mardi 19 décembre 2017

La brève et merveilleuse vie d'Oscar Wao de Junot Diaz


Le fukú, malédiction ancestrale, n’épargne personne. Pas même Oscar, jeune dominicain américain, obèse et solitaire, qui préfère la science-fiction à l’âpreté du véritable monde. Entre l’île de Saint-Domingue et le New Jersey, dans l’ombre brisée de ses aïeux, la vie d’Oscar s’écrit, fulgurante et désastreuse. (10/18)

Oscar est né frappé par le fukú, une malédiction Dominicaine ancestrale, tout comme le restant de sa famille.
A partir de là, inutile de préciser que sa vie sera donc courte et tortueuse, fukú oblige.
Oscar n'est pas gâté par la nature : "Il était chiant, il était gros, il avait tellement peur.", il se réfugie dans un monde de science-fiction et reste solitaire, n'arrive pas à conclure avec une fille.
Oscar va partager sa vie entre le New Jersey et la République Dominicaine : "Mais si toutes ces années m'ont appris quelque chose, c'est bien ceci : tu ne peux jamais t'enfuir. Jamais. La seule façon de s'en sortir, c'est de rester.", partir sur les traces du passé de sa famille et voir leur destin le rattraper.

Malgré la belle couverture avec des crayons de couleur, cette histoire n'est pas joyeuse.
Non seulement Oscar est frappé par le fukú, mais la République Dominicaine vit ses années noires avec la dictature de Trujillo.
Période historique peu connue outre Atlantique, il faut bien le reconnaître.
La première chose qui frappe dans cette lecture, ce sont les notes de bas de page.
Nombreuses.
Et très fournies.
Mais très intéressantes, car historiques et permettant de replacer cette histoire en partie merveilleuse dans la cruelle réalité.
Passé les surprises de ces notes, et j'ai eu un petit temps d'adaptation avant de trouver l'astuce pour ne plus couper ma lecture, la seconde chose qui frappe, c'est le style de Junot Diaz.
A la fois drôle et sérieux, ironique et véridique, mêlant classicisme, argot, verlan et Espagnol.
J'ai particulièrement apprécié ce mélange de style, je trouve que cela donne un charme tout particulier à ce récit.
Au passage, j'ai pu réviser mon Espagnol qui est quelque peu rouillé depuis les années de collège et lycée.
La construction de l'histoire est elle-même hachée, après une tranche de vie d'Oscar le lecteur est emmené dans le passé, la vie de la mère d'Oscar mais aussi celle de la personne l'ayant élevée.
Là encore, ce découpage ne m'a pas gênée car ces différentes histoires finissent par s'imbriquer les unes dans les autres et expliquer le pourquoi du comment de la vie d'Oscar Wao.
J'ai donc franchement apprécié le style, la construction, bref une belle découverte de cet auteur et dont je trouve le Prix Pulitzer amplement mérité.
Comme dans toute histoire se passant en Amérique du Sud il y a une dimension fantastique, pour ne pas dire magique, une touche qui me plaît tout particulièrement dans cette littérature.
D'ailleurs, ce roman n'a pas été sans me rappeler "Ce que je sais de Vera Candida" de Véronique Ovaldé.

"La brève et merveilleuse vie d'Oscar Wao" est un très bon roman au style inhabituel qui transporte dans une Amérique du Sud non fantasmée et fait revivre les années noires de la dictature de Trujillo, le tout en suivant le destin dudit Oscar Wao.
Une belle découverte littéraire.

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