dimanche 12 février 2017

L'amie prodigieuse - Le nouveau nom d'Elena Ferrante


Naples, années soixante. Le soir de son mariage, Lila comprend que son mari Stefano l’a trahie en s’associant aux frères Solara, les camorristes qui règnent sur le quartier et qu’elle déteste depuis son plus jeune âge. Pour Lila Cerullo, née pauvre et devenue riche en épousant l’épicier, c’est le début d’une période trouble : elle méprise son époux, refuse qu’il la touche, mais est obligée de céder. Elle travaille désormais dans la nouvelle boutique de sa belle-famille, tandis que Stefano inaugure un magasin de chaussures de la marque Cerullo en partenariat avec les Solara. De son côté, son amie Elena Greco, la narratrice, poursuit ses études au lycée et est éperdument amoureuse de Nino Sarratore, qu’elle connaît depuis l’enfance et qui fréquente à présent l’université. Quand l’été arrive, les deux amies partent pour Ischia avec la mère et la belle-sœur de Lila, car l’air de la mer doit l’aider à prendre des forces afin de donner un fils à Stefano. La famille Sarratore est également en vacances à Ischia et bientôt Lila et Elena revoient Nino. (Gallimard)

Si vous vous rappelez, j'ai terminé le premier tome en m'esclaffant haut et forme dans une rame de TGV (quasiment vide) un "Oh !" de surprise tant le premier tome se terminait sur un moment crucial et en pleine apothéose, et bien le second tome est la continuité de l'histoire, à un détail près : le début ne commence pas exactement à la scène finale.
Lila s'est donc mariée, pour découvrir le jour de ses noces que son mari Stefano s'était acoquiné avec les Solara, la pègre locale même si cela n'est jamais dit explicitement.
Lila ayant du caractère, cela ne s'est pas bien fini, elle a dû céder à son mari et remplir de très mauvais gré son "devoir conjugal", subir les coups dudit mari jusqu'à ne plus devenir que l'ombre d'elle-même : "Mais sa condition d'épouse l'avait enfermée dans une sorte de récipient de verre, comme un voilier naviguant toutes voiles dehors dans un espace inaccessible où il n'y avait même pas la mer.".
Mais c'est bien mal connaître Lila que de croire qu'elle va se laisser abattre, malgré une mise en garde à l'égard de son amie Elena : "Méfie-toi de moi, Lenù, méfie-toi de ce que je dis et de ce que je fais !", la narratrice de l'histoire, elle rebondit lors d'un séjour à Ischia où elle prend pour amant Nino Sarratore.
Ce qu'elle ne sait pas, et d'ailleurs même si elle le savait elle s'en ficherait, c'est qu'Elena est depuis toujours éperdument amoureuse de Nino, qu'elle fréquente de temps à autre au lycée.

L'amitié et la rivalité entre Elena et Lila ne sont pas prêtes de s'arrêter.
Elena a beau être la narratrice de l'histoire, elle reste en partie insaisissable pour le lecteur, en tout cas pour moi, je la comprends et à la fois elle me surprend dans certains de ses choix.
Quant à Lila, elle est fidèle à elle-même, à son caractère si particulier, sa méchanceté, son intelligence hors norme, son acuité, sa douceur parfois : "Mais qu'est-ce qui s'est passé quand tu es venue au monde ? Un accident, un hoquet, une convulsion, ou bien la lumière s'est éteinte, une ampoule a éclaté, la bassine d'eau est tombée de la commode ? Il a bien dû se passer un truc pour que tu naisses comme ça tellement insupportable et différente des autres !", Lila est à part depuis toujours et elle le restera ainsi toute sa vie.
D'ailleurs, il ne faut pas oublier que l'histoire s'ouvre dans le premier tome par la disparition de Lila, une chose dont elle a souvent parlé et qu'elle a fini par mettre à exécution.
Avec le recul et les connaissances actuelles, Lila est certainement une surdouée dépassée par sa prodigieuse intelligence, un état qu'elle considère comme une maladie : "J'ai pas envie d'en parler, c'est une maladie, j'ai à l'intérieur de moi un vide qui me pèse !".
Mais j'aime aussi Elena la travailleuse, celle qui continue des études supérieures et écrit même un livre qui est publié lorsque s'achève le récit.
Lila, pour sa part, connaîtra un tout autre destin : abandonnée par son amant, mère d'un jeune garçon, elle décidera de quitter le domicile conjugal malgré la sécurité et l'aisance que peuvent lui procurer son mari et se retrouve à cohabiter avec Enzo Scanno, un ami d'enfance, qui a lui aussi fui le quartier, ils travaillent tous les deux dans une usine de salaison.
La relation entre les deux jeunes femmes est vraiment particulière, il est difficile de mettre des mots dessus, d'ailleurs Elena la narratrice n'y arrive pas.
Il y a à la fois de l'amour et de la haine, l'une ne peut aller complètement sans l'autre, Elena est stimulée par Lila et vice-versa.
Le lecteur, à l'image des autres personnages, ne peut qu'être spectateur de cette relation si particulière.
Au cours du récit, les personnages grandissent et évoluent, certains tournent mal, d'autres essayent de s'en sortir mais il n'y a pas grand chose à faire, le quartier reste viscéralement inscrit en eux et même à Pise Elena ne peut complètement s'en détacher, il finit toujours à un moment donné à revenir à elle.
Même si quelques semaines ce sont passées entre mes lectures de ces deux tomes, on revient assez vite dans l'histoire avec les différents personnages.
Dans ce tome, le récit ne se déroule plus uniquement à Naples mais également à Ischia, et autant vous dire qu'à la lecture des chapitres consacrés à cette partie je n'avais plus qu'une envie : aller à Ischia.
L'atmosphère est toujours autant réussie, outre les deux personnages principaux qui ne cessent de s'opposer tout en se soutenant mutuellement l'ambiance de cette époque dans cette ville si particulière d'Italie est particulièrement bien retranscrite.
Et autant vous dire que la fin est tout aussi haletante que dans le premier tome et m'a valu un nouveau "Oh !" de surprise, sauf que cette fois-ci j'étais chez moi et à part les araignées ça n'a dérangé personne.

"Le nouveau nom" est un deuxième tome tout aussi réussi que le premier, cette série promet de révéler encore de belles surprises, vivement la suite !


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