lundi 27 février 2017

Loving de Jeff Nichols

     
     

Mildred et Richard Loving s'aiment et décident de se marier. Rien de plus naturel – sauf qu'il est blanc et qu'elle est noire dans l'Amérique ségrégationniste de 1958. L'État de Virginie où les Loving ont décidé de s'installer les poursuit en justice : le couple est condamné à une peine de prison, avec suspension de la sentence à condition qu'il quitte l'État. Considérant qu'il s'agit d'une violation de leurs droits civiques, Richard et Mildred portent leur affaire devant les tribunaux. Ils iront jusqu'à la Cour Suprême qui, en 1967, casse la décision de la Virginie. Désormais, l'arrêt "Loving v. Virginia" symbolise le droit de s'aimer pour tous, sans aucune distinction d'origine. (AlloCiné)


Tout commence en soirée, deux jeunes gens sont assis, très proches l'un de l'autre, quand la femme lui annonce qu'elle est enceinte.
Lui, tout de suite, s'émerveille, se réjouit. Quelques jours plus tard, il l'amène sur un terrain qu'il vient d'acheter et l'informe qu'il va lui construire une maison.
Puis il va l'épouser, dans le district voisin de Columbia.
Et là, les ennuis commencent pour l'un comme pour l'autre.
Car lui c'est Richard Loving (Joel Edgerton), un homme blanc, et elle Mildred Jeter (Ruth Nega), une femme noire.
Ils habitent l'Etat de Virginie, état ségrégationniste, nous sommes en 1958, ils n'ont ni le droit de s'aimer, ni de se marier, ni de vivre sous le même toit, ni d'avoir des enfants.
Condamnés à de la prison par l'Etat de Virginie, suspensive si les Loving quittent l'Etat et n'y reviennent jamais, c'est ce qu'ils choisissent.
Mais ne voulant pas vivre en ville et loin de leur famille, ils finissent par porter l'affaire devant les tribunaux.
Parce que Mildred a écrit au sénateur Bobby Kennedy, son cas a été rapporté à l'American Civil Liberties Union qui offre, gratuitement, au couple deux avocats pour défendre leur cause : Bernie Cohen (Nick Kroll) et Phil Hirschkop (Jon Bass).
Richard et Mildred Loving portent donc leur affaire devant les tribunaux, ainsi que devant la presse pour laquelle le couple sera photographié par Grey Villet (Michael Shannon), jusqu'à la Cour Suprême qui, en 1967, casse la décision de l'Etat de Virginie dans un arrêt portant le nom de Loving vs. Virginia, l'Amour contre la Virginie, un arrêt qui autorise désormais le mariage inter-racial, et surtout le droit de s'aimer pour tous.


"We may loose small battles but win the big war."
La vie des Loving fut effectivement pendant près de 10 ans un combat, ou plutôt une somme de combats dont ils ont fini par remporter la victoire ultime.
J'ai découvert Jeff Nichols l'année dernière avec le très beau "Midnight Special", depuis la présentation de son dernier film à Cannes je trépignais d'impatience qu'il sorte enfin en salle, d'autant plus lorsque j'ai découvert qu'il était tiré d'une histoire vraie malheureusement trop peu connue.
Evidemment, je prenais le risque d'être déçue et bien non, ce film est une pure merveille et je vous rassure, la bande annonce, au passage très bien faite, ne dévoile pas toute l'histoire.
Cette histoire touche par sa beauté, surtout sa pureté : ces deux êtres s'aiment, ils se connaissent depuis toujours, Richard Loving a toujours vécu dans cette petite communauté au milieu des personnes de couleur, il ne comprend pas pourquoi des personnes jugent ce qu'il fait mal.
Richard Loving a une forme de naïveté pure qui dans ce cas n'est pas un défaut, au contraire de Mildred qui elle a plus le sens de la réalité.
D'ailleurs, elle fait mouche auprès des médias, elle est charismatique, brave sa peur et sa timidité pour parler simplement de son histoire d'amour, et elle fait mouche dans le cœur des gens.
Jeff Nichols change une nouvelle fois d'univers cinématographique et une fois de plus, il s'en sort haut la main.
Sa mise en scène est impeccable, il n'a pas besoin de donner une chronologie à son histoire, le spectateur comprend de lui-même les années qui filent.
Il filme de près ses deux acteurs principaux et rend parfaitement à l'image leur amour : Richard et Mildred sont souvent proches d'un de l'autre, tactiles, et lorsqu'ils ne le sont pas, ils échangent des regards qui en disent longs.
A les voir à travers la caméra de Jeff Nichols leur histoire d'amour est évidente, pourtant dans le contexte historique elle ne l'était pas.
Le réalisateur s'est aussi attaché à être le plus proche possible de ces personnes ayant réellement existé, il suffit de regarder des photographies du film et de les comparer à celles des Loving pour être frappé par la ressemblance physique.
Il est là le génie de Jeff Nichols, au lieu de filmer du pathos ou une lutte pour obtenir des droits il propose la vie somme toute ordinaire d'un couple, à travers leurs gestes quotidiens et leur tendresse mutuelle.
Et c'est avec cette simplicité qui n'était pourtant pas gagnée de prime abord qu'il rend le plus bel hommage possible à ce couple.


