père et exalté par la révolution russe, tandis que Mattéo est plus réservé.
En tant que photographe, il doit immortaliser les grands moments de cette révolution enfin, ceux pour lesquels il est autorisé à prendre des photos, la misère, les pendaisons, les règlements de compte, il ne faut pas que ces images sortent de Russie.
Mattéo, loin d'épouser les idées de cette révolution et d'admirer Lénine, se rend compte de la misère et de la poudre aux yeux jetés par les révolutionnaires sur les perspectives d'un monde meilleur : "La misère russe, j'ai pas connu plus noir. Si, dans les tranchées bien sûr, mais là, elle avait bouffé l'arrière.Un morceau de pain ou de charbon se payait le prix fort, en heures d'attente surtout. Elles y dépensaient leurs nuits, les femmes, soudées par le froid, en troupeau ou en chapelet, la longueur du trottoir décidait. Des chaudières de colère, comme de petites cheminées, leurs nez rougis par le froid crapotaient du givre révolutionnaire, un nuage sur toute la ville.".
Mattéo traverse l'Histoire sans se soucier plus que cela de l'évolution du monde, il est désabusé et ne croit plus vraiment en la nature humaine.
En cela et en d'autres points, il est proche d'Amélie, qu'il retrouve d'ailleurs à Paris et à qui il raconte la nouvelle déception procurée par Juliette : "On peut passer une nuit avec quelqu'un sans partager ses rêves.", ainsi que celle de la révolution bolchevique.
Mattéo est décidément un héros comme je les aime : imparfait, fonceur, malheureux, en quête perpétuelle d'un bonheur qui lui paraît si simple et qui se révèle inaccessible ou presque.
Il est désabusé et ne croit plus en rien, ce qui le pousse à se dénoncer à la fin en tant que déserteur.
Il pensait finir au peloton d'exécution, c'est au bagne qu'il ira casser des cailloux : "J'avais fait une belle connerie. En me dénonçant, j'espérais peu de choses, juste le bénéfice d'un peloton d'exécution radical, pour solder ma petite existence accumulant les naufrages.".
Jean-Pierre Gibrat réussit à donner corps à son récit à travers un personnage charismatique : Mattéo.
Il arrive aisément à mêler la petite histoire avec la grande, à faire vivre au lecteur les événements de l'intérieur, sous le regard lucide de Mattéo.
Que ce soit la Grande Guerre ou la révolution russe, Jean-Pierre Gibrat a l'art de manier son scénario avec ses dessins toujours criants de vérité.
Il dessine aussi bien l'enfer des tranchées que l'enfer de l'hiver russe, avec des dessins tenant plus de l'aquarelle, pour le plus grand plaisir des yeux.
Et même si Mattéo a tendance à ressembler à ses précédents héros masculins, Jean-Pierre Gibrat a su trouver une diversité physique pour ses personnages, masculins comme féminins.
Ici point de copie d'un personnage à l'autre, chacun a son style bien reconnaissable et c'est en ça que je trouve que Jean-Pierre Gibrat a vraiment évolué et mûri, livrant ici l'une de ses plus grandes réussites.

"Mattéo" est une série pleine de promesses tenues qu'il me tarde d'achever tant elle montre toute l'étendue du talent de Jean-Pierre Gibrat, une valeur sûre de la bande dessinée et un auteur qui arrive chaque fois à me toucher profondément avec ses histoires et sa plume si admirable.
A découvrir de toute urgence !

jeudi 26 décembre 2013

Raiponce de Byron Howard et Nathan Greno



Lorsque Flynn Rider, le bandit le plus recherché du royaume, se réfugie dans une mystérieuse tour, il se retrouve pris en otage par Raiponce, une belle et téméraire jeune fille à l’impressionnante chevelure de 20 mètres de long, gardée prisonnière par Mère Gothel. L’étonnante geôlière de Flynn cherche un moyen de sortir de cette tour où elle est enfermée depuis des années. Elle passe alors un accord avec le séduisant brigand… C’est le début d’une aventure délirante bourrée d’action, d’humour et d'émotion, au cours de laquelle l’improbable duo va rencontrer un cheval super-flic, un caméléon à l’instinct de protection sur-développé, et une drôle de bande de malfaiteurs. (AlloCiné)


Mieux vaut oublier le conte des frères Grimm dont est tiré ce dessin animé, hormis la trame principale il n'en reste pas grand chose.
Mais cela n'est absolument pas gênant, bien au contraire puisque l'histoire développée par les scénaristes est riche et intéressante.
Raiponce a donc été volée à ses parents par une vilaine (et vieille) sorcière, pour la simple raison que ses cheveux sont magiques et permettent ainsi à la sorcière de conserver une jeunesse éternelle.
Raiponce grandit tandis que ses parents attendent son retour, mais l'horizon étriqué de sa tour commence à lui peser et elle aimerait bien aller dehors voir ce qui s'y passe, à commencer par l'annuelle fête des lumières qui intrigue au plus haut point la jeune fille.
C'est son jour de chance, puisque Flynn Rider, un voleur recherché, ne trouve rien de mieux que de venir se réfugier dans la tour de Raiponce.
Après quelques coups de poêle et un Flynn ficelé à une chaise par la chevelure de Raiponce, ce dernier accepte d'emmener Raiponce avec lui, commence alors leur aventure avec un caméléon grand ami de Raiponce, un cheval super-flic qui a une mâchoire contre Flynn et une drôle de bande de malfaiteurs.



