mardi 29 novembre 2016

Walking Dead Tome 20 Sur le sentier de la guerre de Robert Kirkman et Charlie Adlard


Après un dernier briefing, Rick rassemble ses troupes et va au Sanctuaire où sont regroupés les Sauveurs. Il annonce à Negan que la Colline ne livrera plus de marchandises et propose une trêve. Negan refuse et apprend à Rick que la Colline s'est jointe à lui ! Plus rien ne peut stopper le déchaînement de destruction. (Delcourt)

Ce que je pressentais dans le précédent tome arrive : "On se lance sur un chemin dont j'ignore la longueur et le point d'arrivée. Mais je sais qu'une fois au bout, nous serons au bon endroit.", comprendre que la guerre entre Rick et Negan est déclenchée et que tous les coups sont permis.
Je dis bien tous les coups, car dans ce tome la cruauté atteint un nouveau degré : les zombies ne font même plus peur, il faut dire que le lecteur a fini par s'habituer à leur présence dans le paysage, et ils sont désormais utilisés comme bouclier voire même en arme d'attaque.
Comme le dirait un croupier, les jeux sont faits rien ne va plus.
Il y a dans ce tome, encore plus que dans les précédents, beaucoup de dynamique dans le graphisme et ce volume offre de très belles scènes, avec notamment un Rick haranguant les membres de sa communauté en véritable leader afin de leur donner du courage avant le combat.
Mais on retrouve aussi un Rick qui doute à quelques heures du combat, mais heureusement des personnes sont là pour lui rappeler que c'est lui qui a raison et que son action, même si elle s'avère sanglante, leur permettra de vivre sans Negan : "On ne peut pas vivre selon les caprices de Negan. On ne s'en sortirait jamais. Ce taré finirait par avoir notre peau. A tous.".
Comme précédemment, il y a de très belles planches de combat sur de la pleine page, depuis deux tomes je trouve qu'une dynamique s'est créée entraînant ainsi le lecteur.
Je ne m'attarderai pas trop sur les personnages car ce tome laisse plutôt une très belle place à l'action, quoi que j'ai trouvé un passage avec Ézéchiel particulièrement touchant dans une construction a posteriori alors que d'autres actions sont en cours.
De plus, le recours au noir et blanc, avec tout ce dynamisme graphique, est beaucoup plus parlant que du rouge sang.
Je pressentais également que le personnage de Maggie allait prendre de l'importance, je ne me suis pas trompée car celle-ci devient même le leader de La Colline et rallie à sa cause, et donc à celle de Rick, la population récalcitrante en utilisant des mots justes et en parlant avec son cœur : "J'ai foi en Rick Grimes.".
Les auteurs savent être malins, si ce vingtième tome est un pas de plus dans la violence, sans doute pire que celle connue à l'époque du Gouverneur, le scénario met dangereusement en péril la communauté de Rick et celle de La Colline et d'Ézéchiel, rappelant au lecteur que rien n'est acquis et que n'importe quel personnage peut disparaître à n'importe quel moment.
Telle est la dure loi dans l'univers de "Walking Dead".

"Sur le sentier de la guerre" est un excellent vingtième opus de la série "Walking Dead" qui met les personnages principaux en fâcheuse posture et laisse bien évidemment le lecteur dans l'attente du dénouement de combat à la vie à la mort entre Rick et Negan.

lundi 28 novembre 2016

Walking Dead Tome 19 Ézéchiel de Robert Kirkman et Charlie Adlard


Maggie apprend à vivre sans Glenn et essaye d'être forte pour leur futur bébé. Pendant ce temps, Rick met au point un plan pour se débarrasser de Negan qui ne convainc guère Michonne : faire alliance avec le roi Ézéchiel et son tigre. Arriveront-ils à déjouer les plans perfides du sociopathe Negan ? Pour l'heure, ce dernier vient récolter son dû à la Colline, accompagné de plusieurs Sauveurs. (Delcourt)

Comme son nom l'indique, ce tome permet de mieux connaître le personnage du Roi Ézéchiel : son passé, son histoire, son tigre, pourquoi il se fait passer pour un roi : "Les gens ont besoin de suivre quelqu'un. Ça les rassure. Les gens qui sont rassurés sont plus utiles, moins dangereux ... plus productifs.".
Voilà un personnage fort intéressant et qui entretient une relation naissante avec Michonne qui sera certainement développée par la suite.
Après l'apparition sur le devant de la scène du personnage de Dwight, c'est aujourd'hui au tour d'Ézéchiel, cela contribue à redonner du souffle à l'histoire et à trouver de nouvelles intrigues ainsi que des rebondissements.
Negan est décidément un personnage trouble, si le lecteur avait encore quelques doutes sur sa santé mentale ils sont ici levés, s'il peut faire preuve de mansuétude, par exemple en sauvant indirectement la peau de Rick : "La prochaine fois que quelqu'un me demande de te tuer pour devenir chef à ta place ... je risque bien d'accepter.", il entretient également un rapport très particulier avec Lucille qui, rappelons-le, n'est pas le prénom de sa chérie mais celui de sa batte de baseball avec laquelle il défonce de temps à autre le crâne des gens : "Tu penses peut-être que c'est un objet inanimé. Un morceau de bois sans intérêt, amoureusement cerclé de fil barbelé ... Pas le genre de chose qu'on peut chérir. Mais tu te trompes, bordel. C'est une dame ... mais parfois, ouais ... elle n'est plus si aimable ... En vérité, Lucille est une salope. Mais c'est ma salope. Et cette salope m'a sauvé la mise un sacré paquet de fois.".
Un autre personnage qui me plaît beaucoup est celui de Jésus, non seulement d'un point de vue esthétique mais aussi de caractère.
Il sait trouver les mots justes pour rassurer Rick quand celui-ci doute : "Tu es en train de bâtir quelque chose ... On le voit tous. Quand tu auras terminé, le monde aura changé ... en mieux.", il a clairement du potentiel et j'espère que les auteurs vont continuer à utiliser ce personnage, voire même le mettre encore plus en avant.
Rick et sa communauté ne sont donc plus forcément les personnages centraux des intrigues, cela permet de renouveler l'histoire, après tout leur psychologie a été longuement présentée et décortiquée dans les tomes précédents à tel point qu'il n'y a sans doute plus grand chose à y apporter, toutefois le lecteur ne souhaite pas voir mourir ces personnages.

Ce nouveau tome démontre une nouvelle fois qu'il faut sans cesse s'adapter dans un monde post-apocalyptique.
L'histoire est désormais dispersée entre plusieurs communautés, il y a beaucoup d'interactions entre les personnages, d'ailleurs l'histoire se lit d'une traite car ce tome marque avant tout une transition, tout un mécanisme est en train de se mettre en place avant une grande bataille qui aura certainement lieu dans le prochain tome.
Chacun a désormais pris position : Alexandria, communauté emmenée par Rick et secondée par celle d'Ézéchiel et quelques hommes de La Colline, va mener une guerre sans merci à Negan, alors que dans le même temps Gregory, le responsable de La Colline, ne souhaite pas entrer en conflit ouvert avec Negan.
Très clairement les jeux des alliances ont été faits et vont désormais porter leur fruit ou non, et on se rend compte que les personnages au final adoptent tous un comportement humain quel qu'il soit, certains résistent tandis que d’autres décident de collaborer sans broncher pensant ainsi s'acheter une paix.
Je suis une nouvelle fois agréablement surprise par l'intelligence du scénario qui sait si bien décortiquer tous les sentiments de l'âme humaine et synthétise finalement en si peu de personnages autant de réactions aussi crédibles les unes que les autres.
La belle surprise de ce tome, c'est le personnage de Maggie en deuil et apprenant à vivre sans Glenn qui va se révéler avoir une âme de guerrière et de résistante, sans doute que ce personnage va dorénavant jouer un rôle de premier plan dans la communauté de La Colline.
Enfin, ce tome est aussi l'occasion de confrontations entre Rick et Negan, le dessinateur Charlie Adlard s'en donne à cœur joie et offre quelques très belles planches en grand format sur ces deux personnages que tout oppose.

"Ézéchiel" est un très bon dix-neuvième opus de la série "Walking Dead" dans laquelle se prépare une nouvelle bataille épique qu'il me tarde de découvrir dans le prochain tome.

dimanche 27 novembre 2016

La fille de Brest d'Emmanuelle Bercot

     
     

Dans son hôpital de Brest, une pneumologue découvre un lien direct entre des morts suspectes et la prise d'un médicament commercialisé depuis 30 ans, le Mediator. De l’isolement des débuts à l’explosion médiatique de l’affaire, l’histoire inspirée de la vie d’Irène Frachon est une bataille de David contre Goliath pour voir enfin triompher la vérité. (AlloCiné)


En fin d'année 2009, un nom commence à circuler : Mediator, celui de la marque sous laquelle est commercialisé le Benfluorex par les laboratoires Servier, médicament retiré de la vente en fin d'année 2009.
Mais c'est en 2010 qu'éclate l'un des plus grands scandales sanitaires, connu sous le nom du Scandale du Mediator, dont nous devons la révélation à la lanceuse d'alerte Irène Frachon, pneumologue au CHU de Brest.
Emmanuelle Bercot a été approchée il y a déjà quelques années pour adapter le livre d'Irène Frachon "Mediator 150 mg : Combien de morts ?", elle a pris son temps pour adapter ce livre, a rencontré Irène Frachon et a mûri finement son projet.
Elle rencontrait une autre difficulté : ne pas réussir à trouver une actrice pour camper Irène Frachon. Elle doit la suggestion de Sidse Babett Knudsen à Catherine Deneuve, héroïne de son précédent film "La tête haute", raison pour laquelle celle-ci figure dans les remerciements.
Ce film retrace donc la lutte d'Irène Frachon contre le Mediator sur les années 2009 et 2010, en se basant pour la première partie le livre de celle-ci et pour la deuxième les entretiens que la réalisatrice a eu eu avec elle.


