samedi 12 janvier 2013

Blanche Neige et autres contes de Jacob et Wilhelm Grimm


« Miroir, mon beau miroir, quelle est la plus belle de tout le pays ? » La réponse sera fatale à Blanche-Neige. Provoquant la jalousie de sa marâtre, la beauté de la jeune femme la promet à la flèche du chasseur, aux bêtes féroces et à la pomme empoisonnée. Les sept nains n’y pourront rien, un prince peut-être… Aux royaumes imaginaires des frères Grimm, Blanche-Neige rejoint dans ce recueil Peau d’âne, Cendrillon, la Belle au bois dormant, Hänsel et Grethel, Tom Pouce et bien d’autres éternels chefs-d’œuvre – connus et moins connus – de romantisme, de terreur et d’amour. (Pocket)

Blanche Neige

Ce conte a déjà été lu auparavant, mon avis ici.

Hänsel et Grethel

Quelle triste histoire que celle de ces deux enfants que leurs parents décident d'abandonner dans la forêt pour pouvoir survivre et qui les accueillent avec hypocrisie lorsque ceux-ci reviennent après avoir habilement déjoué le piège : "Mauvais enfants, pourquoi avez-vous dormi si longtemps dans la forêt ? Nous avons cru que vous ne vouliez plus revenir.".
Ce qui devait arriver arrivât, les parents finirent par semer leurs enfants et Hänsel et Grethel échouèrent dans la maisonnette en pain et gâteau de la sorcière : "Les sorcières ont les yeux rouges et la vue courte, mais elles ont le nez fin comme les animaux et sentent l'approche des hommes.".

Je trouve que "Hänsel et Grethel" est un conte dur, loin d'être tendre avec les enfants et encore moins avec les adultes.
Les adultes sont présentés comme des personnes pétries de mauvaises intentions : abandonner ses propres enfants dans la forêt, les dévorer pour la sorcière.
Les enfants eux sont présentés comme des être innocents mais pourvus de malice et d'intelligence qui leur permettent de se sortir de chaque mauvais pas, avec toutefois des traits de gourmandise et de cupidité, puisqu'ils n'hésitent pas à s'emparer d'une partie des trésors de la sorcière.
Quant aux adultes méchants, ils sont bien entendus punis : la sorcière meurt brûlée vive et quant à la mère des enfants, instigatrice de leur perte dans la forêt : "Cet homme n'avait pas eu une heure de repos depuis qu'il avait abandonné ses enfants dans la forêt; sa femme d'ailleurs était morte."
Fruit du hasard ou pas, les méchants sont des femmes et ceux éprouvant des remords des hommes.
Je note une incohérence dans la version Pocket, au début il est mentionné que la femme est leur belle-mère : cela est issu d'une version remaniée du conte par les frères Grimm; à la fin il s'agit de leur mère : cela provient du conte initial.
Quoi qu'il en soit, mère ou belle-mère elle reste une femme pétrie de mauvaises intentions et faisant peu de ces des deux enfants.

"Hänsel et Grethel" est un conte qui se termine bien, fort heureusement, mais qui est dur dans son propos et peu tendre envers les jeunes et les moins jeunes.

La Belle au bois dormant

Une reine et un roi se désespèrent de ne pas avoir d'enfant jusqu'à ce que leur voeu soit exaucé. Le roi organise alors une très belle fête et invite la famille, les amis, mais aussi les femmes sages du royaume qui sont au nombre de treize.
Petit problème néanmoins : "Il y en avait treize dans le royaume mais comme il n'y avait que douze assiettes en or dans lesquelles elles devaient manger, l'une d'elle devrait rester chez elle.".
Bien évidemment, celle non invitée prit la mouche et jeta un mauvais sort à l'enfant : "La fille du roi se piquera avec un fuseau lors de sa quinzième année et en tombera morte.", que la dernière sage modifia en un profond sommeil de cent années.
La fille du roi se pique effectivement à un fuseau et plonge, ainsi que tout le château, dans un sommeil de cent années : "Alors il courut dans le pays la légende de la Belle au Bois Dormant car c'est ainsi que fut nommée la fille du roi, si bien que tous les fils de roi se rendaient dans le royaume et voulaient fendre la haie vive.", jusqu'à l'arrivée d'un prince qui va réveiller tout ce beau monde.

