samedi 31 octobre 2015

1945 de Keiko Ichiguchi


Nous sommes en automne 1939, dans la ville allemande d’Offendorf. Elen et Maximilian deux jeunes étudiants, frère et soeur, refusent de se joindre aux organisations nazies, plus par manque de motivation personnelle que par conviction politique. Elen qui a fait brièvement la connaissance d’Alex quelques années auparavant, le croise à nouveau et ils tombent amoureux. Mais comment s’aimer quand l’Histoire bouleverse votre quotidien ? Le manga se refermera sur l’année 1945 qui scellera à jamais le destin des personnages et de l’Europe ! (Kana)

Trouver un manga qui traite de la Seconde Guerre Mondiale ce n'est pas surprenant, ce qui l'est plus, c'est qu'il ne traite pas de l'histoire du Japon mais à la place du destin de trois jeunes gens dans l'Allemagne de 1939 à 1945.
Elen et Maximilian sont frère et sœur, étudiants dans cette Allemagne qui plonge dans la guerre et l"idéologie nazie, mais ils s'y refusent, dans un premier temps par manque de motivation personnelle et dans un second temps par idéologie politique.
Il y a quelques années, Elen a fait la rencontre d'Alex, elle va le recroiser par hasard et tous les deux vont tomber amoureux l'un de l'autre.
Mais Alex est rongé intérieurement par la perte de ses parents, il soutient l'idéologie nazie et s'engage, ne trouvant du réconfort qu'auprès d'Elen : "Quand je suis avec toi, j'arrive à oublier toutes mes idées noires." .
Tous les deux vivent une parenthèse enchantée : "Ce serait tellement bien si on pouvait rester comme ça pour toujours !", juste avant le déclenchement de la guerre qui va les éloigner l'un de l'autre avant de les rapprocher, jusqu'au dénouement final.

J'ai été touchée par cette histoire et par le destin de ces trois personnages qui rien ne prédestinait à se rencontrer.
Elen et Alex n'ont pas beaucoup de choses en commun, elle est autant lumineuse que loin est sombre, pourtant ces deux-là s'attirent et vivent une forte histoire d'amour.
Peut-être que les événements y sont pour quelque chose et contribuent à amplifier leurs sentiments, peut-être aussi que dans une autre époque ils auraient été faits pour se rencontrer et vivre pleinement leur histoire.
Car il est illusoire de s'attendre à une fin heureuse, à aucun moment je n'ai espéré car ces trois personnages sont emmenés très loin, trop loin, par leurs convictions.
Max dans un premier temps va se lancer dans la résistance Allemande, bientôt rejoint par Elen, là aussi c'est un contexte historique peu abordé dans la littérature.
Quand on a lu "Seul dans Berlin", on sait qu'il n'y a pas d'issue heureuse pour les Allemands qui ont résisté et dénoncé le régime nazi.
Et puis par le biais de la guerre, Max va aussi croiser le chemin d'Alex qui se confiera à lui. Il a toujours les mêmes convictions, mais après avoir vécu la bataille de Stalingrad il se pose des questions, il croit toujours à l'idéal prôné par les nazis, un monde sans Juifs, mais il sait aussi qu'il est allé trop loin et qu'il ne pourra plus revenir : "J'ai l'impression d'être un objet. Le führer pense que les Juifs sont inférieurs aux hommes. Et je suis d'accord avec lui. Pourtant je suis le premier à devenir de moins en moins "homme". Je ne suis plus humain.".
J'aime la dualité de ce personnage, gardant ses convictions, qu'on les partage ou non, mais se rendant aussi compte qu'il a vendu son âme au diable et que pour lui non plus il n'y a pas de salut possible.
C'est une histoire à la fois belle et sombre qui est contée ici, pour laquelle Keiko Ichiguchi a fait des recherches historiques et s'est inspirée de personnes ayant réellement existé, les Scholl.
Passée l'étonnement de la lecture dans un sens différent de l'ordinaire et de voir le graphisme typiquement Japonais des mangas, j'ai dévoré cette histoire d'une seule traite.
Et ce fut une belle découverte.

"1945" de Keiko Ichiguchi est un très beau et émouvant manga traitant du destin de trois jeunes gens dans l'Allemagne de 1939 à 1945, une belle surprise piochée au hasard d'une bibliothèque que j'avais envie de vous faire partager.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire