mercredi 22 avril 2015

Les cendres de Pompéi - Journal d'une esclave, an 79 de Christine Féret-Fleury


«Samedi 3 avril. En sortant chercher de l'eau, ce matin, j'ai trouvé devant la porte un oiseau mort, le bec grand ouvert. C'est le manque d'air, a dit Martia. Les pauvres, c'est à peine s'ils peuvent voler. Un vrai temps de tremblement de terre! Les femmes, à la fontaine, répétaient les mêmes mots : "un temps de tremblement de terre! Pas une vague dans le port, pas un souffle de vent." Elles riaient. Personne, à Pompéi, ne redoute les secousses de la terre - elle tremble si souvent! Et depuis dix-sept ans, aucune maison ne s'est effondrée.» 
Pour partager le journal intime de Briséis, esclave en l'an 79, et affronter avec elle la terrible éruption du Vésuve... (Gallimard Jeunesse)

Pompéi, et plus généralement les cités ensevelies du Vésuve, me fascinent depuis longtemps.
Et d'y avoir été n'a pas suffi à combler ma curiosité, j'ai même au contraire encore plus envie d'y retourner pour de nouveau déambuler dans les rues de Pompéi et d'Herculanum et y découvrir la vie telle qu'elle était dans l'Antiquité, il  y a des siècles de cela, et telle qu'elle a été figée à jamais par l'éruption du Vésuve en 79 après Jésus Christ.
Aussi quand j'ai découvert que la maison d'édition Gallimard avait créé une collection "Mon Histoire" destinée à raconter à un lectorat jeune des grands événements ou des grands personnages du passé sous la forme de journal intime, et que l'un de ces livres traitait justement de Pompéi, je n'ai pas hésité une seule seconde pour découvrir de quoi il en retournait.
J'avoue que j'étais un peu hésitante de savoir qu'il s'agissait du journal d'une esclave, ce qui est peu crédible à l'époque, mais l'auteur a choisi de créer le personnage de Briséis qui est certes esclave à Pompéi mais surtout originaire d'une riche famille Grecque, donc instruite, et qui a été enlevée par des pirates et vendue comme esclave.
Et là tout de suite, c'était beaucoup plus crédible.
Le personnage de Briséis est intéressant, c'est une jeune fille qui est en train de devenir une femme et qui se sait promise à un avenir de prostituée dans une ville où la débauche est monnaie courante, et qui a un problème identitaire, notamment suite au changement de prénom accompagnant son statut d'esclave :  "Qui suis-je, en réalité ? Libre, esclave, fugitive ... Dans quel lieu me sera-t-il donné de découvrir mon vrai visage ?".
J'étais aussi exigeante sur la reproduction de Pompéi et je dois dire que je ne suis pas déçue, l'auteur a su recréer l'atmosphère de cette riche colonie Romaine, utiliser des noms de rues, des personnes ayant réellement existé et dont les villas ont été mises au jour, j'avais donc l'impression de déambuler avec Briséis dans les rues de Pompéi, à la différence qu'avec ses yeux la vie était en pleine effervescence.
C'est bien documenté, l'auteur y aborde les lupanars, les foulonneries, et revient également sur l'incident entre les habitants de Pompéi et de Nocera qui a conduit à interdire à Pompéi tout spectacle de gladiateurs pour une durée de dix ans.
Le livret historique en fin de roman accompagné des lettres de Pline le Jeune décrivant l'éruption et d'une liste d'ouvrages et de films complètent très bien ce roman et permettent une excellente première approche pour un public jeune de cet événement majeur de l'Antiquité.
Si la description de l'éruption du Vésuve nous est parvenue grâce aux lettres de Pline le Jeune qui a assisté à celle-ci, l'auteur a fait le chois de décrire elle aussi ce phénomène à travers le regard de Briséis, un pari risqué mais dont Christine Féret-Fleury se sort bien, sans être trop précises d'un point de vue scientifique les descriptions sont assez justes : "Dans l'obscurité, la montagne venait de s'embraser : la colonne de fumée s'était effondrée à la base, et le sommet du Vésuve rougeoyait comme une brandon.", il s'agit d'une nuée ardente ou coulée pyroclastique, ou encore celle d'une surge volcanique : "Mais mon regard restait rivé sur le Vésuve. Sa couronne, d'un rouge sombre, glissait sur le côté. Une langue brûlante s'est avancée sur la pente, lentement, puis la masse tout entière a basculé, créant un fleuve de feu qui a dévalé le flanc de la montagne. De plus en plus vite. Droit vers le rivage !".
L'auteur a su ne pas tomber dans l'écueil de décrire trop précisément ces phénomènes en se plaçant du point de vue de l'époque : les Romains ne savaient absolument pas ce qu'était le Vésuve, un volcan, et donc encore moins qu'ils assistaient à une éruption volcanique.
Ils n'ont pas compris ce qui leur arrivait et n'ont pu que constater que des villes avaient été entièrement rayées de la carte : "Beaucoup d'habitants de Pompéi s'étaient réfugiés à Herculanum, sur la plage, dans l'espoir d'emprunter un bateau et de traverser la baie; ils sont tous morts. Herculanum n'existe plus; la ville est ensevelie sous les débris. Pompéi également.".
Où je reste un peu plus partagée, c'est sur le nombre de survivants qui apparaît ici quelque peu important, je crains que dans les faits il n'y en ait pas eu autant.
Il n'en demeure pas moins que ce livre est bien écrit et se lit avec un certain plaisir.

"Les cendres de Pompéi" est un bon roman historique jeunesse, à lire à partir de 10 ans, qui permet une première approche assez complète de l'éruption du Vésuve.
Et voilà une collection à destination de la jeunesse particulièrement intéressante dont je vais de ce pas découvrir d'autres opus.

Livre lu dans le cadre du Challenge Il Viaggio


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