samedi 19 mars 2016

Notre mère la guerre - Tome 2 : Deuxième complainte de Maël et Kris


Janvier 1915, en Champagne pouilleuse. Cela fait six mois que l'Europe est à feu et à sang. Six mois que la guerre charrie ses milliers de morts quotidiens. Mais sur ce lieu hors de raison qu'on appelle le front, ce sont les corps de trois femmes qui font l'objet de l'attention de l'état-major. Roland Vialatte, lieutenant de gendarmerie, militant catholique, humaniste et progressiste, mène l'enquête, à la demande du capitaine Janvier. Une étrange enquête, à cause des victimes, à cause des tranchées... Le 8 janvier, la section Peyrac perd au combat les deux tiers de ses soldats. Même s'ils étaient des repris de justice, mineurs de surcroît, libérés de prison pour être envoyés au front, le caporal Gaston Peyrac, socialiste et antimilitariste, les aime ces gamins. Il se moque de ce qu'ils ont pu faire avant, son unique but est de les garder en vie. Alors, quand Vialatte et Janvier portent leurs soupçons sur ses hommes, ça le met en rage... (Futuropolis)

Bienvenue en janvier 1915 en Champagne dans la boue, le froid, la vermine et le sang.
Pendant que les hommes meurent au front trois femmes ont été assassinées et leur dépouille traînée en première ligne, histoire de remonter un peu plus le moral des troupes.
Le lieutenant de gendarmerie Vialatte est en première ligne, au milieu des hommes du caporal Peyrac, et tandis que les deux tiers de cette troupe sont tombés au combat Vialatte continue son enquête et découvre des indices laissant croire que le ou les meurtrier(s) pourraient faire partie du groupe.
Car, rappelons-le, cette troupe est constituée de repris de justice dont certains sont mineurs.
Mais pas le temps d'enquêter plus, le lieutenant Vialatte est rappelé par le capitaine Janvier, une quatrième femme vient d'être découverte, et il se trouve que le capitaine la connaissait bien car elle était sa bonne amie dirons-nous : "Oui, ça a continué. On ne guérit pas de la folie.".

Le mystère s'épaissit dans ce second tome, et plutôt que d'obtenir des réponses ce sont de nouvelles questions qui sont soulevées.
Mais le point central ici n'est peut-être pas tant l'intrigue que la guerre, omniprésente, beaucoup d'images lui sont consacrées : combats, violence, corps explosant, se disloquant et se répandant sur une terre boueuse; et elle est bien entendu à l'esprit de tous les personnages, tout le temps : "Le front est une ligne mortelle et ensorcelante. La guerre fait naître un monde de sentiments inconnus, insoupçonnés. Ces heures plus qu'humaines ont le parfum définitif de l'absolu. C'est une fenêtre à laquelle on respire un air chargé de ciel, une région au bord du monde, tout près de dieu. C'est peut-être là seulement qu'on meurt dans la plus totale liberté.".
Il est aussi beaucoup question de solidarité entre les soldats, d'instants touchants voire même d'humanité entre des personnes qui n'auraient jamais dû se retrouver là, ou qui en d'autres circonstances n'auraient pas bougé le petit doigt pour autrui, mais la guerre est ainsi faite, elle noue des relations fortes entre les hommes et les poussent à s'entraider, à agir d'instinct : "Un homme n'est rien pour vous et la minute suivante vous êtes prêt à braver l'enfer pour lui, dans un élan spontané, instinctif.".
Le personnage de Vialatte est celui qui connaît l'évolution la plus importante, sa vision des choses et des personnes changent, il a définitivement perdu ses illusions et voit désormais la guerre dans toute son horreur.
Mais ce deuxième volume s'intéresse un peu moins à l'aspect humain pour mettre en avant la guerre des tranchées, la guerre de l'horreur et toute la violence qui en découle.
Une nouvelle fois les dessins sont très soignés et participent grandement à la réussite de cette bande dessinée, la mise en couleurs est sobre : dominante de gris/marron, mais juste et en parfaite harmonie avec le contexte.

Après le rassemblement le temps est désormais à la parole, chacun s'exprime et donne son opinion dans ce deuxième volume de "Notre mère la guerre" mais la messe est loin, bien loin d'être dite, et la paix des esprits et des âmes n'est pas pour tout de suite.

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