Ce conte a un côté féerique et enchanteur et fait sans doute partie de mes préférés car il n'y a pas vraiment de violence dedans ni de personnages stigmatisés ou de différence flagrante entre hommes et femmes, tous sont traités sur un pied d'égalité.
L'histoire est belle et toute simple, je ne vais pas m'étendre sur les analyses psychanalytiques où ce conte montrerait en fait les différentes phases de la vie d'une femme (l'enfance, l'adolescence, la jeunesse, l'âge adulte, la fécondité, la vieillesse) et où la malédiction du sang qui coule est à assimiler au cycle menstruel car ce conte me convient très bien sans pousser plus loin mes réflexions.
Après l'abandon des enfants dans la forêt et leur rencontre avec une sorcière anthropophage "La Belle au bois dormant" est un havre de paix et de repos ... mais pas pour cent ans !

Cendrillon

Cette fille avait pourtant tout pour réussir : des parents aimant, une famille riche, mais voilà que sa mère décède et que son mère se remarie avec une affreuse femme mère de deux fillettes désagréables et que tout ce beau monde ne trouve rien de mieux que de la réduire à l'état de servante vêtue de haillons et se couchant dans les cendres du foyer : "Elle paraissait donc toujours sale et poudreuse, et c'est pourquoi on la surnomma Cendrillon."
Le prince donne un bal, Cendrillon, grâce à la magie s'y rend et sublime le prince, tandis que sa belle-mère et  ses demi-soeurs n'y croient guère : "Elles ne pensaient guère à Cendrillon qu'elles avaient laissée au logis dans les cendres." et que son père espère secrètement que c'est elle.

Ce conte est très beau et relativement doux, je dis bien relativement car le père de Cendrillon n'a pas le beau rôle, il ne fait rien pour aider sa fille ni lui montrer qu'il tient un tant soit peu à elle, il est dominé par sa nouvelle femme et ne semble guère vouloir faire d'effort pour changer quoi que ce soit; cette notion de douceur est aussi à relativiser car la belle-mère va jusqu'à ordonner à ses deux filles de se mutiler pour pouvoir chausser la pantoufle d'or, niveau amour maternel ce n'est pas envisageable.
L'atout de ce conte c'est la part de magie qu'il contient, avec l'arbre providentiel qui permet à Cendrillon d'obtenir les plus belles robes de bal, et qui efface le côté un peu plus noir de l'histoire.
Il y a également la présence d'oiseaux, les amis de Cendrillon, qui vient renforcer ce côté magique et permet à l'héroïne de se sentir moins seule, car s'il y a bien une morale à ce conte c'est sans doute que pour obtenir ce que l'on veut il ne faut compter que sur soit pour preuve, Cendrillon ne compte que sur elle-même et la magie pour se rendre au bal puisque son père est incapable de la défendre et de lui prodiguer tout l'amour qu'un père doit avoir envers sa fille.
"Cendrillon" fait partie de mes contes préférés pour son personnage féminin attachant et la magie présente dans l'histoire et que je ressens à la lecture.

Le petit chaperon rouge

Ce conte est une illustration de la jeunesse qui se laisse pervertir et attirer par le côté obscur, ici matérialisé par un loup, qui décide de faire son casse-croûte avec le petit chaperon rouge et sa grand-mère : "Elle est jeune, elle est tendre, ce sera un bon morceau, bien meilleur que la vieille; il faut m'y prendre adroitement pour les happer toutes les deux.".
Il s'agit ici de la version heureuse du conte où l'arrivée du chasseur permet de sauver le petit chaperon rouge et la grand-mère.
Toutefois, la morale de l'histoire n'est pas bien subtile et les ficelles sont grosses, il y est question d'obéissance et des conséquences en cas de non respect des consignes, ceci sert d'ailleurs de leçon au petit chaperon rouge qui ne recommencera plus : "De ta vie tu ne t'écarteras plus de la route pour courir dans le bois, quand ta mère te l'aura défendu.".
Il est quasiment impossible de ne pas y voir aussi certains avertissements quant à la sexualité et l'anthropophagie, la couleur du chaperon n'est d'ailleurs sans doute pas due au hasard mais mûrement réfléchie.
Cette version ne se limite pas à l'arrivée du chasseur qui sauve les deux personnages féminins, il y a une suite qui illustre les leçons tirées par la mère-grand et le petit chaperon de leur mauvaise rencontre avec le loup puisqu'elles piègent un loup qui tentait de faire la même chose et qui finit par se tuer.

"Le petit chaperon rouge" est un conte qui amuse lorsque l'on est enfant avec la galette et le pot de beurre, les grandes dents, les grandes oreilles et qui fait réfléchir lorsque l'on est plus grand du fait des messages que son histoire véhicule.
C'est un conte qui se lit selon deux niveaux.