"Raiponce" est un très beau Disney pour plusieurs raisons.
Tout d'abord l'histoire est intéressante : sans être trop compliquée elle a quand même du corps et nécessite un développement, elle n'est pas simpliste comme on pourrait s'y attendre pour un dessin animé.
Ensuite il y a beaucoup de chansons, toutes plus belles les unes que les autres.
La musique de ce dessin animé est particulièrement réussie, cela faisait longtemps que je n'avais pas autant apprécié une bande son.
Il y a de l'humour, entre le cheval avec son flair de limier et Raiponce qui manie la poêle comme arme de défense, j'ai souri mais surtout beaucoup ri.
Et c'est aussi cela que je recherche dans un dessin animé : de l'aventure, une histoire d'amour, une fin heureuse, mais aussi des moments graves et d'autres plus joyeux.
"Raiponce" tient donc toutes ces promesses et offre un très agréable moment de détente.



Passons maintenant aux personnages.
Raiponce est une héroïne attachante, elle est mignonne, drôle, elle a du caractère et ne se laisse pas faire, c'est une victime mais qui sait rebondir et prendre son destin en main.
Elle est courageuse, elle sait se défendre, mais elle a surtout le don d'attirer la sympathie des gens et de faire ressortir ce qu'il y a de meilleur en eux.
J'avoue m'être demandée comment allait faire les réalisateurs pour jouer avec sa chevelure de plusieurs dizaines de mètres de long, finalement ils s'en sortent assez bien, Raiponce jouant même avec les capacités de son incroyable chevelure (à faire pâlir d'envie toutes les aficionadas de Loréal).
Flynn est lui aussi un personnage attachant, pas du tout méchant comme il serait facile de le penser, il se révèle avoir bon fond, même si je trouve ce personnage un peu plus fade face à une Raiponce pleine de vie et d'entrain.
S'il y a un personnage légèrement raté, cela serait celui de la mère de substitution de Raiponce, aka la sorcière.
Elle est limite un peu trop gentille et ne fait pas si peur que cela.
Mais mon coup de cœur va au cheval, j'ai adoré ce personnage, il est non seulement très expressif mais bourré d'humour.



Si j'ai tendance à regretter un graphisme faisant un peu trop "made in numérique", je dois reconnaître que les dessins de "Raiponce" sont encore agréables à regarder, même si j'ai trouvé que les personnages portaient un peu trop les stigmates des dessins faits à l'ordinateur.
Les paysages sont réussis, je qualifierai même d'enchanteur le château des parents de Raiponce.
Il y a de très belles scènes, de l'action, je trouve ce film d'animation très réussi visuellement.
A noter la diffusion sur la chaîne de télévision M6 et la possibilité de le regarder en version multilingue, pour ma part ce fut en anglais et je ne regrette absolument pas, au moins les dialogues n'ont pas été dénaturés par la traduction en français.


"Raiponce" est un très bon dessin animé des studios Disney que j'ai pris beaucoup de plaisir à regarder, même si l'histoire est éloignée du conte originel celle présentée dans cette version animée est tout aussi intéressante.
De l'aventure, de l'action, du rêve, des chansons, des personnages attachants, quelques scènes frôlant le romantique, une fin heureuse, que demander de plus ?
Il serait vraiment dommage de passer à côté de cet excellent dessin animé, à voir que l'on soit petit ou grand, le plaisir est intact et la magie opère ! 






Ce film a été vu dans le cadre du Challenge La face cachée des Disney

Du côté de Castle Rock d'Alice Munro


Alice Munro retrace le destin de ses ancêtres, partis d’Écosse au XVIIIe siècle pour rejoindre la terre de toutes les promesses : l’Amérique. Menant l’enquête dans le passé familial, elle découvre des hommes et des femmes avides de liberté, qui ont tenté de se soustraire aux contraintes de leur époque. Mais Du côté de Castle Rock n'est pas un livre de mémoires. C'est avant tout le portrait intime d'une jeune fille qui s'évade dans la lecture et se prend au jeu de la fiction au point d'en faire son métier. Alice Munro nous raconte des histoires, tout en livrant leur part autobiographique au pouvoir de l’imaginaire. Elle pose sur ces vies minuscules ou légendaires son regard sensible d’écrivain, sans jamais perdre sa férocité. (Editions de l'Olivier)

