dimanche 27 septembre 2015

Le silence des bombes de Jason Hewitt


Juillet 1940. La petite Lydia, 11 ans, traverse un village du Suffolk. Elle porte un masque à gaz. Les magasins sont fermés, les maisons vides, les fenêtres condamnées. Lydia coupe à travers champs et arrive bientôt devant une grande demeure. C'est là qu'elle a grandi. La fillette espère y retrouver sa famille, mais la maison est déserte. Plus tard, dans la nuit, un soldat portant un fusil et un uniforme anglais pénètre dans la maison. Avec un étrange accent, il lui explique qu'il ne lui fera pas de mal, mais qu'elle ne doit pas quitter les lieux et qu'elle doit obéir à certaines règles... Dit-il la vérité ? Que cherche-t-il ? Pourquoi lui semble-t-il aussi familier ? Et surtout, comment connaît-il le nom de Lydia ? (Préludes)

Ce premier roman de Jason Hewitt est un quasi huis-clos, entre la jeune Lydia, 11 ans, qui a fui la maison où elle a été placée en pension pour l'éloigner de la guerre pour revenir chez elle à Greyfriars, et Heiden, un soldat Allemand envoyé en reconnaissance avec un groupe pour préparer l'invasion de la Grande-Bretagne par l'armée du IIIème Reich.
Mais ce soldat n'est pas tout à fait comme les autres, il connaît le prénom de Lydia tout comme les lieux où il se trouve, mais il refuse de répondre à ses questions : "Tu devrais garder tes questions pour toi. Tu n'aimerais pas forcément les réponses.".
Il est parfois violent, parfois presque tendre, et bien souvent il se perd dans ses souvenirs, ce qui permet au lecteur de retracer son parcours, de l'Allemagne des années 30 à son enrôlement dans l'armée du IIIème Reich, de ses passions, de ses amours et des événements qui l'ont forgé et expliquent son attitude d'aujourd'hui vis-à-vis de cette fillette et le but qu'il cherche à atteindre.
Mais rien n'est facile ni évident, et on ne peut pas tirer un trait sur son passé, c'est en tout cas ce que Heiden va apprendre au cours de ces cinq jours : "On croit qu'on peut tout laisser tomber, mais c'est faux. Tout reste, tout s'accroche. Qu'importe ce qu'on fait, où on va.".
Il y a un fort contraste entre ces deux personnages, d'un côté il y a Lydia, jeune, innocente, naïve, croyant aux anges et parlant de Dieu; et de l'autre Heiden, un homme qui a vu la véritable nature du Mal et qui a connu bien des souffrances, il ne croit plus en rien et cherche à secouer Lydia, à faire tomber les oeillères de ses yeux pour qu'elle voit le monde tel qu'il est réellement : "Tu parles d'anges, de Dieu, mais tu n'as aucune idée de ce que tu dis. Ta tête est pleine d'histoires. Tu dois grandir. Tout le monde doit grandir. Même toi. Surtout toi.".
Il y a un aspect méchant dans tout cela, et à la fois tendre, car plutôt que de chercher à la brusquer Heiden tente de lui ouvrir les yeux, mais il s'y prend mal.
C'est en quelque sorte la rencontre de deux maladresses, Lydia ne sachant pas quelle attitude adopter vis-à-vis de cet homme et vice-versa, et de deux souffrances, l'un et l'autre ayant perdu récemment un être proche qu'ils aimaient.
Si j'ai beaucoup aimé ce principe du huis-clos, je regrette néanmoins qu'il finisse par tourner en rond et ne pas trouver de réel aboutissement.
Il fallait que quelque chose d'autre arrive, une sorte d'explosion finale qui mettrait un terme à toute la tension créée.
Mais elle ne vient pas, et c'est quelque peu dommage car les deux personnages étaient vraiment traités de façon intéressante, tout comme le choix du contexte historique.
Il s'agit du premier roman de Jason Hewitt et c'est sans doute ce qui explique cette fin mal aboutie et ces deux personnages qui restent suspendus en l'air plutôt que de redescendre sur terre dans un véritable final.
Le style est agréable, c'est pourquoi outre ces erreurs de débutant j'attends de voir ce que donnera le prochain roman de Jason Hewitt.
Je serai également curieuse de voir ce que ce roman pourrait donner en adaptation, soit théâtrale soit cinématographique, car la plupart des ingrédients sont réunis pour en rendre le traitement visuel intéressant.

"Le silence des bombes" est un premier roman de Jason Hewitt globalement intéressant mais qui souffre de quelques maladresses.
J'en ai profité pour découvrir les éditions Préludes et j'ai été assez séduite par cette maison d'édition qui propose des livres intéressants tout en choisissant intelligemment les couvertures pour les illustrer.

Je remercie Babelio et les éditions Préludes pour l'envoi de ce livre.

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