jeudi 31 décembre 2015

2015 est (presque) morte, vive 2016 ! 2ème partie

Quand je disais que j’étais bavarde que cette année 2015, ce n’était pas un doux euphémisme, à tel point que j’ai décidé de scinder en deux ma chronique initiale, afin de vous permettre de vous reposer les yeux et prendre si nécessaire une aspirine pour continuer.

Personnellement, j’aime beaucoup les volcans (certain(e)s iront jusqu’à dire que je fais une fixation là-dessus), et en 2015 j’ai pu me régaler les yeux avec quelques belles éruptions (je vous rassure, j’ai une grosse pensée pour toutes les populations impactées par ces éruptions).

Le Calbuco au Chili s’est réveillé le 23 avril, alors que rien ne le laissait présager.


Le Kilauea à Hawaï est en éruption depuis 30 ans, voici un aperçu d’une coulée de lave le 27 avril.


Le Cotopaxi en Equateur s’est réveillé en août, c’est l’un des volcans les plus dangereux du monde.


Le Piton de la Fournaise à La Réunion a connu sa quatrième éruption de l’année le 24 août.


Le Sinabung en Indonésie a aussi continué à faire des siennes (une coulée pyroclastique, l'un des phénomènes les plus dangereux et les plus mortels lors d'une éruption volcanique).


Le Mont Aso au Japon s’est brutalement réveillé le 14 septembre.


Le Popocateptel au Mexique est entré en éruption début octobre.


Le Momotombo au Nicaragua est entré en éruption le 1er décembre, après 110 ans de sommeil. 


L’Etna en Sicile a décidé de se réveillé le 4 décembre, une éruption parmi les plus "énergiques" de ces vingt dernières années.


C’est beau, non ?


Du côté de mes lectures, j’ai fait quelques belles découvertes mais je n’ai pas l’impression d’avoir eu de réels coups de cœur.
En 2015, j’ai eu parfois bien du mal à lire, à avancer dans ma lecture en cours, et j’ai eu bien souvent l’impression d’être noyée sous mes livres, angoissée à la perspective de tout ce que j’avais encore à lire (d’ailleurs je ne dors plus puisqu’il me reste encore à lire dès que possible Le chardonneret de Donna Tartt, je plaisante bien évidemment, pour ce qui est de ne plus dormir, car je vais bel et bien le lire).
Trop d’obligations, trop de contraintes, et pourquoi s’angoisser pour quelque chose qui est avant tout un plaisir et un moyen de se détendre ?
C’est pourquoi j’ai décidé d’arrêter de m’imposer des contraintes, plus question de devoir lire X livres de ma PAL par mois, en 2016 je lis ce qui me fait plaisir, quand j’en ai envie, en essayant par exemple de sortir 20 livres de ma PAL.
Je ne m’inscris plus à des challenges, j’ai d’ailleurs arrêté ceux auxquels je participais (pas beaucoup mais c’était déjà trop).
Ça me paraît bien et raisonnable, si c’est moins tant pis, si c’est plus tant mieux.
En 2015 je n’ai pas acheté de livres ("Tu es fauchée ? Tu es malade ?" m’a gentiment demandé un collègue lorsque je le lui ai dit), juste à une vente organisée par ma bibliothèque pour une association caritative, autant vous dire qu’en 2016 je retourne faire les bouquinistes, plus rien à péter de ne plus avoir trop de place sur les étagères de bibliothèques, d’économiser trois francs six sous, j’ai même d’ores et déjà prévu ma première virée début janvier.
C’est nettement plus sain et plus intelligent d’acheter des livres que des fringues à outrance, des chaussures voire des sacs à main pour certaines (ou certains, je ne suis pas sexiste).


En 2015, j’ai voyagé : Budapest en mai pendant 6 jours (j’ai d’ailleurs fait quelques articles à ce sujet sur le blog + lien) et Florence en juin pendant 6 jours (je vous ferai quelques articles plus tard).
Attention, j’ai fait un truc de folie en 2015 qui a fait bondir de joie ma mère : je n’ai pas que voyagé en solo, je suis partie avec une amie à Florence, en l’occurrence Anne avec qui j’avais été à Versailles en 2014.
Ma mère est donc rassurée, je ne suis pas complètement associable et oui, je suis capable de partir avec quelqu’un en voyage et que ce quelqu’un me supporte ! (enfin, euh … tu me l’aurais dit sinon ?)
Budapest est une destination très chouette, assez dépaysante qui vous permettra de mélanger à la fois la culture, l’histoire, le thermalisme.
A Budapest il y a de très beaux musées, des thermes un peu partout, une ville agréable à vivre et fortement marquée par son histoire : des origines Celte et Romaine, une domination Ottomane, l’empire Austro-Hongrois, la Seconde Guerre Mondiale et des décennies de communisme.
La vie y est encore bon marché et c’est une destination financièrement abordable (enfin ça l’était encore en 2015, j’ai l’impression que ça l’est moins en 2016) si vous cherchez où aller en Europe.




A Florence, c’est moche, il n’y a absolument rien à voir, les Italiens sont détestables et la nourriture exécrable.
C’est bon, je vois ai dissuadé d’aller à Florence ou en Italie plus généralement ? Non ?
Bon tant pis, j’aurais essayé.
Florence, c’est … c’est … c’est … ça ne se raconte pas, ça se vit et ça se voit !
C’est une ville-musée à ciel ouvert, sans doute ma préférée d’Italie, une ville Renaissance magnifique à voir, comprenant certains des plus beaux musées du monde (Les Offices, L’Académie) et certaines des plus belles sculptures (mon David ! J’ai ramené une reproduction, elle trône dans ma chambre afin que je puisse l’admirer le matin en me réveillant, le soir en m’endormant).
Il y a beaucoup à faire, beaucoup à voir, Florence c’est aussi la ville du cuir, la Toscane est une région magnifique, en prime j’y étais au moment de la fête du Saint Patron de Florence le 24 juin, cela restera un moment inoubliable avec un superbe défilé de personnes en costumes de l’époque Renaissance et un magnifique feu d’artifice le soir.
La première fois que j’ai été à Florence je n’ai pas bien compris ce qui m’arrivait, en fait j’ai été victime du syndrome de Stendhal (ou syndrome de Florence : maladie psychosomatique qui provoque des accélérations du rythme cardiaque, des vertiges, des suffocations voire des hallucinations chez certains individus exposés à une surcharge d’œuvres d’art).
Stendhal l’a eu tandis qu’il sortait de l’église Santa Croce, pour ma part c’était aux Offices lorsque j’ai cru que j’allais me mettre à pleurer devant les peintures de Botticelli tellement c’était beau.
Je vous rassure, la deuxième fois à Florence je n’ai pas ressenti des émotions aussi brutes, disons qu’elles ont été quelque peu différentes, plus matures (hum, hormis mon petit craquage sous forme de fou rire à la galerie Palatine, illustration parfaite de "Trop de peintures tue la peinture").
L’Italie reste une destination sûre pour y voir de belles choses et très prisée, si vous cherchez là aussi des idées pour partir en Europe, Florence est une ville qui saura très certainement vous séduire.




(Désolée, je n'ai pas eu le temps de traiter mes photos de Budapest et de Florence, j'en ai donc "piquées" au gré du net)

Et pour 2016 alors ?
J’ai déjà un voyage de réservé (oui, oui, oui, je m’y prends tôt) pour juin, avec Anne (ma mère a fait une danse de la joie en apprenant que je repartais avec une amie), nous allons à Venise (Anne, là si on se plante de rue ou que l’on manque de sens de l’orientation on finit dans la flotte.).
Pour le reste, j’ai une idée plutôt arrêtée pour mai, comme je suis une fille joyeuse, gaie, ayant envie d’approfondir ma connaissance des anciens pays communistes chargés d’histoire pendant la Seconde Guerre Mondiale, je souhaiterai donc aller quelques jours en Pologne, à Cracovie.
Et puis je cherche à faire un break de quelques jours début avril, le choix de la destination n’est pas arrêté, j’ai en vue : Lisbonne, Barcelone, voire Athènes (je prends vos avis sur ces 3 villes, ou toute autre suggestion).