J'ai essayé, j'ai pris sur moi, j'ai fait des efforts pour m'accrocher à ce livre, mais en vain.
Entre Alice Munro et moi, le courant n'est pas passé.
Je me suis énormément ennuyée à lire cette biographie/autobiographie de la vie et de la famille de l'auteur.
Tout d'abord, la première moitié du livre s'attache à ses ancêtres et à leur départ d'Ecosse au 18ème siècle.
J'avoue que cela ne m'a pas franchement intéressée, je me demandais l'intérêt de remonter aussi loin, mais le pompon fut décroché lorsque je lus : "A l'exception du journal de Walter et des lettres, l'histoire est tout entière de mon invention.".
Là, j'ai eu envie d'envoyer promener le livre au milieu de la pièce et je m'y suis totalement (ou presque) désintéressée.
S'il y a bien une chose que je n'apprécie pas, c'est de faire des efforts pour entrer dans un livre et une histoire et découvrir qu'en fait tout cela ne relève que de la pure imagination.
Néanmoins, j'avais quelques raisons pour ne pas m'arrêter à la moitié du livre, j'ai donc continué ma lecture mais en diagonale, je le reconnais.
J'ai aussi été dérangée par le ton abrupt et exempt de tout sentiment utilisé parfois par Alice Munro.
Ainsi, lorsqu'elle parle de la rencontre entre son père et sa mère, cela donne : "Dans les renards elle ne vit aucun lien romanesque avec la vie sauvage; mais bien une industrie nouvelle, la possibilité de richesses. Elle avait quelques économies qui permettraient d'acheter une terre où tout cela pourrait commencer pour de bon. Elle devint ma mère.".
Manque total de romantisme, réalité trop abrupte, ça m'a fait tout drôle de lire une telle phrase, limite j'ai pensé qu'elle ne devait pas beaucoup aimer sa mère pour en parler de façon aussi matérialiste et détachée.
Je ne peux pas dire non plus que ce récit soit totalement bon à jeter aux orties, il est constitué de petites histoires qui assemblées les unes aux autres forment un tout incohérent et maladroitement construit, avec des va et vient entre différentes époques qui m'ont quelque peu perdue, outre l'arbre généalogique dans lequel je n'ai jamais réussi à me retrouver.
J'ai toutefois apprécié quelques unes de ces historiettes mais je n'ai jamais réussi à trouver le fil conducteur.
A certains passages, Alice Munro se livre un peu plus au lecteur et je n'ai pu m'empêcher de relever une certaine forme de poésie dans ses mots, en tout cas un style intéressant qui donne lieu à quelques belles phrases :  "Je méprisais l'idée tout entière de s'instrumenter soi-même ainsi, de se rendre dépendant de la réaction d'autrui, d'user de la flatterie avec tant d'adresse et de naturel qu'on ne voyait même plus que c'était de la flatterie. Et tout cela pour de l'argent. [...] Je croyais - ou pensais croire - qu'il fallait travailler dur, avoir de la fierté, se moquer d'être pauvre et même nourrir un subtil sentiment de supériorité pour ceux qui avaient la vie facile.".
Je n'ai pu qu'entrapercevoir entre les lignes la personnalités de l'auteur : "La passion, au contraire, entière, destructrice même, était ce que je recherchais. Exigence et soumission. Je n'excluais pas une certaine forme de brutalité, mais sans confusion, sans duplicité, sans surprise ni humiliation d'une nature sordide. Je pouvais attendre, et tout ce qui m'était dû me viendrait, quand je serais épanouie.", dommage j'attendais autre chose de ce récit : apprendre des choses que l'auteur, découvrir un contexte historique avec la construction du Canada, un style de vie.
Au final, il n'y a pas eu grand chose à part de l'ennui et une lecture fastidieuse.

"Du côté de Castle Rock" n'a pas su trouver un écho en moi et me séduire, se résumant à une rencontre littéraire ratée au cours de laquelle je me suis longuement ennuyée à tel point que je n'ai même pas envie de lire un autre livre d'Alice Munro.

Livre lu dans le cadre du Club des lectrices

mercredi 25 décembre 2013

La petite sirène de John Musker et Ron Clements



Malgré l'interdiction de son père, le roi Triton, Ariel, la petite sirène, ne peut résister à la tentation d'aller à la rencontre d'un monde inconnu, celui des humains. Accompagnée de Polochon, elle gagne la surface de l'océan et s'approche d'un grand navire où est donnée une grande fête en l'honneur du prince Eric, dont elle tombe immédiatement amoureuse. Une terrible tempête se lève et le prince est projeté par-dessus bord. Ariel le sauve de la noyade, le dépose sur le continent puis disparaît. Mais elle ne réussit pas à oublier le prince. (AlloCiné)

J'ai vu "La petite sirène" il y a très longtemps au cinéma, à l'époque où j'étais plus jeune et où personne ne me regardait bizarrement lorsque j'allais voir un dessin animé.
Qui dit fêtes de fin d'année dit diffusion à la télévision de films animés de Walt Disney, cette année c'était donc la diffusion inédite de ce dessin animé de 1990.



Librement inspiré du conte d'Andersen, "La petite sirène" est une histoire de liberté et d'amour.
De liberté, car Ariel qui vit au fond de la mère ne rêve que d'aller sur Terre, s'y promener sur deux jambes et quitter le monde aquatique pour découvrir le monde terrestre.
D'amour car Ariel va bien évidemment rencontrer un très beau prince et en tomber éperdument amoureuse.
La terre et les humains ont beaucoup d'attrait pour Ariel qui, il faut bien le dire, à tendance à s'ennuyer sous l'eau, malgré son ami Polochon et passe son temps à faire ce qui lui chante, c'est-à-dire fouiller les épaves à la recherche de trésors que son ami Eurêka lui nomme ensuite, en oubliant par la même occasion d'aller chanter dans le vrai sens du terme à la fête donnée par son père et orchestrée par Sébastien.
Ariel a 16 ans, elle est insouciante, n'écoute pas son père et n'en fait qu'à sa tête, elle a des envies d'ailleurs et des fourmis dans la nageoire.



Comme toute héroïne de conte de fées, elle va apercevoir un beau prince, le sauver de la noyade et tomber éperdument amoureuse de lui.
Elle va aussi croiser le chemin de la méchante sorcière prénommée Ursula qui va lui échanger des jambes contre sa voix.
Ici nous sommes dans l'univers féerique de Disney, il n'y a donc point de drame et tout est bien qui finit bien.
"La petite sirène" est d'ailleurs un film représentatif de l'ancienne époque Disney, celle où le drame n'était jamais abordé et où les méchants ne faisaient pas peur au point de faire des cauchemars par la suite, ce qui a changé avec "Le roi lion".
"La petite sirène" est donc une histoire aseptisée, en tout cas aux yeux des enfants jeunes, car à le voir en étant adulte quelques questions se posent : où est la mère d'Ariel ? Vraisemblablement morte mais ce n'est jamais dit. N'éprouve-t-elle donc qu'un chagrin limité à quitter sa famille et son univers en se mariant à un humain ? Apparemment elle le vit plutôt bien.
Et puis, il y a le fait qu'elle n'a que 16 ans, ce qui est jeune pour partir de chez soi pour se marier et fonder une famille, outre que c'est d'une autre époque également.



Il n'empêche, la magie opère car il y a une belle musique bien rythmée avec des chansons entraînantes.
La musique est une point fort de ce dessin animé et occupe une place importante dans l'histoire, ne serait-ce que la voix d'Ariel que s'approprie Ursula pour charmer le prince Eric tandis que la pauvre Ariel doit s'expliquer sans parole dans un monde avec des codes qu'elle ne connaît pas et surtout qu'elle ne maîtrise pas.
Ariel est un personnage féminin touchant, elle est jeune et vive, les jeunes enfants peuvent facilement s'identifier à elle et l'accompagner dans ses aventures.
Ce n'est pas l'héroïne de Disney que je préfère, mais je lui reconnais une certaine forme de charme et d'attrait qui la rend sympathique aux yeux des spectateurs.
L'autre atout indéniable de ce dessin animé, c'est la qualité du graphisme et des dessins, avec des personnages très beaux et des décors recherchés.
Le temps des visages taillés à la serpe n'est pas encore venu chez Disney et heureusement car je préfère, et de loin, cette qualité de dessins.
Le monde aquatique est riche et fourmille de détails, c'est presque l'environnement le plus intéressant de ce dessin animé.


"La petite sirène" reste un très beau dessin animé classique de Walt Disney qui se regarde avec plaisir à tout âge, accompagné de musiques endiablées et de dessins de très belle facture.
Un régal pour les yeux et les oreilles, il serait dommage de bouder son plaisir et de passer à côté de ce dessin animé.






L'époque où chaque Disney avait sa chanson, pendant cette période c'était Anne Meson qui représentait Disney en France :


Ce film a été vu dans le cadre du Challenge La face cachée des Disney

Raiponce et autres contes de Jacob et Wilhelm Grimm


Prisonnière d'une magicienne dans sa haute tour, Raiponce déploie sa longue chevelure blonde comme une échelle de soie. Les trois fileuses, enchaînées à leur quenouille et leur rouet, attendent d'échapper à leur supplice. Blancheneige et Rougerose ouvrent charitablement leur porte à un ours frileux et débonnaire qui va décider de leur destin. La reine des abeilles, reconnaissante, se pose sur les lèvres de miel d'une future princesse. Intraitable, l'ondine de l'étang exige d'un meunier qu'il lui abandonne son premier enfant. Petite sœur se désole de voir son petit frère transformé en chevreuil. Bien moins légendaires que Cendrillon ou la Belle au bois dormant, ces héroïnes enchantent tout autant le monde imaginaire et magique arraché au temps par les frères Grimm. (Pocket)

Mais qu'est-ce que c'est que ces contes ? ai-je envie de dire après les avoir lus.
Certes, ce ne sont pas les plus connus des frères Grimm, mais il y a une raison à cela et l'enchantement fut très loin de mon esprit cartésien au cours de cette lecture.

Commençons par la petite et charmante Raiponce, qui se retrouve prisonnière d'une vilaine sorcière car sa mère a eu des fringales de raiponces durant sa grossesse : "Si tout s'est passé comme tu le racontes, je te permettrai de prendre autant de raiponces que tu voudras, mais à la condition que tu me donneras l'enfant que ta femme va mettre au monde. Il ne s'en trouvera pas mal, et je lui servirai de mère.".
Déjà, qu'est-ce que c'est que ces parents qui n'hésitent pas à abandonner leurs enfants limite pour un oui ou pour un non voire pour assouvir leurs besoins ?
Belle image de l'amour filial, et c'est une remarque récurrente à l'ensemble des contes constituant ce recueil.
Donc Raiponce est prisonnière d'une tour, pour que la sorcière vienne la visiter elle doit déployer sa chevelure, jusqu'au jour où passe le fils d'un roi (ça court les bois apparemment les fils de roi), qui utilise le subterfuge de la sorcière pour aller voir Raiponce.
Ils tombent amoureux, la sorcière les découvre, elle les punit en envoyant Raiponce en exil dans le désert et rend le fils du roi aveugle.
Je vous rassure, tout est bien qui finit bien.
Mais avant que tout se finisse bien, j'ai donc découvert que Raiponce était une sacrée coquine, elle a épousé le fils du roi mais sans cérémonie, donc sans témoin (ah ? C'est un mariage ?), le mariage a été consommé car Raiponce n'habite pas seule dans le désert : "Il erra plusieurs années et arriva dans le désert où Raiponce vivait misérablement avec ses deux jumeaux,, un fils et une fille.".
Et bien, autant dire que mes cheveux se sont dressés sur ma tête en lisant la fin de ce conte.

Dans tous ces contes, les fils de roi courent les bois et trouvent à chaque fois de belles jeunes filles en détresse qu'ils finissent par épouser.
Personnellement, je n'ai pas rencontré de fils de roi dans les transports en commun et je trouve que l'image de la femme véhiculée dans les contes est plus que moyenne.
S'il y a bien un conte qui m'a limite fait hurler, c'est celui de "La pauvre vieille mère" qui se lamente de la perte de tous ses êtres chers et qui se détourne de Dieu.
Résultat elle est punie en ayant une vision atroce de ce que seraient devenus ses proches s'ils avaient vécu. Donc prise de conscience et elle remercie Dieu de les lui avoir ôtés : "La vieille mère rentra chez elle en tremblant, et elle remercia Dieu à genoux de ce qu'il avait mieux fait pour elle qu'elle n'avait pu le comprendre. Au bout de trois jours, elle se mit au lit et mourut.".
J'ai trouvé cela franchement horrible et cruel, il faut remettre dans le contexte et l'époque où ont été écrits ces contes, peut-être que cela était une bonne morale mais aujourd'hui cela a plutôt tendance à faire dresser les cheveux sur la tête.
Il y a des morales très tranchées dans tous ces contes, les mauvais sont punis et les bons sont récompensés, comme dans "La reine des abeilles" ou "Petit frère et petite sœur", mais c'est fait parfois de façon très abrupte comme dans "La gaspilleuse" ou alors il y a beaucoup de drame avant une fin heureuse comme dans "L'ondine de l'étang".
Dernier point qui m'échappe, les traducteurs ne sont pas les mêmes d'un conte à l'autre, est-ce parce qu'il s'agit d'une édition très bon marché ?
C'est quelque peu regrettable surtout lorsque l'on sait les différences qui peuvent exister pour une même histoire d'un traducteur à l'autre.

"Raiponce et autres contes" s'attache à présenter des contes oubliés, mettant en scène des princesses moins connues mais où les fées, les sorcières et les fils de roi sont légion.
Certes, les contes s'inscrivent dans une tradition populaire, mais ici la magie a peu pris avec moi et j'ai ressenti de façon forte le décalage entre la morale de cette époque et la modernité de la nôtre, laissant bien souvent plus place à l'effroi qu'au rêve face à des réactions pouvant être qualifiées de cruelles et qui ne m'illusionnent pas, ou alors plus.

Le conte "Raiponce" a été lu dans le cadre du Challenge La face cachée des Disney


mardi 24 décembre 2013

Top Ten Tuesday #28


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani.

Les 10 meilleurs auteurs que vous avez découverts en 2013

Difficile de n’en retenir que 10, pour ne pas faire de jaloux la parité homme/femme a été respectée.

1) Jonathan Coe
2) Henry Bauchau
3) Laura Kasischke
4) Edward Morgan Forster
5) Xinran
6) Jeanne Benameur
7) Toni Morrison
8) James M. Cain
9) Thomas Hardy
10) Charlotte Delbo

dimanche 22 décembre 2013

Auschwitz et après - III Mesure de nos jours de Charlotte Delbo


Et toi, comment as-tu fait ? pourrait être le titre de ce troisième volume de Auschwitz et après. Comment as-tu fait en revenant ? Comment ont-ils fait, les rescapés des camps, pour se remettre à vivre, pour reprendre la vie dans ses plis ? C'est la question qu'on se pose, qu'on n'ose pas leur poser. Avec beaucoup d'autres questions. Car si l'on peut comprendre comment tant de déportés sont morts là-bas, on ne comprend pas, ni comment quelques-uns ont survécu, ni surtout comment ces survivants ont pu redevenir des vivants. Dans Mesure de nos jours, Charlotte Delbo essaie de répondre, pour elle-même et pour d'autres, hommes et femmes, à qui elle prête sa voix. (Les éditions de Minuit)

"Mesure de nos jours" se démarque des deux premiers tomes d' "Auschwitz et après" par le fait que Charlotte Delbo n'est plus la seule narratrice, elle donne ici la parole à d'autres déporté(e)s pour tenter de répondre à la question que tout le monde se pose et n'ose leur demander : "Et toi, comment as-tu fait ?".
Comment ont-ils fait pour survivre là-bas alors que tant d'autres y sont morts ? Pourquoi eux et pas les autres ? Comment ont-ils fait pour reprendre leur vie ? Comment fait-on quand on est mort pour revenir parmi les vivants et redevenir vivant ?
Il y a dans ce livre autant de réponses que de témoignages, mais comme dans le précédent une vérité : ceux qui sont revenus ont vu de la Nature Humaine plus qu'ils n'en auraient jamais dû voir :  "Il reste que je connais des êtres plus qu'il n'en faut connaître pour vivre à côté d'eux et qu'il y aura toujours entre eux et moi cette connaissance inutile.".
Chaque personne a vécu son retour d'une façon différente, il y en  a qui ont retrouvé leur famille, d'autres pour qui il n'y avait plus personne, certains se sont mariés, ont eu des enfants, d'autres sont restés seuls, certains ont dû être suivi psychologiquement, mais femmes comme hommes aucun n'a pu se réadapter complètement.
Il y avait ceux qui en parlaient et ceux qui se taisaient, d'autres qui les écoutaient et ceux qui refusaient d'admettre que cela ait pu exister.
Presque toutes les personnes déportées qui sont revenues ont gardé contact entre elles, elles partagent un savoir et une connaissance qualifiée d'inutile qui leur permettent de se reconnaître où qu'elles soient et quel que soit le temps écoulé, derrière l'apparence elles se reconnaissent et elles savent : "Il semble que chacune de nous ait un visage - las, usé, figé - et par-dessous ce visage abîmé, un autre visage - éclairé, mobile, celui qui est dans notre mémoire - et, plaqué sur les deux autres, un masque passe-partout, celui qu'elle met pour sortir, pour aller dans la vie, pour aborder les gens, pour prendre part à ce qui se passe autour d'elle, un masque de politesse comme celui que s'ajustent les vendeuses en même temps qu'elles enfilent leur tenue de vendeuses. Sans doute n'y a-t-il que nous qui voyions la vérité de nos camarades, sans doute n'y a-t-il que nous qui voyions leur visage nu par en dessous.".
Tous les témoignages sont bouleversants et illustrent la difficulté de faire partie de ceux qui sont revenus, une forme de culpabilité : "Pourquoi moi et pas elle alors qu'elle était plus forte ?", et surtout l'impossibilité de repartir de zéro, de rebâtir une autre vie : "Refaire sa vie, quelle expression ... S'il y a une chose qu'on ne puisse refaire, une chose qu'on ne puisse recommencer, c'est bien sa vie.", et combien il fut difficile de poursuivre celle qui était restée en suspens pendant un, deux, trois ans voire peut-être plus.
Dans "Mesure de nos jours", il n'est plus question, ou alors par bribes de souvenirs, des conditions de déportation, ce récit s'intéresse à l'Humain, au ressenti le plus profond et à la façon qu'ont eu ceux qui ne l'ont pas vécue d'appréhender ceux qui en sont revenus, au paradoxe qu'il existe entre ceux qui ont gardé leur qualité d'être humain malgré la dureté de la guerre et ceux qui en ont été dépouillés dans les camps de la mort : "Vous direz qu'on peut tout enlever à un être humain, tout sauf sa mémoire. Vous ne savez pas. On lui enlève d'abord sa qualité d'être humain et c'est alors que sa mémoire le quitte. Sa mémoire s'en va par lambeaux, comme des lambeaux de peau brûlée. Qu'ainsi dépouillé il survive, c'est ce que vous ne comprenez pas. C'est ce que je ne sais pas vous expliquer. Enfin, pour les quelques uns qui ont survécu. On nomme miracle l'inexpliqué.".
Il ne faut pas attendre de ce récit des réponses aux questions que l'on se pose, c'est une tentative de réponse, la vision de Charlotte Delbo mais aussi celles d'autres personnes déportées comme elle.
Le titre fait à la fois référence au temps qui paraissait extrêmement long en déportation, de ces journées de travail qui n'en finissaient pas ponctuées de l'appel interminable du matin et du même le soir; mais également du temps qui s'est écoulé depuis leur retour, d'une journée qui n'a plus la même signification temporelle et du temps et des années qui passent qui ne s'écoulent plus de la même façon.
Il ne faut pas y voir une forme d'égoïsme, ces personnes sont revenues brisées physiquement et psychologiquement, elles font en quelque sorte semblant d'être comme tout le monde mais entre elles elles ne se mentent pas et ne se cachent pas, elles peuvent se permettre de se dire des choses qu'elles n'oseraient pas avec d'autres : "Seule l'une d'elles pouvait se permettre une question aussi directe, seule obtenir que j'y réponde tout droit, sans trouver indiscrète la question.".
Il existe de nombreux témoignages sur la déportation, l'oeuvre de Charlotte Delbo a le mérite de s'attacher également à raconter le retour et l'extrême difficulté de reprendre une vie et de se fondre à nouveau dans la masse.
Comme pour les deux précédents tomes, le style de Charlotte Delbo mêle réalité crue et poésie, donnant ainsi une beauté à ce récit pourtant cruel, barbare, en un mot horrible.

"Auschwitz et après" forme avec ses trois tomes un tout indissociable, un témoignage bouleversant et fort qui fait toucher au lecteur la vérité.
Ce récit, outre son caractère de témoignage sacré, a eu le mérite de me permettre de me rendre compte d'une chose : j'aurai beau lire tout ou presque ce qui existe sur ce sujet, jamais je n'arriverai à comprendre et à réaliser pleinement ce que la déportation a été et finalement, je crois que je n'ai pas envie de la connaître cette connaissance qualifiée par Charlotte Delbo d'inutile.
Par contre, j'ai toujours envie d'apprendre cette connaissance utile qui ressort de témoignages comme celui de Charlotte Delbo, c'est pourquoi je continuerai d'en lire et que je garderai précieusement à portée de main les trois tomes composant "Auschwitz et après".

samedi 21 décembre 2013

L'étrange Histoire de Benjamin Button suivie de Un diamant gros comme le Ritz de Francis Scott Fitzgerald


Jamais Roger Button n'aurait pensé que la seule évocation de son nom puisse, un jour, faire trembler d'effroi un hôpital voire une ville tout entière… Et pourtant… En ce matin de septembre 1860 M. Button, n'en croit pas ses yeux. En pleine maternité, se dresse dans le berceau de son nouveau né tant attendu, un homme de 70 ans à la barbe vénérable ! Et il s'agit bien de son fils ! 
 Après cette entrée en fanfare dans la vie, Benjamin Button ne pouvait mener une existence comme les autres : né vieillard, il va vieillir jeune, à rebours des autres, de la nature, des ans. Il va voir ses parents se voûter, s'éteindre, sa jeune femme s'empâter et décliner tandis qu'il va retrouver peu à peu santé, vigueur, s'illustrer brillamment à la guerre, courir les fêtes et les mondanités… 
 Au bout du voyage ? Une histoire étrange, extraordinaire et… le néant. (Pocket)

