samedi 29 novembre 2014

Charlotte de David Foenkinos


Ce roman retrace la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre morte à vingt-six ans alors qu'elle était enceinte. Après une enfance à Berlin marquée par une tragédie familiale, Charlotte est exclue progressivement par les nazis de toutes les sphères de la société allemande. Elle vit une passion amoureuse fondatrice, avant de devoir tout quitter pour se réfugier en France. Exilée, elle entreprend la composition d'une œuvre picturale autobiographique d'une modernité fascinante. Se sachant en danger, elle confie ses dessins à son médecin en lui disant : «C'est toute ma vie.» Portrait saisissant d'une femme exceptionnelle, évocation d'un destin tragique, Charlotte est aussi le récit d'une quête. Celle d'un écrivain hanté par une artiste, et qui part à sa recherche. (Gallimard)

De Charlotte Salomon, je ne connaissais rien avant de lire ce livre.
Ai-je envie d'en connaître plus sur cette artiste peintre ?
Oui, mais ce n'est pas grâce à ce roman que j'ai trouvé plat et médiocre.
Il est bien gentil David Foenkinos d'avoir voulu faire un livre sur cette artiste peintre, mais il ne parle pas de sa peinture ni de son oeuvre majeure "Leben ? oder Theater ?".
Et il coupe son histoire de ses recherches, de sa quête, de ses impressions, et alors ?
Je n'ai pas aimé ce choix, d'autant plus que bien souvent cela coupe une partie intéressante de la vie de Charlotte.
Charlotte Salomon est issue d'une longue lignée de personnes suicidaires, à l'image de sa mère qui finira par se donner la mort quelques années après sa propre sœur, mais de façon plus "grandiose" : "Franziska estime qu'il y a une hiérarchie dans l'horreur. Un suicide quand on a un enfant est un suicide supérieur. Dans la tragédie familiale, elle pourrait occuper la première place. Qui contesterait la suprématie de son saccage ?".
Un père absent et absorbé par son travail, une nouvelle belle-mère avec qui elle s'entend à peu près bien et qui lui ouvre les portes de la scène culturelle allemande, et c'est le choc pour Charlotte qui découvre la peinture, et la vérité sur la folie familiale : "Est-ce ainsi qu'on devient artiste ? En s'accoutumant à la folie des autres ?".
Une artiste est née et a trouvé sa vocation, mais c'est sans compter sur l'arrivée en 1933 d'Hitler au pouvoir, et Charlotte pour qui jusque-là la religion n'avait aucun rôle dans sa vie va découvrir, à ses dépens, qu'elle est du mauvais côté de la barrière : "Le judaïsme n'a eu que peu d'importance dans la vie de Charlotte. On pourrait même dire : aucune. Son enfance repose sur une absence d'orientation juive.".
Peu après la nuit de Cristal, Charlotte quitte l'Allemagne pour rejoindre ses grand-parents dans le Sud de la France, elle ne reviendra plus dans ce pays.
C'est au cours de cette période, après la mort de sa grand-mère (qui s'est suicidée) et son incarcération avec son grand-père dans le camp de Gurs qu'elle se lance à corps perdu dans ce qui sera l'oeuvre de sa vie, "Leben ? oder Theater ?" : "Elle doit vivre pour créer. Peindre pour ne pas devenir folle.".
Cette urgence de création se ressent à la lecture, mais si peu alors que cela aurait dû être bien plus fort et surtout, l'apothéose de ce roman.
A la mort de son grand-père, Charlotte se retrouve presque seule, sans aucune nouvelle de sa famille, épouse un émigré Autrichien, et attend : "Est-ce que les américains vont débarquer ? Charlotte ne supporte plus les spéculations. Depuis 1933, on espère un avenir meilleur. Et c'est toujours le pire qui arrive. Elle veut bien croire en la Libération. Mais uniquement quand le drapeau américain sera planté ici.".
Charlotte, enceinte, et son mari sont arrêtés et déportés vers Auschwitz où Charlotte meurt peu de temps après son arrivée.
Voilà les fragments de la vie de Charlotte Salomon qui constituent ce court roman.

Je crois qu'au final David Foenkinos avait envie de faire un livre sur Charlotte Salomon mais qu'il ne savait pas trop comment faire, il a fini par le faire sans savoir où il voulait aller, bref en annotation dans la marge de son manuscrit j'inscrirai bien : "Les idées sont là mais manquent de structure et de cohésion".
Au passage, je suis surprise qu'une maison d'édition comme Gallimard décide de publier un brouillon et non un roman achevé, et qu'en prime ce brouillon remporte des prix littéraires, parce qu'à mes yeux c'est bel et bien un brouillon et pas du tout un récit abouti.
Je l'ai lu très rapidement mais je n'en garderai pas un souvenir impérissable.
Le style est d'une banalité affligeante, il y a quelques métaphores ampoulées pour faire genre, et comme pour "La délicatesse", je constate que son style est simple et facile à lire mais n'a pas une patte particulière qui permettrait de le distinguer d'autres auteurs.
Ça reste gentil et plein de bons sentiments.
Dommage car l'idée d'origine partait d'un bon sentiment, le résultat est décevant car ne rendant absolument pas hommage à Charlotte Salomon ni ne contribuant à mettre son oeuvre artistique en avant.
J'attendais plus sur la femme et l'artiste, je ressors de ma lecture frustrée car tout cela n'est qu'effleuré.
Les sujets ayant inspiré Charlotte Salomon pour ses tableaux ne sont qu'esquissés, sur cette période de sa vie l'auteur passe bien trop vite à mon sens.
Au fait, pourquoi ai-je rédigé ma chronique allant à la ligne à chaque phrase ?
Et bien parce que c'est ainsi que David Foenkinos a écrit son roman.
Comme s'il avait voulu écrire son roman sous forme de poème en prose, mais n'est pas Charles Baudelaire qui veut.

"Charlotte" de David Foenkinos est un petit roman bien gentil et plein de bons sentiments mais sans autre grand intérêt.
M'est avis qu'il est plus intéressant d'aller voir les toiles de Charlotte Salomon à Amsterdam plutôt que d'essayer de découvrir cette artiste et sa complexité à travers ce roman.
Qui s'avère d'ailleurs être un non mérité et petit Prix Renaudot.
Idem pour le Goncourt des Lycéens.
Je crois bien que les romans de David Foenkinos et moi c'est fini.

Quelques œuvres de Charlotte Salomon :



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