En 2015, malgré toute la merditude du monde, j’ai continué comme en 2014 à rencontrer des personnes, échanger, avancer, me cultiver, grandir, et c’est sans doute le bien le plus précieux de cette année que je retiendrai.


Il ne me reste donc qu’à vous souhaiter, avec mes désormais traditionnels Shingouz d’amour, une : 

2015 est (presque) morte, vive 2016 ! 1ère partie

Ô toi le(a) passant(e), le(a) lecteur(trice), qui vient de t’égarer par hasard (ou non) sur mon article, ne crois pas que je me réjouisse à la perspective de l’année 2016, je n’ai fait qu’utiliser la formule traditionnellement proclamée lors de l’avènement d’un nouveau monarque, en l’occurrence d’une nouvelle année, formule teintée d’une (légère) ironie entre mes doigts sveltes et agiles.


L’an passé je vous avais longuement raconté que je m’en tamponnais les paupières avec une pelle à gâteau du changement d’année, que le 31 était un jour comme un autre, et bien vous savez quoi ?
Cette année aussi c’est pareil, je suis comme le prix des allumettes, je n’ai pas changé d’avis !
(et tandis que je pesais encore le pour et le contre pour aller réveillonner et déjeuner ou non chez ma marraine avec mes parents – mon alternative était de rester dans mon canapé en compagnie de ma chienne – le hasard/le destin/le karma a tranché pour moi, ma marraine n’est malheureusement pas en état de nous accueillir, je serai donc bien tranquillement chez moi dans mon canapé avec ma chienne, et mes parents).
Et cette année encore plus, je n’ai pas envie de me réjouir à la perspective de changer d’année, parce qu’il n’y a pas lieu de le faire.

Entre nous, 2015 elle a été bien pourrie, non ?

Pour ma part oui, sur le plan mondial, national et un tantinet professionnel.
2015 a été l’année grâce à laquelle j’ai réussi à prendre un peu plus de recul et à me détacher en grande partie émotionnellement de mon travail.
2015 a aussi été l’année grâce à laquelle je me suis détachée des informations à la télévision, voire à la radio, (i.e. je ne regarde plus, je n’écoute presque plus), et vous savez quoi?
Depuis ma vie est beaucoup moins anxiogène !
Ça ne m’empêche pas de me tenir informée, mais pour se faire, je lis des articles dans des revues ou sur internet ; en somme, je sélectionne, je m’informe et je suis toujours aussi curieuse, mais mon moi intérieur est plus serein, moins stressé (oui, bientôt je vais vous parler de la position du lotus, de l’ouverture de vos chakras, de votre aménagement intérieur pour capter aux mieux les énergies et le bon karma ; non plus sérieusement je ne me suis pas mise au yoga et je n’ai pas fumé avant de rédiger cet article).


L’an passé, je vous avais aussi longuement parlé (je ne suis pas bavarde habituellement sur le blog, mais quand je m’y mets, je me rattrape !) de plusieurs événements qui s’étaient produits dans le monde, et qui étaient tous bien pourris.
Je m’étonnais que l’on décapite et que l’on tue au nom d’un Dieu, que l’on enlève, que l’on convertisse et que l’on marie de force des jeunes filles, toujours au nom d’un Dieu ; alors je ne sais pas quelle est l’entité supérieure qui m’a lue et qui a cru bon d’aller encore plus loin dans l’horreur, toujours au nom d’un Dieu, en 2015, mais qu’elle s’abstienne cette fois-ci !
Je ne m’étonne plus, je ne m’horrifie plus, je n’ai pas de mots pour décrire ce que je ressens face à tant de haine, de violence, de sang, de rejet d’autrui, tout cela au nom d’un pseudo idéal.
Tout ce que je sais c’est qu’aucune religion n’a jamais prôné et incité à la mort d’autrui, et qu’aucune religion ne le fera jamais.

En 2015, ça a commencé vite et fort.
Le 7 janvier onze personnes sont assassinées lors d’une tuerie au siège du journal Charlie Hebdo à Paris, le 8 janvier une policière municipale est assassinée à Montrouge, le 9 janvier des clients d’un supermarché Hyper Cacher à la Porte de Vincennes sont pris en otage, quatre sont assassinés.


Dessin de Charb du 7 janvier 2015


Dessin de Luz du 14 janvier 2015

En 2015, ça a continué.
Le 19 avril est déjoué ce qui devait très certainement être un attentat contre deux églises de Villejuif, une femme a néanmoins périe, parce qu’elle s’est trouvée au mauvais endroit au mauvais moment.
Le 26 juin un patron est décapité à Saint Quentin-Fallavier par l’un de ses employés.
Le 21 août 2015 c’est dans un train Thalys reliant Amsterdam à Paris qu’une attaque terroriste est déjouée, grâce au courage de plusieurs passagers, dont deux militaires Américains qui ont été blessés à cette occasion, qui s’interposent et parviennent à maîtriser l’individu.

En 2015, ça s’est terminé (à l’heure où j’écris ces mots je ne peux que l’espérer) vite et fort.
Le 13 novembre, tout commence par des attentats-suicides (une première en France) aux abords du Stade de France où se déroule un match amical France-Allemagne, puis à Paris dans plusieurs rues des 10ème et 11ème Arrondissements des personnes sont mitraillées aux terrasses de cafés et de restaurants où elles sont tranquillement installées, c’est vendredi soir et il fait encore beau et doux, tandis que dans le même temps les spectateurs présents au théâtre du Bataclan sont pris en otage et essuient des rafales de tirs pendant plusieurs heures, avant l’assaut des forces de l’ordre.
C’est au Bataclan que le pire du carnage a eu lieu, mais dans le fond, ce n’était qu’un vendredi soir sur la Terre, un parmi tant d’autres, un de ceux où l’on sort, où l’on voit ses ami(e)s, où l’on s’installe à une terrasse pour boire un verre, où l’on flâne dans les rues ou dans un musée, où l’on va à un spectacle écouter son groupe favori ou de la musique que l’on aime , où l’on va dans la fosse parce que c’est comme ça que l’on vit un concert, où l’on va à un match de football en famille ou avec des ami(e)s, où l’on reste toute simplement chez soi, à profiter de la vie quoi qu’il en soit.
Ces attentats sont les plus meurtriers perpétrés en France depuis la Seconde Guerre Mondiale et les seconds en Europe après ceux de Madrid du 11 mars 2004.



Illustration par Robabée

J’avais besoin de revenir sur ces événements avant d’en aborder d’autres qui se sont passés un peu partout dans le monde.
Si 2015 n’a pas été joyeuse en France, elle ne l’a pas été plus dans bien d’autres pays du monde.
En vrac : acte terroriste à Copenhague en février ; attentat à Bamako en mars ; ce même mois collision de deux hélicoptères sur le tournage d’une émission de télévision faisant plusieurs morts dont la navigatrice Florence Arthaud (qui m’a tellement fait rêver quand j’étais plus jeune), la nageuse Camille Muffat (qui m’a tellement fait rêver dans les bassins), du boxeur Alexis Vastine (qui m’a tellement fait crier devant ma télévision quand il a été volé par deux fois aux Jeux Olympiques) ; toujours en mars attentat meurtrier au musée du Bardo à Tunis, double attentat-suicide au Yemen faisant plus de 100 morts et plus de 300 blessés, un pilote d’avion décide de se suicider en emmenant avec lui dans la mort tous les passagers et membres d’équipage ; en avril un violent séisme au Népal fait plusieurs milliers de morts en laissant tout autant de personnes voire plus sans abri ; en juin c’est une tuerie dans une église de Charleston en Caroline de Sud, re-attentat en Tunisie, cette fois-ci sur une plage ; en août plusieurs explosions gigantesques dans un entrepôt portuaire à Tianjin dans le nord-est de la Chine font plus de 100 morts et plus de 800 blessés ; en octobre toujours un attentat mais cette fois-ci à Ankara en Turquie, re-attentat avec l’avion d’une compagnie Russe qui s’écrase en Egypte ; en novembre double attentat à Beyrouth, attentat dans un bus à Tunis; et décembre, outre Paris fusillade (i.e. attentat) à San Bernardino en Californie
A retenir : 2015 = attentats.


En 2015, il y a quand même eu quelques événements plus joyeux, ou disons plus ordinaires.

En vrac : en mars une éclipse solaire totale, la "Marée du siècle", le rapprochement des Etats-Unis avec Cuba, l’Exposition Universelle à Milan, la France a enfin réussi à vendre des avions de combat Rafale, la dernière minute du 30 juin a fait 61 secondes et non 60, l’avion Solar Impulse a fait le plus long vol sans escale en étant uniquement propulsé par l’énergie solaire, en août le dernier otage Français dans le monde a été libéré, en septembre la NASA a annoncé que de l’eau salée à l’état liquide existait sur Mars, Paris a accueilli la 21ème Conférence sur le Climat.

Quelques trucs un peu loufoques de cette année 2015 :
Après le débat sur la couleur de la robe, celui sur la façon dont un chien devrait porter un pantalon.



Ça me rappelle le débat du capitaine Haddock pour savoir s'il dort avec la barbe au-dessus ou en-dessous des couvertures.


A l'élection de Miss Univers le présentateur fait THE boulette en se trompant de gagnante.

L'un dans l'autre, j'ai quand même bien envie que 2015 se termine enfin, donc adieu 2015 et à jamais !

Star Wars - Le réveil de la force de J. J. Abrams



Dans une galaxie lointaine, très lointaine, un nouvel épisode de la saga "Star Wars", 30 ans après les événements du "Retour du Jedi". (AlloCiné)


Je dois vous faire une double confession.
La première, c’est que petite, lorsque mes parents m’ont incité à regarder "La guerre des étoiles", je me demandais bien de quoi il pouvait s’agir (limite, j’étais réticente).
Et puis j’ai vu.
Alors, j’ai rêvé d’être la Princesse Leia, je voulais avoir de longs cheveux pour pouvoir me faire des macarons avec, conduire des engins volants, utiliser des armes pour détruire les vilains Stormtroopers, et finir avec Han Solo.
Le salon, c’était la forêt des Ewoks, et les coussins du canapé les engins volants.
Bon, j’ai grandi.
Et donc, je souhaite toujours être la Princesse Leia, je rêve toujours à de longs cheveux pour pouvoir me faire ses coiffures, et j’admire son courage et sa force.
Et puis il y a Han Solo.
La deuxième, c’est que les épisodes I à III m’ont moyennement emballée, voire très moyennement pour le II (qui se résume selon moi à une gentille histoire d’amour bluette).
J’en attendais beaucoup, au final plus de déception que de réjouissance.
Il y avait tant à faire, tellement mieux.
La technologie a évolué, cela se ressent à l’écran, mais l’histoire est mal faite sur bien des aspects, certains personnages sont agaçants, certains acteurs mal choisis, mais il y avait tant à faire pour expliquer comment un jeune homme découvrait la Force, se formait en tant que jedi et finissait par basculer dans le côté obscur et devenir l’un des Sith les plus redoutés : Dark Vador.
Bref, tout cela pour dire que lorsque j’ai appris qu’un nouvel opus de Star Wars allait voir le jour et qu’il se passerait plusieurs années après l’épisode VI, je me suis dit pourquoi pas, au pire je serai déçue et j’arrêterai Star Wars (mais faire pire que les épisodes I à III il faut le vouloir), au mieux je passerai un bon moment de cinéma.

(Et si vous avez bien lu plus haut, j’allais donc retrouver Han Solo).


La première chose qui m’a frappée après la séance, c’est le scénario.
C’est sans doute l’opus de la saga dont le scénario est le plus élaboré, avec de multiples rebondissements et des connexions les unes aux autres qui tiennent la route.
Non, le réalisateur ne se contente pas de filmer des combats de vaisseaux dans l’espace ou au sabre laser sur terre.
Plusieurs personnes ont travaillé au scénario, je note une nouvelle fois qu’un scénario écrit à plusieurs est souvent plus riche et bien meilleur que lorsqu’il est le fruit d’une unique personne.
Il faut être patient pour que les personnages des épisodes IV à VI entrent en scène, mais une fois que c’est le cas, le spectateur est récompensé.


Par contre, je dois aussi avouer que je cherche encore l’innovation, car si les relations entre les personnages se mettent bien en place et que le décor est planté il n’en va pas de même pour les nouveautés.
Les scénaristes se sont contentés de reprendre les ingrédients du succès des premiers opus et de les réintégrer à leur histoire (au passage je trouve que quelques explications seraient nécessaires sur les dizaines d’années qui se sont écoulées entre "Le retour du jedi" et "Le réveil de la force").
Vous avez connu l’Etoile de la Mort ? Et bien une nouvelle a été construite, encore plus grosse, encore plus destructrice.
C’est bien gentil tout ça, mais depuis le temps les "méchants" auraient peut-être dû se dire que construire une grosse étoile pour anéantir ceux qui ne sont pas d’accord avec eux ne fonctionnait apparemment pas.
Oh, et les informations secrètes des rebelles ont été cachées dans un droïde, non sérieux ?
En somme, la prise de risques ne s’est pas faite sur le scénario, mais peut-être n’était-ce pas le but recherché.

Dans ce cas, si J.J. Abrams devait rester fidèle à l’esprit de la saga Star Wars, c’est réussi.


La deuxième chose que j’ai apprécié, ce sont les nouveaux personnages.
Ils sont plutôt recherchés et prometteurs d’un bel avenir pour la saga.
La jeune Rey (Daisy Ridley) est la nouvelle héroïne, celle qui plaira aux petites filles qui souhaiteront s’identifier à elle (comme avec la Princesse Leia en son temps).
J’aime assez que ce soit par une femme qu’arrive le renouveau pour la force, d’ailleurs les femmes de la saga Star Wars ont toujours été fortes et courageuses, des modèles en somme.
Et ne vous étonnez pas si vous trouvez que physiquement cette actrice ressemble à Natalie Portman, à mon avis tout cela n’a rien d’innocent.
Quant à Finn (John Boyega), je ne dévoile rien en disant qu’il est un Stormtrooper repenti puisque la bande annonce s’en charge, et là je me frotte les mains de plaisir à l’avance car ce personnage peut nous révéler bien des surprises par la suite, il y a une multitude de choses à faire avec lui et j’espère que les scénaristes sauront se montrer créatifs.
Le personnage de Kylo Ren (Adam Driver) a lui aussi beaucoup de potentiel et beaucoup de complexité, tout ce que j’aime dans ce genre d’univers.
Je me dois aussi de citer Andy Serkis qui est une nouvelle fois cantonnée à un rôle de motion capture, par contre je suis plus partagée sur son personnage le leader Snoke qui vient un peu comme un cheveu sur la soupe, ainsi que Lupita Nyong’o dans le rôle de Maz Kanata, là aussi en motion capture.
Quant à BB-8, il apporte une touche d’émotion et d’humour sans tomber dans l’agacement que pouvait procurer Jar Jar Binks.

Enfin, j’ai particulièrement apprécié les échanges entre Leia et Han Solo, je les ai trouvés justes et à l’image des deux personnages.


Aujourd’hui, avec tous les effets spéciaux il y a de quoi se faire plaisir, très plaisir, dans la réalisation d’un tel film.
Visuellement, cet opus est réussi.
Je l’ai vu en 3D et pour être tout à fait honnête, ça claque, ça apporte une réelle dimension au film et à l’image, à l’exception parfois de sous-titres flous pour lesquels il faut réajuster les lunettes.
En dehors de cela, la technologie d’aujourd’hui permet de faire des choses bien meilleures qu’il y a plus de trente ans et c’est appréciable pour ce type de film.
Et que dire de l’entrée en matière … la musique de John Williams, reconnaissable entre mille, et le texte défilant à l’écran pour planter le décor.

Il n’y a pas de doute, "we are home", comme le dit Han Solo dans le film.


J’ai été séduite par ce nouvel opus de Star Wars, "Le réveil de la force" a su garder l’esprit de l’univers créé par Georges Lucas tout en y intégrant les technologies d’aujourd’hui.

Même si tout n’est pas parfait dans le film j’ai passé un bon moment de cinéma et j’ai pris beaucoup de plaisir à retrouver cet univers ainsi que les personnages anciens ou nouveaux, et c’est là l’essentiel.







mercredi 30 décembre 2015

Silex and the City Tome 5 : Vigiprimate de Jul


Dans la vallée, on célèbre l'anniversaire de l'attentat du 11 septembre–40001 contre le World Bipède Center. Devant la menace terroriste, un plan Vigiprimate orange est déclenché. Scandalisé par les expulsions, Url s'engage au côté de Mammifères sans frontières, tandis que les parents Dotcom partent en vacances à Bab-el-Bipède, où les prix ont chuté. Catastrophe ! Url est pris en otage au Maghreb paléolithique. La famille Dotcom va de nouveau faire bloc pour obtenir sa libération. (Dargaud)

Depuis les attentats du 11 septembre contre les Darwin Towers, la vallée est en ébullition et sous haute surveillance avec le plan Vigiprimate.
Les enfants Dotcom commencent à voler de leurs propres ailes : Web vient de gagner une Darwin Card lui permettant de s'installer aux USA tandis qu'Url vient de s'engager dans une mission de six mois avec une ONG de développement dans le désert du Sahel.
Blog et Spam s'apprêtent donc à se retrouver seuls dans la grotte, quelque chose qui ne leur est pas arrivé depuis longtemps : "Tu te rends compte ! On va se retrouver tout seuls dans la grotte pour la première fois. Mes petits poussins qui vont voler de leurs propres ailes !".
Ils décident alors de s'octroyer un petit séjour à Bab-el-Bipède, sauf qu'Url se fait enlever et se retrouve otage d'Al-Quadrumane au Maghreb Paléolithique : "On a plusieurs ressortissants de la vallée qui sont dans son cas, nous prenons cette affaire très au sérieux. Le problème, c'est que la zone est immense. A l'heure qu'il est, ils peuvent être retenus dans n'importe quelle grotte entre Iguan'rasset et Gueunonbouctou !".
C'est la crise au sein de la famille Dotcom qui va une nouvelle fois devoir se serrer les coudes pour faire face.

Voilà sans doute le nouveau souffle que j'attendais pour cette série : les personnages sont délocalisés de leur grotte et de la vallée, et cela amène un peu de renouveau à l'histoire.
Je dis bien un peu car malgré tout j'ai quand même l'impression que le soufflé est en train de doucement mais sûrement retomber.
Cet album est fortement ancré dans la réalité, encore plus quand on le lit après les événements de novembre, et je trouve que Jul a bien dosé sa plume, il n'en a pas trop fait et il a su utiliser au mieux et avec humour les enlèvements par des groupes terroristes.
Les personnages bougent, découvrent de nouveaux horizons, le jeune Url reste campé sur ses positions et même enfermé cherche à rallier à sa cause ses geôliers (sans succès il faut bien le dire), tandis que Web découvre de nouveaux horizons et mûrit.
Jul a aussi bien su traiter le désarroi des parents qui se retrouvent sans enfant dans leur grotte, il leur faut se réhabituer à ne plus être que tous les deux.
Par contre, là où il a lamentablement échoué, c'est dans la chute de l'histoire.
Dommage, cela vient légèrement ternir la bonne impression d'ensemble que j'avais.

"Vigiprimate" est un bon cinquième tome de "Silex and the City" qui relève le niveau par rapport aux deux précédents, néanmoins il faudrait que Jul apporte un nouveau souffle à ses personnages car je crains que le filon ne commence à s'épuiser.

mardi 29 décembre 2015

Top Ten Tuesday #133


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani, puis désormais par Froggy.

Les 10 auteurs qui furent une belle découverte en 2015

Je vais parler de quelques auteurs de 2015 car je n'irai pas jusqu'à dire que j'ai eu beaucoup de belles découvertes dans ce domaine.

1) James Lee Burke
2) Kaye Gibbons (déjà lu
3) Craig Johnson
4) Philipp Meyer
5) Jean-Marc Rochette et Jacques Lob
6) Silvia Avallone
7) Adrien Bosc
8) Stephen King (plutôt une redécouverte)
9) Larry Brown
10) Marjane Satrapi

dimanche 27 décembre 2015

Silex and the City Tome 4 : Autorisation de découverte de Jul


Dans ce quatrième épisode, les Dotcom sont sous le choc : tous sont persuadés que la jeune fille de la maison, Web, est enceinte ! Cette nouvelle déclenche une crise familiale sans précédent. La famille est au bord de l'explosion quand tombe une terrible nouvelle : Spam est atteinte d'un cancer du singe. Les Dotcom vont se serrer les coudes, favorisant ainsi sa guérison. (Dargaud)

J'étais mitigée sur cette série après la lecture du troisième volet, si ce quatrième est un peu meilleur il n'en demeure pas moins que j'ai encore des interrogations sur le devenir de cette série.
Je reprochais au précédent volume un manque de scénario, ici il y a plus de liant entre les éléments.
Tout commence avec Web, la fille du clan Dotcom, que toute sa famille imagine enceinte, à commencer par sa mère : "Elle est complètement décongelée, maman, aujourd'hui !".
Sauf qu'il n'en est rien, il s'avère même que c'est la mère qui a un cancer du singe.
L'opération pour la sauver coûte cher mais la famille décide de se serrer les coudes pour permettre à Spam de continuer sa vie dans la grotte et qui sait, peut-être connaître un jour la joie d'être grand-mère : "Ce qui est sûr, Spam, c'est que dans tous les cas, on fera ce qu'il faut, mais on trouvera les sous pour payer cette opération !".
L'union fait la force, comme aime à le répéter les membres de la famille Dotcom : "Vous savez, s'il y a au moins un truc qui est sûr c'est que s'ils avaient su rester solidaires dans l'adversité les dinosaures n'auraient jamais disparu !", et normalement tout est bien qui finit bien (je ne vais quand même pas vous raconter la fin).
J'ai souri, j'ai apprécié le fait d'avoir un scénario plus cousu et non un simple enchaînement de sketchs, j'ai lu avec plus de plaisir ce quatrième tome de "Silex and the City".
Comme d'ordinaire, Jul y aborde et y transpose les problèmes de la société actuelle : les grossesses non désirées, les graves maladies; tout en faisant une incursion dans l'industrie de la pornographie.
C'est un peu moins politique que le précédent tome, l'auteur arrive encore à trouver quelques bonnes idées mais je trouve que cette série commence légèrement à s'essouffler.
La surprise du premier tome est passé, il serait temps que Jul ne se contente plus de faire ce qu'il sait faire mais qu'il innove pour apporter une nouvelle jeunesse à sa série, dont l'idée de base est excellente.
Car il n'y a plus vraiment d'innovation, même si ce tome est un cran au-dessus du précédent, et pour ma part je commence à ne plus trop trouver d'intérêt dans cette série.