Étrange histoire que celle de Benjamin Button : né vieux, plus il avance en âge plus il rajeunit physiquement, vivant sa vie à rebours.
Son cas est unique, personne ne comprend ce qui a bien pu se passer, considéré comme un monstre par certains et finalement aimé de ses parents, Benjamin rajeunit avec l'espoir que ce processus finira par s'arrêter : "Il avait alors espéré que, lorsque son apparence physique coïnciderait avec son âge réel, le phénomène aberrant dont il était victime depuis sa naissance s'arrêterait de lui-même. Il frémit de tout son corps. Son destin lui semblait incroyable et affreux.", malheureusement c'est en nouveau né qu'il achèvera sa vie.
Il y a beaucoup d'amertume dans cette nouvelle qu'il ne faut d'ailleurs pas vraiment rapprocher du film qui en a été tiré.
Il n'y a pas de magie, pas de belle histoire, mais au contraire celle plus dérangeante et au final triste de Benjamin Button, né avec la parole et qui ne cessera de régresser sa vie durant jusqu'à perdre tout souvenir et à retomber dans le néant : "Le passé - la charge héroïque à la tête de ses hommes à l'assaut de San Juan Hill; les premières années de son mariage quand, l'été, dans la rumeur de la ville, il travaillait jusqu'à une heure avancée de la nuit pour l'amour de la jeune Hildegarde; et, avant encore, quand il restait assis à fumer avec son grand-père, tard dans la nuit dan la vieille et sombre demeure des Button à Monroe Street -, tout cela avait disparu de sa mémoire, comme si rien n'avait jamais existé. Il ne se souvenait pas.".
Voilà un mal sans doute pire qu'Alzheimer : ne plus se souvenir de rien, n'être plus rien ou presque en somme; indiquant par là qu'il n'y a finalement sans doute pas de solution miracle au bonheur, que l'on naisse jeune ou vieux n'influe pas sur notre bonheur et notre façon de vivre notre vie.
En attendant, Francis Scott Fitzgerald signe une nouvelle fois avec cette histoire troublante une critique de la société bourgeoise, glissant avec le personnage de Benjamin Button un boulon dans la mécanique si bien huilée de la bourgeoisie de Boston de cette fin de 19ème siècle et début du 20ème, avec une fin qui, si elle est cruelle, revêt toutefois une forme de poésie sous la plume de l'auteur.

"Un diamant gros comme le Ritz" est elle aussi une nouvelle pouvant être qualifiée d'étrange et basculant dans le fantastique, comme la première de ce recueil.
Tout commence lorsque John Unger se lie d'amitié avec Percy qui lui fait une révélation étrange : "Mon père a un diamant plus gros que l'hôtel Riz-Carlton.".
Invité à passer les vacances d'été dans la luxueuse demeure de son camarade, il y découvre le secret de leur richesse et tombe amoureux de la jeune sœur de son camarade, et c'est alors que les ennuis commencent et que le vernis craque.
Cette nouvelle tarde à démarrer et finit même par s'enliser dans une narration où le lecteur ne comprend pas où l'auteur cherche à en venir, et puis tout à coup l'histoire prend une tournure différente qui a enfin éveillé mon intérêt.
Savant mélange de conte de fées et de fantastique, "Un diamant gros comme le Ritz" finit par intriguer, avec son côté "ogre", sombre, et cette richesse liée à une montagne étant à elle seule un diamant.
Si la nouvelle ne commence pas par "Il était une fois" cela aurait très bien pu être le cas.
J'y ai surtout retrouvé l'aspect de solitude qui accompagne une immense richesse comme dans "Gatsby le magnifique", ainsi que le fait que la puissance et la domination finissent par entraîner une déchéance, avec un homme qui domine tous les autres par sa richesse et qui n'a au-dessus de lui que Dieu : "Dieu était le seul avec lequel il avait jamais eu à traiter ou à négocier.", qui finit pourtant par chuter de son piédestal le jour où sa fortune disparaît.

"L'étrange histoire de Benjamin Button" et "Un diamant gros comme le Ritz" sont deux nouvelles certes intéressantes de Francis Scott Fitzgerald mais qui ne sont toutefois qu'un pâle reflet de son oeuvre et qui n'ont pas l'éclat et la puissance d'un "Gatsby le magnifique".
A lire pour avoir un aperçu du style littéraire de Francis Scott Fitzgerald.

L'Empire State Building

Il est à la ville de New York, plus particulièrement à l’île de Manhattan, ce qu’étaient au Moyen-Âge les clochers des églises en France : un symbole, un repère.
Où que l’on soit, où que l’on aille, difficile de le rater et de ne pas l’entrapercevoir.
Il est bien entendu question de l’un des gratte-ciels les plus emblématiques de New York : l’Empire State Building.


Carte d’identité de l’Empire State Building

L’Empire State Building est un gratte-ciel de style Art déco situé dans l’île de Manhattan, à New York, dans le quartier de Midtown au 350 de la 5è avenue, entre les 33è et 34è rues.
Son nom provient du surnom de l’Etat de New York : The Empire State.
Il est souvent considéré comme l’une des sept merveilles du monde moderne.
Aujourd’hui il est la propriété de W&H Properties.