"Tell the judge I love my wife."
Ce film ne brille seulement par sa mise en scène, il doit également beaucoup aux acteurs dont un Joel Edgerton formidable dans son interprétation du taciturne Richard Loving, un homme d'action plus que de parole mais d'honneur envers sa femme et ses enfants.
Mais la révélation, pour ne pas dire la perle de ce film, c'est Ruth Nega, formidable de retenue et qui pourtant impose sa présence face à la caméra.
Il n'est pas étonnant qu'elle soit nominée à l'Oscar de la meilleure actrice, son interprétation est saisissante et ce fut une révélation pour ma part.
Je ne saurai dire si Jeff Nichols est un génie, il est en tout cas un réalisateur très talentueux à qui il a suffi d'un premier jet pour finaliser son scénario et qui a opté pour le réalisme dans sa façon de filmer et de recréer les personnages.
Certains jugeront peut-être ce film comme classique, pour ma part j'ai été touchée par sa mise en scène et par l'interprétation des acteurs dans une histoire qui évidemment ne peut que toucher, d'autant que lorsque l'on y réfléchit bien, cela se passait il n'y a pas si longtemps que ça.


A travers "Loving", Jeff Nichols ne se contente pas de faire connaître la très belle histoire des Loving, il continue d'ausculter les différentes facettes de l'Amérique comme dans son précédent film, et peut-être ses deux premiers qu'il me tarde de découvrir.
Dans tous les cas, "Loving" mérite bien le déplacement et restera longtemps dans mon cœur.



Richard et Mildred Loving, The Crime of Being Married, Life Magazine du 18 mars 1966, photographiés par Grey Villet


Richard et Mildred Loving en 1967

     
     

     
     

     
     

     
     

samedi 25 février 2017

Oscars 2017

Comme l’année dernière, et après les Césars, c’est parti pour mes pronostics et mes favoris pour les Oscars 2017, bien que je n’ai pas vu tous les films (normal me direz-vous) et surtout que tous ne soient pas encore sortis en France.

Je n’ai fait aucune traduction, je suis partie du fichier brut des nominés, il faudra donc faire un peu de déduction pour retrouver les catégories et les films.


 Best Picture

Arrival
Fences
Hacksaw Ridge
Hell or High Water
Hidden Figures
La La Land
Lion
Manchester by the Sea
Moonlight

Mon pronostic : La La Land

Mon favori : oh là là (land) c’est compliqué … il y a beaucoup de bons films ! Mon gros coup de cœur parmi ceux nommés est pour Manchester by the Sea, mais Arrival, Moonlight, La La Land se défendent bien (et Hell or High Water), et aussi certainement Lion

Et l’Oscar est attribué à … Moonlight

Actor in a leading role

Casey Affleck, Manchester by the Sea
Andrew Garfield, Hacksaw Ridge
Ryan Gosling, La La Land
Viggo Mortensen, Captain Fantastic
Denzel Washington, Fences

Mon pronostic : Casey Affleck

Mon favori : Casey Affleck, j’aime énormément Viggo Mortensen et Ryan Gosling est excellent dans La La Land mais c’est Casey Affleck qui m’a le plus émue

Et l’Oscar est attribué à … Casey Affleck

Actor in a supporting role

Mahershala Ali, Moonlight
Jeff Bridges, Hell or High Water
Lucas Hedges, Manchester by the Sea
Dev Patel, Lion
Michael Shannon, Nocturnal Animals

Mon pronostic : Mahershala Ali

Mon favori : Mahershala Ali ou Jeff Bridges, jusqu’à il y a peu je pariais sur le deuxième, depuis j’ai vu Moonlight

Et l’Oscar est attribué à … Mahershala Ali

Actress in a leading role

Isabelle Huppert, Elle
Ruth Negga, Loving
Natalie Portman, Jackie
Emma Stone, La La Land
Meryl Streep, Florence Foster Jenkins

Mon pronostic : Natalie Portman

Mon favori : Natalie Portman, Ruth Negga est également impeccable, donc l’une ou l’autre me conviendrait (mais bon, Natalie c’est un cran au-dessus encore de son rôle lui ayant valu un Oscar)

Et l’Oscar est attribué à … Emma Stone

Actress in a supporting role

Viola Davis, Fences
Naomie Harris, Moonlight
Nicole Kidman, Lion
Octavia Spencer, Hidden Figures
Michelle Williams, Manchester by the Sea

Mon pronostic : Viola Davis

Mon favori : Viola Davis, j’entends beaucoup de bien de ce film

Et l’Oscar est attribué à … Viola Davis

Animated feature film

Kubo and the Two Strings
Moana
My Life as a Zucchini
The Red Turtle
Zootopia

Mon pronostic : The Red Turtle

Mon favori : The Red Turtle ou Zootopia

Et l’Oscar est attribué à … Zootopia

Cinematography

Arrival
La La Land
Lion
Moonlight
Silence

Mon pronostic : La La Land (oui je vois La La Land faire une razzia aux Oscars, pas très original non ?)

Mon favori : oh là là (land, oui je sais, je l’ai déjà fait un peu plus haut), le choix est rude … Arrival ? La La Land ? Moonlight ? Oui je n’arrive pas à choisir, mais si je devais miser sur l’outsider alors va pour Moonlight

Et l’Oscar est attribué à … La La Land

Costum Design

Allied
Fantastic Beasts and Where to Find Them
Florence Foster Jenkins
Jackie
La La Land

Mon pronostic : Jackie

Mon favori : Jackie ou Fantastic Beasts and Where to Find Them (et ne nous voilons pas la face, La La Land se défend bien en terme de costume)

Et l’Oscar est attribué à … Fantastic Beasts and Where to Find Them

Directing

Arrival
Hacksaw Ridge
La La Land
Manchester by the Sea
Moonlight

Mon pronostic : La La Land

Mon favori : Manchester by the Sea, ou alors grosse surprise avec Moonlight, ou moins de surprise La La Land