"Autorisation de découverte" reste une aventure plaisante de la série "Silex and the City", mais celle-ci ne se renouvelle plus vraiment et il serait temps d'y apporter un nouveau souffle sous peine de lasser le lecteur.

samedi 26 décembre 2015

Transperceneige - Terminus de Jean-Marc Rochette et Olivier Bocquet


Après des décennies d'un voyage sans but sur notre terre gelée, le Transperceneige est hors d'état de continuer son périple. Les passagers - toute l'humanité survivante - sont contraints de quitter le train à la recherche d'un nouvel abri. Malgré les risques, c'est pour chacun l'espoir d'une vie meilleure. Car rien ne pourrait être pire que l'existence à bord... pensent-ils. (Casterman)

Qu'elle semble lointaine l'époque où le Transperceneige aux mille et un wagons parcourait d'un bout à l'autre la planète figée dans un hiver éternel.
Aujourd'hui il ne reste plus grand chose de ce train mythique, le Transperceneige n'est plus qu'une coquille fatiguée qui tombe en ruine et menace de livrer à eux-mêmes les quelques personnes encore vivantes dans ses entrailles : "Tout ce qui reste de l'humanité est entassé ici, dans dix wagons. Il y a des blessés, des malades, on est surpeuplés, on n'a plus de nourriture, plus d'infirmerie, la chaufferie est à l'agonie ... Il n'y a plus rien dans ce train qui puisse nous sauver.".
Mais l'espoir renaît, car le Transperceneige a capté de la musique, et qui dit musique dit électricité, dit donc peut-être un nouvel abri, plus sûr, et d'autres personnes encore en vie qui pourraient les accueillir, qui pourraient avoir de la nourriture, des vêtements, des médicaments à leur proposer, autant de biens de première nécessité qu'il n'y a plus à bord de ce train.
Ou pas, car nul ne sait ce qui attend les passagers du Transperceneige dans ce nouvel havre : "Je suis comme vous, je me réjouis. Mais je suis surtout inquiète. Vous vous croyez sauvés ? Pourtant, nous ne savons rien de cet endroit, et la vérité ... La vérité c'est qu'il y a toutes les chances pour que ce soit notre tombeau.".

J'ai été agréablement surprise d'apprendre qu'un nouvel opus du "Transperceneige" venait d'être publié.
Je croyais cette série définitivement arrêtée, une nouvelle fois merci au réalisateur Bong Joon-Ho qui m'a permis de la découvrir mais qui a aussi donné l'envie et l'idée à Jean-Marc Rochette, cette fois-ci accompagné d'Olivier Bocquet, de redonner vie à ce train mythique à travers cette nouvelle aventure.
Cette fois-ci, il n'est plus question d'être dans le train, l'intrigue se passe en dehors, dans une mystérieuse cité souterraine - une gare - débouchant sur un parc d'attraction, lui-même construit sous une centrale nucléaire, sauf que ce détail ne sera connu que bien tardivement par les rescapés du Transperceneige.
Le parc, répondant au nom de Future Land, abrite une communauté quelque peu étrange : des personnes se cachant sous des masques de souris, cultivant des légumes aux dimensions gigantesques et servant deux mystérieux personnages appelés "les aiguilleurs" qui n'hésitent pas à pratiquer des expériences scientifiques sur les gens.
D'ailleurs, les femmes enceintes sont mises à l'écart et il n'y a point d'enfant dans ce qui apparaît au premier abord comme l'Eden après la vie dans le Transperceneige.
Mais est-ce réellement le cas ?
Que vaut-il mieux : la vie dans ce monde souterrain ou dans le Transperceneige, l'un comme l'autre n'étant pas sans danger ?
C'est en somme la question posée tout au long de cet ouvrage.
Pour Puig Vallès, le leader d'un groupe de rebelles du train, mieux vaut le Transperceneige : "Le train ne vous mettra pas à l'abri du danger. Nous allons vers l'inconnu. Mais les dangers que nous rencontrerons, nous pourrons lutter contre. Nous aurons notre chance. Et nous serons libres.".
J'ai été frappée une nouvelle fois par la noirceur qui se dégage de l'histoire mais surtout par la richesse et la profondeur du scénario.
Il y a beaucoup à en dire et il serait trop réducteur de se contenter de présenter "Le Transperceneige" comme un récit de science-fiction, ou comme une oeuvre post-apocalyptique.
Si les deux auteurs revendiquent leur récit comme une transposition des dérives actuelles de notre société : un non-respect de la nature, l'utilisation à outrance du nucléaire, les manipulations génétiques, la toute-puissance de l'industrie pharmaceutique; j'y ai aussi vu des transpositions de faits passés qui finalement recommenceraient, malgré leur horreur, malgré le "plus jamais ça".
Difficile de ne pas penser à l'extermination de masse dans les camps de la mort de la Seconde Guerre Mondiale avec une mise en quarantaine des nouveaux arrivants du Transperceneige dans la cité souterraine, une sélection des travailleurs et l'élimination des sujets faibles, le tatouage sur le bras, et cette phrase lâchée pour achever de convaincre les arrivants du bien-fondé de cette nouvelle cité : "Car le travail, c'est la liberté".
J'ai aussi vu une forme d'hommage à Art Spiegleman et son chef-d'oeuvre "Maus" avec ces personnes recouvertes d'un masque de souris.
Mais là encore, il n'y a pas que ça.
Il y a aussi des personnages forts, charismatiques, à l'image de Puig Vallès et de sa compagne Val, des pseudos-leaders qui se révèlent des tyrans, comme cette Laura Lewis élue par les passagers du train comme leur nouveau chef; et d'autres détestables, complètement fous, obnubilés par la recherche de l'être parfait à travers des manipulations génétiques.
Il y a tout un travail qui est aussi fait sur la couleur, avec des planches plutôt sombres dans des tons de gris, et à un moment donné l'arrivée de la couleur, comme un nouvel espoir, mais qui finit par sombrer amenant avec lui le retour du gris, du noir, la couleur du désespoir.
Visuellement, cette bande dessinée est de toute beauté, avec de très belles planches notamment vers la fin dont certaines se colorent d'un rouge sombre, rouge sang, rouge passion, couleur la plus fascinante et la plus ambiguë qui soit.
Non, décidément il n'y a rien de beau dans l'univers du Transperceneige, rien de sain et peu d'espoir, mais alors quelle claque littéraire, quel plaisir sans cesse renouvelé de retrouver cet univers à travers de nouveaux personnages, une nouvelle intrigue.
Je tiens à saluer la performance et l'immense travail de Jean-Marc Rochette, qui a dessiné une partie des planches après une double fracture du coude droit et en ayant refusé l'opération ou le plâtre, ainsi que d'Olivier Bocquet qui a su s'approprier cet univers et amener un sang neuf ainsi qu'un nouveau regard et de nouvelles idées.
"Transperceneige" est une oeuvre qui a su traverser les époques et s'y adapter, puisant à chaque fois dans celles-ci les trames de ses intrigues, il aurait été fort dommage que cette oeuvre disparaisse des mémoires et merci à ces deux auteurs qui ont su lui redonner vie une nouvelle fois, peut-être la dernière, ou peut-être pas.

"Transperceneige - Terminus" est une bande dessinée de toute beauté, très riche visuellement et d'un point de vue scénaristique, sans doute l'une des meilleurs de l'année 2015, voire de tous les temps dans le domaine de la science-fiction, une oeuvre que je ne peux que vous inviter à découvrir et qui a failli sombrer dans l'oubli il y a quelques années de cela.

Je remercie Babelio et les Editions Casterman pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une opération Masse Critique.

Silex and the City Tome 3 : Le néolithique, c'est pas automatique de Jul


Dans ce 3ème album de Silex and the City – Le Néolithique, c'est pas automatique –, on découvre les ancêtres des agences de notation. On tremble face à la concurrence de l'Homme de Pékin. On s'enthousiasme pour « l'évolution du Jasmin » et on manifeste contre les expulsions des espèces défavorisées avec le « Réseau évolution sans frontières ». On invente les réseaux sociaux avec « Flèchebook ». Et quand le volcan explose, le spectre de Fukushima se profile à travers les âges, malgré la communication rassurante d'EDF (Énergie du feu). Serions-nous, comme le prédit le fameux « calendrier lémurien », à la veille de la fin du monde, annoncée pour l'année 40012 avant Jésus-Christ ? (Dargaud)

"Silex and the City" c'est un peu comme "Astérix", c'est la vallée qui résiste encore et toujours à l'évolution.
Mais si tous les "Astérix" se valent à peu de chose près, il n'en est pas de même pour "Silex and the City".