Comparé à juste à titre à "Erin Brokovich", ce film est à l'image d'Irène Frachon : dynamique, obstinée, une femme qui a su se battre jusqu'au bout pour faire flancher les laboratoires Servier et faire reconnaître la dangerosité mortelle de ce médicament pourtant prescrit depuis 1976.
C'est clairement le combat de David contre Goliath mais heureusement qu'il y a des gens comme elle qui un jour se battent pour sauver des gens comme nous.
Emmanuelle Bercot a su ne pas tomber dans le piège de ce genre de film : perdre le rythme et finir en documentaire.
Au contraire, une situation appelle la suivante et son découpage temporel est très bien fait car il met en lumière les moments-clés de cette terrible affaire qui, je le rappelle, n'est toujours pas finie à l'heure actuelle (et mettra encore certainement des années à connaître un épilogue).
Pour écrire son scénario, Emmanuelle Bercot s'est entourée de Séverine Bosschem, toutes les deux elles ont rencontré les différents protagonistes du scandale du Mediator.
Et en tant que réalisatrice, non seulement il n'y a pas un seul temps mort mais elle plonge d'emblée le spectateur dans le sujet avec une scène d'ouverture se déroulant dans un bloc opératoire lors d'une opération à cœur ouvert (et cœurs sensibles faites attention, cette scène ainsi qu'une autre sont difficilement soutenables).
Emmanuelle Bercot réitère ce processus mais avec une autopsie cette fois-ci à un autre moment important du film.
Je me suis interrogée pour savoir comment Emmanuelle Bercot avait fait pour tourner ces deux scènes, et bien la réalisatrice n'a reculé devant rien et à elle-même assisté à ces deux opérations (à noter que son père est chirurgien cardiaque, l'univers hospitalier ne lui était donc pas totalement inconnu).
La mise en scène d'Emmanuelle Bercot est donc particulièrement enlevée et si elle est une réalisatrice/actrice plutôt rare elle a le mérite d'avoir marqué par trois fois le cinéma Français en un an de temps : avec son précédent film "La tête haute" et avec son Prix d'interprétation à Cannes dans "Mon roi".
Il pourrait paraître saugrenu d'avoir choisi une actrice Danoise pour incarner une Brestoise pur souche, mais il faut reconnaître que Sidse Babett Knudsen, découverte l'année dernière pour ma part dans "L'hermine", s'impose dès les premières secondes et campe une Irène Frachon plus vraie que nature.
Le film a également le mérite de ne pas se focaliser sur Irène mais de mettre aussi en avant les personnes qui l'ont accompagnée dans ce combat : le professeur Antoine Le Bihan, campé par un Benoît Magimel ventripotent, avec qui elle entretient un belle relation sous le signe de la tendresse; son mari Bruno (Patrick Ligardes) ainsi que ses enfants qui l'ont soutenue du début à la fin; Arsène Weber (Olivier Pasquier), son Père Noël de la CNAM; Anne Jouan (Lara Neumann) la journaliste du Figaro qui a fait éclater le scandale dans la presse; mais aussi toute l'équipe du CHU de Brest et l'étudiante Flore Michelet qui a consacré sa thèse à ce médicament et au silence de l'Afssaps et de la CNAM ainsi que Corinne (Isabelle de Herthog), l'une des patientes d'Irène victime du Mediator.
Il y a également de très belles scènes, très touchantes, celle qui m'a le plus marquée reste sans doute l'interview avec Elise Lucet dans un journal télévisé, c'est là que le spectateur s'approche le plus de la personnalité d'Irène Frachon : une femme, une mère, un médecin, proche des gens, de ses patients, humaine tout simplement.


Le scandale du Mediator n'est aujourd'hui pas achevé mais malheureusement ses victimes, pour celles qui sont toujours en vie, en payent tous les jours le prix.
En novembre 2010, la CNAM a confirmé officiellement le chiffre de 500 morts liées au Mediator, une étude estime que ce médicament pourrait entraîner de 500 à 1 000 morts, voire plus.
Nous, patients, sommes donc bien peu de choses face à l'appétit financier de l'industrie pharmaceutique et au silence et à l'aveuglement coupables des autorités de santé censées nous protéger.
Il est plus que temps que cela cesse.


Film engagé et coup de poing, "La fille de Brest" est certainement l'une des œuvres les plus marquantes de cette fin d'année au cinéma, je conseille bien évidemment d'aller le voir.


     
     




Walking Dead Tome 18 Lucille... de Robert Kirkman et Charlie Adlard


La mort de Glenn a été un grand traumatisme pour tous. À sa suite, Rick, qui n'est plus le chef de la communauté, semble accepter sa soumission à Negan, un choix également assumé par Michonne. Rick ne bronche pas quand le tueur revient l'humilier une nouvelle fois. Mais qu'en est-il de Carl ? Celui-ci a échappé à la surveillance de son père, demeure caché et armé d'un fusil. (Delcourt)

Après avoir fait la connaissance de Lucille, la batte de baseball de Negan, dans le précédent tome et les dégâts qu'elle pouvait faire, il était temps de lui consacrer un tome, à elle et à son propriétaire.
Finalement, Rick décide de ne pas se laisser faire et agit par ruse, en faisant croire à tout le monde qu'il a décidé qu'il valait mieux se soumettre : "Ils doivent croire qu'on a peur. Qu'on se soumet. Qu'on n'a pas l'intention de se venger. Ils doivent penser qu'ils nous tiennent. Qu'on a abandonné.", pour pouvoir mieux enfumer Negan et le renverser.
Il faut dire que c'est la première fois que quelqu'un décide de réagir ainsi face à Negan, comme lui dit Jésus : "Il a des règles de taré, mais si on les suit, il est raisonnable ... la plupart du temps.", mais ce dernier en a aussi assez et décide de faire rencontrer à Rick le chef d'une autre communauté : "Je crois qu'il est temps de te présenter Ézéchiel."
Ce dernier s'est auto-proclamé roi et a pour animal de compagnie un tigre, voilà un nouveau personnage que le lecteur va découvrir dans ce tome.
Outre l'arrivée de ce nouveau personnage, l'autre événement majeur de ce tome est la fuite de Carl qui échappe à la vigilance de son père et embarque clandestinement dans le camion de Negan.
Bien entendu il est démasqué à l'arrivée mais plutôt que de le tuer, Negan va au contraire sympathiser avec lui (enfin, comme Negan pourrait sympathiser avec quelqu'un).
Mais cela pourrait aussi se révéler un atout pour le groupe de Rick, car Carl va découvrir l'endroit où vit Negan, quel est son mode de vie, plutôt choquant, et combien ils sont et de quelles armes ils disposent ... .

Ce dix-huitième tome est clairement riche en révélation de tout genre concernant des personnages nouvellement arrivés.
Tout d'abord, c'est la première fois que le lecteur va découvrir le visage de Carl après son accident, et autant dire que ce n'est pas joli-joli à contempler (pour rappel cet accident a valu à Carl de perdre, au sens littéral du terme, un œil ainsi qu'une partie du visage).
Mais il va aussi découvrir un peu plus personnage de Negan, très inquiétant, ainsi que celui du Roi Ézéchiel.
Le mode de vie de Negan n'a pas été sans me rappeler l'univers de "Sin City", personnage qui bénéficie souvent de gros plan, cela accentuant son côté fou, dangereux et imprévisible.
C'est quelqu'un de dynamique et de violent, cela se ressent très bien à l'image.
Le graphisme est très vivant, encore plus que précédemment, donnant ainsi lieu à de grandes scènes d'action, dont certaines occupent même des doubles pages, à des bulles assez grandes permettant de donner un maximum de détail sur les différents endroits de l'action : Alexandria, La Colline et le repère de Negan.
C'est une des particularités de ce tome, l'action se déroule sur plusieurs endroits et cela permet surtout de voir comment, un peu plus d'une année après le début du phénomène qui a considérablement réduit la population terrestre, les personnages, y compris les enfants, ont choisi de prendre leur destin en main et de mener leur vie : certains ont choisi de dominer les autres, de les écraser, de les soumettre à toutes leurs volontés, certains ont ainsi été réduits à un état de quasi esclavage, d'autres ont décidé de subsister par leurs propres moyens (mais ceux-là ont un espérance de vie plutôt courte), tandis que d'autres ont fait le choix de résister, à l'image du groupe de Rick.
Ce personnage a beaucoup mûri par rapport au début et semble aujourd'hui avoir trouvé un équilibre, aussi bien dans sa vie personnelle avec Andrea que dans ses relations avec les autres personnes.
Outre le rebondissement final, je retiens surtout une très belle scène entre Andrea et Michonne dans laquelle cette dernière confesse qu'elle ne se reconnaît plus et qu'elle a de plus en plus de mal à supporter son mode de vie, ayant l'impression d'être un robot tuant sans cesse avec son sabre.
Je trouve que cette scène résume assez bien l'évolution des personnages et la façon dont ils ont mûri, ainsi que la façon dont ils ont été affectés par les événements.