Et l’Oscar est attribué à … La La Land

Film Editing

Arrival
Hacksaw Ridge
Hell or High Water
La La Land

Mon pronostic : La La Land ou Arrival

Mon favori : Arrival, il faut bien que je cite ce film que j’ai beaucoup aimé à un moment donné

Et l’Oscar est attribué à … Hacksaw Ridge

Foreign Language Film

Land of Mine
A Man Called Ove
The Salesman
Tanna
Toni Erdmann

Mon pronostic : Toni Erdmann (c’est bien simple, le réalisateur de The Salesman ne pourra même pas être présent)

Mon favori : Toni Erdmann

Et l’Oscar est attribué à … The salesman

Makeup and Hairstyling

A Man Called Ove
Star Trek Beyond
Suicide Squad

Mon pronostic : Star Trek Beyond

Mon favori : Star Trek Beyond

Et l’Oscar est attribué à … Suicide Squad

Music (Original Score)

Jackie
La La Land
Lion
Moonlight
Passengers

Mon pronostic : La La Land

Mon favori : La La Land (original pour une comédie musicale !)

Et l’Oscar est attribué à … La La Land

Music (Original Song)

"Audition (The Fools Who Dream)" La La Land
"Can't Stop The Feeling" Trolls
"City Of Stars" La La Land
"The Empty Chair" Jim: The James Foley Story
"How Far I'll Go" Moana

Mon pronostic : "City Of Stars"

Mon favori : "City Of Stars", à noter que l’autre chanson de La La Land est également très belle

Et l’Oscar est attribué à … "City of Stars"

Production Design

Arrival
Fantastic Beasts and Where to Find Them
Hail, Caesar!
La La Land
Passengers

Mon pronostic : Fantastic Beasts and Where to Find Them

Mon favori : Fantastic Beasts and Where to Find Them

Et l’Oscar est attribué à … La la land

Sound Editing

Arrival
Deepwater Horizon
Hacksaw Ridge
La La Land

Mon pronostic : La La Land ou Arrival

Mon favori : Arrival

Et l’Oscar est attribué à … Arrival

Sound Mixing

Arrival
Hacksaw Ridge
La La Land
Rogue One: A Star Wars Story
13 Hours: The Secret Soldiers of Benghazi

Mon pronostic : Rogue One

Mon favori : Rogue One

Et l’Oscar est attribué à … Hacksaw Ridge

Visual Effects

Deepwater Horizon
Doctor Strange
The Jungle Book
Kubo and the Two Strings
Rogue One: A Star Wars Story

Mon pronostic : The Jungle Book

Mon favori : The Jungle Book

Et l’Oscar est attribué à … The Jungle Book

Writing (adapted screenplay)

Fences
Hidden Figures
Lion
Moonlight

Mon pronostic : Lion ou Fences dont je connais moins le pitch

Mon favori : Lion

Et l’Oscar est attribué à … Moonlight

Writing (original screenplay)

Hell or High Water
La La Land
The Lobster
Manchester by the Sea
20th Century Women

Mon pronostic : La La Land

Mon favori : Hell or High Water


Et l’Oscar est attribué à … Manchester by the Sea

Edit du 27 février 2017 : je suis surprise car j'avais plutôt bien vu dans mes pronostics. Très contente que Moonlight ait plusieurs récompenses et finalement que La La Land n'ait pas tout rasé, ainsi que pour l'Oscar pour Casey(chouchou) Affleck.
J'avoue ne pas avoir vu venir le film Hacksaw Ridge, et LA grosse déception, c'est l'Oscar de la meilleure actrice pour Emma Stone, je suis embêtée qu'une actrice au jeu inégal soit récompensée alors que face à elle il y avait de sérieuses pointures.
Et je ne parle même pas de la "boulette" sur l'attribution de l'Oscar du meilleur film ... ça s'est déjà produit en France ce genre d'erreur, c'est à chaque fois consternant.

vendredi 24 février 2017

Césars 2017

Comme l’année dernière, on se contrefiche de mon avis sur l’attribution des Césars, c’est pour cela que je vais me faire un (malin) plaisir de vous le donner !
C’est très simple : mon pronostic = je pense que le César leur sera attribué, mon favori = celui que j’aimerai voir récompensé.

Je le sens gros comme une maison, je vais être à côté de la plaque mais qu’importe !


Meilleur espoir féminin

OULAYA AMAMRA dans DIVINES
PAULA BEER dans FRANTZ
LILY-ROSE DEPP dans LA DANSEUSE
NOÉMIE MERLANT dans LE CIEL ATTENDRA
RAPH dans MA LOUTE

Mon pronostic : j’hésite, entre Paula Beer, révélation du film de François Ozon et déjà récompensée, et Oulaya Amara, pour surfer sur la vague du film Fatima l’an dernier

Mon favori : Paula Beer, j’ai été bluffée par cette actrice, une véritable révélation de cette année 2016

Et le César est attribué à … Oulaya Amamra

Meilleur espoir masculin

JONAS BLOQUET dans ELLE
DAMIEN BONNARD dans RESTER VERTICAL
CORENTIN FILA dans QUAND ON A 17 ANS
KACEY MOTTET KLEIN dans QUAND ON A 17 ANS
NIELS SCHNEIDER dans DIAMANT NOIR

Mon pronostic : Niels Schneider, film non vu mais j’en ai entendu parler

Mon favori : l’un des deux acteurs de Quand on a 17 ans (mais pourquoi faire 2 nominations distinctes pour un même film ?)

Et le César est attribué à … Niels Schneider

Meilleure actrice dans un second rôle

NATHALIE BAYE dans JUSTE LA FIN DU MONDE
VALERIA BRUNI TEDESCHI dans MA LOUTE
ANNE CONSIGNY dans ELLE
DÉBORAH LUKUMUENA dans DIVINES
MÉLANIE THIERRY dans LA DANSEUSE

Mon pronostic : Valéria Bruni Tedeschi

Mon favori : Valéria Bruni Tedeschi

Et le César est attribué à … Déborah Lukumuena

Meilleur acteur dans un second rôle

GABRIEL ARCAND dans LE FILS DE JEAN
VINCENT CASSEL dans JUSTE LA FIN DU MONDE
VINCENT LACOSTE dans VICTORIA
LAURENT LAFITTE dans ELLE
MELVIL POUPAUD dans VICTORIA
JAMES THIERRÉE dans CHOCOLAT

Mon pronostic : Laurent "tête-à-claques" Lafitte (ça ne passe pas avec cet acteur)

Mon favori : Vincent Lacoste, à noter que j’ai également beaucoup aimé la prestation de James Thierrée

Et le César est attribué à … James Thierrée

Meilleure actrice

JUDITH CHEMLA dans UNE VIE
MARION COTILLARD dans MAL DE PIERRES
VIRGINIE EFIRA dans VICTORIA
MARINA FOÏS dans IRRÉPROCHABLE
ISABELLE HUPPERT dans ELLE
SIDSE BABETT KNUDSEN dans LA FILLE DE BREST
SOKO dans LA DANSEUSE

Mon pronostic : Isabelle Huppert (mais je n’y tiens pas) sauf que comme elle est en lice aux Oscars je pencherai plutôt pour Virginie Efira

Mon favori : en réfléchissant longuement, celle qui m’a le plus impressionnée c’est Judith Chemla, étrangement je ne sens pas Marion Cotillard bien placée pour le César mais je me trompe peut-être (alors que son jeu est impressionnant)

Et le César est attribué à … Isabelle Hupert

Meilleur acteur

FRANÇOIS CLUZET dans MÉDECIN DE CAMPAGNE
PIERRE DELADONCHAMPS dans LE FILS DE JEAN
NICOLAS DUVAUCHELLE dans JE NE SUIS PAS UN SALAUD
FABRICE LUCHINI dans MA LOUTE
PIERRE NINEY dans FRANTZ
OMAR SY dans CHOCOLAT
GASPARD ULLIEL dans JUSTE LA FIN DU MONDE

Mon pronostic : Pierre Niney

Mon favori : Pierre Niney, sans aucune hésitation

Et le César est attribué à … Gaspard Ulliel

Meilleur scénario original

HOUDA BENYAMINA, MALIK RUMEAU pour DIVINES
SOLVEIG ANSPACH, JEAN-LUC GAGET pour L'EFFET AQUATIQUE
SABRINA B. KARINE, ALICE VIAL, PASCAL BONITZER, ANNE FONTAINE pour LES INNOCENTES
BRUNO DUMONT pour MA LOUTE
JUSTINE TRIET pour VICTORIA

Mon pronostic : Solveig Anspach et Jean-Luc Gaget

Mon favori : Bruno Dumont

Et le César est attribué à … Solveig Anspach et Jean-Luc Gaget

Meilleure adaptation

DAVID BIRKE pour ELLE
SÉVERINE BOSSCHEM, EMMANUELLE BERCOT pour LA FILLE DE BREST
FRANÇOIS OZON pour FRANTZ
CÉLINE SCIAMMA pour MA VIE DE COURGETTE
NICOLE GARCIA, JACQUES FIESCHI pour MAL DE PIERRES
KATELL QUILLÉVÉRÉ, GILLES TAURAND pour RÉPARER LES VIVANTS

Mon pronostic : David Birke ou Céline Sciamma

Mon favori : Séverine Bosschem et Emmanuelle Bercot

Et le César est attribué à … Céline Sciamma

Meilleure musique originale

GABRIEL YARED pour CHOCOLAT
IBRAHIM MAALOUF pour DANS LES FORÊTS DE SIBÉRIE
ANNE DUDLEY pour ELLE
PHILIPPE ROMBI pour FRANTZ
SOPHIE HUNGER pour MA VIE DE COURGETTE

Mon pronostic : Gabriel Yared

Mon favori : Gabriel Yared, mais aucune musique des films nommés ne m’a excessivement marquée

Et le César est attribué à … Ibrahim Maalouf

Meilleurs costumes

ANAÏS ROMAND pour LA DANSEUSE
PASCALINE CHAVANNE pour FRANTZ
ALEXANDRA CHARLES pour MA LOUTE
CATHERINE LETERRIER pour MAL DE PIERRES
MADELINE FONTAINE pour UNE VIE

Mon pronostic : Anaïs Romand

Mon favori : Madeline Fontaine

Et le César est attribué à … Anaïs Romand

Meilleurs décors

JÉRÉMIE D. LIGNOL pour CHOCOLAT
CARLOS CONTI pour LA DANSEUSE
MICHEL BARTHÉLÉMY pour FRANTZ
RITON DUPIRE-CLÉMENT pour MA LOUTE
KATIA WYSZKOP pour PLANETARIUM

Mon pronostic : Katia Wyszkop

Mon favori : Carlos Conti

Et le César est attribué à … Jérémie D. Lignol

Meilleure photo

STÉPHANE FONTAINE pour ELLE
PASCAL MARTI pour FRANTZ
CAROLINE CHAMPETIER pour LES INNOCENTES
GUILLAUME DEFFONTAINES pour MA LOUTE
CHRISTOPHE BEAUCARNE pour MAL DE PIERRES

