dimanche 11 décembre 2016

Sully (Sully) de Clint Eastwood

     
     

Le 15 janvier 2009, le monde a assisté au "miracle sur l'Hudson" accompli par le commandant "Sully" Sullenberger : en effet, celui-ci a réussi à poser son appareil sur les eaux glacées du fleuve Hudson, sauvant ainsi la vie des 155 passagers à bord. Cependant, alors que Sully était salué par l'opinion publique et les médias pour son exploit inédit dans l'histoire de l'aviation, une enquête a été ouverte, menaçant de détruire sa réputation et sa carrière. (AlloCiné)


Le 15 janvier 2009, l'Airbus A320 de US Airways piloté par le commandant Chesley "Sully" Sullenberger (Tom Hanks) et son copilote Jeffrey Skyles (Aaron Eckhart) décolle à 15h26 de LaGuardia à direction de Charlotte/Douglas.
Il a à son bord 150 passagers et 5 membres d'équipage.
Deux minutes après le décollage, alors que l'avion est encore en phase d'ascension, il heurte un vol de bernaches du Canada.
Les oiseaux ont endommagé les deux réacteurs.
Le commandant avertit la tour de contrôle qu'il doit immédiatement faire demi-tour et revenir à La Guardia.
Mais il se rend compte qu'il ne pourra pas atteindre l'aéroport, il envisage alors l'aéroport de Teterboro dans la banlieue ouest de New York mais comprenant qu'il ne pourra pas non plus l'atteindre, il tente l'impossible et décide de faire amerrir l'avion sur l'eau glacée de l'Hudson (l'eau est à -2° celsius, il fait également très froid à l'extérieur).
En choisissant de garder le train d'atterrissage rentré il réussit à poser l'avion sur l'eau et évacue les passagers et membres d'équipage sur les ailes et les toboggans de l'avion, en attendant les secours.
155 personnes au départ, 155 à l'arrivée, c'est la troisième fois dans l'histoire de l'aviation qu'un amerrissage d'urgence d'un avion de ligne n'a provoqué aucun décès.
Le commandant Sully est entré dans l'histoire, la presse a surnommé son exploit "Le miracle de l'Hudson".
Mais alors qu'il est acclamé par l'opinion publique et par la presse comme un héros, une enquête est ouverte, menaçant sa carrière et sa réputation.


De cet événement, je me rappelle très nettement deux choses : c'était la première fois que j'entendais parler d'un crash aérien dans lequel tout le monde avait survécu, dans mon esprit jusqu'alors au mieux quelques personnes survivaient au pire tout le monde périssait; la deuxième c'est une image, celle de cet avion sur l'Hudson avec les passagers et membres d'équipage sur les ailes et les toboggans en train d'attendre les secours, scène totalement irréelle en plein coeur de l'hiver.
Clint Eastwood aime les héros, ces personnes réelles qui ont accompli de grandes choses, et si j'ai été nettement partagée sur son dernier opus, "American Sniper", dans lequel il glorifiait trop à mon goût Kris Kyle, je trouve qu'ici il a su savament dosé l'hommage rendu à la personne de Chesley Sullenberger.
C'est une première dans la filmographie de Clint Eastwood en tant que réalisateur, le film dure 1h36, jamais il n'était parti sur un format aussi court.
Le film s'ouvre sur la scène de décollage, le choc avec les oiseaux, la perte des deux moteurs, sauf qu'en lieu et place du happy end que l'on connaît c'est une tragédie qui se déroule sous les yeux du spectateur, l'avion finissant par percuter un immeuble dans Manhattan.
Sully se réveille, une nouvelle fois il vient de revivre son exploit, sauf que le dénouement n'est pas le même.
La raison de cette angoisse ?
L'enquête qui s'ouvre et dans laquelle Sully et son copilote se retrouvent en première ligne, la compagnie d'assurance cherchant à démontrer l'erreur humaine.
Car c'est bien sur cet aspect plutôt méconnu de cette incroyable histoire que le réalisateur a orienté son film, en se basant sur le livre co-écrit par Sully et son copilote, ainsi que des nombreux entretiens qu'il a eus avec Sully.
Malgré un découpage qui pourrait sembler chaotique il y a une logique dans tout cela, et ce qui pourrait sembler n'être qu'un patchwork de scènes disséminées dans le temps est au contraire une seule et même ligne logique.
Malgré un éloignement physique, j'ai apprécié la relation qu'entretient Sully avec sa femme et comment ces entretiens téléphoniques ponctuent l'histoire.
Sa femme, interprétée par la trop discrète Laura Linney, est le lien qui permet à Sully de garder contact avec la réalité et de rester sûr de lui et de ses choix.
Tom Hanks est remarquable de sang-froid et de maîtrise dans son interprétation de Sully, après une disparition des écrans il semblerait que cet acteur retrouve les faveurs de quelques réalisateurs et pour une première collaboration avec Clint Eastwood elle est réussie.
Clint Eastwood est un malin et connaît bien les ficelles de son métier, sa mise en scène est non seulement maîtrisée mais il sait aussi focaliser l'attention du spectateur sur les émotions de quelques personnages secondaires, outre celles de ses deux personnages principaux balançant entre lea persuasion d'avoir fait ce qu'il fallait et le doute.
La reconstitution de la catastrophe vécue de l'intérieur de l'avion est remarquable et saisissante, d'autant que le réalisateur a non seulement filmé de l'intérieur mais aussi de l'extérieur, ce qui permet d'offrir au spectateur un panorama complet de cet événement.
La reconstitution de l'enquête est aussi très bien faite, il paraît aberrant que l'on ait cherché à imputer cet accident au pilote et à son copilote, mais certains passages de la commission d'enquête sont particulièrement savoureux, notamment ceux concernant les simulations reconstituant les discussions et décisions prises dans le cockpit ce jour-là.
J'ai également été touchée par le dialogue entre Sully et la tour de contrôle, cet homme qui s'effondre car il est persuadé qu'il vient d'assister en direct et impusisant au crash d'un avion, lui qui n'a pas cru Sully quand celui-ci lui a dit qu'il ne lui restait que l'Hudson pour tenter d'atterir, enfin amerrir.
Au final, c'est un film très humain, sur des hommes ordinaires qui ont un jour accompli une chose extraordiaire mais comme Chesley Sullenberger et Jeffrey Skyles le disent si modestement et si humblement, ils n'ont fait que ce qu'ils avaient à faire, voilà sans doute ce qu'il faut retenir de toute cette histoire.
A noter que certaines personnes ayant réellement participé au sauvetage, comme le capitaine du ferry se rendant en premier sur les lieux, jouent leur propre rôle; avec les différentes scènes lors du générique de fin tout cela contribue à l'authenticité de cette histoire qui a amrqué l'année 2009, et sans doute les suivantes, car il faut la remettre dans son contexte : la fin d'année 2008 et le début de 2009 sont moroses, l'affaire Madoff vient d'exploser au grand jour, et le traumatisme des avions encastrés dans les tours du World Trade Center le 11 septembre 2001 est encore très présent dans la mémoire collective, particulièrement dans celle des New-yorkais.
Alors pour une fois qu'une histoire finit bien et que l'Amérique s'est trouvée un nouveau héros ... .
Ce 15 janvier 2009, ce n'est pas la décision et l'habilité d'un seul homme qui a sauvé toutes ces personnes, c'est une solidarité à grande ampleur qui a permis à ces 155 personnes de s'en sortir sans quasiment une égratignure, notamment grâce aux 1200 secouristes et bénévoles de la Croix Rouge qui sont venus en aide aux rescapés.
Et c'est pourquoi je crois bien que ce film non seulement rend hommage à Sully mais aussi à toutes ces personnes et met en lumière qu'en étant solidaire les uns avec les autres il est possible de réaliser de grandes choses, notamment des miracles.


Film après film, c'est une histoire Américaine que forge Clint Eastwood, et en s'interrogeant une nouvelle fois sur la figure du héros Américain, il signe, à la différence de son précédent opus, un grand film avec "Sully".



Image d'archive avec les passagers et membres d'équipage attendant les secours

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