"Lucille ..." est un dix-huitième tome glaçant qui laisse présager de nouvelles sombres heures dans la décidément excellente série "Walking Dead" qui ne cesse de se renouveler et d'amener son lot de surprises.

samedi 26 novembre 2016

Les animaux fantastiques (Fantastic Beasts and Where to Find Them) de David Yates

     
     

New York, 1926. Le monde des sorciers est en grand danger. Une force mystérieuse sème le chaos dans les rues de la ville : la communauté des sorciers risque désormais d'être à la merci des Fidèles de Salem, groupuscule fanatique des Non-Maj’ (version américaine du "Moldu") déterminé à les anéantir. Quant au redoutable sorcier Gellert Grindelwald, après avoir fait des ravages en Europe, il a disparu… et demeure introuvable. 
Ignorant tout de ce conflit qui couve, Norbert Dragonneau débarque à New York au terme d'un périple à travers le monde : il a répertorié un bestiaire extraordinaire de créatures fantastiques dont certaines sont dissimulées dans les recoins magiques de sa sacoche en cuir – en apparence – banale. Mais quand Jacob Kowalski, Non-Maj’ qui ne se doute de rien, libère accidentellement quelques créatures dans les rues de la ville, la catastrophe est imminente. Il s'agit d'une violation manifeste du Code International du Secret Magique dont se saisit l'ancienne Auror Tina Goldstein pour récupérer son poste d'enquêtrice. Et la situation s'aggrave encore lorsque Percival Graves, énigmatique directeur de la Sécurité du MACUSA (Congrès Magique des États-Unis d'Amérique), se met à soupçonner Norbert… et Tina. 
Norbert, Tina et sa sœur Queenie, accompagnés de leur nouvel ami Non-Maj’ Jacob, unissent leurs forces pour retrouver les créatures disséminées dans la nature avant qu'il ne leur arrive malheur. Mais nos quatre héros involontaires, dorénavant considérés comme fugitifs, doivent surmonter des obstacles bien plus importants qu’ils n’ont jamais imaginé. Car ils s'apprêtent à affronter des forces des ténèbres qui risquent bien de déclencher une guerre entre les Non-Maj’ et le monde des sorciers. (AlloCiné)


Je me suis mise à lire "Harry Potter" sur le tard, ma première expérience ne m'avait pas trop enthousiasmée, ayant acquis un livre de la saga en Anglais (c'est ça aussi de commencer par le tome 3), puis finalement j'ai laissé passer un peu de temps et j'y suis revenue, avec plus de plaisir (toujours en Anglais, j'ai désormais envie de les découvrir en Français).
Quand les livres ont été adaptés au cinéma je ne suis pas non plus allée les voir, j'ai attendu qu'ils passent à la télévision pour les découvrir et là encore, j'ai mis du temps à apprécier les deux premiers opus.
Je n'avais rien lu sur le monde de la magie depuis plusieurs années (y compris "Les animaux fantastiques"), pourquoi donc suis-je allée voir ce film ?
Tout simplement parce que j'ai trouvé la bande annonce très alléchante, et que la présence d'Eddie Redmayne était un gage de casting réussi.
Les personnes à qui je dis avoir vu ce film me posent toutes la même question : mais comment une histoire a-t-elle pu être créée à partir d'un si petit livre qui ne fait qu'énumérer des créatures ?
Je ne m'appelle pas J. K. Rowling, mais je rassure les personnes : oui, il y a bien une histoire et pas uniquement un défilé de créatures plus ou moins étranges; le livre n'est qu'une base qui a servi à J. K. Rowling de développer l'histoire de Norbert Dragonneau.


Nous sommes donc en 1926 et Norbert Dragonneau (Eddie Reydmane) vient de débarquer à New York, ville secouée par d'étranges attaques qui inquiètent au plus haut point le monde des sorciers.
Ces derniers craignent que le redoutable sorcier Gellert Grindewald soit derrière ces attaques dans le seul but de déclencher une guerre entre les sorciers et les Non-Maj' (les moldus, vous et moi en l’occurrence).
Norbert n'a aucune idée du contexte dans lequel il débarque, lui il vient avec une étrange valise qui contient des créatures plus ou moins farceuses (ah l'inénarrable niffleur de Norbert, il va vous faire passer de bons moments, mon gros coup de cœur du film) et plus ou moins dangereuses.
Son seul souci va être de croiser la route d'un Non-Maj, Jacob Kowalski (Dan Fogler), et de mélanger sa valise avec la sienne.
Jacob va donc libérer sans le savoir, mais en en faisant les frais, quelques animaux fantastiques de la valise de Norbert.
Voilà une violation en bonne et du forme du Code International du Secret Magique dont va se saisir l'ancienne Auror Tina (Porpentina) Goldstein (Katherine Waterston), dans le but de récupérer son ancien poste au MACUSA (l'équivalent du Ministère de la Magie aux Etats-Unis).
Cette dernière va toutefois aidée Norbert à récupérer ses animaux, accompagnée de sa belle et si spéciale sœur Queenie (Alison Sudol), une légilimens, ainsi que du brave Jacob.
Dans le même temps, le directeur du département de la Justice magique du MACUSA, Percival Graves (Colin Farrell), enquête sur les divers événements qui secouent New York et le monde des sorciers.


Difficile de résumer de façon très synthétique le pitch du film, comme vous avez pu le constater il y a beaucoup de personnages, beaucoup de situations qui finissent par se croiser les unes avec les autres.
C'est là la première bonne surprise de ce film, le scénario est extrêmement riche et il n'est finalement pas si étonnant que cela d'entendre que la franchise va finalement se décliner en cinq films au lieu de trois.
Il y a matière à créer de nouveaux scénarios, des rebondissements, et d'introduire de nouveaux personnages.
Je suis même un peu surprise que J. K. Rowling ait décidé de garder dans un coin de sa tête cette histoire plutôt que de la sortir en livre, car je suis sûre que le roman aurait rencontré un grand succès.
Mais l'avantage indéniable du film, c'est qu'il permet de mettre des images sur toutes ces créatures, et autant dire qu'il y en a beaucoup.
Voilà l'autre très belle surprise de ce film, il est très beau visuellement et parfaitement réussi au niveau des effets spéciaux (à titre informatif, je l'ai vu en 3D et c'est à mon avis un petit plus).
David Yates n'est pas un inconnu de la saga "Harry Potter", on lui doit les quatre derniers films de cette série et il faut dire qu'ils sont particulièrement bien réussis.
Celui-ci ne fait pas exception à la règle, la mise en scène est impeccable et il est fort heureux que J. K. Rowling ait participé à l'écriture du scénario, il y a beaucoup de rebondissements et le spectateur est mené en bateau sur un point bien particulier de l'intrigue (en tout cas pour ma part je me suis laissée influencer par çe qui me paraissait évident).


Il y a beaucoup de choses à dire sur ce film, et que du positif.
Tout d'abord, j'y ai trouvé une noirceur que l'on retrouve dans les derniers tomes de la saga "Harry Potter", si cet état est particulièrement présent et assumé dans les livres c'était moins le cas dans les films, ici au contraire il y a beaucoup d'aspects sombres dans le scénario et pour certains personnages.
Il ne s'agit en plus que d'un premier volet, à mon avis cela va être développé encore plus dans les autres films de cette nouvelle franchise.
Avant Voldemort le spectateur découvre qu'il y avait déjà des mages noirs avec de sombres destins pour le monde des sorciers et des humains.
Il est beaucoup question de Grindewald mais finalement le spectateur n'a que peu d'informations sur ce personnage, d'ailleurs j'ai un peu eu l'impression que l'histoire était tellement complexe qu'il y a eu quelques coupes dans la version présentée dans les salles obscures.
A voir si la version Blu-Ray/DVD comprendra des scènes coupées.
J'ai particulièrement apprécié que le scénario mette en personnage principal un Non-Maj en la personne de Jacob.
Voilà un personnage très touchant, comme les personnages sorciers je me suis beaucoup attachée à lui et j'ai énormément apprécié que pour la première fois dans la franchise les sorciers se mêlent avec un moldu, allant même jusqu'à lui faire confiance.
En somme, c'est la première fois qu'un moldu est un personnage principal d'une intrigue de cette saga.
L'autre personnage touchant, qui entretient d'ailleurs une relation toute particulière avec Jacob, c'est Queenie, la soeur de Tina. Contrairement à sa sœur elle n'occupe pas un poste très important, mais elle possède un don fabuleux et sait voir au-delà des apparences.
Sous son allure de très jolie femme fragile elle est sans doute plus forte qu'elle n'y paraît et j'espère qu'elle sera un peu plus présente dans les autres films.
A l'image de Jacob, c'est un personnage qui a un grand cœur et qui gagne à être connu.
Il y a également des personnages plus sombres et torturés, pendant un certain temps j'ai même fait de nombreuses spéculations sur le lien entre eux, les événements et la quête de Norbert.
Mais au milieu de toute cette noirceur il y a également des moments drôles et tendres, un véritable régal.
Enfin, je dirai quelques mots sur le personnage de Norbert Dragonneau dont finalement le spectateur ne sait que peu de choses.
Lui aussi est un personnage ouvert d'esprit qui va peu à peu s'habituer à fréquenter d'autres êtres humains alors qu'auparavant il passait beaucoup de temps avec ses animaux fantastiques (stockés dans une valise, ce qui donne lieu à quelques scènes cocasses). 
J'aime la relation qu'il met en place avec Jacob ainsi que le jeu du chat et de la souris avec Tina, là aussi un personnage qui mérite d'être exploré beaucoup plus dans les prochains films.
Si je connaissais Eddie Reydmane, qui est comme à son habitude excellent dans son rôle et très juste dans son interprétation, il n'en allait pas de même avec les autres acteurs.
Qu'importe car au final j'ai trouvé le casting tout simplement excellent.
Un dernier point concernant la musique, j'ai beaucoup apprécié la recherche d'un nouveau thème musical pour s'éloigner de celui de Harry Potter.


Faut-il se précipiter voir "Les animaux fantastiques" dans les salles obscures ?
Sans aucune hésitation oui, car ce film est non seulement divertissant mais également très réussi visuellement et riche de pleins de détails ainsi que d'une trame narrative captivante, bref, un très bon moment de cinéma qui ravira petits et grands.
Un conseil toutefois, éviter d'aller au cinéma avec bagues, colliers et autres bijoux, car sinon gare à vos biens précieux si vous croisez le chemin du charmant niffleur sur l'image juste au-dessus !


     
     

     
     

     
     

     
     

     
     

mercredi 23 novembre 2016

Old Pa Anderson de Hermann et Yves H.


Etat du Mississippi, années 60. Toute sa vie, Anderson a courbé l'échine. Sa petite fille a été assassinée il y a quelques années. Le vieux Noir sait depuis toujours que les coupables sont des Blancs et que la justice ne les retrouvera jamais. Mais hier, la femme d'Anderson est morte de vieillesse. Et aujourd'hui, il n'a plus rien à perdre. (Le Lombard)

Old Pa Anderson traîne sa vie de misère depuis que sa fille est morte en couches et que sa petite fille a mystérieusement disparu, sans doute assassinée, il y a quelques années.
Dans les années 50/60, la ségrégation est bien présente dans les états du Sud et comme le dit un ami à Old Pa : "On n'est juste que des nègres du Mississippi.", il n'y a donc pas eu d'enquête, pas d'arrestation, pas de justice.
Mais voilà qu'Old Ma, sa femme, décède.
Old Pa décide alors qu'il n'a plus rien à perdre et qu'il est temps pour lui de savoir la vérité sur la disparition de sa petite fille, et enfin la venger.

Non seulement ce n'est pas la première collaboration entre Hermann et Yves H. pour la collection Signé, j'ai notamment lu "Station 16", mais c'est écrit en famille car Yves H. de son vrai nom Yves Huppen, est tout simplement le fils de Hermann, de son nom entier Hermann Huppen.
Ce qui m'a attirée vers cette bande dessinée est en premier lieu l'histoire, javais très envie de lire un récit sur cette période de l'histoire Américaine, qui plus est pour une fois sous forme de bande dessinée; et dans un second temps quand j'ai vu les auteurs je savais qu'il y avait peu de chance que je sois déçue.
Le scénario, signé Yves H., a tenu toutes ses promesses, j'ai beaucoup aimé cette histoire de vengeance sous fond d'Amérique ségrégationniste.
Le personnage d'Old Pa touche forcément le lecteur, il a beaucoup de détresse en lui, mais il finit aussi par forcer son respect car il ne recule devant rien pour se venger et ose braver des interdits de l'époque, comme se promener dans le quartier des blancs : "Les gens d'ici n'aiment pas voir des noirs dans le quartier le soir.". C'est de toute façon un homme désespéré qui ne tient plus à la vie et qui décide de faire un baroud d'honneur avant de passer l'arme à gauche.
Même si la fin est prévisible : "Ici, c'est le Mississippi, mon révérend. Et le Mississippi règle ses affaires à sa façon.", elle est particulièrement dure mais au moins j'ai eu le sentiment qu'Old Pa avait accompli son devoir.
Quant aux dessins, par Hermann, ils ne m'ont pas toujours convaincue.
Je ne suis pas particulièrement fan de son style mais ce n'est pas ce que je leur reproche, disons qu'ils manquant de nuance et que les traits des visages ont tendance à être les mêmes pour tous les personnages masculins.
Il faut dire que les nuances de couleur sont plutôt claires ou alors très sombres pour les scènes nocturnes, cela n'aide pas à différencier les protagonistes.
Cela m'a un peu gênée, d'autant que j'ai trouvé certains traits de visages un peu trop caricaturaux.
A contrario, j'ai trouvé certaines scènes très belles et très réalistes, comme cette chasse à l'homme dans les bois en pleine nuit.
Parfois les dessins et la mise en couleur contribuaient à l'atmosphère générale de cette bande dessinée, à quelques autres moments j'ai été gênée dans ma lecture pour être sûre que je ne me trompais pas de personnage.
Je terminerai sur le dossier de postface qui explique de façon synthétique la ségrégation et les implications des lois Jim Crow, le tout accompagné de témoignages dont certains font froid dans le dos, d'autant plus quand on se dit que c'était seulement il y a moins de cinquante ans, hier en somme, et que même aujourd'hui la ségrégation persiste dans certaines zones des Etats-Unis.

"Old Pa Anderson" est une triste bande dessinée qui aborde d'une belle façon la ségrégation dans le Sud des Etats-Unis, une collaboration père-fils intéressante dans la décidément excellente collection Signé des éditions Le Lombard.

mardi 22 novembre 2016

Walking Dead Tome 17 Terrifiant de Robert Kirkman et Charlie Adlard


Après leur visite de La Colline, Rick, Glenn, Michonne, Andrea et Carl décident de retourner à Alexandria. En route, les événements se précipitent lorsqu'ils doivent faire face aux hommes du redoutable Negan. Instinctivement, Rick réagit et envoie un message clair à l'ennemi : ils n'accepteront pas la défaite sans se battre. Message bien reçu. La réponse de Negan ne se fait pas attendre. (Delcourt)

Tout semblait s'annoncer sous les meilleures auspices pour Rick et sa communauté à Alexandria, après une visite à la communauté de La Colline, mais voilà que sur le chemin du retour les événements se précipitent lorsqu'ils doivent faire face à un groupe d'hommes.
Ils ne le savent pas encore, mais il s'agit des hommes de Negan, un redoutable ennemi qui va bientôt venir rendre une petite visite à la communauté d'Alexandria pour y dicter sa loi : "La moitié de tout ce que tu as. Si c'est trop, fais-en plus. Trouves-en plus, voles-en plus. Ta vie, ça sera ça, maintenant. Plus tu résisteras, plus ce sera dur. La prochaine fois qu'on toque à la porte, laisse-nous entrer, bordel. Ta porte, elle est à nous. Tente de nous arrêter et on la défonce, ta putain de porte. C'est compris ?".

Dans ce tome de la série "Walking Dead" un nouvel ennemi appraît : Negan, je pensais que les personnages avaient connu le pire avec le Gouverneur et bien je me trompais car il n'en est rien, ce Negan s'avère être encore plus redoutable, rusé, retors.
Tant qu'à nous présenter un nouveau personnage, le lecteur va aussi faire connaissance avec son arme, sa batte de baseball baptisée Lucille, dont le prochain tome porte d'ailleurs le nom.
Il y a beaucoup de violence dans ce tome, après une période d'accalmie, et Rick commence à douter sérieusement et se remet une nouvelle fois en cause : "Rick ce n'est pas ta faute quand quelqu'un meurt. Mais c'est grâce à toi si on est tous encore vivants.".
Il faut dire que Negan et ses hommes n'y vont pas par quatre chemins et n'hésitent pas à donner une bonne leçon au groupe de Rick en massacrant au hasard un membre du groupe, Glenn en l'occurence, dans une scène particulièrement sanglante.
On sent que la communauté d'Alexandria pourrait voler en éclat très vite si Rick ne se ressaisit pas et ne trouve pas une solution au problème Negan : "J'ai cru qu'on pourrait vaincre ces "sauveurs". J'avais tort.".
J'ai noté dans ce tome une dimension religieuse forte, déjà avec une scène d'ouverture dans une église avec un prêche, mais aussi une opposition marquée du bien et du mal, avec un personnage surnommé Jésus, un autre nommé Ézéchiel, prophète de l'Ancien Testament, tandis que Negan représente l'Enfer et les péchés.
Il est aussi question de communautés pour désigner les différents groupes, cet aspect religieux n'était pas aussi prononcé dans les précédents tomes mais à partir de celui-ci c'est désormais une ligne sous-jacente à l'intrigue.
Si Robert Kirkman ne cesse de renouveler son scénario, il en va de même pour Charlie Adlard qui offre de très belles planches avec beaucoup d'actions, dont certaines sont des pages pleines.

Ce dix-septième tome de la série "Walking Dead" porte bien son nom, "Terrifiant", car de la terreur il y en a dans ce tome avec l'arrivée en scène de Negan, un nouveau cycle vient donc de débuter dans cette série.

samedi 19 novembre 2016

Ella Mahé Tome 4 La couleur des dieux de Maryse et Jean-François Charles et Christophe Simon


Ella Mahé, jeune restauratrice de manuscrits anciens, un peu rêveuse, un peu gaffeuse, pérégrine dans le désert en compagnie de Thomas Reilly, à la recherche de la couleur des dieux. Notre belle héroïne n'est pas insensible au charme du jeune homme, mais elle réalise que celui qu'elle prenait pour un égyptologue érudit s'est servi d'elle, et pire, qu'il lui a menti. Thomas Reilly n'est pas celui qu'il prétend être ! (Glénat)

Le lecteur avait laissé Ella en compagnie de Thomas Reilly à sillonner le désert à la recherche de la fameuse couleur des dieux : "Une nouvelle couleur ! C'est comme l'éternité, personne ne peut l'imaginer !".
Mais en chemin, Ella se rend non seulement compte qu'elle éprouve des sentiments pour Thomas mais aussi qu'il n'est peut être pas celui qu'il prétend, voire même qu'il la manipule depuis le début pour parvenir à ses fins.

Ce dernier tome est l'occasion de découvrir la vérité sur Thomas Reilly mais surtout sur la princesse des sables, cette Égyptienne avec qui Ella partage des points communs malgré les siècles les séparant.
Il était temps d'apprendre qui était cette demoiselle et quelles étaient ses origines, car les auteurs avaient bien su se garder de trop en dévoiler lors des trois premiers tomes.
C'est une histoire assez touchante que celle de cette princesse née de la famille royale, qui dut la fuir et vivre dans un village du désert, et qui jamais tout au long de sa vie n'eut de nom, quand on sait l'importance que les Égyptiennes antiques accordaient à la dénomination de chacun : "Comment, s'il lui arrivait malheur, pourrait-elle se faire connaître des dieux ? Alors ils l'avaient appelée "Princesse des sables".".
Ella va enfin connaître la vérité sur cette femme, dont elle est peut être la réincarnation : "Elle avait des dons incroyables de guérisseuse et des yeux vairons comme les vôtres. La légende raconte qu'un jour elle traversera le désert et reviendra parmi nous.".
Une nouvelle fois, le graphisme de la partie de l'histoire concernant la princesse des sables a été confiée à une tierce personne, ici Christophe Simon.
Ce dernier a su s'adapter au style de Jean-François Charles, si bien que la différence n'est pas aussi nette que dans les trois précédents tomes.
Le graphisme est une nouvelle fois de toute beauté et j'ai beaucoup aimé cette conclusion, la série toute entière pour être honnête.
Maryse et Jean-François Charles se sont documentés auprès d'un égyptologue pour bâtir leur histoire, cela se voit car il n'y a aucune fausse note tout au long de la série et j'ai pris beaucoup de plaisir à voyager dans ce pays avec Ella ainsi qu'à travers le temps.
Je ne sais si je suis frustrée ou satisfaite du parti pris des auteurs de ne jamais dévoiler cette couleur des dieux dont il est si souvent question au cours de l'histoire, toutefois elle a bien éveillé ma curiosité ainsi que celle des personnages : "C'est un fait que cette couleur fait rêver et qu'elle aura suscité bien des convoitises ! Oui, l'Egypte n'a pas encore livré tous ses secrets.".
D'ailleurs je me demande, en tout cas j'espère, si les auteurs ont prévu un deuxième cycle, car je dois reconnaître que la fin de celui-ci est quelque peu frustrante et laisse la prote ouverte à un nouveau cycle.

