lundi 3 avril 2017

Couleur de peau : miel Tome 2 de Jung


À 14 ans, Jung aborde la difficile période de l'adolescence, l'âge où certains rejettent leur famille pour mieux trouver leur personnalité. Comme Jung est du genre radical, son rejet sera intense ! Ce sera toutefois pour mieux découvrir les autres : les amis, dont certains sont des coréens adoptés aussi. Et puis les filles : Jung a un certain succès auprès d'elles et lui leur porte un intérêt prononcé. Enfin, se libère en lui une véritable passion pour le dessin... Mais en même temps que l'enfant devient jeune homme grandit une sorte de désespoir. Ce désespoir, tous les enfants adoptés de son entourage semblent l'expérimenter, et pour certains, il sera même fatal. Au combat pour trouver une place dans un environnement familial succède celui de s'accepter tel qu'il est. Il le mènera au seuil de sa vie d'homme. (Quadrants) 

"Je suis né à 5 ans, le jour où ce policier m'a trouvé dans la rue.".
Né en Corée, abandonné dans une poubelle à l'âge de cinq ans, Jung, l'auteur de cette bande dessinée, a été adopté par une famille Belge, tout comme sa petite sœur elle aussi originaire de Corée.
Dans le premier tome, l'auteur retraçait sa petite enfance et son adoption, en faisant part des nombreux sentiments qui l'avaient traversé, notamment celui persistant pendant de nombreuses années qu'il n'était pas vraiment aimé, particulièrement de sa mère.
Jung a mis du temps à comprendre qu'il avait sa place dans la famille, et notamment que sa mère l'aimait sincèrement, à sa manière qui n'était sans doute pas celle qu'il attendait d'une mère : "Je savais que j'avais ma place dans la famille ... Mais je ne savais pas que j'en avais une aussi dans son cœur.".
Jung est désormais adolescent, il a encore du mal avec ses racines et par ricochet à se construire à un âge où l'on se cherche beaucoup : "Je n'étais pas heureux. Le pire, c'est que je ne savais pas pourquoi j'étais malheureux.".
Ce que traverse Jung n'est pas un cas isolé, d'autres adoptés le connaissent également, à des degrés plus ou moins importants, l'auteur abordant ici le thème du suicide chez les adoptés qui sera encore plus développé dans le troisième tome.
Grâce à ses amitiés avec d'autres adoptés, Jung finit par comprendre qu'il y a la famille qu'il a rêvée et celle qu'il a réellement : "La famille idéale n'existe pas, encore moins lorsque c'est une famille d'adoption.".

J'ai lu le premier tome en avril 2015, la raison pour laquelle je n'ai pas lu les deux suivants dans la foulée est assez simple : la bibliothèque municipale avait égaré les deux autres tomes, rangés au mauvais endroit par quelqu'un.
Le temps a passé, j'ai presque fini par oublier jusqu'à ce que j'aperçoive les deux tomes en attente de rangement il y a deux semaines.
J'ai donc enfin pu finir l'histoire autobiographique de Jung.
Comme dans le premier tome, je trouve que Jung apporte un autre regard sur l'adoption, un regard quelque peu éloigné de la vision idyllique que l'on peut en avoir.
Bien sûr, je sais que toutes les adoptions ne se passent pas bien, mais j'étais loin d'imaginer toutes les implications que celle-ci pouvait avoir.
En racontant son histoire, Jung s'est sans nul doute affranchi de celle-ci mais il a aussi libérer la parole des adoptés et des adoptants, particulièrement pour le cas de tous ces enfants Coréens adoptés massivement en Europe dans les années 70 et 80.
Une nouvelle fois, c'est un beau témoignage que livre ici Jung, qui m'a mis moins mal à l'aise que la première fois car si le ton reste parfois léger, il l'est tout de même moins que dans le premier tome et la noirceur n'est jamais loin.
En effet, il y a une dimension dramatique qui se greffe à l'histoire, Jung sort du cadre de sa seule adoption pour évoquer le cas de sa sœur elle aussi adoptée ainsi que d'autres enfants Coréens qu'ils côtoient et dont le présent ainsi que l'avenir sont loin d'être tout rose.
Pour contrebalancer, il y a aussi quelques touches comiques, notamment celle de Jung enfant prenant des cours de danse.
Dans ce deuxième tome, Jung est un enfant qui se cherche, dont les sens commencent à s'éveiller mais qui se fait aussi du mal à lui-même, perdu qu'il est entre ses racines Coréennes qu'il a au final du mal à cerner et celles Belges, son pays d'adoption.
C'est aussi dans ce tome que commence à germer l'idée d'aller en Corée, de découvrir le pays où il est né et, pourquoi pas, en apprendre plus sur sa famille et les raisons de son abandon.
Je n'apprécie que moyennement le trait de crayon de Jung, ce n'est clairement pas ce qui me plaît le plus chez lui, ce qui m'intéresse c'est ce qu'il a à raconter.

"Couleur de peau : miel" est un ouvrage autobiographique portant un regard à la fois et tendre et mordant sur l'adoption, celle de Jung, ainsi que sur la façon dont ces enfants réussissent ou non à intégrer à la fois leur vie passée et celle présente et à venir.

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