samedi 21 février 2015

L'Ambulance 13 Tome 2 Au nom des hommes d'Alain Mounier et Patrick Cothias


Mis à pied suite à une prise de décision jugée cavalière par ses supérieurs, Louis-Charles Bouteloup, chirurgien, n'est pas tenu en odeur de sainteté et risque le Conseil de guerre. Grâce au concours de sœur Isabelle, il sera réintégré et reprendra le commandement de l'Ambulance 13. Une fois encore, au milieu de la première attaque allemande contre le village de Fleury-Devant-Douaumont, l'unité bravera l'âpreté des combats pour protéger les blessés, tous les blessés, y compris ennemis… Parallèlement, le colonel-baron Bouteloup, père de Louis, songe au péril que son fils fait courir à sa carrière politique, tandis qu'Emilie apporte sa gentillesse et son humanité à un permissionnaire que le malheur poursuit jusqu'au seuil de sa maison. (Bamboo Editions)

"Hé, le ciel, tu m'entends ? Y a quelqu'un là-haut ?"
A croire qu'il n'y a personne là-haut, car les combats continuent, sont toujours aussi sanglants et meurtriers, les blessés continuent d'affluer dans le service de l'Ambulance 13 et les amputations sont toujours aussi nombreuses.
La pseudo pactisation avec l'ennemi de Louis Bouteloup lui ayant permis de récupérer un soldat blessé lui coûte chère : une mise aux arrêts avec risque de passer en cour martiale, au grand dam de son père : "Vivant ! Ni blessé, ni prisonnier, vivant ! Et toujours aussi turbulent, pour ne pas dire plus ! Ce petit faiseur est en train de me causer les pires ennuis !", et à l'incompréhension de ses hommes : "Quoi ? Ils vous enchristent après ce que vous avez fait !? Mais, ils sont tombés dingues, les huiles. C'est à se les couper pour les porter chez "ma tante" bordel !".
Et pendant ce temps, les femmes à l'arrière tremblent, craignent la mort d'un fils, d'un père, d'un fiancé, d'un ami.

Ce deuxième tome est toujours aussi passionnant et bien écrit que le premier, j'y ai retrouvé tout ce que j'avais apprécié dans le premier : un scénario de grande qualité, avec énormément de dialogues (ce n'est pas toujours le cas en bande dessinée), des dessins très représentatifs, des personnages attachants et fortement liés les uns aux autres.
Il y a beaucoup d'humanité dans cette bande dessinée qui retrace un épisode sanglant de l'histoire Européenne, les relations entre les différentes personnes sont très bien esquissées.
Ainsi, la relation entre Louis et la religieuse Isabelle est bouleversante : née baronne en Lorraine elle a dû apprendre l'Allemand et le Français dès son plus jeune âge, elle a prononcé ses vœux il y a peu, pour expier sa jeune vie passée, une vie faite de frivolités et de mondanités, et c'est paradoxalement en enfer qu'elle rencontre un homme qu'elle aime sincèrement, mais sans espoir aucun désormais : "Ecoutez, Louis, je ne suis pas femme à me voiler la face. Nous sommes attirés l'un par l'autre, mais nous devons, l'un comme l'autre, obéir à une autorité qui nous dépasse. Rien n'est possible. Vous le savez. Au nom de Dieu, aidez-moi un peu !".
Le personnage d'Isabelle prend dans ce volume de l'ampleur, pour mon plus grand plaisir car c'est une figure féminine particulièrement intéressante à suivre dans cet univers masculin et guerrier : "Dieu vous a attirée vers lui avec des promesses de sérénité et il vous a lancée dans la fournaise.".
Les femmes ont un rôle un peu plus important dans ce tome, qu'elles soient au front ou à l'arrière elles sont présentes et insufflent du courage à des soldats qui ne connaissent plus que désespoir ou savent mettre en lumière ce qui est important, comme réussir à sauver un soldat après avoir négocié avec les Allemands une trêve d'une heure, face à des hommes qui ont perdu toute raison ou notion de bon sens et qui sont très éloignés de la réalité du front.
Mais tout n'est pas merveilleux dans le plus beau des mondes, et même en temps de guerre ceux qui sont riches et bien nés s'en sortent mieux que les pauvres troufions : "Un fils, c'est l'idéal, l'absolution de tous les péchés passés. Et, à venir, une assurance de carrière pour les survivants ... s'ils sont riches !".
Cette série raconte la Première Guerre Mondiale sous un nouvel angle : celui des soldats.
C'est sans doute ce que j'apprécie le plus, outre les dialogues savoureux et les dessins d'Alain Mounier particulièrement réalistes et de toute beauté et dont la mise en couleurs est particulièrement réussie.

"Au nom des hommes" est un deuxième tome de la série "L'Ambulance 13" difficile mais nécessaire qui clôt avec brio le premier cycle de cette saga littéraire qui tient toutes ses promesses et dont je vais aussitôt découvrir le deuxième cycle.

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