Une nouvelle fois j'ai pu constater tout le talent de Maryse et Jean-François Charles ainsi que l'alchimie qui existe entre eux à travers l'histoire palpitante d'Ella Mahé, une belle bande dessinée que je recommande.

jeudi 17 novembre 2016

Ella Mahé Tome 3 Celle qui n'a pas de nom de Maryse et Jean-François Charles et Brice Goepfert


Après avoir été enlevée par un mystérieux individu, Ella Mahé se réveille dans la cabine d'un bateau amarré dans le port d'Ismaïlia. Cherchant à s'enfuir, elle tombe nez à nez avec Thomas Reilly : c'est lui qui l'a sortie des griffes de son kidnappeur, qui n'est autre que l'homme au t-shirt Camel, celui-là même qui les suit depuis la visite du site d'Abou Simbel. Ella Mahé et Thomas Reilly sont tous les deux à la recherche de la tombe de la princesse aux yeux vairons. Ils décident d'unir leurs efforts et prennent ensemble la route du monastère Sainte-Catherine. (Glénat)

Après avoir été kidnappée, Ella se réveille dans un bateau et y découvre Thomas Reilly.
Ce dernier l'a sorti des griffes de son kidnappeur, ils décident d'unir leur force pour en apprendre plus sur la princesse qui n'a pas de nom et prennent la route du monastère Sainte-Catherine.
Là un moine n'est pas surpris d'apprendre la raison de leur venue : "Curieuse histoire que cette princesse aux yeux vairons comme les vôtres, jeune fille ! Imaginez ce que cette particularité représentait dans l'Egypte ancienne ! Mais ce qui est le plus inquiétant, c'est cette chose païenne venue d'un autre monde. La couleur des dieux, comme l'appelait Ascelin d'Aiguilliers. Que de convoitises ... Que de machinations pour tenter de la découvrir, de la posséder ... L'histoire commence au Moyen Âge.", mais voilà, ils ont été devancés et un moine a été agressé.
Fort heureusement, ce dernier est encore en vie et se souvient par coeur du manuscrit qui lui a été dérobé, celui d'Ascelin d'Aiguilliers, moine hospitalier dont le chemin a croisé celui du tombeau de la princesse qui n'a pas de nom et du mystère qui s'en échappe, cette couleur qui s'en dégage et n'existe nulle part ailleurs : "Cette couleur ne peut pas exister ! Un don des dieux ?! Plutôt un don du diable, oui !".

Alors là, c'est un bond dans le passé encore plus grand que propose ce troisième tome de la série "Ella Mahé".
Pour la partie moderne, le scénario est toujours signé par Maryse et Jean-François Charles et les dessins par ce dernier; pour la partie historique le dessin est de Brice Goepfert et la mise en couleurs de Bruno Wesel.
Si le changement de dessinateur ne me gêne pas, j'avoue que la mise en couleurs m'a quelque peu dérangée, pourtant c'est Bruno Wesel qui s'était déjà chargé de celle-ci lors du précédent tome et j'ai assez vite reconnu le style.
Je lui reproche d'être un peu trop prononcé, j'aurai aimé quelque chose d'un peu moins vif et d'un peu plus patiné par le temps mais ceci n'est que mon ressenti personnel.
Pour en revenir à l'histoire, le destin du moine Ascelin d'Aiguilliers est particulier et mouvementé, il doit la vie à la bonté de certains hommes alors qu'il était venu pour massacrer ces mêmes hommes, et en passant du temps à leurs côtés il va se rendre compte qu'ils sont comme lui, des êtres humains, ni plus ni moins : "Toutes les valeurs que l'on m'avait inculquées et auxquelles j'avais cru étaient en train de vaciller. Pour la première fois, je ressentais que la foi en Dieu ne pouvait qu'être indissociable du respect témoigné envers les hommes, envers tous les hommes.".
Ce personnage va connaître une évolution personnelle fort intéressante et à l'encontre de son époque, lui aussi va croiser le tombeau de la princesse des sables et ceci va le marquer à jamais, à tel point qu'il en écrira le récit au monastère Sainte Catherine mais ses écrits resteront confinés "en enfer".
Non seulement il va évoluer au contact d'autres personnes mais la princesse va aussi l'influencer : "Tout comme la princesse qui n'avait pas de nom, j'avais pris certaines libertés avec mon devoir d'obéissance et même avec les dogmes que l'on m'avait enseignés. Et paradoxalement, ma foi s'en était trouvée grandie, de même que mon amour du prochain.".
Ce troisième tome est une excellente passerelle entre le précédent et le dernier, il présente de façon plus formelle le mystère du tombeau de la princesse sans nom, cette fameuse couleur des dieux indéfinissable dont le lecteur n'a aucun aperçu, libre à lui d'imaginer ce que cela peut bien être.

"J'aurais pu rentrer par la route, mais m'accorder quelques jours en tête à tête avec lui me tentait ... Et puis, j'avais toujours eu l'art de me fourrer dans tous les guêpiers ...", ce sont sur ces derniers mots d'Ella Mahé que se conclut se troisième tome, et vite, en route pour le quatrième et dernier !

mercredi 16 novembre 2016

Ella Mahé Tome 2 Princesse des sables de Maryse et Jean-François Charles et Francis Carin


Ella Mahé se remet doucement du départ de ce mufle de Thomas Reilly. Après avoir pérégriné quelques jours en touriste, il est temps pour elle de se souvenir qu'elle est en Égypte à l'invitation du musée du Caire. Son conservateur, séduit par l'expertise française en matière de restauration de manuscrits anciens, la prie de se rendre à Ismaïlia, la perle du canal de Suez, pour apporter ses bons soins à une réserve précieuse d’ouvrages. Sur la route qui relie Le Caire à Ismaïlia, Ella Mahé est fascinée par les paysages traversés, comme si elle y avait vécu. (Glénat)

Dans ce second tome, le lecteur retrouve Ella Mahé seule : "J'avais préféré m'abstenir de visiter la nécropole thébaine par crainte de croiser à nouveau ce mufle de Thomas Reilly qui m'avait dit participer à des fouilles dans la Vallée des Reines.", sur le point de prendre son poste au musée du Caire.
Sa première mission consiste à restaurer des manuscrits en rapport avec la construction du canal de Suez au musée d'Ismaïlia.
Au cours de son travail et en fouillant dans la bibliothèque, Ella Mahé trouve le récit de l'ingénieur Français Frédéric Labadie qui a supervisé les travaux en 1864.
Et là, quelle n'est pas sa surprise d'y découvrir que les travaux ont été retardés par plusieurs sabotages dont l'explication est fournie à Frédéric Labadie par l'un des ouvriers : à l'endroit même où l'ingénieur veut faire sauter la roche à l'explosif se trouve le tombeau d'une princesse antique à laquelle les habitants rendent toujours hommage : "Au village on l'appelait "La princesse des sables". Elle avait des talents de guérisseuse et des pouvoirs magiques. Elle avait aussi une particularité : ses yeux n'étaient pas de la même couleur. L'un était bleu et l'autre noir.".
C'est ainsi qu'Ella Mahé recroise la route de la mystérieuse princesse aux yeux vairons comme elle.

Ce deuxième tome est aussi réussi que le premier, cette fois-ci l'intrigue moderne y prend moins de place et la majorité de l'histoire est consacrée à Frédéric Labadie.
Cette partie a été confiée au dessinateur Francis Carin, dont j'ai apprécié le trait de crayon et qui a su redonner vie à cette période importante de l'histoire de l'Egypte.
Le personnage de Frédéric Labadie est intéressant, né d'un père Français et d'une mère Egyptienne il partage les deux cultures mais surtout celle Egyptienne.
C'est pourquoi les hommes du chantier finissent par lui faire confiance et lui avouer la raison pour laquelle ils ne cessent de saboter le chantier.
Plutôt que de se fâcher, Frédéric Labadie comprend la fascination qu'exerce cette princesse à l'occasion de la visite de son tombeau et du mystère qu'il renferme : "Un présent des dieux, monsieur Labadie.", et c'est Clara, une jeune journaliste dont il est tombé amoureux, qui va lui suggérer l'idée de déplacer l'intégralité du tombeau plutôt que de le détruire : "Ce qui importe, c'est de trouver une nouvelle sépulture pour la princesse.".
Ella Mahé comprend alors que le tombeau de la princesse n'est plus dans son lieu d'origine qui est aujourd'hui recouvert par le canal de Suez.
Le scénario est toujours aussi bien construit, je ne m'attendais pas à ce que l'intrigue remonte jusqu'au 19ème siècle, ce fut une belle surprise.
Quant au graphisme, il est toujours aussi beau et constitue l'un des attraits majeurs de cette série.

"Princesse des sables" est un très bon deuxième tome de la série "Ella Mahé" dont la fin ne donne qu'une envie : se précipiter sur le troisième.

mardi 15 novembre 2016

Ella Mahé Tome 1 La fille aux yeux vairons de Maryse et Jean-François Charles et André Taymans


Elle s’appelle Ella, Ella Mahé. Restauratrice de manuscrits anciens, elle profite d’une commande du musée du Caire pour visiter quelques-uns des hauts lieux historiques de l’Égypte ancienne. Sur le site d’Abou Simbel, elle rencontre Thomas Reilly, archéologue, petit-fils d’Henry Reilly, qui mit à jour dans les années 20, avec l’équipe de Howard Carter, la tombe de Toutankhamon. Marchant dans les pas de son grand-père, Thomas recherche la tombe d’une princesse de la 18e dynastie. Cette princesse sans nom avait une particularité physique peu commune : des yeux vairons, l’un noir, l’autre bleu. Tout comme ceux d’Ella Mahé. (Glénat)

Ella Mahé est restauratrice de manuscrits anciens, à l'occasion d'un travail pour le musée du Caire elle en profite pour découvrir, pour la première fois, l'Egypte et ses sites archéologiques historiques.
Dans l'avion vers Abou Simbel elle rencontre Thomas Reilly, petit-fils de Henry Reilly qui participât à la découverte du tombeau de Toutankhamon.
Lui recherche une mystérieuse princesse connut sous le nom de "Celle qui n'a pas de nom" qui partage deux points communs avec Ella Mahé : elles sont aussi maladroites l'une que l'autre et elles ont les yeux vairons : "Aucun trait n'était représenté sur le visage, hormis des yeux vairons, comme les miens.".
Mais Thomas finit par disparaître et Ella se retrouve seule avec le carnet de son grand-père dont elle découvre alors l'histoire et la quête pour cette mystérieuse princesse Egyptienne.