J'avais laissé la famille Dotcom dans sa vallée, les déboires en politique du père de famille et les revendications humanistes de la mère.
Je la retrouve dans sa vallée, mais contrairement aux deux tomes précédents, il n'y a pas vraiment de scénario dans ce volume, plus un enchaînement de gags plus ou moins drôles.
Le fils Url est toujours en guerre contre EDF - Energie Du feu - mais sa mère a la solution a ce problème : elle lui négocie un stage afin qu'il change d'opinion sur cette entreprise et son patron, Crao de la Pétaudière, accessoirement le père du petit-ami de Web, la sœur d'Url : "On trouve toujours des gens pour nous critiquer alors que chez EDF, on essaye depuis des années de contribuer au réchauffement de la planète !".
La mère continue son engagement humanitaire, manifeste, lutte contre l'exclusion à renfort de belles phrases : "Si tous les hominidés au monde se tenaient par le pouce préhenseur, la vie serait tout de même plus belle sur cette planète !", dont certaines sont même des détournements de phrases célèbres, une parodie qui m'a moyennement convaincue : "Quand ils sont venus chercher les organismes monocellulaires, je n'ai rien dit. Quand ils sont venus chercher les ichtyosaures, je n'ai rien dit : je n'étais pas un ichtyosaure. Quand ils sont venus chercher les diplodocus, je n'ai rien dit. Je n'étais pas un diplodocus. Quand ils sont venus chercher les mammouths, je n'ai rien dit non plus. Je n'étais pas un mammouth. Et quand ils sont venus me chercher moi il n'y avait plus personne pour protester.".
Dans le même temps, Url a eu une idée de génie et créée flèches-book, réseau social révolutionnaire à l'époque préhistorique : "Tu vois, ce qu'il faudrait c'est un truc qui élargisse un peu notre petit groupe. Un genre de réseau social virtuel, ouvert à tous, mais qui donne l'impression d'être exclusif. Comme ça, on pourrait rester en contact, informer les autres de notre actualité.".
C'est bien gentil tout ça mais je n'ai pas franchement ri, ni même souri, et je regrette l'absence de trame pour lier toutes ces belles idées entre elles.
Certes, c'est toujours une parodie mordante des travers de notre époque transposés à l'ère préhistorique, mais j'ai trouvé que l'idée commençait ici à s’essouffler, je n'ai pas retrouvé l'innovation et le mordant des tomes précédents.
Je suis donc déçue par ce troisième tome des aventures de la famille Dotcom, même si les personnages restent sympathiques l'ensemble est un peu creux et manque de piquant.

"Le néolithique, c'est pas automatique" est un troisième volet de la série "Silex and the City" quelque peu décevant qui se contente d'enchaîner des sketchs et de donner une dimension nettement plus politique à l'ensemble au détriment d'un scénario plus élaboré.
La lassitude n'est pas loin ... .

vendredi 25 décembre 2015

Avril et le monde truqué de Franck Ekinci et Christian Desmares




1941. Le monde est radicalement différent de celui décrit par l’Histoire habituelle. Napoléon V règne sur la France, où, comme partout sur le globe, depuis 70 ans, les savants disparaissent mystérieusement, privant l’humanité d’inventions capitales. Ignorant notamment radio, télévision, électricité, aviation, moteur à explosion, cet univers est enlisé dans une technologie dépassée, comme endormi dans un savoir du XIXème siècle, gouverné par le charbon et la vapeur. C’est dans ce monde étrange qu’une jeune fille, Avril, part à la recherche de ses parents, scientifiques disparus, en compagnie de Darwin, son chat parlant, et de Julius, jeune gredin des rues. Ce trio devra affronter les dangers et les mystères de ce Monde Truqué. Qui enlève les savants depuis des décennies ? Dans quel sinistre but ? (AlloCiné)


Le graphisme ne vous est pas totalement inconnu ?
C'est normal, il se cache derrière la patte de Jacques Tardi (c'est d'ailleurs la raison principale pour laquelle je suis allée voir ce film).
Conçu à l'origine pour donner vie à l'imaginaire de Jacques Tardi, ce dernier est intervenu dans la création de ce dessin animé dont Benjamin Legrand, son ami de longue date, est à l'origine de l'histoire.
Pourtant, ce film d'animation n'est signé ni par l'un ni par l'autre mais par Franck Ekinci et Christian Desmares qui ont rejoint le projet en cours de route et l'ont achevé.
Car du démarrage jusqu'à l'aboutissement de ce dessin animé, il s'est déroulé sept ans.


Bon, autant être honnête avec vous, il faut avoir un certain cran pour aller voir "Avril et le monde truqué" sans enfant car vous vous sentirez bien isolés dans la salle de cinéma (j'étais un peu la seule personne sans enfant, d'ailleurs certains enfants se posaient des questions en me regardant ...).
Mais vous serez récompensés, car ce dessin animé est une belle réussite et l'un des meilleurs que j'ai pu voir ces dernières années.
Et ce n'est pas parce que c'est Français et sur une idée de Jacques Tardi et Benjamin Legrand que je le dis (et le pense).


Déjà, j'ai esquissé plusieurs sourires lors du générique (bien réussi au passage) car il y a beaucoup de clins d’œil à Jacques Tardi, son univers et ses œuvres (particulièrement Adèle Blanc-Sec).
Ensuite, ma plus belle et grande surprise est venue de la richesse du scénario.
Les auteurs ne se sont pas contentés de créer une uchronie, ils se sont basés sur la réalité historique, tant politique qu'économique, et ont développé leur intrigue tout autour.
Parce que tout commence en 1870, imaginez vous que Napoléon III meurt subitement, dans des circonstances quelque peu étranges (l'explosion du laboratoire d'un scientifique), que la guerre entre la France et l'Allemagne n'ait finalement pas lieu (idem pour celles de 1914/1918 et 19/39/1945).
Le monde va alors rester bloqué à l'époque de la vapeur et du charbon, sauf que celui-ci va finir par empoisonner les poumons des gens et surtout manquer, si bien que c'est une guerre pour le bois et le charbon (l'énergie donc) qui va se déclencher entre l'Europe et les Etats-Unis.
Dans le même temps des scientifiques disparaissent, notamment les parents de la jeune Avril qui va se retrouver seule avec Darwin, son chat qui parle grâce à une expérience menée par sa famille.
Le temps passe, Avril est bien décidée à retrouver ses parents car un beau jour la voix de son père la met en garde.
Elle va rencontrer Julius, un jeune gredin des rues, et toute cette joyeuse petite bande va percer le secret qui entoure la disparition des savants depuis plusieurs décennies.
Franchement, ce scénario est très riche et très bien pensé, même si certaines ficelles sont un peu grosses pour les adultes que nous sommes.
Je ne m'attendais pas forcément à autant de richesse dans l'histoire et de rebondissements.
L'avantage, c'est que c'est très bien expliqué et à la portée des enfants à partir de cinq ans environ.
Du côté du graphisme, j'aime beaucoup l'univers de Jacques Tardi dans la bande dessinée, c'est donc un plaisir de le voir prendre vie à l'écran (la double Tour Eiffel, les engins volants, la ville de Paris, la fête foraine, pour ne citer que quelques exemples).
D'ailleurs, je me demande pourquoi avoir attendu autant de temps pour créer une dessin animé, l'univers de Jacques Tardi, comme celui de Benjamin Legrand, se prêtant plutôt bien à une transcription à l'image.
Les doublages sont également bien choisis, Marion Cotillard prête sa voix à l'intrépide Avril, Philippe Katerine est formidable en Darwin, chat aussi malin qu'attachant, et Jean Rochefort incarne à merveille Pops, le grand père d'Avril.
Derrière tout cela il y a une réflexion politico-éthique qui est menée et qui s'avère très pertinente, tout en s'inscrivant dans un univers un peu délirant, une belle réussite en somme comme j'aime à en voir à l'écran.


