dimanche 19 janvier 2014

Snowpiercer - Le Transperceneige de Bong Joon Ho



2031. Une nouvelle ère glaciaire. Les derniers survivants ont pris place à bord du Snowpiercer, un train gigantesque condamné à tourner autour de la Terre sans jamais s’arrêter. Dans ce microcosme futuriste de métal fendant la glace, s’est recréée une hiérarchie des classes contre laquelle une poignée d’hommes entraînés par l’un d’eux tente de lutter. Car l’être humain ne changera jamais… (AlloCiné)


"Snowpiercer" fait partie de ces films à la bande annonce alléchante, mêlant science-fiction et révolte, le tout dans un train tournant perpétuellement autour de la Terre puisque le monde extérieur est devenu inhabitable, conséquence du déclenchement d'une nouvelle ère glaciaire de la main même de l'Homme.
Adapté de la bande dessinée de Jean-Marc Rochette, Benjamin Legrand et Jacques Lob, le film est majoritairement une réussite et une belle surprise.


Les premières minutes du film servent à camper le décor et expliquer le pourquoi de la situation : simple, rapide et efficace, le spectateur a très vite compris de quoi il en retourne et surtout, que l'élément principal du film ne va pas être ce désastre écologique ayant résulté sur une nouvelle ère glaciaire, ce n'est que le prétexte de l'histoire et de l'existence de ce train géant.
Dans le "Snowpiercer", baptisé en français "Le Transperceneige", les personnes sont situées en fonction de leur caste et de leur place dans la société et surtout, du prix payé pour pénétrer et vivre dans le train.
A l'arrière ce sont donc les resquilleurs, ceux qui vivent entassés les uns sur les autres, dans une promiscuité ne leur permettant même pas de voir la lumière du jour et dans laquelle ils doivent se contenter d'une ration quotidienne de nourriture; et plus on avance dans le train plus les personnes sont aisées et vivent dans l'opulence pour ne pas dire le luxe.
Bien évidemment, l'Homme étant ce qu'il est, l'arrière du train va se révolter, emmené par Curtis, pour atteindre la voiture de tête, le cœur de la machine et en prendre le contrôle.
C'est donc cette révolte qui est présentée dans le film, mais pas que.
L'histoire soulève beaucoup de questions, particulièrement vers la fin, et interroge sur le bien fondé de l'existence de ce train et sur la façon de le diriger.
Il y a de la violence : physique lors des affrontements entre les révoltés et les gardes armés, mais également psychologique et c'est sans doute la plus cruelle des deux.
Difficile de me prononcer sur l'adaptation, je n'ai pas encore lu l'intégrale de la bande dessinée que Papa Noël a gentiment déposé au pied du sapin, mais ce scénario est en tout cas très bien fait et pose beaucoup de questions, à chacun d'y apporter sa ou ses réponses.


Côté décor et ambiance, c'est très loin d'être cosy, le film donne même la sensation d'étouffer pendant une bonne partie, jusqu'à ce que les insurgés avancent dans les wagons et finissent par voir la lumière du jour et les paysages arctiques.
Plus on avance dans le train plus c'est beau, mais plus on étouffe aussi, d'une autre manière.
Wilford, le créateur/propriétaire/bienfaiteur du train soulève d'ailleurs un point intéressant : dans le Transperceneige impossible d'être seul(e) un instant, de pouvoir écouter le silence et réfléchir sans bruit.
Il y a toujours du monde, toujours un fond sonore, la solitude est abolie et la vie en communauté règne en maître.
Disons qu'il est plus agréable de vivre en communauté dans les premiers wagons que dans les derniers.
Cette sensation d'étouffement est renforcé par le caractère népotique de certaines personnes qui méprisent totalement les autres, par le culte de la personnalité autour de Wilford (la scène dans le wagon de classe en est un très bel exemple).
Adieu la démocratie et bonjour le régime autoritaire qui règne à bord du train, ou tu adores Wilford et le dis haut et fort ou bien tu péris ou te fais amputer d'un membre en guise de punition.
Si le film s'éclaire au cours de sa progression, il n'en reste pas moins que même à l'avant une vie ne vaut pas forcément grand chose.
La reconstitution du train est très bien faite et rend extrêmement bien à l'écran.
Il y a d'ailleurs une très belle scène de bagarre à un moment où le train est dans un virage, chaque adversaire essayant d'atteindre l'autre en brisant d'abord les vitres et en profitant du parallélisme du train.
Il faut également être attentif à chaque détail, ceux-ci ont une signification et une explication à la fin, la construction scénaristique est bien construite et le retournement final prend par surprise.


Le casting est lui aussi réussi, avec un Chris Evans dans le rôle de Curtis, le leader, un acteur que je ne connaissais pas jusqu'à présent ou alors auquel je n'avais pas fait attention, c'est avec plaisir que j'ai retrouvé Jamie Bell dans le rôle d'Edgar, un jeune chien fou prêt à mourir pour suivre Curtis dans sa quête de prise de possession de la machine, Tilda Swinton est méconnaissable en Mason et prouve, une fois de plus, toute l'étendue de son talent et de son jeu d'actrice, et sans oublier John Hurt et Ed Harris, tous deux méconnaissables.
Il y avait aussi d'autres acteurs que je ne connaissais pas, un coup de chapeau à Song Kang-Ho qui campe un Namgoong Minsoo, formidable inventeur du système de sécurité des portes du train et à Ko Asung dans le rôle de sa fille Yona.
Je ne parlerai pas de la musique, en toute honnêteté je n'y ai pas vraiment prêté attention tant j'étais prise par l'histoire.


Même si ce film a des qualités, il souffre aussi de quelques défauts, particulièrement d'incohérences qui viennent quelque peu gâcher sa réussite.
Certains points de l'histoire restent flous, j'ai trouvé cela dommage, et il arrive aussi assez souvent au cours du film qu'un personnage se retrouve avec un objet qu'il n'avait pas juste avant, on ne sait ni où ni quand ni pourquoi l'objet est venu en sa possession (par exemple les manteaux de fourrure à la fin).
J'ai trouvé que ce manque de vigilance entre les prises de scène étaient regrettables et même s'ils peuvent passer inaperçus ce n'est malheureusement pas le cas pour un œil curieux.
J'émettrai également une réserve sur la fin du film, trop floue à mon goût alors que tout le reste du scénario tenait la route.
Difficile de dire ce qu'il advient, il n'empêche que je suis ressortie de la séance avec un sentiment plus pessimiste qu'optimiste sur l'avenir, la faute au peu d'indices laissés par le réalisateur au spectateur pour que ce dernier se forge sa propre opinion.
Malgré ces quelques défauts, le film est vraiment intéressant et il ne faut pas s'y arrêter.


"Snowpiercer" de Bong Joon Ho est un très bon film d'anticipation et d'action pour lequel il ne faut pas s'arrêter à ses quelques défauts tant l'histoire et le scénario sont prenants, tout comme la mise en scène est réussie.
Une belle surprise cinématographique dont il me tarde désormais de lire la bande dessinée dont le scénario est tiré.







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