Après la magnifique série "War and Dreams" et celle envoûtante et exotique d' "India Dreams", j'ai décidé de découvrir une nouvelle série signée du couple Maryse et Jean-François Charles.
Il faut dire que dès ma première lecture je suis tombée sous le charme du graphisme, des dessins et de la mise en couleur sous forme d'aquarelles.
La série "Ella Mahé" est un peu plus particulière car le couple Charles a décidé de faire une série chorale courte : quatre tomes la composent, ils ont été publiés volontairement sur un an afin de ne pas traîner dans le temps; mais aussi de faire appel pour chaque tome à un autre dessinateur.
Pourquoi ce partage ?
Tout simplement parce que Jean-François Charles s'est réservé les dessins consacrés au récit présent d'Ella Mahé tandis que chaque dessinateur invité a dessiné la partie centrale de chaque tome faisant revivre un épisode du passé, toujours en lien avec le présent et les aventures d'Ella Mahé.
André Taymans signe donc les planches retraçant le parcours de Henry Reilly, un choix intéressant car son style tranche avec celui de Jean-François Charles.
Le scénario, signé par Maryse et Jean-François Charles, est astucieux car il aiguise la curiosité et n'en dévoile pas trop, la fin de ce premier tome est en tout cas pleine de mystère et soulève plus de questions qu'elle n'apporte de réponse.
Le personnage d'Ella Mahé est une jeune femme attachante qui a décidé de ne plus succomber à la tentation de l'amour : "Moi, les histoires d'amour, ça me laisse indifférente ! Il n'y a que dans les contes de fée qu'elles se terminent bien !", mais qui va pourtant craquer pour le beau et mystérieux Thomas Reilly.
La pauvre jeune femme n'est pas au bout de ses surprises, et l'histoire n'est qu'à son commencement car ce premier tome sert à faire sa connaissance et plante le contexte historique et le mystère qui entoure la vie et la mort de cette mystérieuse princesse Égyptienne.
La partie historique est également très bien faite, même si le style est différent cela ne choque pas et s'insère bien dans l'ensemble.
Il est ici question de la grande époque des fouilles archéologiques dans les années 20, Henry Reilly est un passionné qui va devoir sacrifier beaucoup pour peu de choses, mais il consacrera sa vie à rechercher des traces de la mystérieuse princesse dont il n'a fait qu'entrapercevoir le tombeau, ce qui lui a valu des déboires : "Sous ton terrain de fouilles, il y a une cachette. Tu dois abandonner tes recherches ou tu mourras à ton tour.".
L'Egypte antique est une de mes périodes préférées de l'histoire, j'ai été servie car l'intrigue est non seulement captivante mais cela m'a permis de voyager par procuration en Egypte en découvrant à travers les yeux d'Ella Mahé les principaux sites d’importance.
Je trouve cette série très bien faite, en tout cas le premier tome donne envie de découvrir la suite.
Et puis c'est toujours un bonheur que de retrouver le superbe graphisme de Jean-François Charles, j'aime énormément son travail car je trouve que son recours à l'aquarelle donne une dimension artistique gracieuse à l'ensemble.

Une nouvelle fois Maryse et Jean-François Charles ne m'ont pas déçue je vous invite à découvrir sans plus attendre l'envoûtante et mystérieuse série "Ella Mahé".

lundi 14 novembre 2016

Moi, Daniel Blake (I, Daniel Blake) de Ken Loach

          

Pour la première fois de sa vie, Daniel Blake, un menuisier anglais de 59 ans, est contraint de faire appel à l’aide sociale à la suite de problèmes cardiaques. Mais bien que son médecin lui ait interdit de travailler, il se voit signifier l'obligation d'une recherche d'emploi sous peine de sanction. Au cours de ses rendez-vous réguliers au « job center », Daniel va croiser la route de Katie, mère célibataire de deux enfants qui a été contrainte d'accepter un logement à 450 km de sa ville natale pour ne pas être placée en foyer d’accueil. Pris tous deux dans les filets des aberrations administratives de la Grande-Bretagne d’aujourd’hui, Daniel et Katie vont tenter de s’entraider. (AlloCiné)


Daniel Blake (Dave Johns) est un menuisier Anglais de 59 ans, contraint pour la première fois de sa vie à faire appel à l'aide sociale pour survivre.
Suite à des problèmes cardiaques, son médecin refuse qu'il reprenne le travail, mais paradoxalement, suite à une évaluation médicale réalisée par une tierce personne d'une compagnie il se voit refuser de toucher une indemnité maladie.
Il doit alors chercher un travail sous peine de sanction.
Lors d'un rendez-vous au "job center", il vient en aide à Katie (Hayley Squires), une mère célibataire de deux enfants qui se heurte elle aussi à la rigueur de l'administration et qui a été contrainte d'accepter un logement à 450 kilomètres de sa famille pour ne pas être placée en foyer avec ses deux enfants.
Daniel et Katie vont alors s'entraider.


Après avoir reçu une Palme d'Or pour "Le vent se lève", je me demandais bien pourquoi Ken Loach en avait reçu une seconde, voire même je me suis dit que les membres du jury n'avaient franchement pas fait dans l'original.
Comme je suis curieuse, je suis allée voir "Moi, Daniel Blake".
Et j'ai compris pourquoi le jury Cannois avait décidé de primer ce film et ce réalisateur.
Tout d'abord, Ken Loach plonge le spectateur dans l'ambiance avec une ouverture sur un écran noir et un dialogue entre Daniel Blake et une personne d'une compagnie d'assurance cherchant à évaluer s'il doit ou non toucher des indemnités suite à ses problèmes cardiaques.
C'est stupide, complètement stupide, face à lui ce n'est pas une personne du corps médical mais quelqu'un qui coche ou non les cases.
Là, on comprend tout de suite que pour Daniel Blake c'est mal parti.
Et tout cela va bien entendu se confirmer tout au long du film.
Le personnage de Daniel Blake est humainement touchant, c'est quelqu'un de profondément droit et honnête, il ne comprend pas le système dans lequel il se retrouve, système qui va le broyer et le piétiner sans égard pour sa personne.
C'est sans doute cela qui permet de faire ressortir aussi bien le propos du film, Daniel est un homme intègre face à un système qui ne l'est pas, Daniel est un être humain qui éprouve des sentiments et de la compassion pour autrui, ce système n'est que des cases et des règles à respecter sous faute d'être sanctionné, même les êtres humains censés le régir répètent inlassablement les mêmes phrases tel des robots sans la moindre once d'humanité.
Il y a du Kafka là-dedans, et si au début cette situation grotesque prête à sourire bientôt il n'en est rien et c'est alors la colère face à tant d'injustice qui envahit le spectateur.
Mais il n'y a pas que Daniel qui se retrouve victime, Katie elle aussi fait les frais de ce système.
Daniel n'écoute que son cœur et vient en aide à cette famille, père de substitution pour Katie en somme et le grand-père qu'il n'a jamais pu être pour les deux enfants de cette dernière.
Dans tant d'inhumanité c'est beau tant de générosité gratuite, car la générosité c'est comme le sourire, ça ne coûte rien mais ça fait chaud au cœur.
Et puis quelle jubilation lorsque Daniel décide "de se lâcher" et refait la décoration du mur extérieur du "job center", parce qu'au bout d'un moment trop c'est trop et n'importe qui finit par devenir fou.
Pour interpréter ces deux personnages, Ken Loach a fait appel à deux inconnus, et pourtant l'alchimie fonctionne entre eux et surtout, ils sont criants de vérité, un peu à l'image de Vincent Lindon dans "La loi du marché", entouré de personnes dont le métier n'est pas d'être acteur (d'ailleurs ce film m'a rappelé dans une certaine mesure celui de Stéphane Brizé).
Ken Loach est un jeune homme de 80 printemps, il avait parlé d'arrêter le cinéma, fort heureusement il est revenu sur sa décision et a écrit ce très beau film.
Effectivement, c'est tout à fait dans la veine de ce réalisateur, on y retrouve des thèmes qui lui sont chers ainsi que sa façon de filmer.
Et à tous ceux qui critiquent Ken Loach en disant que c'est "un cinéaste de gauche pour des gens de droite", c'est tout simplement un cinéaste engagé qui n'hésite pas à dire et à filmer ce qu'il pense et ce en quoi il croit, et avec "Moi, Daniel Blake" il laisse parler son cœur et ça, c'est apolitique (d'ailleurs, si la politique était humaine ça se saurait).


"Moi, Daniel Blake" est un film essentiel et nécessaire dénonçant la manière dont une administration censée aider les plus démunis les rabaisse, au contraire, et les enfonce plus bas que terre.
Un film percutant et une Palme d'Or amplement méritée : celle du cœur, des émotions, de l'humain, du vrai.


