dimanche 24 mars 2013

Sherman Tome 5 Les ruines, Berlin de Griffo et Stephen Desberg


Dans l'Amérique des années 50, Jay Sherman est l'incarnation du rêve. Fils d'un clochard, il a gravi les échelons jusqu'à devenir un homme d'affaires en vue. Et, aujourd'hui, son fils semblait promis au bureau ovale... avant qu'une balle ne mette un terme provisoire à cette success story familiale ! Qu'a bien pu faire un homme si respectable pour susciter une telle haine... ? La vérité apparaît enfin alors qu’approche la fin de l’histoire. (Lombard)

Dans ce cinquième tome, la Seconde Guerre Mondiale fait rage, il n'est plus question de compromis mais de collaboration, ainsi l'AG Karsten, détenue par Karl Jurgen et Jay Sherman se met à produire le gaz Zyklon B destiné à être utilisé dans les camps d'extermination : "Messieurs, le moment approche où les tains déverseront les juifs par centaines de milliers dans les camps. Il vous faudra être prêts à les accueillir ! Du pesticide. J'aime beaucoup cette idée. Il y a décidément trop de vermine dans nos camps ! Et ailleurs.", tandis que Jeannie Sherman se bat pour retrouver l'homme qu'elle aime dans la plus complète incompréhension de son père et que Karl Jurgen voit ses idéaux et rêves de gloire anéantis par le régime nazi : "Laisse-moi te dire ce qu'ils sont en train de réaliser là-bas. Le parfait mariage du sang et des cendres !".

Je pensais que le personnage de Jeannie Sherman allait prendre de l'ampleur, je me trompais, en ce sens que ce n'est pas de l'ampleur qu'elle prend, elle éclipse tout simplement les autres personnages, à commencer par celui de son père.
Si Griffo a choisi de la représenter avec un visage trop carré et dur à mon sens, elle a plus de présence et de charisme que bien des personnages et elle ne souffre pas des défauts de son père, personnage avec qui j'ai plus de mal à accrocher.
Je reproche à ce dernier son côté séducteur, également repris pour son fils Robert qui est d'ailleurs persuadé que la seule chose qu'il réussit dans la vie c'est avec les femmes, mais également son indifférence vis-à-vis de sa fille qu'il ne cherche même pas à comprendre. Dans un sens, ce qui lui arrive aujourd'hui pourrait presque être mérité.
Il faudra que Jeannie disparaisse pour son père prenne enfin conscience de son existence : "Pourquoi faut-il qu'on oublie de se parler quand on peut se voir tous les jours ... Et qu'on soit prêt à tout perdre quand il est sans doute trop tard ?".
Jeannie est un personnage sauvage, il n'est pas forcément facile pour le lecteur de s'accrocher à elle mais c'est à mon sens le personnage le plus authentique de cette série et d'une certaine façon la plus humaine.
Je le ressentais depuis le début mais dans ce tome-ci de façon plus nette, la famille Sherman est trop calquée sur la famille Kennedy, à tel point que Robert Sherman, candidat à la future présidence, prend pour maîtresse une blonde pulpeuse faisant du cinéma.
C'est dommage que Stephen Desberg n'ait pas pris plus de recul et d'indépendance dans la création de cette famille, d'autant qu'il maîtrise jusque là le suspens et ne laisse rien filtrer sur les clés de l'énigme.
A la lecture de ce cinquième tome, j'ai une petite idée sur la personne derrière tout cela, je verrai si mon idée est la bonne ou non dans le dernier tome.
Je trouve également inutile et redondant les rappels régulièrement faits sur le contenu du message téléphonique mettant en garde Jay Sherman. Le lecteur le connaît, les tomes étant publiés de façon rapprochée il ne l'a pas non plus oublié en passant d'un tome à un autre.
Niveau graphisme, cette bande dessinée est extrêmement agréable à lire et à regarder, Griffo est décidément un dessinateur dont j'apprécie beaucoup la plume.

Avec "Les ruines, Berlin", le mystère continue de s'épaissir, rendant cette série addictive malgré quelques aspects clairement inspirés du clan Kennedy aux Etats-Unis.
Suite et fin de la série dans le sixième tome.

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