Tom Pouce

Un laboureur et sa femme se lamentent de ne pas avoir d'enfant, la femme émet le souhait d'avoir un enfant même "pas plus gros que le pouce, je m'en contenterais, et nous l'aimerions de tout notre coeur.", son souhait finit par se réaliser mais "La femme, sur ces entrefaites, devint souffrante, et, au bout de sept mois, elle mit au monde un enfant bien constitué dans tous ses membres, mais qui n'avait qu'un pouce de haut.".

Il s'agit sans doute d'un des contes les moins violents, dans le sens où il se termine bien et où surtout ce ne sont pas les parents qui vendent leur enfant par cupidité mais celui-ci qui le leur suggère, étant sûr de pouvoir les rejoindre bien vite après.
Il y a de l'amour dans cette histoire, même si je ne cautionne pas complètement le fait de vendre son enfant, même à sa demande et même si celui-ci n'est pas plus haut qu'un pouce.

"Tom Pouce" est l'un des contes les moins violents que j'ai pu lire où le personnage pas plus haut qu'un pouce est joyeux, aimant, de bons conseils et courageux, en somme une jolie petite histoire d'amour avec ses parents.

Peau-de-toutes-bêtes (Peau d'Âne)

Ce conte est sans doute l'un des plus choquants qu'il m'ait été donné de lire : un père qui veut épouser sa propre fille : "Je veux épouser ma fille, car elle est le vivant portrait de ma femme morte, et je ne trouve nulle part une fiancée qui lui ressemble." !
L'inceste est poussé très loin dans ce conte, c'est à la limite malsain de le lire à de jeunes enfants tant le message qu'il véhicule est contraire aux bonnes moeurs.
De plus, j'ai dû faire des recherches sur ce conte car la traduction dans ce recueil n'est pas bonne, à le lire on comprend que Peau-de-toutes-bêtes finit par épouser son père, après recherche il semblerait que non.
Le problème, c'est que son père est désigné comme le roi et la personne qu'elle finit par épouser l'est de la même façon, cela ne simplifie pas la lecture et la compréhension.
J'aurai pu apprécier le côté magique avec les trois robes, l'une dorée comme le soleil, l'autre argentée comme la lune et la dernière aussi scintillante que les étoiles, la fuite de cette jeune fille qui se refuse à accéder à la volonté de son père, au final je suis restée sur cette histoire d'inceste et l'emploi du terme "roi" pour désigner son père et le prince m'a plus embrouillée dans ma lecture qu'autre chose.
"Peau-de-toutes-bêtes" est loin d'être un conte magique, enchanteur, prêtant à la rêverie, il est au contraire désenchanteur et fait froid dans le dos.

Les musiciens de la ville de Brême

Un conte assez sympathique qui met en scène des animaux décidant de se regrouper et de partir à la ville de Brême pour y être musicien.
C'est gentil mais ce n'est pas une grande histoire, elle n'a pas la classe d'une Cendrillon ou d'une Belle au bois dormant.
Toutefois, je ne garderai pas un souvenir de ce conte que j'ai d'ailleurs déjà presque oublié sitôt lu.

Le lièvre et le hérisson

Difficile de ne pas penser à une fable de Lafontaine à la lecture de ce conte où un hérisson finit par piéger un lièvre.
C'est une histoire gentille qui se lit avec le sourire, mais ce n'est pas un conte qui me marquera et j'aurai, à mon avis, bientôt oublié.

Le petit pou et la petite puce

Ce conte n'est qu'une variation de l'effet papillon, je n'ai pas pris de plaisir en le lisant car le style est trop lourd, chaque personnage (animal, végétal ou humain) ne fait que reprendre la phrase du précédent pour la compléter.
Cela finit par être lassant et pas très facile à lire, heureusement que ce conte ne fait que deux pages, d'autant plus que la fin n'est ni surprenante ni originale.

La princesse sur les pois

Le manuel de la parfaite princesse le spécifie bien : une vraie princesse ne peut dormir que sur un vrai matelas, en cas de doute glissez en-dessous des petits pois, si la demoiselle se plaint le matin d'avoir mal dormi alors il s'agit bien d'une princesse.

Ce conte fait parti des plus connus, je l'ai lu ici avec trois pois, dans mon souvenir il n'y en avait qu'un : "Lorsqu'on on eût apporté les matelas, elle y mit trois pois, l'un au pied du lit, un autre au milieu et le troisième au chevet; puis on ajouta encore six matelas, puis les draps et les édredons.".
Il est vrai que l'histoire est trop invraisemblable pour que l'on y croit un seul moment (sérieusement, mal dormir avec autant de matelas parce qu'on y sent les pois c'est trop gros), mais "La princesse sur les pois" reste une lecture plaisante et rapide, qui laisse quelques souvenirs mais n'est pas forcément le conte qui m'a le plus marquée.

