samedi 14 juin 2014

Deux jours, une nuit de Jean-Pierre et Luc Dardenne



Sandra, aidée par son mari, n’a qu’un week-end pour aller voir ses collègues et les convaincre de renoncer à leur prime pour qu’elle puisse garder son travail. (AlloCiné)


Je me suis posée longtemps la question de savoir si j'allais voir ce film ou non, car ma première et unique expérience d'un film des frères Dardenne remontait à "Rosetta" et je n'avais pas été emballée outre mesure.
Et puis, il y a Marion Cotillard, et je ne cache pas que depuis qu'elle a fait "La môme", je la trouve nettement moins bonne actrice qu'auparavant.
Enfin, le thème du film n'est pas joyeux : la dernière fois j'assistais à un drame de l'amour passionnel de deux amants, aujourd'hui à une femme prise dans la crise et qui va passer son week-end à faire du porte-à-porte pour convaincre ses collègues de voter pour le maintien de son emploi au détriment de leur prime de 1 000 euros.
Afin d'ôter immédiatement tout suspens, ce film a été une bonne surprise.
Certes, le thème traité est loin d'être gai mais il est furieusement d'actualité et amène le spectateur à réfléchir et à se poser des questions : accepterai-je ou non de renoncer à une prime ? Et si j'étais dans la même situation, qu'est-ce que je ferai ?
C'est malin de la part de Jean-Pierre et Luc Dardenne, car sous couvert d'un scénario assez simple et tenant facilement sur une demi-page A4, c'est un vrai problème éthique et de philosophie morale qu'ils posent là.
C'est extrêmement poignant, d'autant plus que le spectateur finit par se prendre au jeu et à attendre anxieusement le lundi matin et le résultat du vote.
Si j'ai pu être un peu dérangée par une certaine facilité des dialogues, notamment la phrase d'accroche prononcée à chaque fois par Sandra, je n'aurai à reprocher à ce film que de ne pas avoir assez creusé l'aspect relationnel entre Sandra et son mari, c'est évoqué mais de façon un peu trop superficielles et pouvant donner l'impression au spectateur de ne pas avoir toutes les clés de compréhension de ce couple.
Pour le reste, je n'ai absolument rien à redire : les frères Dardenne ont choisi de filmer leur héroïne au plus près, zoomant régulièrement sur son visage et ses expressions, cela donne un sentiment de proximité au spectateur et le projette directement dans l'histoire; la mise en scène est bien faite et quant au jeu des acteurs il est toujours juste et émouvant.
J'ai retrouvé avec plaisir Fabrizio Rongione (Marcel Larcher dans "Un village français") bien trop rare au cinéma, et je vous annonce que je suis quasiment sûre de m'être réconciliée avec Marion Cotillard tant j'ai eu la sensation de retrouver l'excellente actrice qu'elle était à ses débuts : elle a beaucoup travaillé pour ce rôle, elle a pris l'accent belge, elle vise toujours juste dans les émotions et assume complètement son rôle de moteur du film, enfin le retour de la grande actrice !
Et si j'ai pu imaginer plusieurs fins, je ne m'attendais certainement pas à celle-là.
Elle contraste d'ailleurs avec celle de "Rosetta" en étant d'une certaine façon plus lumineuse et porteuse d'espoir.


"Deux jours, une nuit" est un beau film social extrêmement d'actualité qui, s'il est reparti bredouille de Cannes, mérite vraiment d'être vu, ne serait-ce que pour le côté émouvant qu'il dégage et le jeu sans faute des acteurs, à commencer par Marion Cotillard qui re-tutoie enfin les anges du 7ème Art avec le rôle de cette femme se battant pour conserver son travail.







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