L’Empire State Building en quelques chiffres

L’Empire State Building culmine à 381 mètres de haut, 443,2 mètres avec l’antenne.
Il possède 102 étages dont 85 sont occupés par des bureaux, le 86è est un observatoire à 360° accessible à tous tandis que les 16 autres étages constituent la flèche de l’immeuble.
Il compte 73 ascenseurs, 6 400 fenêtres, 1 860 marches d’escalier, pour une superficie de 208 879 m² et un volume de 1 047 723 m3.

Mais il ne faut pas oublier que l’Empire State Building s’est aussi construit à l’époque de la course au plus haut bâtiment du monde.
Le Chrysler Building achevé en 1930 fut, pendant un court laps de temps, le plus haut bâtiment avant d’être détrôné par l’Empire State Building.
Ce dernier a lui-même été détrôné en hauteur par les tours jumelles du World Trade Center jusqu’au 11 septembre 2001 et leur destruction, l’Empire State Building est alors redevenu le plus haut building de Manhattan, jusqu’à avril 2012 où il a été dépassé par le One World Trade Center.
L’Empire State Building est la quatrième plus haut building du continent américain et fait partie des plus hautes constructions du monde entier.


Il n’a connu qu’un accident aérien le 28 juillet 1945 lorsqu’un bombardier B-25 Mitchell s’est écrasé sur la face nord de l’immeuble au niveau du 79ème étage à cause d’un épais brouillard.
Qui dit bâtiment en haut dit également suicide, environ 30 personnes se sont suicidées malgré les protections et seules 2 ont réchappé à leur tentative.

L’Empire State Building emploie quelques 250 personnes dont 150 sont chargées de la maintenance.


Un chantier gigantesque réalisé en un temps record

Les plans de l’Empire State Building ont été réalisés par la compagnie d’architectes Shreve, Lamb et Harmon.
Les plans furent achevés en l’espace de 2 semaines.

En janvier 1930 commencèrent les travaux d’excavation qui permirent un début effectif de la construction le 17 mars.
Les premiers travaux de maçonnerie commencèrent en juin 1930 et s’achevèrent le 13 novembre 1930.
Cet immeuble s’est construit au rythme affolant de quatre étages et demi par semaine, une prouesse irréalisable de nos jours notamment lorsque l’on voit le temps pour construire le One World Trade Center toujours non achevé à ce jour.
La construction dura donc 1 an et 45 jours, soit 410 jours dimanches et vacances compris.

Selon un rapport officiel, il n’y aurait eu que cinq morts durant sa construction et aucun parmi les sky boys, métier le plus dangereux qui consistait à assembler les différents composants de l’armature métallique de l’immeuble, à plusieurs centaines de mètres du sol et souvent sans protection.


L’Empire State Building et ses lumières

Tous les jours à la tombée de la nuit, l’Empire State Building se drape de lumières pour illuminer les nuits de Manhattan.
A chaque événement son éclairage : bleu, blanc et rouge pour le Bastille Day ; jaune et blanc pour le printemps et Pâques ; rouge, blanc et vert pour Columbus Day ; rouge et vert pour les fêtes de fin d’année ; rouge, blanc et bleu pour le Jour du Président, le Memorial Day, le Jour de l’Indépendance, le Jour des Anciens combattants.

L’Empire State Building ne s’intéresse donc pas qu’aux événements sportifs ou nationaux mais également mondiaux.
Après les attentats du 11 septembre 2001, le bâtiment fut illuminé en bleu, blanc, et rouge, les couleurs du drapeau américain pendant plusieurs mois avant de retourner à un éclairage normal.
Depuis 1932 et l’élection du Président Franklin D. Roosevelt, la tradition veut que le jour de l’élection présidentielle le bâtiment soit éclairé des couleurs des deux partis : bleu pour les démocrates et rouge pour les républicains avant de n’être éclairé que par la couleur du parti vainqueur.
Enfin, lors de la période de migration des oiseaux en automne et au printemps, les lumières sont éteintes les nuit de brouillard afin que les oiseaux ne se trompent pas de route et ne viennent s’écraser sur le gratte-ciel, attirés par les spots.


L’Empire State Building dans la culture populaire

L’Empire State Building a été immortalisé de nombreuses fois dans la culture populaire et pour la première fois dans le film "King Kong" en 1933 (souvenez-vous, tout le monde a au moins une image en tête de ce film).


Mais il apparaît aussi dans le film "Empire" d’Andy Wahrol en 1964, ou encore la plateforme au sommet dans les romantiques "Elle et lui" ou "Nuits blanches à Seattle".
Il a aussi été détruit par un vaisseau extraterrestre dans "Independance Day", pour ne citer que quelques films.
Il est aussi un élément prépondérant de la série Gossip Girl, il est même la propriété de Bass Industries et appartient donc à Chuck Bass, l’un des héros de la série.
C’est aussi ce qui fait son charme : même lorsque l’on va pour la première fois à New York, difficile de ne pas le connaître tant il est apparu au détour d’un plan filmé au cinéma ou à la télévision.
Enfin, il a été immortalisé, quoique indirectement, dans la chanson de Jay-Z en duo avec Alicia Keys : "Empire State of Mind".


Si vous allez à New York, ne ratez pas cet immeuble incontournable et prenez de la hauteur avec son observatoire qui offre une vue imprenable sur la Big Apple.
A voir de jour, à la tombée du jour et de nuit.
Petite astuce si vous avez le New York City Pass : vous bénéficiez d’une seconde visite le soir même entre 22 h et la fermeture.



Quelques sources pour cet article et liens pour l’approfondir : 

Cet article a été rédigé dans le cadre du Challenge New York