Mon pronostic : Pascal Marti

Mon favori : Pascal Marti

Et le César est attribué à … Pascal Marti

Meilleur montage

LOIC LALLEMAND, VINCENT TRICON pour DIVINES
JOB TER BURG pour ELLE
LAURE GARDETTE pour FRANTZ
XAVIER DOLAN pour JUSTE LA FIN DU MONDE
SIMON JACQUET pour MAL DE PIERRES

Mon pronostic : Loic Lallemand et Vincent Tricon

Mon favori : Simon Jacquet

Et le César est attribué à … Xavier Dolan

Meilleur son

BRIGITTE TAILLANDIER, VINCENT GUILLON, STÉPHANE THIÉBAUT pour CHOCOLAT
JEAN-PAUL MUGEL, ALEXIS PLACE, CYRIL HOLTZ, DAMIEN LAZZERINI pour ELLE
MARTIN BOISSAU, BENOÎT GARGONNE, JEAN-PAUL HURIER pour FRANTZ
JEAN-PIERRE DURET, SYLVAIN MALBRANT, JEAN-PIERRE LAFORCE pour MAL DE PIERRES
MARC ENGELS, FRED DEMOLDER, SYLVAIN RÉTY, JEAN-PAUL HURIER pour L'ODYSSÉE

Mon pronostic : l’équipe de L’Odyssée

Mon favori : l’équipe de Chocolat

Et le César est attribué à … l'équipe de L'Odyssée

Meilleure réalisation

HOUDA BENYAMINA pour DIVINES
PAUL VERHOEVEN pour ELLE
FRANÇOIS OZON pour FRANTZ
ANNE FONTAINE pour LES INNOCENTES
XAVIER DOLAN pour JUSTE LA FIN DU MONDE
BRUNO DUMONT pour MA LOUTE
NICOLE GARCIA pour MAL DE PIERRES

Mon pronostic : Bruno Dumont (partant du principe que souvent aux Césars on aime récompenser les films un peu bizarres ayant peu ou moyennement fonctionnés lors de leur sortie)

Mon favori : François Ozon, je n’ai jamais caché à quel point j’aime le travail de ce réalisateur

Et le César est attribué à … Xavier Dolan

Meilleur film d’animation (long métrage)

LA JEUNE FILLE SANS MAINS réalisé par SÉBASTIEN LAUDENBACH, produit par JEAN-CHRISTOPHE SOULAGEON
MA VIE DE COURGETTE réalisé par CLAUDE BARRAS, produit par ARMELLE GLORENNEC, ERIC JACQUOT, MARC BONNY
LA TORTUE ROUGE réalisé par MICHAEL DUDOK DE WIT, produit par VINCENT MARAVAL, PASCAL CAUCHETEUX

Mon pronostic : La jeune fille sans mains, parce qu’on a trop parlé des deux autres et qu’ils ont déjà des récompenses (et que l’académie des Césars n’aime pas cela en général) ou alors Ma vie de courgette, plus accessible à jeune public

Mon favori : La tortue rouge, tellement poétique et beau

Et le César est attribué à … Ma vie de courgette

Meilleur premier film

CIGARETTES ET CHOCOLAT CHAUD réalisé par SOPHIE REINE, produit par ISABELLE GRELLAT, ERIC ALTMAYER, NICOLAS ALTMAYER
LA DANSEUSE réalisé par STÉPHANIE DI GIUSTO, produit par ALAIN ATTAL
DIAMANT NOIR réalisé par ARTHUR HARARI, produit par DAVID THION, PHILIPPE MARTIN
DIVINES réalisé par HOUDA BENYAMINA, produit par MARC-BENOIT CRÉANCIER
ROSALIE BLUM réalisé par JULIEN RAPPENEAU, produit par MICHAEL GENTILE, CHARLES GILLIBERT

Mon pronostic : Divines

Mon favori : Divines

Et le César est attribué à … Divines

Meilleur film documentaire

DERNIÈRES NOUVELLES DU COSMOS réalisé par JULIE BERTUCCELLI, produit par YAËL FOGIEL, LAETITIA GONZALEZ
FUOCOAMMARE, PAR-DELÀ LAMPEDUSA réalisé par GIANFRANCO ROSI, produit par SERGE LALOU, CAMILLE LAEMLÉ
MERCI PATRON ! réalisé par FRANÇOIS RUFFIN, produit par ÉDOUARD MAURIAT, ANNE-CÉCILE BERTHOMEAU, JOHANNA SILVA SWAGGER réalisé par OLIVIER BABINET, produit par MARINE DORFMANN, ALEXANDRE PERRIER
VOYAGE À TRAVERS LE CINÉMA FRANÇAIS réalisé par BERTRAND TAVERNIER, produit par FRÉDÉRIC BOURBOULON

Mon pronostic : j’hésite avec Fuocoammare ou Merci patron ! ou Dernières nouvelles du cosmos

Mon favori : Voyage à travers le cinéma Français

Et le César est attribué à … Merci patron !