"Avril et le monde truqué" est un excellent dessin animé très bien conçu avec un scénario riche et une belle esthétique graphique, une animation qui enchantera à coup sûr petits et grands.

jeudi 24 décembre 2015

Marguerite et Julien de Valérie Donzelli



Julien et Marguerite de Ravalet, fils et fille du seigneur de Tourlaville, s’aiment d’un amour tendre depuis leur enfance. Mais en grandissant, leur tendresse se mue en passion dévorante. Leur aventure scandalise la société qui les pourchasse. Incapables de résister à leurs sentiments, ils doivent fuir… (AlloCiné)


La nuit, une forêt, deux personnes qui courent, qui fuient.
Qui se prennent les pieds dans les racines, dont des lambeaux de vêtements sont arrachés par les branches d'arbres.
Les aboiements des chiens derrière, ils sont poursuivis.
Ils n'en peuvent plus, la nuit sera-t-elle leur meilleure alliée ou leur pire ennemie ?
Qui sont-ils ? Qu'ont-ils fait pour en arriver à être pourchassés dans une forêt ?
Pour cela, je ne respecterai pas l'épitaphe de leur tombe en l'église de Saint-Jean-en-Grève : "Ci-gisent le frère et la sœur. Passant ne t'informe pas de la cause de leur mort, mais passe et prie Dieu pour leurs âmes", car mesdames et messieurs, il me faut vous parler de l'histoire de Julien et Marguerite de Ravalet, frère et sœur par le sang, âmes sœurs par le cœur.


Après une scène d'ouverture quelque peu angoissante, le spectateur se retrouve dans le dortoir d'un orphelinat, avec des fillettes qui murmurent entre elles des secrets, car il paraît qu'untel a aperçu Marguerite et Julien au marché, même qu'ils s'embrassaient.
Même qu'ils doivent vivre dans les bois et faire l'amour comme des bêtes.
Même qu'à cet âge, l'imagination des petites filles est débordante, et quoi de plus intrigant que cette histoire d'amour entre un frère et une sœur, recherchés par toutes les polices.
Alors c'est une jeune fille plus âgée chargée de les surveiller qui va leur raconter l'histoire de Marguerite et Julien de Ravalet, les amants maudits.


Valérie Donzelli, elle a l'esthétique chic.
Parce que son film, d'un point de vue traitement de l'image et mise en scène, il claque, il n'y a pas à dire.
Visuellement, il est magnifique, tourné en décors naturels qui plus est, dans le véritable château de Tourlaville.
J'aime, j'aime, j'aime.
Et elle se permet de figer à plusieurs reprises l'image, de tourner autour avec sa caméra avant que la scène ne prenne vie et que les comédiens entrent en action.
J'aime, j'aime, j'aime.
Valérie Donzelli, elle doit aimer relever des défis, dans la vie ça doit être une battante.
Car le scénario de ce film ne lui était pas destiné, écrit par Jean Gruault pour François Truffaut, qui a finalement renoncé au projet.
Il faudra attendre des années pour qu'il soit publié, que Valérie Donzelli le lise et décide d'en faire son prochain film.
Et là aussi, elle va prendre des risques.
Car si l'histoire se passe au dix-septième siècle, le film regorge de nombreux anachronismes (l'hélicoptère, le pull jacquard, la voiture).
Je comprends très bien que cet aspect puisse déranger, ces anachronismes sont là pour simplement donner une dimension intemporelle à l'histoire.
A toute époque l'inceste restera un interdit.
Pourtant, à toute époque il y a eu, il y a et il y aura des incestes.
Le côté décalé est là pour mieux servir le propos du film, et il m'a fait furieusement pensé au "Peau d'âne" de Jacques Demy.
Rien de bien original, me direz-vous, tout le monde y a pensé et l'a dit à propos de "Marguerite et Julien".
Et bien ça aussi j'aime, j'aime, j'aime.
Que dire des acteurs principaux ... Anaïs Demoustier campe une magnifique Marguerite amoureuse de son Julien de frère, elle rayonne, elle y croit à cet amour et elle se bat pour lui. Jusqu'au bout. Jusqu'à la mort.
Anaïs Demoustier a un jeu très juste, c'est une actrice que j'ai beaucoup vu cette année au cinéma et dont je ne me lasse pas.
Quant à Jérémie Elkaïm, je trouve que plus ça va plus il illumine l'écran lorsqu'il est filmé par Valérie Donzelli. Elle est l'une des rares (hormis Maïwenn dans "Polisse") à lui offrir de très beaux rôles, qu'il habite à merveille.
Alors certes il est plus vieux que le véritable Julien (remarquez, cela vaut aussi pour Anaïs Demoustier), mais ce rôle lui va, et lui aussi il résiste, il lutte, puis il cède face à cet amour plus fort que tout.
Je suis un peu plus partagée quant aux seconds rôles, non pas pour le choix des acteurs ou leur jeu mais plus dans le fait qu'ils ne sont à mon goût pas assez exploités.
Les parents de Marguerite et Julien apparaissent par brèves touches, pas assez pour pouvoir exister à l'écran; et que dire de ce frère qui se contente de faire de la figuration et de dire quelques mots.
"Marguerite et Julien" n'est pas un film parfait, mais il s'en dégage une certaine magie, et c'est à mon avis cela qui a échappé à toutes les personnes qui l'ont vivement critiqué, particulièrement au Festival de Cannes où peu de monde a bien accueilli ce film.
J'ai apprécié la touche pop que Valérie Donzelli a su donner à cette histoire d'amour, avec notamment une bande son particulièrement bien choisie et des chansons rock bien modernes.
Alors vive le rock'n'roll, vive Marguerite et Julien et vive Valérie Donzelli !


Valérie Donzelli n'est pas la reine des pommes, loin de là, et c'est main dans la main que je vous invite à découvrir "Marguerite et Julien", son dernier long métrage dans lequel l'amour est déclaré.





mardi 22 décembre 2015

Top Ten Tuesday #132


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani, puis désormais par Froggy.

Les 10 sorties 2016 que vous attendez le plus

1) "Les arpenteurs" de Kim Zupan chez Gallemister
2) "La femme qui avait perdu son âme" de bob Shacochis chez Gallmeister
3) "Deep Winter" de Samuel W. Gailey chez Gallmeister
4) "Retour à Oakpine" de Ron Carlson chez Gallmeister
5) "La rotue étroite vers le Nord lointain" de Richard Flanagan chez Actes Sud
6) "Le chant du cygne Tome 2" de Babouche, Dorizon et Herzet chez Le Lombard
7) "Les gens honnêtes 4ème partie" de Durieux et Gibrat chez Du^puis
8) "Mon journal pendant l'Occupation" de Jean Galtier-Boissière chez Libretto
9) "Les contes populaires de l'Egypte ancienne" chez Libretto
10) "Ainadamar (La fontaine aux larmes" de Serge Mestre Chez Sabine Wespieser

samedi 19 décembre 2015

La vérité sur l'affaire Harry Quebert de Joël Dicker


A New York, au printemps 2008, alors que l'Amérique bruisse des prémices de l'élection présidentielle, Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, est dans la tourmente : il est incapable d'écrire le nouveau roman qu'il doit remettre à son éditeur d'ici quelques mois. Le délai est près d'expirer quand soudain tout bascule pour lui : son ami et ancien professeur d'université, Harry Quebert, l'un des écrivains les plus respectés du pays, est rattrapé par son passé et se retrouve accusé d'avoir assassiné, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15 ans, avec qui il aurait eu une liaison. Convaincu de l'innocence de Harry, Marcus abandonne tout pour se rendre dans le New Hampshire et mener son enquête. Il est rapidement dépassé par les événements : l'enquête s'enfonce et il fait l'objet de menaces. Pour innocenter Harry et sauver sa carrière d'écrivain, il doit absolument répondre à trois questions : Qui a tué Nola Kellergan ? Que s'est-il passé dans le New Hampshire à l'été 1975 ? Et comment écrit-on un roman à succès ? (Edition de Fallois)

Voilà un roman dont j'ai beaucoup entendu parler à sa sortie, recevant beaucoup de louanges et quelques prix dont le Grand Prix du roman de l'Académie Française; mais également de mauvaises critiques, particulièrement celle indiquant que Joël Dicker se serait très fortement inspiré (pour ne pas dire plus) du roman "La tache" de Philipp Roth.
Il se trouve que j'ai lu "La tache", et qu'avec tout ce que j'entendais, en bien comme en mal, je n'avais pas franchement envie de lire tout de suite "La vérité sur l'affaire Harry Quebert".
J'ai attendu, et j'ai fini par me lancer dans la lecture de ce beau pavé littéraire qualifié de "page turner" et qui soit disant une fois entre les mains est impossible à lâcher.
Bilan des courses : un livre plutôt moyen, avec quelques bons côtés et des faiblesses.

