mercredi 21 octobre 2015

Much Loved de Nabil Ayouch



Marrakech, aujourd'hui. Noha, Randa, Soukaina et Hlima vivent d'amours tarifées. Ce sont des prostituées, des objets de désir. Vivantes et complices, dignes et émancipées, elles surmontent au quotidien la violence d’une société qui les utilise tout en les condamnant. (AlloCiné)


Rien que le fait de savoir qu’une fatwa a été émise sur le film et qu’un appel à tuer le cinéaste et son actrice principale a été lancé sur internet ont suffi à me convaincre d’aller voir "Much Loved", rien que pour faire la nique à ces personnes mal intentionnées et fermées d’esprit.
Je m’attendais à un film dépeignant le quotidien de prostituées au Maroc, mais m’attendais-je réellement à voir ce que j’ai vu à l’écran ?
Non, je ne pouvais pas prévoir que les images me marqueraient autant, tout comme ces femmes.
Qu’elles sont belles ces quatre femmes qui évoluent à l’écran, qu’elles sont fortes, qu’elles sont solidaires entre elles, qu’elles sont combattantes, qu’elles sont courageuses.
Du courage, il en a déjà fallu (et il lui en faut encore) au réalisateur, pour oser aborder le thème de la prostitution dans un pays Arabe, et pour cela de se renseigner, de recueillir des témoignages pendant plusieurs mois.
Du courage, il en faut aussi pour les quatre actrices principales du film, et également à leurs personnages.
Le propos principal du film repose sur l’antagonisme de la société Marocaine : elle cache ces femmes qui vivent d’amours tarifées tout en les utilisant.
Le point d’orgue de ce propos est centralisé dans le personnage de la mère de Noha, qui ne crache pas sur l’argent que lui ramène sa fille en sachant pertinemment d’où il vient et qui finit par lui demander de ne plus venir car ça parle dans tout le quartier de la vie que mène sa fille.


Clairement, je ne suis pas ressortie indemne de ce film, ce que j’ai vu m’a à la fois dégoûtée et fascinée.
Dégoûtée, parce que je n’ai cessé de voir des femmes se déhancher, se rabaisser, s’humilier, se transformer en objets de fantasme pour assouvir les désirs d’hommes qui pensent que tout s’achète avec de l’argent.
Fascinée, parce que malgré tout cela et alors qu’elles pourraient baisser les bras, il règne entre elles une amitié et une solidarité rares, elles se battent tous les jours contre une société qui les utilise tout en les condamnant et elles s’en sortent admirablement bien.
Personne n’est vraiment épargné dans ce film, pas même les Européens, et surtout pas les hommes.
Mais au-delà de l’histoire, je dois bien reconnaître que ce film est porté à bout de bras par Loubna Abidar, l’interprète de Noha.
Je ne saurai dire quelle est la part de jeu et de réel mais elle incarne littéralement Noha, et c’est elle qui pousse les autres actrices à se surpasser, et leurs personnages à lutter.


Comme on dit, il n’y a que la vérité qui blesse et "Much Loved" est bel et bien un film choc et dérangeant, un film qui remue tripes et boyaux, même plusieurs jours après l’avoir vu, mais un film à mon sens indispensable à voir.

2 commentaires:

  1. Je ne peux qu'adhérer totalement à ton point de vue!
    Plus d'un mois après j'ai encore les tripes retournées par ce film qui revient encore souvent dans mes conversations.

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    1. Je me sens moins seule, tu me rassures ! J'ai mis du temps à écrire mon avis d'ailleurs, preuve que ce film m'a touchée et que je ne savais pas trop comment bien lui rendre justice.

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