Meilleur film étranger

AQUARIUS réalisé par KLEBER MENDONÇA FILHO, distribution France SBS DISTRIBUTION
BACCALAURÉAT réalisé par CRISTIAN MUNGIU, coproduction France WHY NOT PRODUCTIONS (PASCAL CAUCHETEUX, GRÉGOIRE SORLAT)
LA FILLE INCONNUE réalisé par JEAN-PIERRE DARDENNE, LUC DARDENNE, coproduction France ARCHIPEL 35 (DENIS FREYD)
JUSTE LA FIN DU MONDE réalisé par XAVIER DOLAN, coproduction France MK PRODUCTIONS (NATHANAËL KARMITZ, ELISHA KARMITZ)
MANCHESTER BY THE SEA réalisé par KENNETH LONERGAN, distribution France UNIVERSAL PICTURES INTERNATIONAL FRANCE
MOI, DANIEL BLAKE réalisé par KEN LOACH, coproduction France WHY NOT PRODUCTIONS (PASCAL CAUCHETEUX, GRÉGOIRE SORLAT)
TONI ERDMANN réalisé par MAREN ADE, distribution France HAUT ET COURT DISTRIBUTION

Mon pronostic : étant donné que Moi, Daniel Blake a eu la Palme d’or à Cannes je le vois très mal avoir également le César sauf si les votants décident de primer un film engagé, sinon je verrai bien Toni Erdmann reparti bredouille de Cannes ou encore Aquarius

Mon favori : Manchester by the Sea, ce film est tellement beau …

Et le César est attribué à … Moi, Daniel Blake

Meilleur film

DIVINES produit par MARC-BENOIT CRÉANCIER, réalisé par HOUDA BENYAMINA
ELLE produit par SAÏD BEN SAÏD, MICHEL MERKT, réalisé par PAUL VERHOEVEN
FRANTZ produit par ERIC ALTMAYER, NICOLAS ALTMAYER, réalisé par FRANÇOIS OZON
LES INNOCENTES produit par ERIC ALTMAYER, NICOLAS ALTMAYER, réalisé par ANNE FONTAINE
MA LOUTE produit par JEAN BRÉHAT, RACHID BOUCHAREB, MURIEL MERLIN, réalisé par BRUNO DUMONT
MAL DE PIERRES produit par ALAIN ATTAL, réalisé par NICOLE GARCIA
VICTORIA produit par EMMANUEL CHAUMET, réalisé par JUSTINE TRIET

Mon pronostic : Elle ou alors Ma loute ou (et alors là grande surprise car c'est une comédie) Victoria

Mon favori : Frantz, le film qui m’a le plus éblouie parmi ceux nominés


Et le César est attribué à … Elle

Edit du 25 février 2017 : étrangement je ne me suis pas trop plantée dans mes pronostics, par contre je suis déçue de certaines récompenses et que le film de François Ozon reparte, une nouvelle fois, quasi bredouille. Mais il faut bien "privilégier" certains films comme Elle ou récompenser le "génie" de Xavier Dolan (trop de louanges m'ont depuis longtemps quasi tué l'envie de voir un film de ce réalisateur), décidément ce "copinage" ne cesse de m'agacer d'année en année, espérons que les Oscars ne sombrent pas trop dans ce travers (oh je ne suis pas naïve, ils en ont d'autres).

dimanche 19 février 2017

Corniche Kennedy de Maylis de Kerangal


Le temps d'un été, quelques adolescents désœuvrés défient les lois de la gravitation en plongeant le long de la corniche Kennedy. Derrière ses jumelles, un commissaire, chargé de la surveillance de cette zone du littoral, les observe. Entre tolérance zéro et goût de l'interdit, les choses vont s'envenimer. (Folio)

Ma première rencontre avec Maylis de Kerangal remonte à février 2012, avec "Naissance d'un pont".
Mes premières retrouvailles avec cette auteur datent aussi de 2012, juillet cette fois-ci, avec "Tangente vers l'est", lu dans le cadre d'un prix littéraire pour lequel je faisais partie du jury.
Et puis j'ai attendu avant de relire cette auteur, peur d'être déçue, trop de discours et d'éloges autour d'elle, il y a des auteurs que l'on aimerait garder secrets encore un petit peu.
Il a fallu attendre 2015 pour que je me décide à lire "Réparer les vivants", si beau, si fort, à tel point que je ne suis pas allée voir l'adaptation cinématographique, volontairement.
Il n'en était pas de même pour "Corniche Kennedy", tout de suite après le film j'ai eu envie de découvrir ce roman, l'un des premiers de Maylis de Kerangal.
Le grand saut, enfin, après tant d'années.

C'est l'été à Marseille, quelques adolescents désœuvrés des quartiers nord se regroupent sur la corniche Kennedy et défient les lois de la gravitation en sautant et plongeant : "Puisque frimer précisément, tchatcher, sauter, plonger, parader, c'est ce qu'ils font quand ils sont là, c'est ce qu'ils viennent faire.", toujours plus haut, sous le regard de Suzanne, jeune fille issue d'une famille aisée habitant sur la corniche, et du commissaire Sylvestre Opéra chargé de la surveillance du littoral.
Suzanne et Sylvestre Opéra ont un point en commun : ils sont fascinés par cette bande, la première voulant en faire partie et le deuxième fasciné par ces jeunes insolents à qui rien ni personne ne fait peur : "Fasciné par la vitalité du garçon, exaspéré par son arrogance, il se sent vieux, à cette heure, épuisé, et se dit qu'il donnerait beaucoup pour faire partie, ne serait-ce qu'une journée, de la bande de la Plate, gesticuler sur les pierres, draguer les filles, s'approprier le ciel. C'est une tentation intense.".
Ils ont quelque chose d'attachant ces minots, notamment Eddy et Mario, et Maylis de Kerangal a su les saisir au vol et les rendre vivants tout en simplicité, mais Suzanne elle reste un peu plus mystérieuse.
Et puis la pseudo enquête policière en toile de fond est morne, plate, sans grand intérêt.
Que vient-elle faire ici ?
Je ne saurai trop répondre à cette question, peut-être n'est-elle qu'un prétexte, un de plus, pour pouvoir observer en toute liberté ces jeunes qui sautent au vu et au sus de tous, méprisés par tous et méprisant à leur tour par leur insolente jeunesse qui se défie de tout.
Ils sont beaux ces jeunes, ils sont fascinants, ils ont quelque chose à dire mais personne ne semble prêt à les écouter.
Et puis, surtout, il y a le style de Maylis de Kerangal, et c'est sans doute ce qui sauve l'ensemble et ne m'a pas fait abandonner cette histoire qui au fond ne fait que survoler sans trop chercher à approfondir et creuser les personnages ou encore leurs motivations.
La fin de ce roman est d'ailleurs à l'image de l'histoire : complètement ouverte.
Je ne sais trop au final ce que j'attendais de ce roman pour lequel j'avais les images du film tout au long de ma lecture.
Si j'attendais Marseille, elle est bien là cette ville profondément ancrée dans ses racines méditerranéennes; si j'attendais une trame plus fournie j'ai été laissée sur la plateforme avant de m'élancer pour sauter.

"Corniche Kennedy" n'a pas tout à fait la même puissance que les autres romans de Maylis de Kerangal mais sa plume, elle, est toujours la même : aussi belle que poétique et ne serait-ce que pour cela, ce roman mérite d'être découvert.

jeudi 16 février 2017

L'amie prodigieuse - Celle qui fuit et celle qui reste d'Elena Ferrante


Pour Elena, comme pour l’Italie, une période de grands bouleversements s’ouvre. Nous sommes à la fin des années soixante, les événements de 1968 s’annoncent, les mouvements féministes et protestataires s’organisent, et Elena, diplômée de l’École normale de Pise et entourée d’universitaires, est au premier rang. Même si les choix de Lila sont radicalement différents, les deux jeunes femmes sont toujours aussi proches, une relation faite d’amour et de haine, telles deux sœurs qui se ressembleraient trop. Et, une nouvelle fois, les circonstances vont les rapprocher, puis les éloigner, au cours de cette tumultueuse traversée des années soixante-dix. (Gallimard)

Lila a donc quitté son mari avec son fils pour partir vivre avec Enzo et travailler dans une usine de salaison, quand Elena le découvre elle en est catastrophée : "Et je souffre en pensant à comment elle se gâche !".
Car Elena, malgré la publication et le succès de son livre, souffre toujours de cette comparaison  qu'elle s'impose par rapport à Lila et dont elle ressort toujours vaincue : "Pour sûr, Lila était fausse et ingrate, et quant à moi, malgré tout ce qui avait changé, je continuais à lui être inférieure.".
Si Elena et Lila vont connaître des tourments, se rapprocher pour mieux s'éloigner, il en va de même de l'Italie des années 60 où s'amorcent les mouvements féministes et protestataires.

La toile de fond de ce nouveau tome est l'Italie connaissant des bouleversements dans les années 60, à l'image de ce qui se passe à Paris en mai 1968, avec tout d'abord le parti communiste qui se renforce puis l'arrivée d'organisations marxistes dont les Brigades Rouges qui n'hésitent pas à frapper avec des actions terroristes.
C'est le premier reproche que je ferai à ce roman : la trame historique est intéressante mais pas assez explicitée pour qui ne connaît pas bien l'histoire de l'Italie dans les années 60/70, ce qui est mon cas.
On sent qu'il se passe des choses, on comprend à demi-mot mais pour une fois Elena, la narratrice, aurait pu s'attarder un peu plus longuement sur les événements politiques.
Et voilà le deuxième reproche que je ferai à ce récit, Elena est trop bavarde, elle s'enlise à raconter les mêmes événements et dans sa vie de femme mariée avec enfants : "Je languissais dans mon lit, frustrée par ma condition de mère de famille et de femme mariée; tout avenir me semblait prisonnier de la répétition des rites domestiques, que ce soit dans la cuisine ou dans le lit conjugal, et ce jusqu'à la mort.".
Si le personnage d'Elena se languit il en va malheureusement de même pour le lecteur pendant la première partie du récit.
Elena n'est plus que l'ombre d'elle-même, elle a écrit un livre et puis plus rien, elle devient une bonne épouse au foyer, puis a une première fille, puis une deuxième, et elle raconte ses longues journées chez elle à s'occuper de deux enfants et d'un mari qui ne lui consacre guère de temps tout comme à ses filles car il s'obstine à vouloir publier un deuxième roman, une obstination vaine car il reste campé sur ses positions, ne s'entend pas avec ses collègues, et ne laisse pas de temps à sa femme, je soupçonne d'ailleurs une jalousie de sa part à l'égard d'Elena.
Elena s'est transformée en femme au foyer désespérée, cherchant à séduire quelques hommes, mais c'est qu'elle a fini par me désespérer et limite m'exaspérer.
Pourtant, au début du roman j'avais bon espoir pour Elena qui venait de publier un roman et de couper quasi définitivement avec son ancien quartier de Naples : "Une fois mes études universitaires achevées, et après avoir écrit d'un trait un récit qui, à ma plus grande surprise, était devenu en quelques mois un livre, j'eux l'impression que le monde d'où je venais ne faisait que se détériorer davantage.".
Mais pour le coup Elena aussi se détériore, elle souffre même d'une dépression et finit par voir sombrement le monde : "Et aujourd'hui, c'est ainsi que je vois les choses : ce n'est pas notre quartier qui est malade, ce n'est pas Naples, c'est le globe terrestre tout entier, c'est l'Univers, ce sont les univers ! Le seul talent consiste à cacher et à se cacher le véritable état des choses.".
Sa relation avec Lila étant désormais téléphonique, l'interaction entre les deux personnages manquent finalement et n'offrent pas le même rythme que les deux précédents romans.
Il faut attendre le retour de Nino Sarratore pour que l'histoire reprenne vie ainsi qu'une nouvelle tournure avec une fin qui laisse sur sa faim, comme les deux fois précédentes.
Je ne sais si c'est parce que l'auteur commençait un peu à s’essouffler mais ce troisième tome n'a pas la saveur et le cynisme des deux précédents, ou alors c'est parce que le personnage d'Elena est presque plus âgé que moi et n'a pas la même vie que je ne m'y retrouve plus autant qu'avant.
La seule qui demeure fidèle à elle-même, c'est Lila, qui va une nouvelle fois rebondir et se découvrir une nouvelle passion pour les ordinateurs, domaine dans lequel elle va bien évidemment briller car rien ne peut résister à son intelligence.
La relation amour/haine entre les deux personnages est moins présente que dans les précédents volumes, disons que l'âge faisant elles ont fini par jeter un voile sur leur relation, particulièrement Elena qui cesse de vouloir découvrir la véritable nature du lien qui l'attache à Lila.
Après réflexion, il y a pourtant de belles scènes dans ce roman, notamment un repas avec la famille Solara digne des grands films Italiens, mais il lui manque toutefois un petit quelque chose qu'il y avait dans les deux précédents.
Mais avec la fin que nous a réservée Elena Ferrante je n'ai tout de même qu'une hâte : que le quatrième et dernier tome paraisse afin de découvrir ce qu'il advient d'Elena et Lila.