     
     

     
     

     
     

dimanche 13 novembre 2016

Brooklyn de Colm Tóibín


Enniscorthy, sud-est de l'Irlande, années 1950. Comme de nombreux jeunes de sa génération, Eilis Lacey, diplôme de comptabilité en poche, ne parvient pas à trouver du travail. Par l'entremise d'un prêtre, sa sœur Rose obtient pour elle un emploi aux États-Unis. En poussant sa jeune sœur à partir, Rose se sacrifie : elle sera seule désormais pour s'occuper de leur mère veuve et aura peu de chance de se marier. Terrorisée à l'idée de quitter le cocon familial, mais contrainte de se plier à la décision de Rose, Eilis quitte l'Irlande. 
À Brooklyn, elle loue une chambre dans une pension de famille irlandaise et commence son existence américaine sous la surveillance insistante de la logeuse et des autres locataires. Au début, le mal du pays la submerge, la laissant triste et solitaire. Puis, peu à peu, elle s'attache à la nouveauté de son existence. À son travail de vendeuse dans un grand magasin ou les premières clientes noires font une apparition timide qui scandalise les âmes bien-pensantes - sauf Eilis, qui, dans sa petite ville d'origine, n'a jamais connu le racisme. Au bal du vendredi à la paroisse du quartier. Aux cours du soir grâce auxquels elle se perfectionne en comptabilité. Dans ce rythme entre monotonie rassurante et nouveautés excitantes, Eilis trouve une sorte de liberté assez proche du bonheur. Et quand Tony, un Italien tendre, sérieux et très amoureux, entre dans sa vie, elle est convaincue que son avenir est tout tracé : elle deviendra américaine. 
Mais un drame familial l'oblige à retraverser l'Atlantique pour un séjour de quelques semaines en Irlande. Au pays, Eilis est devenue une femme à la mode, désirable, parée du charme des exilées. Brooklyn, Tony, la vie américaine se voilent de l'irréalité des rêves. Un nouvel avenir l'attend dans la bourgade de son enfance : un homme prêt à l'épouser, un travail. 
Deux pays, deux emplois, deux amours. Les possibilités inconciliables déferlent sur Eilis, lui infligeant cette petite mort que suppose l'impératif des choix. (Robert Laffont)

Dans les années 50, la jeune Eilis Lacey finit par quitter son Irlande natale et sa ville d'Enniscorthy pour tenter de trouver un travail et se bâtir un avenir de l'autre côté ce l'Atlantique, à New York, plus précisément dans le quartier de Brooklyn : "Jusqu'à présent, Eilis avait toujours cru qu'elle vivrait toute sa vie, comme sa mère avant elle, dans cette ville où elle était connue de tous; elle avait cru qu'elle garderait toute sa vie les mêmes amis, les mêmes voisins, les mêmes habitudes, les mêmes itinéraires. Elle avait imaginé qu'elle trouverait un emploi en ville et que, par la suite, elle épouserait quelqu'un et laisserait son travail pour élever ses enfants.".
Cette possibilité, et cette place de vendeuse dans un magasin, elle l'obtient grâce à sa sœur Rose et à un prêtre Irlandais parti à New York depuis plusieurs années.
Là-bas, elle connaît bien vite le mal du pays mais s'accroche, reprend des études en parallèle de son travail et croise le chemin de Tony, un Américain d'origine Italienne, dont elle finit par tomber amoureuse : "C'était un sourire chaleureux, sincère, indiquant à Eilis qu'elle avait affaire à un homme stable, presque mûr, et que, quelle que soit la nature de leur relation, en réalité, il ne plaisantait pas du tout.".
Mais un drame l'oblige à retourner en Irlande, Eilis se trouve alors déchirée entre sa mère, son pays natal, ses amis et sa rencontre avec Jim Farrell, la promesse d'un emploi dans sa ville natale; sa nouvelle vie à New York, son emploi, ses examens qu'elle a réussis avec succès, et son amour Tony.

C'est parce que j'ai vu il y a quelques mois l'adaptation cinématographique de ce roman par John Crowley et Paul Tsan avec la formidable Saoirse Ronan (et je n'en ai pas parlé sur le blog ...) que j'ai eu envie de lire le roman dont le film était tiré.
Mais j'ai décidé de laisser passer quelques mois, afin d'estomper un peu le film pour me plonger complètement dans le récit.
Au final le temps a passé mais l'effet du film ne s'est pas vraiment estompé, tout au long de ma lecture j'avais donc les images du film qui défilaient devant mes yeux.
J'ai d'ailleurs pu constater que cette adaptation était très fidèle au roman et aux personnages, si vous avez aimé le film vous aimerez donc le livre, et inversement.
C'était le premier roman de Colm Tóibín que je lisais mais je vais continuer à découvrir cet auteur car son style et sa narration m'ont beaucoup plu.
C'est très bien écrit, même si l'ensemble est assez psychologique, dans le sens basé sur la personne et le ressenti d'Eilis, et qu'il n'y a pas de véritable action, l'intrigue prend le temps d'être posée, tout comme les personnages, et l'histoire défile au fur et à mesure que le personnage d'Eilis évolue dans la vie et se découvre.
L'intrigue est bien entendu basée sur des faits réels, nombre d'Européens ont émigré aux Etats-Unis dans les années 40/50 dans l'espoir d'y trouver une vie meilleure, et tout cela est raconté à travers le personnage d'Eilis.
Cette jeune femme est très touchante et attachante, elle connaît de dures épreuves, notamment la séparation d'avec sa famille, et se retrouve livrée à elle-même, d'abord dans une traversée où elle est malade comme un chien et où sa compagne de cabine finit par la prendre sous son aile, puis dans un pays et une ville qu'elle va découvrir au fur et à mesure.
Ce sont des épreuves difficiles à vivre, quelle que soit l'époque et l'âge auquel on y est confronté.
Le personnage d'Eilis évolue tout au long du roman et c'est un véritable plaisir que d'être peiné avec elle et d'éprouver la nostalgie qu'elle ressent ainsi que de découvrir sa transformation, de chrysalide en papillon, alors qu'elle se retrouvera une nouvelle fois confrontée à un cruel dilemme : rester auprès des siens en Irlande ou retrouver sa nouvelle vie à New York.
C'est une belle et profonde histoire qui a su m'émouvoir à travers le personnage de la sensible Eilis dont il est très facile, en tant que lecteur, de se rapprocher et d'éprouver de l'empathie.

"Brooklyn" est un beau roman sur l'épanouissement d'une jeune femme déchirée entre son Irlande natale et les Etats-Unis où elle a commencé à bâtir sa vie signé par Colm Tóibín, l'une des références de la littérature Irlandaise moderne.

samedi 12 novembre 2016

Sykes de Pierre Dubois et Dimitri Armand



Lorsque « Sentence » Sykes pose le premier sabot dans ses collines natales, le jeune Jim Starret reconnaît immédiatement une légende de l'Ouest, digne des illustrés avec lesquels il a appris à lire. Mais son nouveau héros n'est pas là lorsque la redoutable bande des Clayton assassine sa mère sous ses yeux. Dès lors, Jim n'a plus qu'une obsession : rejoindre Sykes et participer à la traque. Il a déjà payé le prix du sang. Il ignore encore que ce sont ses démons qui forgent une légende du Far-West. (Le Lombard - Signé)

Le principe de la collection Signé aux éditions Le Lombard est assez simple : réunir un ou plusieurs grands noms de la bande dessinée d'hier et d'aujourd'hui afin qu'ils collaborent autour d'un ouvrage.
Ici, c'est la rencontre de la nouvelle génération avec le dessinateur Dimitri Armand et de l'ancienne avec le scénariste Pierre Dubois (qui a signé "Capitaine Trèfle" dans cette même collection avec René Hausman) autour d'une histoire digne des plus grands westerns.
Le marshal "Sentence" Sykes est à la poursuite de la terrible bande des Clayton lorsqu'il croise le chemin du jeune Jim Starret, aux yeux de qui il apparaît comme un héros du far-west.
Malgré les avertissements, Jim Starret et sa mère n'ont pas fui leur demeure et la bande de Clayton y débarque dès la nuit tombée et assassine la mère de Jim sous ses yeux.
Il parvient à s'enfuir et rejoint la ville et Sykes, il décide alors de suivre coûte que coûte le marshal et son acolyte O'Malley dans leur traque de la bande des Clayton : "Ce gamin ne sera pas en paix tant que sa mère ne sera pas vengée. Faut qu'il crève l'abcès.".

C'est typiquement le genre d'histoire que j'aime lire en bande dessinée ou en roman, d'autant que le thème du western est plutôt rare de nos jours et ne se trouve que dans certaines collections ou maisons d'édition (Gallmeister notamment).
Outre la poursuite des méchants avec un marshal fine gâchette, blessé par la vie avec un cœur tendre sous une apparence dure, il y a une très belle relation qui se crée entre Sykes et Jim, pas vraiment une filiation père-fils mais plus l'apprentissage d'un homme d'expérience éprouvé par la vie envers un jeune garçon lui aussi éprouvé par la vie mais qui a encore une chance de s'en sortir et de ne pas sombrer : "Au tir, c'est pas la vitesse qui compte, Jim, c'est de savoir pourquoi on tire, contre qui on tire, pour quelle raison.".
Quoique ... l'époque était rude, l’apprentissage de la vie se faisait à la dure et mieux valait rester sur ses gardes pour ne pas être surpris par l'ennemi, quel qu'il soit, à commencer par ceux expropriant les fermiers installés depuis des années afin de récupérer leurs terres pour y construire le chemin de fer.
Tous les codes du western sont présents dans cette histoire, c'est extrêmement bien scénarisé et j'avoue éprouver une tendresse toute particulière pour la très belle, et touchante, conclusion de cette histoire.
Si j'avais déjà pu découvrir Pierre Dubois à travers une autre bande dessinée, je ne connaissais par contre pas du tout Dimitri Armand, un jeune dessinateur dont le coup de crayon m'a particulièrement plu et dont je vais me hâter de découvrir les autres œuvres.

