vendredi 4 mai 2012

La liste de mes envies de Grégoire Delacourt



Jocelyne, dite Jo, rêvait d’être styliste à Paris. Elle est mercière à Arras. Elle aime les jolies silhouettes mais n’a pas tout à fait la taille mannequin. Elle aime les livres et écrit un blog de dentellières. Sa mère lui manque et toutes les six minutes son père, malade, oublie sa vie. Elle attendait le prince charmant et c’est Jocelyn, dit Jo, qui s’est présenté. Ils ont eu deux enfants, perdu un ange, et ce deuil a déréglé les choses entre eux. Jo (le mari) est devenu cruel et Jo (l’épouse) a courbé l’échine. Elle est restée. Son amour et sa patience ont eu raison de la méchanceté. Jusqu’au jour où, grâce aux voisines, les jolies jumelles de Coiff’Esthétique, 18.547.301€ lui tombent dessus. Ce jour-là, elle gagne beaucoup. Peut-être. (Lattès)


Quelle était la probabilité pour que Jocelyne, dite Jo, mercière à Arras, épouse un Jocelyn ?
Infime, ce fut pourtant le cas.
Tout ou presque dans la vie de Jo relève de l'infime, de la chance saisie au vol.
Il n'y avait donc qu'une chance infime pour que son billet d'euro million, le premier et unique de toute sa vie, soit gagnant.
Ce fut pourtant le cas et Jo alors "possède juste un chèque de dix-huit millions cinq cent quarante-sept mille trois cent un euros et vingt-huit centimes".
Mais elle va se taire, ne dire à personne pas même à son mari le jackpot qu'elle vient de remporter car Jo en est bien consciente : "Je possédais ce que l'argent ne pouvait pas acheter mais juste détruire. Le bonheur. Mon bonheur, en tout cas, le mien. Avec ses défauts. Ses banalités. Ses petitesses. Mais le mien."
Pourtant, des choses à changer dans sa vie, il y en a, des listes de ses envies, elle va en dresser mais ne franchira jamais le pas : "Je pense à moi, à tout ce qui me serait possible maintenant et je n'ai envie de rien. Rien que tout l'or du monde puisse offrir."
Jusqu'à la trahison démontrant toute la bassesse de son mari, elle ne profitera pas de cet argent, se contentera de faire des listes de ses envies.
C'est alors qu'elle changera de vie et prendra conscience de bon nombre de choses.

A travers ce livre, l'auteur traite d'une question somme toute banale : que ferions-nous si nous touchions une somme importante d'argent ?, et illustre également la maxime "L'argent ne fait pas le bonheur".
Il n'y a là rien de bien original, sauf que le personnage de Jo est extrêmement attachant et que la plume de l'auteur est très agréable à lire.
Grégoire Delacourt a réussi à écrire une histoire attachante à partir d'un thème appartenant à la "question type" à laquelle tout le monde a répondu au moins une fois de sa vie, à la différence que son héroïne réagit quelque peu à contre-courant de la réponse générale.
Ce roman est court et se lit très facilement, d'autant qu'il traite de manière approfondie tout un pan de la nature humaine et démontre, au final, ce qu'est le bonheur et qu'il ne faut pas aller le chercher trop loin car bien souvent il est à notre portée sans que nous nous en rendions compte.
Ce livre est une leçon de morale mais pas sous une forme moralisatrice et c'est d'ailleurs ce qui en fait sa force.
Le style d'écriture est à l'image du personnage de Jo : drôle, léger, ne se prenant pas toujours au sérieux, en un mot : simple.
Si mon côté de lectrice n'apprécie pas forcément ce que devient le caractère de Jo à la fin de l'histoire, je peux toutefois le comprendre, car elle s'est retrouvée avec un cadeau empoisonné.
De plus, cette histoire a un côté très humain et très proche de chaque lecteur, on se met à vivre avec Jo, à rire ou à pleurer avec elle, finalement, on a presque la sensation de la connaître et d'aller régulièrement sur son blog ou dans sa mercerie.
Ce livre nous amène aussi à nous questionner sur l'amitié, l'amour, la place de l'argent dans notre vie, ces petits riens qui font le bonheur quotidien et je pense qu'une fois ce livre refermé nous ne répondons plus de la même manière à cette question type sur l'argent.

En voilà une belle découverte littéraire qui fut un coup de coeur à la lecture du résumé et des premières lignes !
Je ne manquerai pas de découvrir le premier roman de Grégoire Delacourt qui est, sans aucun doute, un nom à retenir dans le paysage littéraire français.

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