"Celle qui fuit et celle qui reste" est le tome de la maturité mais aussi celui qui prépare, et parfois un peu trop longuement, l'ultime tome de cette superbe fresque Italienne signée par Elena Ferrante.

mardi 14 février 2017

Lumière ! L'aventure commence de Thierry Frémaux

     
     

En 1895, les frères Lumière inventent le Cinématographe et tournent parmi les tout-premiers films de l’histoire du cinéma. Mise en scène, travelling, trucage ou remake, ils inventent aussi l’art de filmer. Chefs-d’œuvre mondialement célèbres ou pépites méconnues, cette sélection de films restaurés offre un voyage aux origines du cinéma. Ces images inoubliables sont un regard unique sur la France et le Monde qui s’ouvrent au 20e siècle. Lumière, l’aventure du cinéma commence ! (AlloCiné)


"Je vous parle d'un temps que les moins de cent vingt ans ne peuvent pas connaître ..."
C'est tout à fait ce que propose ici Thierry Frémaux, directeur de l'Institut Lumière à Lyon et Délégué Général du Festival de Cannes, à travers 108 films Lumière de 50 secondes chacun parmi les 1422 référencés, tournés entre 1895 et 1905 et restaurés pour l'occasion.
Sur une musique de Camille Saint-Saëns, Thierry Frémaux commente ces films et fait découvrir au spectateur la France du dix-neuvième siècle ainsi que les techniques de tournage via le cinématographe, inventé par les frères Auguste et Louis Lumière, ingénieurs et industriels Français.


Thierry Frémaux, amoureux du 7ème art, sait de quoi il parle, les films des frères Lumière il les a déjà commentés, alors pourquoi proposer une sortie en salle ?
Tout simplement parce que cela ne s'est jamais fait et que c'est l'occasion de faire découvrir certains de ces films, pardon de ces pépites, à un plus large public.
Car ces 108 films de 50 secondes sont tous, j'insiste bien sur le tous, des pépites qui non seulement font vivre sous nos yeux la France industrielle, la France qui s'amuse du dix-neuvième siècle mais également des cadrages et des mises en scène qui seront réutilisés par tous les cinéastes par la suite : le travelling, le contrechamp, les trucages etc.
En même temps que l'on découvre le premier film de l'histoire, "La sortie des usines Lumière", on découvre également le premier remake de l'histoire du cinéma puisque ce film a été tourné en trois versions différentes.
Et l'on découvre également le premier film comique, avec "L'arroseur arrosé", ainsi qu'un film qui a beaucoup marqué à l'époque et qui reste aujourd'hui encore impressionnant : "L'arrivée d'un train en gare de La Ciotat".
En fait, on pourrait parler pendant des heures des 108 films proposés, ils sont tous merveilleux, ils apportent tous quelque chose à la mémoire commune, et bien souvent ils font rire.
A titre personnel, le film m'ayant le plus marquée est sans doute celui en Egypte filmant le sphinx et la grande pyramide de Gizeh, une nouvelle fois l'art de la diagonale est utilisé pour filmer les gens défilant mais c'est surtout que l'Egypte se dégage de ces images; le film le plus drôle est celui avec le chat gourmand.
Les commentaires de Thierry Frémaux sont très plaisants car ils mêlent humour et explications plus sérieuses en attirant le regard du spectateur sur les détails de chaque film et les techniques utilisées pour filmer.
C'est très didactique et cela m'a ravi au plus haut point car je serai passée à côté de beaucoup de détails qui n'en sont finalement pas.
Ce qui frappe le plus, c'est de constater que les frères Lumière, qui se mettaient souvent en scène eux-mêmes ainsi que leur famille, ainsi que leurs opérateurs faisaient des cadrages parfaits et touchaient juste, il y a certains films qui sont vraiment impressionnants comme cette chaîne de chasseurs alpins marchant dans la neige et filmés en hauteur.
Ce fut un plaisir du début à la fin pour ma part, j'espère que Thierry Frémaux ne s'arrêtera pas là et proposera d'autres films restaurés des frères Lumière.
Bravo aux frères Lumière pour cette si merveilleuse invention et merci à Thierry Frémaux pour ces 90 minutes de pur ravissement !


"Lumière ! L'aventure commence" est un film, pardon une pépite de cinéma, qui ravira en premier lieu tous les amoureux du 7ème art mais qui s'adresse aussi à un public plus large de nostalgiques et/ou de curieux.