Ce récit est narré par Marcus Goldman, un jeune écrivain venant de rencontrer le succès avec son premier roman (bonjour le quasi sosie littéraire visionnaire de Joël Dicker !) et qui peine à écrire le second.
Pour tout dire, il souffre du syndrome de la page blanche, plutôt gênant pour un écrivain : "Car j'avais enfin pris la mesure du mal qui me frappait : écrire un livre en partant de rien m'avait semblé très facile, mais à présent que j'étais au sommet, à présent qu'il me fallait assumer mon talent et répéter la marche épuisante vers le succès qu'est l'écriture d'un bon roman, je ne m'en sentais plus capable.".
Je passe sur les atermoiements du personnage, ses doutes, ses interrogations, son lieu de naissance à Newark (tiens, bonjour la ville fétiche de Philipp Roth dans ses romans !), sa mère plus qu'envahissante et caricature plus que grossière de la mère Juive (tiens, Joël Dicker est allé encore plus loin que Philipp Roth pour qui, rappelons-le, la famille Juive est un thème cher); et donc pour retrouver l'inspiration, Marcus se rend chez son vieil ami Harry Quebert, son ancien professeur à la faculté et l'homme qui lui a tout appris, l'homme qui a fait de lui un homme en somme.
Harry Quebert, il a écrit un livre génialissime il y a des années de cela, un chef-d'oeuvre encensé par tout le monde : "Les origines du mal", depuis, il vit dans la petite ville d'Aurora, dans le New Hampshire.
Harry Quebert a toujours été de bon conseil pour Marcus Goldman, aussi lui prodigue-t-il moult conseils pour débloquer l'inspiration et la plume de Marcus afin qu'il ponde son second roman, car il cherche bien évidemment à en faire un chef-d'oeuvre : "Ne faites pas comme moi ... Ne vous laissez pas bouffer par votre ambition. Sinon votre cœur sera seul et votre plume sera triste.".
Mais Harry le poète est rattrapé par la patrouille, il se retrouve accusé du meurtre de la jeune Nola Kellergan à l'été 1975, dont le cadavre vient d'être retrouvé dans son jardin.
Harry clame son innocence, car Nola il l'aimait, il avait même prévu de fuir avec elle, et c'est pour elle qu'il a écrit "Les origines du mal", alors Marcus, tel un chevalier blanc, vole au secours de son ami.
Et fait le récit de sa quête de vérité et du coupable à travers son second roman, qui est celui que le lecteur tient entre les mains

J'ai bien aimé cette mise en abîme, cet écrivain qui écrit sur un autre écrivain, qui pourrait presque être son double fictif d'ailleurs.
Ce postulat était plutôt plaisant, par contre j'avoue avoir eu du mal à me détacher des propos des détracteurs de Joël Dicker qui compare ce livre à une pâle resucée de "La tache", car il est vrai qu'il y a beaucoup de parallèles entre ces deux romans : la ville dont est originaire le personnage, la famille Juive, ce vieux professeur qui cache un très lourd secret et qui se refuse à le révéler, préférant aller en prison, l'histoire repose sur la tromperie et les faux-semblants, et puis Joël Dicker a même poussé l'humour jusqu'à donner le nom de Roth à un personnage, l'avocat de Harry Quebert.
Car il ne s'en cache pas, il admire Philipp Roth et son oeuvre a certainement influencé la sienne, mais il faut aussi savoir s'en détacher, ce qu'a mis un certain temps à faire Joël Dicker ici.
J'ai trouvé que l'intrigue mettait beaucoup de temps à se mettre en place, on m'avait vendu un roman que je ne lâcherai plus une fois commencé, j'ai dû attendre la page 300 pour que mon intérêt commence à être sérieusement titillé.
Autant vous dire que j'étais prête à jeter l"éponge et à l'arrêter, mais je me suis accrochée.
Il a aussi été dit qu'il y avait de nombreux rebondissements, que l'auteur promenait le lecteur jusqu'à la révélation finale, pour ma part j'ai eu de gros doutes dès la page 200 environ sur la personne responsable du meurtre de Nola Kellergan.
Niveau suspens ça repassera, à mon avis des personnes habituées aux ficelles auront de gros doutes dès le début et trouveront une partie du dénouement.
Il n'en demeure pas moins que le récit finit par être prenant, presque quand il commence à se détacher de l'univers de Philipp Roth, et que la curiosité du lecteur est piquée.
Il y a une bonne intrigue policière et certains personnages sont bien traités, j'ai notamment beaucoup souri avec les joutes verbales entre Marcus Goldman et le sergent Perry Gahalowood.
Dans la structure de son roman, Joël Dicker a innové en déclinant son intrigue tant présente que passée avec des chapitres numérotés à rebours, je n'ai pas été insensible à cette originalité.
L'autre point fort c'est qu'il a créé une galerie de personnages et qu'il a su donner à chacun un rôle, avec le recul et par rapport à l'épaisseur de l'histoire cela a dû représenter un sacré travail.
L'auteur a également beaucoup recours aux flash-backs, si certains sont judicieux j'en ai trouvé d'autres plus maladroits, par exemple l'ouverture du roman.
Quant au style, il y a beaucoup à dire dessus et malheureusement pas en bien.
Je suis très surprise que ce roman ait été primé par l'Académie Française, parce que d'un point de vue grammatical, style et tournure de phrases non seulement il n'innove pas mais c'est même écrit de façon très simpliste la plupart du temps.
J'ai particulièrement détesté les reprises qui sont faites, l'auteur usant et abusant de la redite, notamment lorsque Marcus rédige une partie de son roman qui est reprise juste après sous la forme du manuscrit qu'il envoie à son éditeur, ceci n'étant qu'un exemple parmi d'autres.
L'éditeur n'a pas relu le roman ? Il y avait de quoi faire des coupes dans le texte et gagner en fluidité plutôt que d'alourdir le récit et de le faire traîner en longueur avec des répétitions qui ont eu le don de m'agacer. Et de me conforter dans mon opinion qu'aujourd'hui les maisons d'édition ne prennent vraiment plus la peine de faire relire et corriger les romans qu'elles publient.
Je suis partagée sur le fait d'avoir écrit un roman Américain à la francophone, car cela se ressent parfois à la lecture.
Soit on est expert en littérature Américaine et on peut se permettre sans problème d'écrire un tel roman même sans être Américain, soit on ne l'est pas et on retombe fatalement par moment dans la forme d'écriture francophone.
Désolée Joël Dicker, mais vous n'avez pas réussi à me bluffer sur ce coup-là.
J'ai en tête un point particulier qui m'a marquée, Harry tutoie Nola alors qu'elle le vouvoie, certes en anglais le "tu" et le "vous" s'expriment de la même manière mais ce n'est pas le cas en Français, et pourquoi Nola ne tutoierait-elle pas elle aussi Harry ? Ou alors l'inverse ? Cet aspect m'a fait penser à de la mauvaise traduction, sauf que le roman a été écrit en Français à l'origine et non en Anglais.
J'ai été marquée à plusieurs reprises par des tournures maladroites, j'en suis presque venue à me demander si je n'étais pas en train de lire un brouillon du roman et non la version publiée.
Finalement, dans la balance il y a plus d'aspects négatifs que positifs, ou plutôt les côtés positifs de ce roman ne permettent pas d'effacer ceux négatifs.

Fort heureusement, "La vérité sur l'affaire Harry Quebert" n'a pas attendu mon avis pour avoir du succès, d'ailleurs, cela a mieux valu pour lui car si certaines choses dans ce roman m'ont plu d'autres m'ont particulièrement agacée et je ressors mitigée de cette lecture.
Une nouvelle fois les promesses alléchantes vantées de partout n'étaient pas toutes au rendez-vous, au moins j'ai pu me forger ma propre opinion sur ce livre et je vous invite à en faire de même car ce qui m'a déplu pourra vous plaire et vice-versa.

Livre lu dans le cadre du Prix des Lectrices 2015