Les trois frères

Il est clairement question dans ce conte de l'amour, un sentiment fort qui unit les personnes malgré des mises en concurrence ou des tentatives de perturbation de la bonne entente régnant entre les mêmes membres d'une famille, ici c'est le père qui tient ce rôle en offrant sa maison à celui de ses trois fils qui aura fait le plus preuve d'adresse.
Malgré ce challenge, les frères finissent par rester unis et vivre heureux ensemble : "Ensuite, comme ils s'aimaient tous trois beaucoup, ils ne voulurent pas se séparer, et continuèrent de vivre ensemble dans la maison paternelle, où ils exercèrent chacun leur métier.".
Néanmoins, je ne peux m'empêcher d'y trouver un petit quelque chose à redire qui tient au fait qu'ils vivent en complète autarcie sans jamais se marier et finissent par mourir ensemble ou presque.
Ceci est dommage et n'illustre pas vraiment des valeurs d'ouverture sur le monde alors que le message premier de ce conte était pour moi un message d'amour.
Là, il s'agit finalement d'un amour exclusif et centré sur la proche famille sans s'intéresser aux autres.

La mort la plus douce pour les criminels

La morale de conte ultra court est sans nul doute "tel est pris qui croyait prendre".
Un homme ayant rendu de grands services à son prince commet un jour un crime pour lequel il est jugé et condamné à mort, mais du fait des services rendus par le passé le prince lui laisse la possibilité de choisir sa mort.
Mais l'homme est bien malin et il trouve la meilleure mort qu'il soit en quelque sorte : "Puisqu'il est entendu que que je dois mourir, tout en déplorant la rigueur d'un destin cruel, je vous avouerai franchement que mourir de vieillesse m'a toujours paru la mort la plus douce".
Jolie petite morale pour ce conte qui se lit extrêmement vite.

Les deux compagnons en tournée

"Les montagnes ne se rencontrent pas, mais les hommes se rencontrent, et souvent les bons avec les mauvais.".
C'est ainsi que le chemin d'un gentil tailleur croise celui d'un sombre cordonnier qui finira par lui crever les deux yeux en échange de nourriture et, alors que le tailleur a récupéré des yeux et la vue, cherchera à entacher la bonne réputation dont il jouit auprès du roi.

J'ai beaucoup aimé ce conte à la morale simple mais efficace et je trouve que son placement en dernière position dans ce recueil le dessert quelque peu.
Certes, ce n'est pas le conte le plus connu, mais il gagne à l'être et il mériterait, à mon sens, d'être mieux présenté dans ce recueil.
L'histoire est agréable à lire, avec des rebondissements, évidemment une morale très présente, de la méchanceté mais contrebalancée par la gentillesse du tailleur dont le caractère évolue d'ailleurs au fil de l'histoire.
"Les deux compagnons en tournée" est un conte agréable à lire qui clôt ce recueil de quelques contes des frères Grimm.

Ce recueil comprend les principaux contes des frères Grimm, qu'il s'agisse de "Blanche Neige", "Hänsel et Grethel", "Le petit chaperon rouge", "Cendrillon", "La Belle au bis dormant", mais aussi certains moins connus comme "Les deux compagnons en tournée" qui méritent pourtant de l'être.
Si j'ai apprécié des contes comme "Cendrillon" ou "La Belle au bois dormant", certains soulèvent tout de même des questions, comme "Blanche Neige" ou "Hänsel et Grethel", qui n'apparaissent pas lorsqu'on les lit plus jeunes, tandis que "Peau-de-toutes-bêtes" m'a clairement fait hérisser le poil tant l'histoire d'inceste qu'il véhicule est malsaine et met mal à l'aise à la lecture.
Certaines traductions sont aléatoires, notamment dans "Hänsel et Grethel" où au début il s'agit de la belle-mère et à la fin de la mère et "Peau-de-toutes-bêtes" où l'homme, qu'il s'agisse du père ou du prince, est désigné par le terme de "roi".
Ce n'est pas parce qu'il s'agit d'une édition à bas coût que les traductions doivent être elles aussi au rabais, cela gâche quelque peu la lecture et provoque des incohérences dans l'histoire.
"Blanche Neige et autres contes" reste un recueil plaisant des contes de Grimm pour les découvrir ou bien les relire, et à chacun de se faire sa propre opinion sur chaque conte et chaque morale présente.

Les contes "Blanche Neige", "Hänsel et Grethel", "La Belle au bois dormant", "Cendrillon", "Le petit chaperon rouge" ont été lus dans le cadre du challenge La face cachée des Disney.

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