mercredi 2 novembre 2016

Captain Fantastic de Matt Ross

     
     

Dans les forêts reculées du nord-ouest des Etats-Unis, vivant isolé de la société, un père dévoué a consacré sa vie toute entière à faire de ses six jeunes enfants d’extraordinaires adultes.
Mais quand le destin frappe sa famille, ils doivent abandonner ce paradis qu’il avait créé pour eux. La découverte du monde extérieur va l’obliger à questionner ses méthodes d’éducation et remettre en cause tout ce qu’il leur a appris. (AlloCiné)


Ben (Viggo Mortensen) a décidé, avec sa femme, de vivre isolé de la société, dans un coin de forêt reculée du nord-ouest des Etats-Unis.
Ils y élèvent leurs six enfants, leur font la classe mais leur expliquent aussi comment chasser, dépecer des animaux, faire de l’escalade par tous les temps, en somme survivre, dans l’unique but de faire d’eux des adultes extraordinaires.
Mais la maladie de la mère va mettre un frein et va obliger le père et les enfants de quitter ce paradis pour se confronter au monde extérieur.


Si vous imaginez voir un super héros vêtu d’un collant vert moulant, vous allez être déçus car en guise de héros il y a Ben, ce père de famille dévoué, persuadé d’avoir raison dans l’éducation et le mode de vie qu’il a choisi et qui va être amené à se questionner sur celui-ci et le remettre en question.
Si par contre vous vous fichez du super héros en collant vert moulant, alors vous allez être satisfaits (et pas simplement parce qu’il s’agit de Viggo Mortensen) et ce film pourrait très certainement vous plaire.
Ben et sa femme ont créé une véritable utopie, cette dernière la compare dans une lettre à la République de Platon, ils vivent en marge de la société, du système scolaire, et par ricochet les enfants n’ont rien connu d’autre que ce mode de vie.
J’aime assez le principe de l’histoire de ce film, basée sur une utopie, car cela amène à se questionner, à réfléchir, d’autant que j’ai souvent tendance à reprocher les chemins tout tracés et les lieux communs.
Autant dire qu’ici j’ai été servie car il n’y a rien de banal ou de commun dans cette histoire, à commencer par le mode de vie et en passant par les fêtes puisque Ben et ses enfants célèbrent le Noam Chomsky Day en lieu et place de Noël (et oui, car il vaut mieux «célébrer un humaniste vivant qu’un elfe fictif»).


Outre l’histoire, l’un des atouts indéniables du film est la présence de Viggo Mortensen dans le rôle de ce père de famille charismatique.
C’est un acteur très intéressant et également à part, il a d’autres cordes à son arc comme la photographie ou la chanson, et je trouve qu’il dégage à chaque fois une aura un charisme fou (c’était déjà le cas dans son rôle d’Aragorn ou encore chez David Cronenberg).
Il porte littéralement ce rôle de père gérant seul sa tribu de six enfants dans un mode de vie unique en son genre.
Il reste buté sur ses positions, l’une des scènes fortes est d’ailleurs celle où les enfants l’attendent dehors avec leurs bagages prêts à partir et que celui-ci refuse et ne leur cède pas, il n’admet pas ses erreurs et pendant longtemps reste aveugle aux dangers et aux problèmes générés par son mode de vie.
C’est son beau-père Jack (Frank Langella) qui va lui ouvrir les yeux en employant la force et en mettant à exécution sa menace de lui retirer la garde de ses enfants.
J’aime assez ce personnage qui ose s’opposer à celui de Ben, tellement charismatique que personne n’ose lui faire front, pas même sa femme (pour rappel que l’on n’entraperçoit qu’à deux reprises sous forme de songe), et qui toutefois ne le déteste pas non plus.
Ben est un idéaliste qui se bat pour ses convictions et qui apprend à ses enfants à en faire de même, à trouver par eux-mêmes la liberté, mais cela suffit-il pour faire un monde idéal ?
Décidément cette réflexion, élément central du film, mérite d’y réfléchir plusieurs heures et d’en débattre.
Face à ce père, que je n’irai pas jusqu’à qualifier de gourou mais presque, il y a les enfants, à commencer par Bo (épatant George MacKay), qui sont très crédibles à l’écran, non seulement d’un point de vue de fratrie mais également physiquement.
C’est une famille qui fonctionne et les jeunes acteurs sont tous très justes dans leur rôle.
Il y a véritablement de très belles scènes dans ce film, à la fois éprouvantes – comme cette scène d’ouverture avec la mise à mort d’un animal et le rite de passage à l’âge adulte de Bo –, mais aussi drôles ou encore émouvantes, j’en retiens d’ailleurs deux : la première est celle d’une veillée autour d’un feu où la famille part en improvisation musicale ; la deuxième est aussi musicale et est une formidable reprise de "Sweet Child of Mine" dans un moment extrêmement émouvant et triste. 
Parlons-en justement de la musique, elle a une place de choix dans ce film qui a même été visionnaire en mettant en générique de fin une reprise de "I Shall be Released" de Bob Dylan, auréolé depuis du Prix Nobel de Littérature.
Malgré un thème dur ce film redonne du peps et une certaine joie de vivre, à tel point que je chantonnais en même temps que le générique.
J’ai également beaucoup apprécié la mise en scène et le choix des décors naturels, esthétiquement le film est aussi très beau.
Par contre, il n’est clairement pas fait pour de trop jeunes enfants (j’ai repéré dans la salle un couple de grands-parents avec leur petit fils qui était bien trop jeune – moins de dix ans), ou alors vous êtes prêts à répondre honnêtement à toutes les questions que ce film peut soulever, notamment par rapport à la mort et aux cérémonies funéraires.
Certains qualifient ce film de mélange entre "Into the Wild" et "Little Miss Sunshine", je n’irai pas dans ce sens car pour moi il est unique et mérite véritablement d’avoir un traitement propre à lui et non d’être comparé à d’autres films dits d’auteur pour certains.


"Captain Fantastic" est à la fois une fable sociale et un road-trip familial mêlant la fantaisie au drame, une belle utopie et certainement pas une erreur cinématographique, un film émouvant comme j’aime à en voir.


     
     

     
     


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