dimanche 15 juin 2014

Pauvre Miss Finch de William Wilkie Collins


Lucilla, une jeune fille du meilleur monde, aveugle depuis la petite enfance, est amoureuse d’Oscar, un brave garçon dont la beauté et les vertus se résument pour elle au son d’une voix et à la ferveur de quelques caresses. Opérée de la cataracte, elle recouvre la vue sans se douter qu’à la faveur d’un complot, un autre prend la place d’Oscar en se faisant passer pour lui. Et la découverte du monde illuminé et coloré va aller de pair avec celle des faux-semblants, mensonges et autres trahisons que se réservent ceux qui peuvent se regarder dans le blanc des yeux… (Phébus)

Lucilla a vécu la majeure partie de sa vie dans le noir : aveugle suite à une cataracte aux deux yeux en bas âge, elle ne connait du monde que le son des voix des personnes qui l'entourent.
Il serait alors facile de la prendre en pitié, ce que beaucoup de personnes ont fait, l'ayant même baptisée la "pauvre Miss Finch", de prendre un ton catastrophé en parlant d'elle : "Oui, mon Dieu, de toutes les créatures, la plus désarmée, la plus malheureuse, c'est celle qui ne voit pas !", mais Lucilla est au-delà de tout cela car elle s'est créée son propre monde dans lequel elle distingue les couleurs et les gens par le touché : "Les gens qui ne sont pas aveugles attachent une importance absurde à leurs yeux !".
Madame Pratolungo est la narratrice de cette histoire de famille, veuve d'un médecin dont elle a également épousé les idéaux républicains elle arrive au service de la jeune Lucilla et sera le témoin clé de l'histoire.
Cette femme relativement ouverte d'esprit découvre avec bonheur sa jeune protégée et très vite s'y attache en évitant de trop la prendre en pitié, elle va surtout apprendre à ses côtés quelques leçons de vie : "Je venais de découvrir l'un des aspects étranges de la terrible infirmité qui jetait son ombre sur sa vie. Sa réaction démontrait que la modestie n'est que le produit de la conscience que nous avons des regards scrutateurs fixés sur nous - et que la cécité n'est jamais pudique, pour la bonne et unique raison qu'elle ne peut voir.".
Si Lucilla est le personnage central de ce roman, son handicap est au cœur de l'intrigue et la conduira à souffrir et à être dupée par un homme.

Je n'avais jamais lu jusqu'à présent de Wilkie Collins, je ne saurai dire si le style employé de raconter l'histoire par un protagoniste qui interpelle par moment le lecteur est courant mais cela crée une proximité avec le lecteur.
Du côté de l'intrigue, elle est assez convenue et sans réelle surprise malgré les instants de tension que l'auteur a essayé de créer au travers de la plume de Madame Pratolungo.
Si Lucilla arrive à toucher le lecteur au début je reconnais qu'elle a fini par m'agacer quelque peu : trop naïve et à la limite trop sotte, encore que cela ne vienne pas du personnage en lui-même mais du traitement dont en fait l'auteur.
Il me paraît bien improbable qu'une jeune fille aussi avisée que Lucilla ne se rende pas compte de la supercherie, même lorsqu'elle retrouve la vue, or rien ne lui met la puce à l'oreille alors que dans la réalité il n'est pas possible que deux personnes aient strictement le même timbre de voix, et si cela était possible, elle aurait bien dû se rendre compte que la tournure des phrases, les expressions employées différaient.
Mais non, afin de créer une intrigue dramatique autour du personnage de Lucilla cette dernière devient incapable de jugement et de discernement, peu crédible donc et c'est ce que je reproche le plus à ce roman.
La fin vient heureusement relever cette baisse de régime et Lucilla retrouve toute la superbe de son caractère, donnant une leçon de vie à tous les personnages puisque non seulement elle s’accommode de son handicap mais surtout elle ne l'échangerait pour rien au monde : "Vous vous obstinez à croire que mon bonheur dépend de ma vue. Moi, je me rappelle avec horreur ce que j'ai souffert quand je possédais l'usage de mes yeux - tout ce que je désire, c'est oublier ce temps de malheur.".
Lucilla est un personnage féminin fort qui, hormis son passage à vide, prouve à tout un chacun que l'on peut vivre bien et heureux avec un handicap.
L'ambiance qui se dégage de ce roman est très britannique et symbolique d'une époque littéraire, j'ai pu y retrouver le style de plusieurs auteurs anglais mais malgré les péripéties et la duperie dont est victime Lucilla je n'ai pas réussi à retrouver la colère que j'ai pu connaître face aux mésaventures et aux injustices de la Tess de Thomas Hardy.

"Pauvre Miss Finch" de William Wilkie Collins sans être un coup de cœur a été une découverte intéressante de cet auteur et un bon moment de lecture.
Je continuerai donc à lire du William Wilkie Collins, tout en me disant que ce roman pourrait bien constituer un film intéressant.

Livre lu dans le cadre du Club des Lectrices


Livre lu dans le cadre du Plan Orsec 2014 pour PAL en danger


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