lundi 24 novembre 2014

Sin City Tome 2 J'ai tué pour elle de Frank Miller


Un rapace tourne lentement au-dessus de Sin City, la ville du péché. Il choisit ses proies et les dévore dans un corps à corps brûlant. En ce moment même, il rôde à la recherche de sa prochaine victime ... (Rackham)

Bienvenue à Sin City, la ville du péché et du vice, où les âmes pures sont rares et où les instincts les plus noirs de l'âme humaine s'en donnent à cœur joie.
A Sin City, il y a les beaux quartiers, ceux qui sont fréquentables, et la vieille ville, là où les désirs les plus noirs peuvent se réaliser : "La vieille ville tant qu'on a juste envie de se rincer l'oeil, les beautés de l'endroit sont bon marché. Mais quand on est prêt à payer, on peut avoir tout ce qu'on n'a jamais osé imaginer.".
La vieille ville, le narrateur la connaît bien, il y a fréquenté quelques femmes et va d'ailleurs y trouver refuge, mais ce qui occupe toutes ses pensées, c'est une femme, une qu'il a aimée il y a quelques années et qui l'a quitté pour un beau mariage et une belle maison dans les quartiers huppés de la ville.
Elle s'appelle Ava, elle a la beauté, la sensualité et l'intelligence du diable : "Son baiser est comme une promesse de paradis.", et pour une femme comme ça, on tuerait.
Lui est un homme revenu de tout cela, qui lutte pour oublier et ne jamais retomber dans ses démons : "Je pense à toutes les occasions que j'ai fait foirer, à tout ce que je donnerais pour pouvoir tout effacer. Pour me sortir de l'enfer gris et glacé que j'ai fait de ma vie. Je donnerais n'importe quoi.", mais voilà qu'Ava le recontacte : "Elle est en retard, comme toujours. Et elle vaut toujours autant la peine qu'on l'attende.", ils se revoient et c'est le début de la descente aux enfers.

Il y a un côté roman noir type Dashiell Hammett revendiqué haut et fort dans cette oeuvre.
Les hommes y sont à la fois forts mais également faibles face aux femmes qui sont présentées comme de véritables vamps, à l'image de la belle, douce et fragile Ava, en apparence car celle-ci se révèle redoutable, calculatrice et manipulatrice : "Il existe un mot pour ce que je suis. Mais personne ne l'utilise plus. Les gens refusent de voir la vérité. S'ils le faisaient, ils élimineraient les êtres comme moi. Mais ils ne le font pas. Ils ferment les yeux, font de grands discours imbéciles sur la psychologie et se rassurent en affirmant que personne n'est fondamentalement mauvais. C'est pourquoi j'ai gagné. C'est pourquoi je gagne toujours.".
Si Ava représente le péché à l'état pur, la femme pour qui n'importe quel homme serait prêt à tuer, d'où le titre du roman graphique et le cœur de l'intrigue, il y a quelques femmes qui incarnent à leur façon la pureté, à l'image de Nancy, la danseuse sur laquelle tous les hommes fantasment mais qu'aucun n'ose toucher : "Elle a beau exhiber jusqu'aux moindres recoins de son anatomie aux alcooliques en rut qui fréquentent la boîte, Nancy est la fille la mieux protégée du monde. Il n'y en a pas un qui se permettrait d'avoir la main baladeuse, ils savent tous que ça leur coûterait très cher de s'oublier.", ce qui pourrait laisser penser que tout n'est pas pourri jusqu'à la moelle à Sin City.
L'univers est toujours assez sombre et la mort est omniprésente, d'ailleurs il n'est pas possible de s'y tromper puisque Frank Miller a volontairement créé sa bande dessinée en noir et blanc.
L'histoire, les personnages, mais surtout l'ambiance qui se dégage de cette série tentent à la rendre vraiment addictive et extrêmement bien faite.
J'ai pris énormément de plaisir à suivre cette intrigue, avec cette femme qui brouille les pistes et les hommes en les entraînant dans la folie.
Le graphisme est tout simplement merveilleux, j'aime la mise en lumière (assez paradoxal quand on sait que cette bande dessinée est faite uniquement en noir et blanc) faite autour des femmes, de la sensualité qui se dégage du moindre de leurs gestes, et face à elles de la virilité et de la violence qui se dégagent des hommes.
Il me tarde désormais de voir l'adaptation cinématographique qui en a été faite.

"J'ai tué pour elle" est parfaitement représentatif de l'univers de Sin City créé par Frank Miller et mérite pleinement tous les éloges qui sont faits sur cette série.
A découvrir de toute urgence.

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