"Sykes" est une très belle bande dessinée, une pure histoire du far-west dans la veine des plus grands westerns, à découvrir de toute urgence dans la décidément formidable collection Signé aux éditions Le Lombard.

lundi 7 novembre 2016

Amour, vampire et loup-garou de Marie-Aude Murail


Le jeune Nicolas s'est-il vraiment noyé à Montalivet ? Pourquoi le docteur Victor a-t-il confié à Sylvère Lomeret qu'il avait fait un faux rapport d'autopsie ? Et par qui a-t-il été assassiné, alors qu'il se rendait au CEPP, le Centre d'études des phénomènes paranormaux, pour y chercher des renseignements sur le vampirisme ? Sylvère Lomeret, journaliste à France 3 Région et à La Tribune de l'Ouest, risque d'avoir du mal à découvrir la vérité. Pour l'instant il est occupé à un reportage sans grand intérêt, au CEPP, justement. La vocation du centre est de démontrer que les phénomènes dits paranormaux ont toujours une explication rationnelle. Il offre cinq cent mille francs à toute personne capable de faire preuve, dans des conditions extrêmement surveillées, d'un don de télépathie, de télékinésie ou autre. Les candidats se pressent et repartent toujours bredouilles. Au programme ces jours-ci, une pseudo-télépathe hystérique et une prétendue maison hantée. Anatole Le Lyonnais, le directeur, ricane d'avance. Mais son élève et assistante, Marianne, est moins sereine, surtout depuis qu'elle a entendu ce halètement étrange, juste derrière elle, dans le parking souterrain désert. Elle n'en a parlé à personne. C'est alors qu'entre en scène un jeune homme, Hugo Knocker, soi-disant étudiant en psychiatrie. Il a de sérieuses difficultés d'élocution, un problème avec les manches de son pull-over et aussi avec la pleine lune, et son cerveau est facilement envahi par des pensées qui ne sont pas les siennes. Il ne lâche pas Marianne d'une semelle et cela déplaît profondément à Sylvère, qui est tombé fou amoureux d'elle, et qui compte bien sur la visite de la maison hantée pour lui faire des avances. (L'école des loisirs)

Je continue ma découverte de Marie-Aude Murail avec "Amour, vampire et loup-garou", tout un programme me direz-vous.
Plusieurs protagonistes interviennent dans ce roman : Marianne est l'assistante du directeur du CEPP - Centre d'Etudes des Phénomènes Paranormaux - Anatole le Lyonnais, mais elle est aussi en charge de sa famille : son frère, sa jeune sœur et sa mère, car cette dernière n'a pas vraiment l'attitude d'une adulte responsable; Sylvère Lomeret est le journaliste le plus sexy de la télévision et le tombeur de ces dames, mais il doit faire un reportage au CEPP, perspective qui ne l'enchante guère jusqu'à ce qu'il y croise Marianne; Hugo Knocker est un soi-disant étudiant en médecine mais dont le comportement est des plus étranges; tandis que dans le même temps des disparitions surviennent dans la région.

J'aime assez le mélange de tous ces personnages car il n'y en a pas un qui ressemble à l'autre, Marianne est la colonne vertébrale de tous les protagonistes et de l'intrigue.
J'aime le personnage de cette jeune femme obligée d'assumer le rôle de mère qui a surtout un gros cœur et ne souhaite laisser personne de côté : "Depuis quelques jours, quelque chose avait changé dans la vie de Marianne. Elle s'était toujours sentie responsable de son frère, de sa sœur, de sa mère, du monde entier. Mais jamais au point d'en être inquiète. Que s'était-il passé ?".
Je vais être honnête, ce roman s'adresse en priorité aux jeunes de 12/14 ans, l'intrigue n'est donc pas révolutionnaire et il ne faut pas s'attendre à beaucoup de surprises, certaines choses sont très prévisibles, mais j'ai trouvé que c'était bien écrit avec une intrigue à la fois prenante et amusante.
Ce n'est pas le côté fantastique de l'histoire qui m'a séduite mais plus les relations entre les personnages.
Ils sont tous hauts en couleur et j'ai apprécié les liens qui se nouent entre eux, cela m'a un peu rappelé ceux dans le roman "Simple" sans toutefois le côté émotionnel que j'ai pu ressentir dans ce dernier.
Il y a de l'humour dans l'histoire et certains personnages, comme Sylvère Lomeret, prêtent à sourire.

"Amour, vampire et loup-garou" fut une lecture divertissante et reste un roman sympathique qui s'adresse en priorité aux jeunes adolescent(e)s.

dimanche 6 novembre 2016

Retour sur les lectures d'octobre 2016


En octobre, j'ai eu un flair que même le meilleur limier n'aurait pas pu avoir : j'ai lu le Goncourt avant que celui-ci ait eu le Prix.
Je peux bien crâner, c'est la première fois de ma vie que ça m'arrive, et c'est complètement dû au hasard car j'ai lu le roman de Leïla Slimani parce qu'il m'intriguait de par son thème.
Sinon j'ai aussi lu la suite des aventures de "Miss Peregrine et les enfants particuliers" après avoir vu l'adaptation cinématographique, j'ai découvert qu'il existait un troisième et dernier tome, je suis d'ailleurs en train de le lire.
J'ai retrouvé avec plaisir la plume d'auteurs que j'apprécie tout particulièrement : le couple Maryse et Jean-François Charles pour leur série "Ella Mahé" en bande dessinée et Valentine Goby pour sa dernière oeuvre publiée, lue dans le cadre des Matchs de la rentrée littéraire.
J'ai aussi rigolé avec William Kotzwinkle et son ours écrivain, livre lu pour le Club des Lectrices.
En octobre j'ai continué à emprunter en bibliothèque (aïe ça s'accumule, j'ai intérêt à faire descendre la pile et à les rapporter en temps et en heure) et à lire de la jeunesse en complément d'autres lectures.
Novembre est déjà entamé mais je vous souhaite un bon mois de lectures avec l'automne qui a fini par s'installer.

Service de Presse

"Un paquebot dans les arbres" de Valentine Goby

Emprunté à la bibliothèque

"Walking Dead Tome 18 Lucille" de Robert Kirkman et Charlie Adlard
"Ella Mahé Tome 1 La fille aux yeux vairons" de Maryse et Jean-François Charles et André Taymans
"Ella Mahé Tome 2 Princesse des sables" de Maryse et Jean-François Charles et Francis Carin
"Ella Mahé Tome 3 Celle qui n'a pas de nom" de Maryse et Jean-François Charles et Brice Goepfert
"Ella Mahé Tome 4 La couleur des dieux" de Maryse et Jean-François Charles et Christophe Simon
"Amour, vampire et loup-garou" de Marie-Aude Murail

Divers

"Chanson douce" de Leïla Slimani
"L'ours est un écrivain comme les autres" de William Kotzwinkle
"Miss Peregrine et les enfants particuliers - Tome 2 Hollow City" de Ransom Riggs

jeudi 3 novembre 2016

Bridget Jones Baby de Sharon Maguire

     
     

Après avoir rompu avec Mark Darcy, Bridget se retrouve de nouveau célibataire, 40 ans passés, plus concentrée sur sa carrière et ses amis que sur sa vie amoureuse. Pour une fois, tout est sous contrôle ! Jusqu’à ce que Bridget fasse la rencontre de Jack… Puis retrouve Darcy… Puis découvre qu’elle est enceinte… Mais de qui ??? (AlloCiné)


Bridget (Renée Zellweger) a bien changé : elle a rompu il y a quelques temps avec Mark Darcy (Colin Firth) (mais pourquoi Bridget, pourquoi ?), elle a 43 ans, est toujours célibataire mais a bien progressé dans sa carrière, a arrêté de fumer et a atteint son poids idéal.
Si Bridget est devenue un parfait modèle de la femme, vous savez celui que les médias et les âmes bien pensantes ne cessent de vanter et d’ériger en modèle de perfection à atteindre absolument sous faute de rater sa vie (et de finir seule dévorée par des dobermans), quel est alors l’intérêt de ce film ?
Et bien Bridget part se changer les idées à un festival de musique, y rencontre Jack (Patrick Dempsey) et s’envoie en l’air avec lui ; puis revoit Mark une semaine après à un baptême et s’envoie en l’air avec lui.
Bridget étant devenue écolo, elle a utilisé des préservatifs dits écolos et préservant les dauphins, sauf que ces derniers étaient passés de date.
Bridget se retrouve donc enceinte, et ne sait pas qui est le père de son enfant … mais si auparavant elle se serait lamentée en écoutant à fond "All by myself", Bridget va cette fois-ci prendre son destin en main et assumer.


J’ai un peu hésité avant d’aller voir ce film, déjà parce que je craignais le réchauffé, mais aussi parce que Bridget semblait être devenue une femme idéale, quel intérêt alors si on ne peut plus se reconnaître en elle, avec ses kilos en trop, ses listes de bonne résolution, ses déboires sentimentaux.
Je ne vous cacherai pas que le tout, malgré une Bridget hésitante sur la paternité de son futur enfant, est quand même bien polissé et lustré (les amies de Bridget sont toutes mariées avec enfant, son ami gay est lui aussi en couple et va adopter), bref point d’espoir d’une vie réussie en dehors du mariage et des marmots.
Et ça, ça a tendance à m’agacer, par jalousie et par envie diront certains parce que je n’ai rien de tout ça, mais je reste persuadée que la meilleure façon de vivre est celle qui nous convient et que le bonheur ne passe pas forcément par une vie en couple avec des enfants.
En dehors de ce ressenti personnel, je reconnais que l’ensemble se tient, je trouve même ce film bien mieux que le premier volet, j’hésite encore avec le deuxième.


Helen Fielding, la créatrice de Bridget, a participé au scénario, mais celui-ci est également l’œuvre de Dan Mazer et d’Emma Thompson, ce qui permet de créer de nombreux rebondissements et une trame qui se déroule sur deux heures sans que cela ne paraisse trop long.
On sourit souvent, on rit aussi, j’ai quand même bien aimé cette nouvelle Bridget qui aborde une nouvelle étape dans sa vie et pas forcément dans les meilleures conditions, mais de façon plus posée.
Le spectateur retrouve aussi les amis de Bridget, mais aussi sa succulente (et givrée) mère interprétée par Gemma Jones ainsi que son flegmatique père interprété par Jim Broadbent.
Ce sont deux personnages que j’ai toujours beaucoup appréciés dans les deux précédents opus.
Exit Daniel Cleaver (le film débute sur son enterrement), bonjour Jack, un nouvel homme séduisant qui croise la route de Bridget, et qui se révèle plus dangereux qu’un Daniel car il est charmant et pas bourré de défauts.
Autant dire que la partie n’est pas gagnée pour Mark Darcy, j’ai apprécié la confrontation entre ces deux personnages très différents, tout comme les acteurs.
L’un incarne le Britannique dans toute sa splendeur et l’autre l’Américain, ma préférence va évidemment à Mark Darcy.
D’autant que je dois avouer que je ne connais pas trop Patrick Dempsey (non, je ne regarde pas Greys Anatomy) et que cet acteur me laisse somme toute assez indifférente (il a de beaux yeux, voilà).
Mais la vraie révélation de ce nouvel opus, c’est le personnage du Dr Rawlings campée par Emma Thompson.
Voilà un personnage qui apporte un vent de fraîcheur à la franchise Bridget Jones, c’est sans doute la plus belle invention du film.


Si j’ai passé un bon moment au cinéma devant cette comédie, j’espère toutefois que "Bridget Jones Baby" est bien le dernier opus de cette série.