mardi 3 décembre 2013

Valérian Hors série Par les chemins de l'espace de Jean-Claude Mézières et Pierre Christin


Non, cet album de Valérian n'a pas rétréci. Il est seulement un peu à part... Autour des années 70, Goscinny et Charlier, alors capitaines du journal Pilote en pleine gloire, lancèrent l'idée d'un recueil trimestriel au format de poche, présentant sur 268 pages un choix d'histoires courtes des stars du journal. C'est ainsi qu'on retrouva dans le Super Pocket Pilote Astérix, Blueberry, Barbe-Rouge, Lucky Luke, Iznogoud, Philémon, Achille Talon et bien d'autres. Et Valérian, qui débutait une brillante carrière d'agent spatio-temporel, atterrit dans le Super Pocket avant même la sortie de son premier album. C'est ainsi que ces sept récits sont venus s'intercaler entre la Cité des eaux mouvantes et le Pays sans étoiles, sept aventures au cours desquelles Valérian tombe dans un cimetière d'astronefs, délivre les hommes-oiseaux des pattes du Grand Collectionneur, retrouve Laureline sur la planète-méduse, communique avec les télépathes de la Planète triste, supporte les humeurs de ses clones - un vieillard et un gamin - et explore toutes sortes d'endroits plus ou moins incongrus, où l'on peut grandir, rapetisser ou rajeunir. Ces aventures ont constitué pour Mézières et Christin une espèce de laboratoire d'idées, où ils ont créé des personnages, une faune, une flore, et jonglé dans l'espace-temps avec cet humour qu'on retrouvera tout au long de la grande saga de Valérian. (Dargaud)

Ce recueil au format poche contient sept courts récits des aventures de Valérian, agent spatio-temporel.
Il n'a pas grand chose à voir avec le format habituel, les histoires sont très ramassées et tiennent de la micro-nouvelle, mais il est toujours très plaisant de retrouver Valérian de nouvelles aventures.
Il faut dire que la part belle lui est donnée, il est le personnage principal de toutes les aventures, Laureline ne l'accompagnant que dans deux (et au passage je suis déçue de l'absence des Shingouz).
Fidèle à lui-même, Valérian est un peu fainéant sur les bords et à se la couler douce : "Rien ne vaut la solitude des espaces vierges. Avec tous ces bureaucrates de Galaxity, on finit par étouffer.", il a le chic de se mettre dans des situations périlleuses : échapper au Grand Collectionneur, rencontrer des personnes en grande détresse : les télépathes de la Planète Triste, ou encore se faire rabrouer par son moi plus âgé (et plus sage) : "Si au lieu de courir l'espace tu t'emplissais un peu la cervelle, tu saurais qu'il s'agit de caractères qu'on trouve sur Terre dans le Tibet.".
Valérian fait donc du Valérian, j'ai toutefois trouvé que sous couvert d'histoires simples, les auteurs faisaient passer beaucoup de messages : il est question, et ce n'est pas la première fois, d'écologie et de préservation de l'environnement au risque de détruire l'écosystème d'une planète et de rendre périlleuse la vie dessus; du fait que la technologie et par ricochet la richesse n'achètent pas tout, comme dans "Triomphe de la technique" où Valérian apprend la belle leçon que la technologie n'intéresse pas forcément tout le monde et que certains se contentent très bien de ce qu'ils ont : "Vois-tu, c'est gentil à toi de nous avoir apporté des cadeaux, seulement, ça ne nous intéresse pas."; ou encore des méfaits de la guerre, délivrant ainsi un message pacifiste.
Il y a donc du très grave, le plus dur récit étant "La planète triste", du plus léger, et du très drôle, le dernier récit "Drôles de spécimen" étant particulièrement humoristique, c'est donc un album contrasté que proposent au lecteur Jean-Claude Mézières et Pierre Christin.
Il est difficile de parler de scénario mais les histoires ont toutes un début, un milieu et une fin malgré leur format court, quant à la qualité des dessins, elle est comme d'ordinaire au rendez-vous, avec beaucoup d'inventions dans les créatures ou les univers et un choix judicieux des couleurs.

"Par les chemins de l'espace" est un hors série intéressant de la série Valérian et Laureline, mettant plus en valeur le héros que l'héroïne sans que cela soit dérangeant du fait de la qualité des histoires et du graphisme, un recueil tout en contraste qui se caractérise par une grande diversité des thèmes abordés et des tons donnés au récit.
Un bon complément à la bande dessinée en grand format, d'autant plus que ces récits sont aujourd'hui difficilement trouvables.

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