dimanche 6 octobre 2013

Blue Jasmine de Woody Allen



Alors qu’elle voit sa vie voler en éclat et son mariage avec Hal, un homme d’affaire fortuné, battre sérieusement de l’aile, Jasmine quitte son New York raffiné et mondain pour San Francisco et s’installe dans le modeste appartement de sa soeur Ginger afin de remettre de l’ordre dans sa vie. (AlloCiné)



Jasmine n'est pas une timide, il suffit que tu te trouves à côté d'elle pour qu'elle te raconte sa vie dans un long, très long, monologue.
Elle te racontera comment elle a rencontré son mari sur la chanson "Blue Moon", comment ils se sont aimés, comment ils ont vécu dans le luxe et l'opulence dans la rue la plus chic de New York dans un superbe appartement choisi rien que pour lui plaire, comment elle allait de cocktails en cocktails, de soirées mondaines en soirées mondaines, et puis aussi comment tout a fini par partir en sucette, ce qui explique pourquoi aujourd'hui elle débarque à San Francisco pour retrouver sa sœur et recommencer une nouvelle vie.
Dès les premières images le doute n'est pas possible : Jasmine est complètement barrée, paumée, dépressive, bref, elle est au bout du rouleau et ce n'est pas une nouvelle vie à San Francisco qui va y faire quelque chose.



Le personnage de Jasmine, outre qu'il soit central, est complexe et son interprétation n'en était que plus difficile.
Jasmine est une mythomane : elle a changé de prénom, elle ment énormément, mais elle est aussi dépressive, paumée, elle parle toute seule, elle se bourre de médicaments, elle est ruinée mais se promène avec des vêtements de grand couturier; c'est une femme pour qui l'apparence compte énormément et qui cherche à tout prix à garder la face, une femme faite de contraires qui n'arrivent pas à vivre ensemble dans son corps et dans son esprit.
La relation avec sa soeur Ginger est également très intéressante à étudier.
Elles sont diamétralement opposées, adoptées toutes les deux Jasmine a toujours été la préférée car elle est lumineuse et attire les personnes vers elle, contrairement à Ginger qui a vécu dans son ombre et qui, tant que Jasmine avait de l'argent, ne comptait pas à ses yeux.
Jasmine reproche également à Ginger de ne pas se choisir un homme digne d'elle, qui la tire vers le haut plutôt que vers le bas.
Autant dire que si Ginger voit la venue de sa sœur comme une chance de se réconcilier avec, Jasmine le voit plutôt comme un tremplin pour sa nouvelle vie et entraîne sa sœur avec elle dans sa quête de l'homme parfait.



Le thème de la fraternité n'est pas une nouveauté chez Woody Allen, ce qui l'est moins, c'est que depuis quelques temps le réalisateur délaisse son New York fétiche pour venir en Europe.
Ici, il revient à New York, mais de façons épisodiques, pour se consacrer à San Francisco.
Si l'opposition entre les deux sœurs est nette, il en va de même entre ces deux villes.
L'une respire le chic, l'argent, l'opulence, la réussite, l'autre est un mélange de styles où le riche côtoie le pauvre, où les années hippies ne sont jamais très loin.
Que Jasmine finisse par s'y fondre, cela n'est pas une réelle surprise, elle a une capacité d'adaptation élevée (en grande partie grâce à sa façon de mentir pour tout), mais comme à New York sa chute ne surprend pas non plus.



Woody Allen a filmé de très près sa Jasmine : beaucoup de plans rapprochés, une focalisation importante sur son visage mais également sur sa tenue et son allure générale, d'une classe irréprochable.
Il a su montrer la décadence de cette femme de façon flagrante : tout se dégrade chez Jasmine, son état mental mais également son physique : elle finit le cheveu gras, non coiffée, mal habillée, le visage fatigué et chiffonné, très loin des premières images que le spectateur a pu voir de cette femme.
Ce personnage féminin est extrêmement intéressant, et Cate Blanchette non seulement l'interprète à merveille mais porte également le film à elle toute seule.
Je n'ai jamais douté du talent de Cate Blanchett, mais il explose littéralement dans ce film et dans la mise en scène de Woody Allen qui lui offre sans doute le rôle le plus complexe de sa carrière.
Je pense que même si l'on n'aime pas le travail de Woody Allen, ce film vaut d'être vu pour le jeu sans faute de Cate Blanchett qui, je l'espère, sera récompensée.
Et puis, en musique d'ambiance il y a le jazz, style musical cher au cœur de Woody Allen qui rehausse encore plus le film.



Je ne vais pas vous dire que "Blue Jasmine" est "le meilleur film de Woody Allen depuis ...", je me contenterai de vous dire que "Blue Jasmine" est un excellent film retraçant la vie d'une femme complètement paumée, alternant entre passé et présent, servi par un casting sans faute et une Cate Blanchett époustouflante, et dont il serait regrettable de passer à côté.
A voir de toute urgence.

2 commentaires:

  1. Tout d'accord avec toi !! Ce film est très réussi !

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    1. Pour l'instant je n'ai rencontré que des personnes satisfaites et enthousiastes.

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