jeudi 30 mai 2013

Starters de Lissa Price


Dans un futur proche : après les ravages d'un virus mortel, seules ont survécu les populations très jeunes ou très âgées : les Starters et les Enders. Réduite à la misère, la jeune Callie, du haut de ses seize ans, tente de survivre dans la rue avec son petit frère. Elle prend alors une décision inimaginable : louer son corps à un mystérieux institut scientifique, la Banque des Corps. L'esprit d'une vieille femme en prend possession pour retrouver sa jeunesse perdue. Malheureusement, rien ne se déroule comme prévu... Et Callie réalise bientôt que son corps n'a été loué que dans un seul but : exécuter un sinistre plan qu'elle devra contrecarrer à tout prix ! Le premier volet du thriller dystopique événement qui vous plongera au coeur d'une société dangereusement fascinée par les apparences, dans un avenir ou la jeunesse est devenu le bien le plus convoité et une véritable marchandise. (Robert Laffont)

Je sais, après avoir lu la nouvelle "Portrait d’un Starter" j’avais dit que je ne lirai pas cette dystopie, mais comme il ne faut jamais dire "Fontaine, je ne boirai pas de ton eau" et qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, j’ai fini par me laisser tenter par ce livre en bibliothèque.
Il y a du bon et du moins bon dans cette histoire, je suis mitigée sur l’ensemble de ma lecture mais je reconnais que les aspects positifs l’emportent (de peu) sur ceux négatifs.

L’héroïne Callie est à la limite de l’insupportable : trop naïve, trop insipide, trop dans le cliché de la jeune adolescente de seize ans qui connaît ses premiers émois amoureux ; ou alors j’ai passé l’âge pour ce genre de personnage mais ce n’est jamais le type qui m’a attirée et auquel je peux m’identifier en tant que lecteur.
Quant à l’histoire d’amour de Callie, alors là, c’est digne des séries B diffusées l’après-midi à la télévision.
C’est d’une mièvrerie sans nom, et trop rapide, ça m’a horripilée plus qu’autre chose au cours de ma lecture, heureusement que ce n’est pas l’élément prédominant du récit (et je ne parle même pas du fait que Callie n’a jamais conduit une voiture de sa vie mais se débrouille pourtant très bien dès la première fois qu’elle a à le faire).
A côté de ça, je reconnais que l’histoire est prenante, les pages se tournent rapidement et les chapitres s’enchaînent très vite.
Il y a de bonnes idées dans cette dysptopie, mais parfois mal ou peu exploitées par l’auteur.
Ainsi, le lecteur ne connaît que les grandes lignes de la guerre qui a eu lieu et ne peut que deviner le virus qui a anéanti les adultes.
En effet, aujourd’hui il ne reste plus que les personnes très âgées : les Enders, allant facilement à plus de 100 ans, et les Starters, les jeunes enfants qui sont pour la plupart orphelins.
J’attendais des éclaircissements sur ces aspects et au final je reste dans le flou.
Je suis curieuse de savoir ce qui s’est passé avant, l’auteur en dit trop peu et ça finirait presque par être frustrant.
Je ne peux alors m’empêcher de penser que ceci est fait délibérément dans le but d’écrire un deuxième tome et d’inciter ainsi les lecteurs à l’acheter, je trouve que l’auteur avait matière à laisser plus d’indices et à en trouver d’autres pour le tome suivant.
Le principe de location des corps de Starters par des Enders est à mon sens une très bonne idée, elle illustre d’une certaine façon le refus de vieillir d’une population qui cherche par tous les moyens à se rajeunir.
Les crèmes et autres produits de beauté n’étant plus d’actualité, il suffit désormais de louer un corps pour quelques heures ou quelques jours.
L’argent achète tout, et si Callie tente parfois de critiquer le monde dans lequel elle évolue, à savoir si tu es pauvre tu vis dans la misère profonde et inversement, j’ai trouvé l’auteur un peu trop douce dans cette critique.
J’aurais aimé une position plus tranchée, une dénonciation plus ferme des excès du luxe et de la domination de l’argent, une critique plus mordante de la société.
Il ne suffit pas d’écrire qu’une guerre a eu lieu laissant les Etats-Unis dans une forme de chaos et de glisser une petite phrase de repentance de la part d’une Ender : "Mademoiselle, je ne vous connais pas, mais je m’excuse de m’être servie de vous de cette façon. Et je suis sincèrement désolée pour ce monde que nous vous laissons en héritage." pour s’affranchir de toute critique plus poussée.
Et je ne retiens pas l’excuse que ce livre s’adresse à un jeune public, cela n’empêche pas d’y glisser quelques sous-entendus pour pousser plus loin la réflexion. 
L’auteur choisit aussi de poser ses personnages en opposition : les Starters contre les Enders, les Starters squatteurs et les Starters internés dans des centres répressifs : "Les Starters ne font pas confiance aux Enders.".
Il y a le chaos mais c’est raisonnable, désolée de le dire mais j’aurais préféré une lutte plus nette.
Ca manque de bagarres, de sang, d’échanges relevés, de déshumanisation, comme si l’auteur s’était d’elle-même freinée dans son écriture et son imagination, ou alors c’était justement par manque d’imagination.

"Starters" est un roman d’anticipation trop sage, trop lisse et trop convenu qui n’a cherché qu’à viser un public jeune plutôt que d’offrir une réflexion plus profonde.
Dommage car les idées de base n’étaient pas mauvaises, mais il va falloir travailler encore et encore Madame Lissa Price pour laisser votre empreinte dans l’univers littéraire de la dystopie.

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