jeudi 3 juillet 2014

La dernière frontière de Howard Fast


1878. Les Indiens cheyennes sont chassés des Grandes Plaines et parqués en Territoire indien, aujourd’hui l'Oklahoma. Dans cette région aride du Far West, les Cheyennes assistent, impuissants, à l'extinction programmée de leur peuple. Jusqu'à ce que trois cents d'entre eux, hommes, femmes, enfants, décident de s'enfuir pour retrouver leur terre sacrée des Black Hills. À leur poursuite, soldats et civils arpentent un pays déjà relié par les chemins de fer et les lignes télégraphiques. Et tentent à tout prix d'empêcher cet exode, ultime sursaut d'une nation prête à tout pour retrouver liberté et dignité. (Gallmeister)

En 1878, des Indiens cheyennes ont décidé de quitter l'Oklahoma où ils sont parqués et dépérissent pour retrouver la terre de leurs ancêtres, mais c'est sans compter sur l'opposition farouche des militaires et du gouvernement : "Dis-leur que personne n'a le droit de quitter le Territoire indien sans une permission de Washington. Et que ce soit bien clair pour eux : le Grand Homme Blanc ne donne aucune permission de ce genre. Ici, c'est devenu et ça restera pour toujours leurs terres, et c'est à eux d'en faire ou non quelque chose. S'ils sont paresseux, bons à rien, s'ils restent couchés dans leurs huttes toute la journée, ils seront payés de la même monnaie. Que ce soit bien clair. Il faut qu'ils restent ici.".
Dépouillés de leurs terres, ils devraient se contenter de l'exil et de vivre enfermés, parqués comme des bêtes, vivants mais souhaitant la mort qui serait une délivrance pour eux :  "Il vaut mieux parfois pour un peuple être mort qu'esclave.".
Ce roman met en scène une page méconnue et pourtant vraie de l'histoire américaine : l'une des dernières guerres indiennes, celle de 1878, au cours de laquelle un groupe de Cheyennes mené par deux chefs : Little Wolf et Dull Knife, ont essayé de fuir vers le Nord pour retrouver la terre de leurs ancêtres et y vivre dans de meilleures conditions, en hommes libres.
Récit terrible et poignant, il illustre surtout une incompréhension entre les Indiens et les Blancs, ainsi qu'une non volonté d'écoute de la part de ces derniers.
Ils restent campés sur leurs positions, sûrs d'eux et ne se soucient guère des conditions de vie des Indiens, estimant même que ces derniers devraient leur être reconnaissants.
Voilà une image peu glorieuse des américains, d'autant plus lorsque l'on sait que durant les quelques mois de cette fuite et de cette véritable chasse à l'hommes ce sont non seulement des militaires mais également des volontaires civils qui se sont mis à leur poursuite, les traquant pire que des bêtes pour les ramener dans leur enclos.
C'est aussi une image fausse qui a circulé des Cheyennes : "N'appelez pas ça une guerre. Ces sauvages assassinent, et soyez-en sûrs, messieurs, chaque assassinat sera vengé. C'est le dernier soulèvement indien auquel ce pays sera confronté.", peu de journaux ont d'ailleurs osé dire la vérité et parler de quête de liberté.
Il est plutôt rare de voir la littérature américaine traiter du cas des Indiens, en cela le livre de Howard Fast est non seulement bien documenté mais il est aussi critique à l'égard des américains et à le mérite d'offrir un double point de vue aux lecteurs : celui des militaires et celui des Indiens, le tout sur une trame narrative s'étalant sur plusieurs mois.
J'ai été particulièrement intéressée par le thème traité et surtout révoltée à la lecture devant tant de bêtise et d’œillères, d'orgueil à ne pas vouloir reconnaître une erreur et de jusqu'au boutisme poussant à traquer des hommes, des femmes, des enfants, à bout de force et n'ayant plus que la peau sur les os.
Une histoire bien triste et particulièrement révoltante.

Je n'ai jamais été déçue à ce jour par les éditions Gallmeister et ce livre ne fait pas exception.
"La dernière frontière" de Howard Fast est un livre dur, poignant et révoltant sur l'une des dernières guerres indiennes et mérite d'être lu pour l'éclairage qu'il apporte sur ce pan de l'histoire ainsi que pour la beauté et l'humanité du texte qui se cachent derrière tant d'horreur.

Je remercie Babelio et les éditions Gallmeister pour l'envoi de ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique.

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