dimanche 26 juillet 2015

Valley of Love de Guillaume Nicloux



Isabelle et Gérard se rendent à un étrange rendez-vous dans la Vallée de la mort, en Californie. Ils ne se sont pas revus depuis des années et répondent à une invitation de leur fils Michael, photographe, qu'ils ont reçue après son suicide, 6 mois auparavant.
Malgré l'absurdité de la situation, ils décident de suivre le programme initiatique imaginé par Michael... (AlloCiné)


Tout lien avec des personnages réels ou des situations réelles n’est pas fortuit.
Certes, Isabelle Huppert et Gérard Depardieu n’ont pas eu d’enfant ensemble, mais ils sont acteurs tous les deux, ils ont tourné ensemble, et Gérard Depardieu a perdu l’un de ses fils il y a quelques années.
On ne peut pas dire que ce film brille par son scénario, il est plutôt classique et peu fourni, mais il s’en dégage quelque chose de particulier : un côté mystique.
C’est finalement une histoire très biblique qui est ici racontée, il y est question de signes, de résurrection, de pardon.
Et si finalement ce n’est pas la possibilité pour Isabelle et Gérard de se parler franchement, de s’ouvrir l’un à l’autre et de se retrouver qui est le véritable cadeau fait par leur fils Michael ?
Celui que l’on ne voit jamais, que l’on ne verra plus, mais dont il est souvent question dans le film.
Et le décor de la Vallée de la Mort contribue à renforcer cet aspect religieux, il s’agit du désert, du pays de la chaleur et de la soif, du pays où il faut se dépasser soi-même pour découvrir la vérité.
Il y a de belles phrases pleines de sens qui sont mises dans la bouche des acteurs, particulièrement celle de Gérard Depardieu, et qui font écho à leur vraie vie.
Il est touchant Gérard Depardieu dans son personnage d’homme mal dans sa peau qui aujourd’hui peut se payer le luxe d’accepter ou non un film en lisant simplement le titre.
Elle est touchante Isabelle Huppert dans le rôle de cette mère qui s’est éloignée de son fils et qui n’est même pas allée à son enterrement, parce que ça fait des années qu’elle n’y va plus, et qui aujourd’hui se pose des questions, essaye de comprendre ce qu’elle a raté avec cet enfant qui a choisi de mettre fin à ses jours.
Mais au-delà de ce côté mystique, ce qui transcende vraiment ce film, c’est le jeu éblouissant de deux monstres sacrés du cinéma Français.
Car inutile de se voiler la face, ce qui fait toute la beauté du film et qui le porte, c’est le jeu incroyable de justesse de ces deux acteurs qui n’ont plus rien à prouver.
Et c’est presque la première fois que j’ai autant remarqué la qualité de jeu d’Isabelle Huppert, son côté rugueux qui laisserait croire qu’elle est dénuée d’émotions dans sa palette de jeu, alors que c’est tout le contraire.
Et puis j’ai bien aimé la mise en scène de Guillaume Nicloux, avec cette longue scène d’introduction qui filme de dos une Isabelle Huppert traînant sa valise dans un motel Américain perdu dans le désert.
Ce film est d’un esthétisme fou, mine de rien.
Le lieu est oppressant, tout comme le deuil que les personnages n’ont pas achevé, mais finalement ils arriveront à se libérer des chaînes qui les ont entravés pendant de si longues années.


"Valley of Love" est un éblouissant bad trip dans la Vallée de la Mort servi par deux acteurs au sommet de leur art et qui a failli passer inaperçu au dernier Festival de Cannes.

Je dis bien failli car je vous invite vraiment à aller voir ce film qui oscille sans cesse entre rêve et réalité, jusqu’à son dénouement quelque peu inattendu.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire