jeudi 9 juin 2016

A War (Krigen) de Tobias Lindholm

     
     

Le commandant Claus M. Pedersen et ses hommes sont affectés dans une province d’Afghanistan, tandis qu’au Danemark, sa femme, Maria, tente de faire face au quotidien et d’élever seule leurs trois enfants. Au cours d’une mission de routine, les soldats sont la cible d’une grave attaque. Pour sauver ses hommes, Claus va prendre une décision qui aura de lourdes conséquences pour lui, mais également pour sa famille… (AlloCiné)


Je ne me suis pas (totalement) dit "Et si j’allais voir un joyeux film Danois sur la guerre en Afghanistan ? " pour me retrouver à aller voir "A War", mais j’avais envie de voir un film d’un pays nordique, histoire de changer des habituels pays cinématographiques et surtout, j’étais curieuse de voir ce film dont tout le monde chante les louanges.
Après la douche quelque peu froide de Clint Eastwood avec son "American Sniper" je me suis dit qu’il serait bien d’avoir un autre point de vue sur la guerre (i.e. un qui ne glorifie pas l’intervention Américaine, les exploits d’un sniper et vomit à outrance un patriotisme exacerbé), autant vous dire que j’ai ici été servie, et dans le bon sens du terme.


La première partie de ce film concerne la guerre, celle sur le terrain et vécue au quotidien par le commandant Claus Pedersen (Pilou Asbæk) et ses hommes dans une province d’Afghanistan où le danger est partout tout le temps.
Mais c’est aussi le quotidien par toujours facile à gérer pour son épouse Maria (Tuva Novotny) qui s’occupe de la maison et des trois enfants toute seule.
Les scènes s’alternent entre les missions de routine sur le terrain, avec la peur au ventre car le spectateur est plongé de façon très réelle dans les terrains arides d’Afghanistan où le danger est partout, et celles de routine également mais pour gérer le quotidien, une maison et des enfants qui vivent plus ou moins bien la longue absence de leur père.
Cette partie est assez anxiogène pour le spectateur car il sait que quelque chose va se passer (enfin, s’il a lu le synopsis) mais pas quand.
J’ai trouvé que les scènes de guerre étaient très bien reconstituées, peut-être parce que le réalisateur a fait appel à d’anciens soldats pour faire des figurants, il y est question de la routine mais surtout du stress que cette situation engendre et du moral des soldats qui se dégrade.
Voilà un aspect finalement assez peu évoqué, c’est très humain et sans doute proche du quotidien et de la réalité de ce que vivent les soldats, c’est en tout cas l’une des rares fois où je le vois de façon aussi nette au cinéma.
J’ai également apprécié le parallèle avec sa famille restée au pays, avec cette femme qui se retrouve seule à gérer une maison, les repas, les bobos, les pleurs, les accidents du quotidien, les comportements des enfants à l’école, l’absence du père et les échanges téléphoniques pour communiquer.
Le seul point légèrement négatif c’est que cette partie finit un peu par traîner en longueur, tandis que la deuxième est un peu trop vite traitée.


La deuxième partie du film concerne aussi la guerre, mais celle sur un terrain judiciaire puisque pour une décision prise en Afghanistan au cours d’une mission de routine Claus se retrouve sur le banc des accusés.
Cette nouvelle partie a le mérite de soulever de nombreuses questions et de faire s’interroger le spectateur.
Il est difficile de juger le choix de cet homme dans la situation dans laquelle il était, et c’est sans doute encore plus redoutable pour lui : il ne renie pas son choix mais il doit aujourd’hui le défendre devant un tribunal.
Non seulement il a à répondre de son acte devant un tribunal, ce qui pourrait avoir des conséquences pour lui, mais également pour sa famille.
Cet homme se retrouve face à un dilemme, doit-il adopter uniquement un point de vue militaire ou bien penser aussi à sa famille et aux implications que son attitude aura sur elle ?
Sa femme le lui fait justement remarquer.
Il est quelque peu dommage que cette partie soit un peu moins développée que la première, outre le fait qu’elle soit statique et quasiment uniquement centrée dans un tribunal, car c’est elle qui porte l’intérêt du film et soulève le plus de questions.
C’est en cela que ce film est une réussite par rapport à "American Sniper", ici point de héros et de glorification, il n’y est question que d’hommes et de femmes qui font leur maximum en terrain miné, quitte à en payer plus tard les conséquences.
La mise en scène du réalisateur est juste et amène chacun à se poser des questions et à s’interroger, là où un Clint Eastwood ne laissait pas le choix au spectateur : il devait forcément adhérer à son point de vue et glorifier Chris Kyle.
Personnellement, je trouve que "A War" démontre plus les antagonismes de la guerre que "American Sniper", tout en s’attachant à un homme tout ce qu’il y a de plus ordinaire.



Vous l’aurez compris, "A War" est un film à voir qui a le mérite de faire s’interroger chacun sur la guerre et ses conséquences, le tout abordé de façon sobre sans débordement de sentiment ou de patriotisme.

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